Avis n°510
Sortons du nucléaire
le ,Tchernobyl et fuckushima nous ont montré qu'un accident peut ruiner une région entière et contaminer le monde.
Tchernobyl nous a révélé la capacité de l'Etat français à mentir pour ne pas ternir l'image de marque de son industrie.
Fukushima nous a rappelé que l'imprévisible est une règle à laquelle on échappe pas.
La centrale du Blayais en France a été inondée lors de la tempête de 1999, plusieurs système essentiels de sureté ont été perdus, on a frôlé la catastrophe de très près. Et les aléas climatiques devraient s'intensifier à l'avenir.
Lors de chaleur prolongée et donc de sécheresse, les centrales nucléaire sont encore plus gourmandes en eau pour leur refroidissement. Elles pompent une eau qui pourrait servir à autre chose.
Les centrales nucléaires sont toutes au bord de l'eau, donc sujette aux inondations d'ampleur imprévue et à la propagations de déchets radioactifs dans les cours d'eau.
Flamanville et Olkiluoto sont des échecs techniques et financiers qui plombent le bilan d'EDF. Hinkley Point sera un autre fiasco à nos frais et aux frais des anglais, qui a déjà fait démissioner le directeur financier d'EDF. Le grand carénage est une autre opération hors de prix pour justifier l'injustifiable prolongation de vie de nos réacteurs.
L'ASN n'a donné qu'un feu vert temporaire à Flamanville, car la cuve (élément central) est défectueuse. Ce feu vert n'a été donné que sous la pression économique qui lui était liée, un avis négatif aurait signé la mort du projet. Les déboires des EPRs montrent bien le manque de savoir faire actuel des industriels du nucléaire et leur optimisme à tout épreuve (délais et budgets annoncés systématiquement lourdement sous-évalués).
Comme les délais et les budgets de construction d'EPR, l'industrie nucléaire évalue tout ce qui est gênant à la baisse et en décalage complet avec la réalité: pollution, coûts pour les générations à venir (gestion des déchets et démantèlement), risque d'accident grave.
Parfois même ils trichent carrément tels de vulgaires constructeurs de voitures polluantes: suite à un audit de l’ASN lancé en 2015, Areva a avoué que plus de 400 pièces produites depuis les années 60 par l’usine du Creusot comporteraient des "irrégularités" - 66 de ces pièces sont actuellement utilisées par des réacteurs français en fonctionnement.
La politique de réduction des dépenses et de sous-traitance est une grande mode à laquelle n'échappe pas EDF, qui y perd du savoir-faire et de la rigueur dans la maintenance et l'entretien des centrales.
Greenpeace nous a montré qu'on peut s'infiltrer dans nos centrale et faire sauter des feux d'artifice au dessus, et nous avons de bonnes raison de penser que le terrorisme va monter en puissance, et que la stabilité géopolitique n'est pas définitivement acquise en Europe pour l'avenir. Qui ose croire que nos centrales résisteraient à la chute d'un avion de ligne? Les crises et les tensions géopolitiques toutes causes confondues ne sont pas derrière nous. Le changement climatique n'aidera pas à la stabilité et au vu du peu de changement dans nos modes de vie et de nos émissions carbonnées mondiales, il semble inévitable.
Le choix du type de production électrique français ne changera pas la tendance mondiale d'émission de carbone. Il est irresponsable (pour toutes les raisons évoquées dans ce message), mais surtout impossible techniquement de déployer mondialement le nucléaire pour remplacer le pétrole et le charbon et baisser drastiquement nos émissions carbonnée. C'est le mode de vie énergivore à l'excès et prédateur de ressources qu'il faut changer radicalement.
Bure nous rappelle qu'on ne sait pas quoi faire des déchets et qu'on est incapable de garantir qu'il resteront vraiment enfermés et inoffensifs jusqu'à une époque où les humains comprendront autant notre civilisation que nous comprenons actuellement les hommes préhistoriques. Sachant tous les évènements géopolitiques, climatiques et géologiques qu'il y aura d'ici là.
Les ingénieurs EDF à la retraite s'inquiètent de l'intermitence des énergies renouvelables (pas de la production de déchet?). Les ingénieurs en activité ailleurs ont déjà trouvé des solutions pour stocker l'énergie, combiner les intermitences et obtenir une stabilité sur le réseau. Le savoir-faire en matière de production renouvelable, de stockage et de répartition de la production est un enjeu d'avenir dans lequel on ne peut investir que ridiculement si on s'obstine dans le nucléaire.
Mais comme déjà dit plus haut, l'essentiel est de commencer par consommer moins, sans quoi nous resterons enfermé sur la route vers la crise climatique et humaine, et pourquoi pas vers l'accident nucléaire grave.
Même sans accident, l'extraction, le transport, la transformation, l'utilisation des matières radioactives sont autant d'occasion de souiller pour un temps indéfini notre environnement de matières nocives dont les effets sur la santé sont gravissimes et pernicieux, impossibles à ressentir au premier abord.
La seule chose qui justifie la poursuite du nucléaire sont les emplois induits. Mais avec les mêmes employés, EDF peut répondre à des demandes différentes: non pas continuer toujours plus loin dans une production couteuse et mortifère, mais devenir un leader dans la gestion de fin de vie du nucléaire (marché plus porteur d'avenir que l'EPR) et dans la production d'énergie renouvelable. Ca tombe bien, il faudra probablement plus d'employés non délocalisables pour assurer cette nouvelle mission.
Bref : réduisons nos besoin énergétiques (sobriété), augmentons notre efficacité énergétique, déployons les énergies renouvelables et sortons du nucléaire. Le scénario Négawatt est le seul crédible pour un avenir vivable.