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Avis n°94

Et si nous avions presque tout faux avec la Loi de Transition Energétique ?

Ajouté par François-Marie ANONYMISé (venables), le
[Origine : Site internet]
Mix énergétique

Quelles ont été les évolutions de consommation et de production d'électricité de 2012 à 2017 ?
Rappelons les chiffres de RTE (en GWh ou 1000 MWh)
2012 Consommation : 486607
Production : Fioul : 4544; Charbon : 17446; Gaz : 25040; Nucléaire : 404554; Eolien : 14903; PV : 3783; Hydraulique : 63361 ; Bioénergie : 5836 (total fossile 47030)

2016 Consommation : 480320
Production : Fioul : 1723; Charbon : 7302; Gaz : 35368; Nucléaire : 383704; Eolien : 20918; PV : 8261; Hydraulique : 63360; Bioénergie : 8711 (total fossile 44393).

2017 Consommation : 473512
Production : Fioul : 2309; Charbon : 8802; Gaz : 38031; Nucléaire : 382509; Eolien : 25812; PV : 8672; Hydraulique : 53676; Bioénergie : 9081 (total fossile 49142).

Soit entre 2016 et 2017 : -7 TWh de consommation, +5 TWh d'éolien mais 6 TWh de fossile en plus.

Notons la forte progression d'électricité éolienne avec + 11 TWh (+74% en 6 ans), pour un parc qui est passé de 7.5 GW en 2012 à 13.7 GW en 2017 (+82 %).
Il faut toutefois avoir en tête la Loi et ses 50% de nucléaire dans le Mix Energétique pour 2025 qui réclamera 145 TWh/an de plus d'éolien au terme des 7 années à venir, soit le parc 2017 (7000 éoliennes) multiplié par 7.

Le Facteur de Charge (ou Production/Puissance) du parc éolien était de 20% en 2012 ; 18% en 2016 et 19% en 2017 ; les meilleurs sites sont déjà exploités, les nouveaux ne sont plus aussi productifs, malgré les améliorations dues notamment à de plus grandes éoliennes.
Les 50.000 éoliennes exigées par la Loi, ne seront déjà pas facile à implanter (ras-le-bol croissant des riverains) et ne seront plus aussi productives ; le nombre d'unités nécessaires augmentera, tout comme le coût du MWh éolien, etc.

Notre consommation électrique se stabilise donc depuis quelques années, sans parler de lois statistiques, on peut dire qu'elle devient plus uniforme avec des (minimum, maximum, moyenne horaire) en MWh de (30, 102, 55) pour 2012 et (30, 87, 54) pour 2017.
Les isolations thermiques des bâtiments ont fait largement baisser les pics de consommation hivernale.

Les WEs (2/7 = 28,57% d'une semaine) représentaient 26% de la consommation hebdomadaire en 2012, mais en 2017 ils représentent 29 %, les dimanches dépassent même les samedis ; nous consommons à présent plus d'électricité les jours de repos que les jours travaillés !

Allons plus loin, identifions les 100 heures de plus faible consommation sur l'année, elles vont se nicher lorsqu'il n'y a pas de chauffage, pas de clim, pas de train, pas de métro, pas d'éclairage public, ni aucune activité industrielle ou économique ; bref quand tout le monde ou presque est en mode sommeil ou oisif avec des conditions climatiques idéales.

Si nous extrapolons ces 100 heures à une consommation annuelle nous avons 280 TWh pour 2012, et 281 TWh pour 2017, comparées aux consommations réelles (486 et 473 TWh) c'est presque 60% de notre consommation d'électricité qui reste incompressible malgré une baisse de consommation globale.

Les 100 heures les plus consommatrices, quant à elles, généralisées sur l'année donnent 844 TWh pour 2012 et 719 TWh pour 2017, cela est rassurant sur les actions gouvernementales menées dans le cadre des isolations thermiques des bâtiments notamment.

Des consommations hivernales ont donc été remplacées par d'autres et il semble que nous soyons au bout de la chasse aux gaspis thermiques et que d'autres TWh à économiser seront légion.

