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Question n°221

Soutien financier ENR électrogènes

Ajouté par Jean-Pierre ANONYMISé (Bures sur Yvette), le
[Origine : Site internet]

Questions sur un soutien financier très élevé et déséquilibré des énergies renouvelables électrogènes, selon la Cour des Comptes.

Le constat de la Cour des comptes :
Selon la CRE, les arrêtés antérieurs au moratoire de 2010 auront engendré un coût pour les finances publiques de 38,4 Md€, pour un productible annuel de 4 TWh, soit environ 0,7 % de la production électrique française. Cela représente un coût du soutien de l'ordre de 480 €/MWh. Ces arrêtés pèseront encore à hauteur de 2 Md€ par an jusqu'en 2030.

La filière éolienne onshore, 92 €/MWh, était jusqu'en 2017 exclusivement financée par l'octroi d'un tarif d'obligation d'achat dont le niveau et la structure n'avaient pas été revus depuis 2006. Or si le tarif pour les petites installations a été réduit depuis de 15%, dans le même temps la durée d'application des tarifs qu'ils soient d'obligation d'achat, de complément de rémunération ou suite à des appels d'offres a été porté de 15 à 20 ans soit une augmentation de 33%.

Lorsque ces projets offshore entreront en fonctionnement, 217 et 212 €/MWh en 2022, leurs charges représenteront, selon la CRE, 2,0 Md€/an, soit environ 40,7 Md€ sur 20 ans, pour une production de 11 TWh/an, c'est-à-dire 2 % de la production française d'électricité.

C'est ainsi que le rapport du 17 avril 2014 de la CRE sur les coûts et la rentabilité des énergies renouvelables notait que les imperfections des dispositifs de soutien ont, du fait de la diversité des conditions climatiques, des choix technologiques et de l'évolution des conditions de financement, donné lieu à des effets d'aubaine et à des rentabilités excessives sur fonds propre.

Les questions à l'ADEME :
L'ADEME et le SER affirment fréquemment dans les média que les énergies renouvelables électrogènes, éolien et solaire en particulier, sont devenues compétitives. Quelle est la réalité 2018, sachant que les tableaux synthétiques sur les coûts d'achat ne sont plus publiés sur les sites du ministère ? La Cour des Comptes donne le tableau en bas du texte.

QUESTION 1 : Ce tableau peut-il être mis à jour avec les valeurs en euros courant 2018 pour les installations mises en service en 2017 en donnant :
a) Les prix d'achats fixes (petites installations),
b) Les compléments de rémunération pour les différents types d'installations en relevant,
c) Les tarifs réels 2018 pour les appels d'offre retenus en 2017/2018 par type et taille d'installation (valeurs hautes, moyennes et basses).

QUESTION 2 : En 2016 l'application des tarifs pour l'éolien terrestre a été porté de 15 à 20 ans pour l'ensemble des installations éoliennes. Qu'est ce qui a justifié une telle évolution alors que la Cour des comptes avait dès 2014 estimé excessive la rentabilité sur fonds propres de l'essentiel des projets. Le retour sur investissement pour ces fonds propres étant très court, de quelques années à moins de 10 ans, les bénéfices pour les investisseurs sont considérables alors que leurs risques sont infimes en raison de l'obligation d'achat. N'aurait-on pas plutôt du réduire cette durée d'application.

QUESTION 3 : L'affirmation de la compétitivité de l'éolien, et encore plus du solaire, étant constante dans la communication de l'ADEME, cette dernière peut-elle préciser ses prévisions calendaires de diminution, puis de suppression des aides pour les énergies renouvelables électrogènes, comme dans certains autres pays européens.

Tableau N°3, p.53 du rapport de la Cour des comptes de mars 2018 sur le soutien aux énergies renouvelables : https://ppe.debatpublic.fr/sites/debat.ppe/files/20180418-rapport-soutien-energies-renouvelables.pdf

Date de la réponse:
Réponse de La CPDP, le
Réponse:

Réponse de l'ADEME à la question 3 fournie le 2 mai :

QUESTION 3 : L'affirmation de la compétitivité de l'éolien, et encore plus du solaire, étant constante dans la communication de l'ADEME, cette dernière peut-elle préciser ses prévisions calendaires de diminution, puis de suppression des aides pour les énergies renouvelables électrogènes, comme dans certains autres pays européens.

REPONSE :

L'ADEME a publié début 2017 une étude sur le coûts des énergies renouvelables en France (http://www.ademe.fr/couts-energies-renouvelables-france).

