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Question n°594

Surrégénérateur, enfin ?

Ajouté par Philippe ANONYMISé (Biscarrosse), le
[Origine : Site internet]

Pourquoi dépenser une fortune à développer l'EPR alors que l'avenir du nucléaire a été bouché par l'arrêt du développement du surrégénérateur ? La différence de budget entre ASTRID et EPR est éloquente. Le débat devrait clair : sortie du nucléaire à la fin de vie des réacteurs à eau pressurisée existants ou développement de la surrégénération ?

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Les déploiements des réacteurs de 3ème génération comme l’EPR et des réacteurs de 4ème génération ne s’inscrivent pas dans la même échelle de temps. Si des réacteurs EPR sont déjà en fonctionnement (Chine) ou devraient l’être dans les prochaines années (France/ Finlande), le déploiement de réacteurs de 4ème génération ne peut s’envisager, lui, qu’à l’horizon de la fin du siècle compte tenu notamment de moindres opportunités économiques liées à la disponibilité des ressources mondiales en uranium. De plus, la complémentarité de tels réacteurs avec un parc destiné à une production électrique de masse reste encore à démontrer. Pour mémoire, durant sa dernière année de fonctionnement en 1996 en équivalent pleine puissance, le coefficient de disponibilité de Superphénix n’était que de 51,3 %, soit 30 points en-dessous du fonctionnement d’un réacteur du parc existant.

 

La poursuite du fonctionnement du parc nucléaire français ne peut donc pas s’envisager sous l’angle de la comparaison directe entre EPR et RNR.

 

Cela étant, ces réacteurs de 4ème génération continuent à faire l’objet de recherches, y compris au travers de collaborations internationales, à l’instar du projet de démonstrateur ASTRID, dans une optique de fermeture du cycle du combustible nucléaire, au regard du caractère stratégique que revêt le traitement-recyclage de ce combustible pour le Gouvernement.

 

ASTRID est un projet de démonstrateur industriel de réacteur de 4ème génération à neutrons rapides refroidi au sodium de 600 MW électrique. L’objectif de ce projet est de démontrer la faisabilité industrielle du multi-recyclage du plutonium contenu dans les combustibles MOx usés des réacteurs à eau pressurisée du parc nucléaire français actuel et des réacteurs à neutrons rapides du potentiel parc futur. Le multi-recyclage du plutonium permettrait à terme d’être indépendant énergétiquement vis-à-vis de l’uranium naturel, de stabiliser la production de plutonium, d’assurer un meilleur confinement des déchets ultimes et, ainsi, de fermer complètement le cycle du combustible nucléaire, et ceci indépendamment de la taille du parc.

 

 

Débuté en 2010, à un moment ou la disponibilité des ressources mondiales en uranium était jugée sensible à l’horizon 2050, le projet est aujourd’hui en phase d’avant-projet détaillé (APD) depuis janvier 2016 et ce jusqu’en 2019, date à laquelle l’État décidera de la poursuite ou non du projet. Il est prévu que la décision soit prise en prenant en compte plusieurs enjeux : la gestion à long terme des matières et des déchets radioactifs ; (ii) la pertinence économique d’un déploiement d’une filière de réacteurs à neutrons rapides ; (iii) les possibilités de financement d’ASTRID par des partenaires industriels.