Mais alors de quoi est constitué ce plancher de 280 TWh de consommation électrique en dehors des réfrigérateurs chez les particuliers et des équipements et services d'urgence ?
Il faut aller le chercher dans le monde du Numérique, de la Téléphonie cellulaire et dans tout le toutim Internet, essentiellement.
La sécurité devenue nécessaire n'est pas en reste avec son lot de matériels high tech, caméra, capteurs, routeurs, enregistreurs, salle de contrôle ...
Ce gaspillage énergétique, virtuel pour les utilisateurs, mais impliquant des ressources bien réelles devient notre quotidien ; l'album photo de famille et passé il y a 10 ans, de l'étagère du salon sur le disque dur des PCs et maintenant sur le Cloud avec pléthore d'équipements consommateurs d'énergie pour garantir la chaîne des services du Numérique 24h/24h.
Cette généralisation du Numérique à tous les étages (après l'eau et le gaz), à grand renfort de fibre optique d'un bout à l'autre de l'hexagone pour le haut débit, la 4G/5G et le tout connecté, n'ira pas vers la réduction de ce plancher énergétique.

Il faudra d'ailleurs instaurer un quota/coefficient au même titre que les POS ou COS, définissant le nombre de KWh maximum autorisés par mètre carré de bâtiment, pour protéger notre environnement et notre voisinage.

Alors les nouvelles EnR dans tout cela ?
Avec cette nécessité devenue vitale d'être connecté au monde entier 24h sur 24h, il faut garantir à toute heure ce minimum uniforme de 280 TWh/an.
Nous avons face à face, le nucléaire qui est décidé pour suivre à la demande et l'éolien qui est très bien estimé mais qui fait ce qu'il veut quand il veut.
Les 100h de production minimum du nucléaire généralisées sur une année atteignent 279 TWh en 2017 et celles de l'Eolien 1.2 TWh (zéro pour le PV, bien évidement avec les milliers d'heures de nuit)
Portées à 1000 (ou 3 heures par jour) les min et max pour 2017 donnent respectivement 310 et 675 TWh pour la consommation, avec pour le nucléaire 299 et 496, pour l'éolien 3.2 et 79.

Voilà la difficulté du « Zéro Nucléaire », il faudrait 90 fois plus d'éoliennes qu'en 2017 (soit 630000) pour avoir la même production minimum que garantit le nucléaire.
Mais peut-être qu'avec des millions de voitures électriques qui rechargeraient le réseau depuis la prise 220V de leur garage une fois s'être rechargées par temps venteux...

Ainsi, porter le nombre d'éoliennes actuel de 7000 unités à 50000 comme la Loi l'exige en réduisant la production nucléaire à 50% du Mix Energétique et au passage dépenser un premier bouquet de 400 Milliards d'€, nécessitera de nombreux efforts avec notamment un « couvre feu numérique ».
Il faudra décider entre se chauffer et se déplacer ; ou bien surfer, tweeter et smartphoner.

Cette question vient en complément des questions 57 et 69.

Commentaires

Ce qui vous dites est vrai mais il y a un point sur lequel je voudrais apporter une précision.
Vous dites : "il semble que nous soyons au bout de la chasse aux gaspis thermiques [dans le bâtiment]".
Néanmoins, si on regarde dans le détail, ce n'est pas de la "chasse au gaspis" qu'il s'est agit ces dernières années mais surtout du remplacement du chauffage électrique par du chauffage au gaz. Cela est notamment du aux dernières RT qui, dans le calcul de la performance énergétique des bâtiments, affuble l'électricité d'un coefficient de consommation de plus de 2,5 ! Ce coefficient, gagné par les lobby gaziers, empêche toute construction neuve, même bien isolée, d'être chauffée à l'électricité si elle veut respecter la RT.
J'explique :
- En rénovation, c'est ainsi le remplacement du chauffage électrique par du gaz qui a été privilégié au détriment d'une meilleure isolation.
- En construction neuve, afin de respecter la RT, on installé du chauffage gaz même pour des appartements bien isolés, où le coût de l'abonnement gaz et de l'entretient annuel -obligatoire- de la chaudière dépasse ce qu'aurait couté la facture de chauffage électrique.

Cela est ubuesque puisque ainsi, on a remplacé du chauffage faiblement émetteur de CO2 par un autre qui en émet beaucoup plus !

44000