Question n°600
Le Risque Nucléaire
le ,Vous avez évoqué, au titre de la transition énergétique, le « risque nucléaire ». Avez-vous des bases et des résultats pour quantifier ce risque nucléaire en comparaison du risque charbon (Personnel et populations) qui est évalué à 500 000 morts par an ? Et du « risque renouvelables » essentiellement concernant les ruptures de barrages qui ont fait au 20ième siècle plus de 30 000 morts ?
Je n'ai personnellement, hors Tchernobyl, qui est le cas particulier du réacteur le plus mal conçu (réacteur non autostable et aucune enceinte de confinement ), trouvé dans la littérature, aucune donnée fiable indiquant des décès résultant d'incidents sur des réacteurs de puissance électrogènes, d'origine nucléaire. Les incidents d'irradiation de personnes sont intervenus tant qans le médical, que les travaux de maintenance dans les réacteurs, ainsi que des irradiations solaires chez les explorateurs en haute altitude.
Les incidents connus de Three Miles Island et de Fukushima ont montré, au contraire, pour la partie nucléaire de ces installations, une exceptionnelle robustesse, permettant de n'afficher aucun décès d'origine nucléaire. Les pollutions radioactives résiduelles, notament pour Fukushima ont été très bien maitrisées, tant pour les pollutions atmosphériques et agraires qui ont conduit à des mesures conservatoires que pour les pollutions d'eau marines où les rejets ont été totalement maitrisés. On aimerait pouvoir en dire autant des industries chimiques et minières, et bien sûr du gaz et du charbon.
Dans ces conditions, ne pourrait-on pas ranger le nucléaire dans les énergies « vertes » ? Et aussi cesser d'évoque ce fameux « risque nucléaire » qui n'a aucun fondement objectif.
Le débat ne serait-il pas plus serein ainsi ?
Le risque nucléaire a bien un fondement objectif. Même faible, la probabilité d’occurrence d’un accident nucléaire est estimée de 10-5 à 10-4 par an par réacteur en cas d’accident de fusion de cœur, y compris partielle et sans rejets d’éléments radioactifs, selon l’IRSN[1]. L’accident de Fukushima en est l’exemple le plus récent. La contamination des forêts et des terres agricoles aux alentours de la centrale est encore bien présente, rendant nécessaire des pratiques de culture adaptées et une surveillance étroite[2]. Concernant les effets sur la population, le Comité des Nations Unies a conclu dans son rapport de 2013[3] que l’exposition de la population japonaise était faible avec de faibles risques d’effets sanitaires dus aux rayonnements.
Pour autant, en matière de risques et d’impact environnemental, la comparaison entre les différentes énergies est en réalité difficile. En effet, la nature des risques diffère selon les énergies : risque chronique pour les énergies fossiles ou risque accidentel pour l’hydraulique et le nucléaire par exemple. De même, les voies d’exposition et les entités impactées sont différentes selon les substances (travailleurs, population, exposition directe, indirecte, impacts sur les sols, l’eau, etc.), rendant compliquées les analyses de risques et très critiquables leurs comparaisons.
Concernant ces questions environnementales, l’enjeu pour le Gouvernement est avant tout de s’assurer que l’ensemble de ces risques est maîtrisé, et ce, pour toutes les énergies et quel que soit le mix énergétique qui sera retenu finalement dans la PPE et quelle que soit leur catégorisation. Les réglementations générales et sectorielles sont ainsi définies en ce sens.
Pour l’énergie nucléaire, la France a mis en place des exigences de sûreté et de radioprotection très élevées, contrôlées et expertisées par un système dual constitué par l’ASN et l’IRSN, avec l’objectif de protéger la population contre d’éventuels risques radiologiques.
En ce qui concerne les risques liés aux autres types d’énergie, la France a également mis en place une réglementation exigeante, traduite dans le code de l’environnement, qui traite de façon intégrée l’ensemble des risques et impacts liés à une activité via notamment des dispositions relatives aux études d’impact (évaluation environnementale, réglementation relatives aux milieux aquatiques, atmosphériques, au patrimoine, etc.) et aux installations présentant des risques particuliers (réglementation relative aux installations classées pour la protection de l’environnement notamment).
[1] Les accidents de fusion de cœur des réacteurs nucléaires de puissance, IRSN, 2013
[2] Fukushima, 1 an après, premières analyses de l’accident et de ses conséquences, IRSN, 2012
[3] Sources, effects and risks of ionizing radiation, UNSCEAR, 2013