Avis n°55
Et si on en revenait aux objectifs ?
le ,En reprenant un peu de hauteur, les scientifiques nous disent qu'avec ce que nous avons mis en oeuvre depuis la COP21, notre trajectoire est sur un réchauffement à 3,5° avec une probabilité de 10% d'arriver à 6° c'est-à-dire un monde invivable. La question est donc : que faire pour revenir à la trajectoire de 2°C ? Comment cela se décline-t-il en sous objectifs, stratégie globale et tactique ? A aucun endroit, la relation entre l'objectif de 50% de nucléaire n'est mis en relation avec un objectif drastique de réduction de GES. Et pour cause, il n'y en a pas. Le cadre de ce débat est déjà faussé par cette seule imposition qui une fois encore confond les moyens et les fins.
Concernant l'environnement, je crois que le rôle de l'état est de mettre en lumière la dangerosité réelle (factuelle) de chacune des énergies avec des statistiques et des explications pour ne pas laisser les opinions prendre le dessus sur les faits.
Pour aller dans le sens de Gaël Giraud, on ne peut s'abstraire d'une vision globale et non seulement concentrée sur l'électricité pour faire des choix. A ce sujet je recommande de lire les 9 propositions pour décarboner l'Europe (http://decarbonizeurope.org) qui est aujourd'hui un des seuls projets globaux, chiffré en impacts et en investissements, structuré et simple à comprendre pour arriver aux objectifs....et il n'y est nulle part question de réduire la part du Nucléaire, tout bonnement parce que l'on réduirait la part d'énergie déjà décarbonée ce qui est une erreur stratégique majeure, même s'il est politiquement difficile d'aller contre la pensée dominante.
Il existe d'autres scénarios fumeux mais très "tendance" type NegaWatt qui :
1) sont chiffrés mais uniquement dans les objectifs de réduction. Quid des ordres de grandeur et des investissements ?
2) prend des hypothèses dont nul ne sait si elles sont réalistes (diviser la consommation par 2 par la sobriété et l'efficacité énergétique), sans contraction de l'économie ?
3) annonce des chiffres d'emploi sans grand fondement mais très vendeur pour le grand public et les politiques (il suffit d'y croire)
4) escamote le fait que la pluspart des technologies EnR sont aujourd'hui dans de mains étrangères ce qui - pour sûr - nous rendra très indépendant énergiquement.
5) ne parle absolument pas en vision globale : par exemple transformer l'électricité en Hydrogène puis à nouveau en électricité (Power to Gas to Power) a aujourd'hui un rendement de l'ordre de 15 à 20% tout en consommant des terres rares, le tout à un prix astronomique.
C'est une question de priorités. Le sujet est trop sérieux pour qu'il soit traité sur le plan émotionnel.
Merci d'introduire un éclairage d'experts non financés par les lobbies pour apporter un peu de sciences physiques, de calculs de couts et investissements ainsi que des études de faisabilité.