Avis n°62
Sécurisation de l'approvisionnement, réduction des émissions de GES et maintien de l'électricité à un tarif abordable
le ,La courte vague de froid de fin février a démontré que le parc de production d'électricité dit "pilotable" (nucléaire, thermique, hydraulique) est désormais dimensionné au plus juste.
La marge était quasiment nulle, les importations flirtaient avec le maximum techniquement possible et il a fallu effacer plus de 800 MW de consommation chez les industriels. Même la toute dernière tranche fuel du parc de production (Cordemais 3, développant 700 MW) a été sollicitée, alors qu'elle quittera définitivement le paysage ce 1er avril pour des raisons économiques.
La contribution de l'éolien sur les pointes hivernales est très aléatoire : elle varie du simple au triple sur les 4 pointes de consommation du Moscou Paris. Quant au solaire, il est naturellement absent sur les pointes de 19h.
Face au risque d'assister à une forte dégradation du système électrique français dans les années à venir, la sécurisation de la pointe est un sujet qu'il est indispensable d'aborder dans ce débat, d'autant que la fermeture du parc charbon prévue en 2021 réduira de façon plus que sensible la capacité de production sur la pointe.
Plutôt qu'une fermeture pure et simple des 4 dernières centrales à charbon françaises, il semble plus pertinent de les prolonger au moins jusqu'à la fin des chantiers du grand carénage du parc nucléaire, qui imposeront des arrêts longs sur l'ensemble des réacteurs et donc de l'indisponibilité de puissance étalée sur plusieurs années.
Autoriser le fonctionnement des centrales charbon 2000 h par an au charbon pur au-delà de 2021 (au lieu des 5 000 h annuelles observées ces dernières années), réduirait de plus de 50% leurs émissions de CO2 et permettrait aux projets industriels d'adaptation bas carbone en cours (co-combustion, captage/stockage du CO2) d'arriver à maturité, et d'être transposés à l'international pour contribuer à la réduction des émissions de GES du parc de production mondial qui repose majoritairement sur les énergies fossiles. Cette alternative permettrait de maintenir l'emploi lié aux centrales charbon, de développer une nouvelle filière industrielle française, de sécuriser la pointe et de tenir les objectifs de l'accord de Paris.
Le débat sur la sécurisation de la pointe doit également porter sur la rémunération des producteurs. Les prix du marché de l'électricité, déprimés par le subventionnement massif des ENR qui crée une surcapacité sur la production de base, ne permettent pas aux producteurs de trouver de la rentabilité sur la production de pointe. Cela conduit à la fermeture en France de moyens de production non rentables, mais indispensables pour assurer l'équilibre offre/demande sur la pointe.