Cette étude visait à évaluer les coûts complets de production, c’est-à-dire les coûts de revient de MWh produit, calculés en rapportant l'ensemble de l'énergie produite sur la durée de vie des installations, par rapport à l'ensemble des coûts (investissement et maintenance). Ce calcul prend en compte un taux d'actualisation reflétant la rentabilité des capitaux engagés par les investisseurs et leur prise de risque. Pour le cas de énergies photovoltaïque et éolienne, ces coûts de production dépendent en premier lieu de la qualité des gisements. Aussi l'étude de l'ADEME s'est attachée à évaluer ces coûts de production de façon représentative par rapport aux gisements français ainsi qu'aux conditions techniques, organisationnelles et règlementaires françaises. Ceci aboutit donc à des fourchettes de coûts pour chaque technologie. Ces coûts évoluant rapidement sous l'effet des progrès technologiques et des économies d'échelle liées à l'industrialisation des procédés de fabrication, l'ADEME envisage de publier une mise à jour de cette étude en 2019.

Dans l'avis de l’ADEME sur les énergies renouvelables publiés fin 2017 (http://www.ademe.fr/avis-lademe-energies-renouvelables-recuperation), ces chiffres ont fait l’objet d’une première mise à jour. L’éolien terrestre, avec une fourchette de coûts de production comprise entre 57 et 91 €/MWh, est le moyen de production d’électricité le plus compétitif en comparaison avec les moyens conventionnels comme des centrales à Cycle Combiné Gaz (CCG). Les centrales au sol photovoltaïques (68 à 87 €/MWh), pour les plus compétitives, entrent également désormais dans cette concurrence directe avec les moyens conventionnels. Ces deux technologies ont l’intérêt de présenter des gisements très importants. Grâce aux progrès technologiques et à l’allongement de la durée de vie, ces deux technologies devraient converger vers des coûts de l’ordre de 50 €/MWh en 2030.

La notion de compétitivité des énergies renouvelables doit en effet être bien explicitée :

- s’il s’agit de moyen de production de taille importante dont l’objectif est d’injecter de l’électricité sur le réseau, la compétitivité est mesurée dans ces travaux par rapport à la construction d’un moyen de production conventionnel le plus compétitif, ie une centrale à cycle combiné gaz (CCG). La comparaison avec le prix de marché de l’électricité (en moyenne de 45€/MWh au premier semestre 2017) serait délicate car le niveau faible du prix du marché de l'électricité empêche actuellement tout investissement dans des nouveaux moyens de production, qu'ils soient renouvelables ou conventionnels, car il ne permet pas de couvrir les coûts fixes. Aussi, afin d'atteindre les objectifs ambitieux fixés par l'Etat, le soutien public (via les tarifs d’achat ou le complément de rémunération) reste indispensable pour susciter l'investissement et pour valoriser les externalités positives de ces moyens de production par rapport aux moyens conventionnels (pas d'émission de CO2, contribution à l'indépendance énergétique, contribution à l'économie nationale et locale, etc.).

- S’il s’agit de moyen de production de plus petite taille pour l’autoconsommation (c’est le cas du photovoltaïque en petite et moyenne toiture), la compétitivité se mesure par rapport au prix de l’électricité consommée achetée par les consommateurs. Sur certaines parties de ce segment, la rentabilité d’une installation en autoconsommation est déjà une réalité économique : l’autoconsommation pour les grandes toitures (>250 kW), avec un taux d’autoconsommation de 90% et l’hypothèse d’une augmentation des prix de détails de 3% par an, est déjà rentable sans soutien dans le sud de la France (source : Avis de l’ADEME sur l’autoconsommation, février 2018).

 

La réponse du maître d'ouvrage, le 12/06/2018 : 

Concernant la question 1 :

 

Le rapport publié par la Cour des comptes en mars 2018 et notamment le tableau mentionné apparaît être complet et à jour, aucune mise à jour n’est donc nécessaire. En ce qui concerne la question 1c, les tarifs des contrats accordés aux lauréats des appels d’offres ne peuvent pas être communiqués, les seules valeurs communiquées sont les prix moyens pondérés et correspondent aux données du tableau susmentionné. Toutes ces valeurs sont disponibles sur le site du Ministère de la transition écologique et solidaire.

 

Concernant la question 2 :

 

Le dispositif de soutien à l’éolien, revu en mai 2017, se décompose en deux volets : un guichet ouvert pour les installations jusqu’à 6 éoliennes et un appel d’offres pour les plus grandes installations. Dans chacun des deux volets, les contrats de complément de rémunération attribués ont une durée fixe de 20 ans contre 15 ans auparavant. Cette évolution a été motivée par l’amélioration constatée de la durée de vie des éoliennes, garantie aujourd’hui par les constructeurs pour 20 ans au minimum.

 

Conformément aux dispositions du code de l’énergie (article L314-20 notamment), les contrats de complément de rémunération ont pour objectif d’assurer une rémunération raisonnable des capitaux investis dans les installations. Faire coïncider la durée du contrat avec la durée d’exploitation des installations présente de nombreux avantages : cela permet une meilleure maîtrise de la rémunération des capitaux, de garantir une bonne visibilité aux investisseurs, de s’assurer d’une exploitation optimale des capitaux investis en évitant un renouvellement trop rapide et enfin de réduire le coût unitaire du MWh produit dans le cadre du contrat.