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Question n°402

Sécurité électrique. De quoi parlez-vous ?

Ajouté par Bernard ANONYMISé (Arvert), le
[Origine : Site internet]

A plusieurs reprises le MO a affirmé "La diversification du mix électrique a en effet vocation à renforcer la sécurité d'approvisionnement en électricité, ainsi que l'a rappelé à plusieurs reprises l'Autorité de Sûreté Nucléaire. Il est en effet important de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à l'éventualité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave. Un exemple de tel défaut générique est l'anomalie de concentration en carbone de l'acier qui a affecté les générateurs de vapeur de douze réacteurs à l'hiver 2016". Si je comprends bien, l'objectif de la réduction à 50% de la contribution du nucléaire à notre production d'électricité n'est pas de diminuer nos émissions de CO2, contrairement à ce que l'on nous affirme depuis des années.
Question 1 : Pouvez-vous le confirmer ici, mais aussi par un article dans les médias ?

Il s'agirait donc essentiellement de notre sécurité électrique, qui serait menacée par un éventuel risque systémique de nos réacteurs nucléaires, et vous citez en exemple la découverte d'anomalie des concentrations de carbone dans l'acier de certains générateurs de vapeur.
Question 2 : avez-vous une idée de ce que pourrait-être un tel risque systémique, encore non découvert après 40 ans d'exploitation ? S'agit-il d'une réalité, ou d'un exercice d'imagination ?

Du fait de leur intermittence, je ne comprends pas en quoi le développement des ENR électriques intermittentes est capable de pallier l'arrêt d'un certain nombre de réacteurs nucléaires pour cause de risque systémique, puisqu'il faudra en fait disposer d'une capacité de centrales pilotables de secours, probablement à gaz, pour compenser cet arrêt.
Question n°3 : pouvez-vous m'éclairer, en m'expliquant de quelle façon exactement les ENR électriques peuvent faire face à un tel risque systémique ?

Il me semble que si nous diminuons notre puissance en centrales pilotables, le risque systémique viendra en fait plus du développement des ENR électriques que du nucléaire, du fait du risque de leur défaillance en cas de forte consommation, et du risque de black-out du fait de l'accroissement de l'instabilité du réseau.
Question n°4 : pouvez-vous nous donner une évaluation des dommages créés par un black-out d'une journée en Europe, en termes humains et économiques ?

On voit bien la réticence dans ce débat à aborder la question du renouvellement de nos réacteurs nucléaires. Cette PPE ne le prévoit pas.
Question n°5 : A force de procrastination dans ce domaine, ne crée-t-on pas un risque systémique très réel, et de plus en plus important au cours du temps ?

Les possibilité futures du nucléaire, petits réacteurs, sels fondus, surgénérateurs sont très peu discutées ici, et le sujet n'est pas à l'ordre du jour de cette PPE. Cependant, c'est peut-être une occasion d'informer le public à ce sujet.
Question N°6 : le MO peut-il décrire les lignes générales des projets français dans ce domaine ?

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

1 : L’objectif de réduire la part du nucléaire à 50%, inscrit dans la loi, a bien pour objectif de diversifier le mix électrique.

Cela a été affirmé sans ambigüité par le Gouvernement dans sa communication du 7 novembre 2017 dans laquelle « Le Gouvernement a rappelé son attachement à la diversification du mix électrique, qui se traduit par le double objectif d’une baisse à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité et d’une forte croissance des énergies renouvelables ».

 

2-3-4 :  Il s’agit par exemple de l'arrêt de 12 réacteurs nucléaires en 2016, décidé par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) afin de vérifier la qualité des cuves concernées en raison du constat d’un défaut générique, qui n'a certes pas mis en danger la sécurité d’approvisionnement en électricité, mais a provoqué un recours accru aux centrales fonctionnant à base d'énergies fossiles comme le charbon ou le gaz et ainsi contribué au non-respect en 2016 des objectifs d'émissions de gaz à effet de serre que la France s’est fixés, d’après les indicateurs de suivi de la Stratégie nationale bas-carbone publiés en janvier 2018. Cet exemple illustre ainsi la nécessité de développer d’autres sources de production à base d’énergie renouvelable et d’autres moyens de flexibilité, notamment sur la demande.

 Le site Eco2Mix de RTE donne la composition du mix électrique pendant la période que vous mentionnez, sur le mois de janvier 2017 notamment. Sur cette période, l’éolien a ainsi contribué jusqu’à 7 GW à la production d’électricité. En journée, le solaire a contribué jusqu’à 3 GW. L’hydraulique a contribué jusqu’à 13 GW.

 Les analyses réalisées par RTE dans le cadre de son bilan prévisionnel, notamment à l’aide du scénario Ampère, permettent d’évaluer les capacités en énergie renouvelable qu’il est nécessaire de développer pour substituer la fermeture de centrales nucléaires et assurer la sécurité d’approvisionnement. En particulier, des taux élevés d’intégration d’énergies renouvelables peuvent être atteints (jusqu’à 49 % dans Ampère en 2035) sans nécessiter de nouvelles centrales thermiques et sans faire peser de risques de black-out.

 Afin de disposer d’éléments chiffrés, vous pouvez vous référez à l’étude « Quelle valeur attribuer à la qualité de l’électricité ? » réalisée par RTE pour avoir des éléments sur le coût socio-économique d’une coupure.

 

5-6 : Le volet de la recherche est pris en compte par la Programmation pluriannuelle de l’énergie et l’Etat veille à assurer la cohérence de la politique et des investissements qu’il mène en la matière.

 Concernant plus spécifiquement l’énergie nucléaire, la France contribue au projet ITER sur la période 2007-2020 à hauteur de 15 % du budget total, soit près de 1 Md€, ITER étant un programme de recherche international de long-terme visant à démontrer la faisabilité de la fusion nucléaire par confinement magnétique avec la construction d’un réacteur en France. La fusion pourrait représenter à long-terme une source d’énergie abondante avec un impact environnemental réduit par rapport aux réacteurs nucléaires actuels. La construction et l’exploitation d’ITER sont une première étape indispensable vers une perspective de production d’électricité à partir de la fusion, d’où la très grande implication de la France pour développer un nouveau moyen de production bas carbone. Néanmoins, comme vous l’indiquez, ce projet s’inscrit bien au-delà de l’horizon de la PPE et dépasse le cadre unique de la politique nationale de recherche de par le nombre d’acteurs impliqués (Union européenne, Etats-Unis, Inde, Corée du Sud, Japon, Chine et Russie) et la portée des résultats attendus.

 

Dans un horizon de temps plus proche correspondant à celui de la PPE, l’État soutient des actions de recherche et développement par l’intermédiaire de subventions récurrentes et du programme d’investissements d’avenir. Les projets emblématiques de la recherche sur le nucléaire sont les projets du réacteur de recherche Jules Horowitz (RJH) et ASTRID,  pilotés par le CEA. Le projet de réacteur de recherche RJH permettra à la France d’acquérir une capacité autonome de fabrication de radioisotopes pour des applications médicales et d’irradiation de matériaux en soutien aux réacteurs du parc actuel. Le projet ASTRID sur les réacteurs de 4ème génération s’inscrit de son côté dans le cadre d’une réflexion globale sur la stratégie à long-terme de fermeture du cycle du combustible nucléaire.