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Point de vue n°48

La science face à l'utopie politique

Michel ANONYMISé (MESSIMY)

Sauf à refuser l'évidence, l'expérience montre que la LTECV fixe des objectifs irréalistes en matière de baisse de la production nucléaire et de croissance des EnRi. Ces objectifs fixés par pure idéologie, sans évaluation des conséquences économiques ou de leur faisabilité technique répondaient à l'idéologie dominante de l'époque. Pourtant l'Académie des Sciences avait alerté les pouvoirs publics à deux reprises, en s'interrogeant : "La question de la Transition énergétique est-elle ben posée ?". Pour éviter le renouvellement de ces errements, le Collectif STA (Science-technolgies-actions : https://sciencetechaction.tumblr.com) vient d'adresser une lettre ouverte à M. le Président de la République. Il me semble souhaitable de la verser au dossier du Débat Public. Merci à tous ceux qui en prendront connaissance.

Commentaires

Cette lettre ouverte est importante.

Elle a le mérite de rappeler que la parole des scientifiques est devenue quasi-inaudible des politiques et qu'elle est négligée dans des débats de type PPE (modélisation énergétique, prise en compte des contraintes physiques et économiques, du long terme, etc.).

Les scientifiques et les chercheurs (sans se limiter aux sciences humaines et sociales, qui sont mieux admises, mais ne représentent qu’une partie du sujet) pourraient apporter plus de rigueur dans les controverses, aider les politiques à faire des choix pertinents, éviter les impasses et renforcer la confiance des citoyens dans leurs institutions.

A cause de ses enjeux, la politique énergétique mériterait un éclairage scientifique plus solide, avec un débat de type académique, avant un débat ouvert à tous les citoyens de type PPE.

La plupart des pays industrialisés savent valoriser la science dans la parole publique et dans les médias (BBC, agences/comités scientifiques auprès du Parlement, etc.), pourquoi est-ce beaucoup moins vrai en France?

75014

C'est tout à fait incroyable. Le document émis l'année dernière par des membres de l'Académie des Sciences particulièrement engagés dans le domaine de l'énergie, document tout à fait remarquable à tous égards, reste sans spectateur ou presque, et ne reçoit de la part de la des activistes des renouvelables intermittents (pourtant ils sont la majorité des intervenants dans cette PPE) qu'un silence qui pourrait même sembler méprisant s'il n'était pas en fait tactique ... N'attirons pas l'œil sur ce document se disent-ils, cela ne servirait pas la cause des renouvelables qui en sortirait affaiblie ...

92500

Merci de cette belle analyse de la difficulté que nous avons en France notamment (mais probablement ailleurs aussi...) d'accepter que les données scientifiques éclairent et conduisent réellement les choix politiques.
Il y a évidemment plusieurs raisons à cela:
- nos hommes politiques n'ont pour la plupart très peu de connaissances scientifiques
- il faut admettre à leur décharge que l'extrême variété des sujets sur lesquels on leur demande de prendre position ne rend pas la mise à jour de leurs compétences très facile
- Acceptons aussi le fait que nos scientifiques ne sont pas toujours de très grands communicants...

69003

Bonjour,

Bien que je partage l'avis que les experts, par leur spécialisation thématique et le temps qu'ils consacrent à l'étude approfondie d'un sujet, ont pour rôle d'éclairer les conséquences des choix politiques et de fournir des moyens concrets de leur mise en oeuvre, je suis étonnée du discours qui laisse penser qu'il y aurait d'un côté les faits, la réalité, la science, et de l'autre les idées, les rêves, le politique.

Il serait peut-être temps de sortir de la vénération de la raison et des Lumières comme seul guide de l'humanité. Car si c'est cette révolution intellectuelle qui a permis le progrès technique de nos sociétés occidentales, c'est l'héritage de cette idéologie du progrès qui rend aujourd'hui si difficile la prise de conscience des conséquences néfastes de notre développement sur les écosystèmes et le climat.

Qu'on le veuille ou non, c'est la science qui a permis que nous épuisions les ressources naturelles et que nous dégradions les écosystèmes. C'est la science qui a permis que nous colonisions des territoires et dominions des peuples. Bref, arrêtons de croire que la science est neutre et que c'est le politique (ou les individus) qui l'utilise(nt) mal. La science a depuis toujours été au service du politique. En effet, les connaissances scientifiques se construisent dans un contexte économique et politique donné. Depuis les Lumières, la science s'est voulue objective et déconnectée des enjeux politiques, alors qu'elle servait en réalité les objectifs de la société de l'époque.

Il est temps que nous voyions le politique non pas comme un exécutant, faisant des choix par défaut en fonction des contraintes qui s'exercent sur lui, mais comme un garant et un moteur du projet collectif que nous voulons mener. Et si le projet est d'éviter la catastrophe humaine et environnementale en empruntant une voie radicalement différente, il est du devoir de la science de se mettre à l'oeuvre pour rendre cette transformation possible.

92500

Depuis les Lumières, la science s'est voulue objective et déconnectée des enjeux politiques, alors qu'elle servait en réalité les objectifs de la société de l'époque."

La science, produit socio culturel? A bas la science de la bourgeoisie! Une science au service du peuple!
On a déjà entendu cela.
Au secours, Brino Latour arrive.

75013