Avis n°536
Transition énergétique : la France est particulièrement vertueuse...
le ,La France est particulièrement vertueuse en matière d’émission de gaz à effet de serre dans le concert des pays Européen.
Sa production d’électricité est quasiment décarbonnée, essentiellement grâce au nucléaire et à l’hydraulique ; alors que c’est loin d’être le cas de la plupart des autres pays.
Nos émissions de gaz à effet de serre, sont en fait dues à l’utilisation des énergies fossiles pétrole, gaz, charbon dans l’habitat, le tertiaire, les transports et dans une moindre mesure, l’industrie et l’agriculture. C’est donc là qu’il y aurait eu lieu de porter nos efforts et non pas en cherchant à décarbonner une production d’électricité qui l’est déjà.
Le récent rapport de la Cour des Comptes porte d’ailleurs un jugement sans appel quant au gouffre financier d’argent public consacré, sans le moindre effet tangible, donc en pure perte du point de vue environnemental, au soutien inconsidéré de l’éolien et du solaire.
Il est légitime de penser qu’il s’agit là de l’effet néfaste d’un dogmatisme ambiant enclin à faire croire qu’il y aurait des énergies vertes et d’autres qui ne le sont pas. Pourtant, toute production d’énergie, de quelque source que ce soit a un impact sur notre planète (à considérer sur l’ensemble de chacune des chaines des valeurs correspondantes), ainsi d’ailleurs que toutes activités humaines.
Il est vrai que la transition énergétique est une notion confuse selon laquelle on vit dans un monde où les choses changent avec une démographie galopante et l’idée que la planète ne pourra plus fournir les ressources nécessaires à sa survie. Sachant que ces dernières ne sont pas éternelles, l’on peut comprendre que la diversification soit de mise. Certes le solaire et le vent devraient pouvoir durer (sauf changements climatiques majeurs), il n’en reste pas moins vrai que la Banque Mondiale estime que le développement des ENR va conduire à la rareté et à l’épuisement des terres rares nécessaires. Pour sa part, le nucléaire de génération IV est de nature à garantir un approvisionnement en Uranium pour plusieurs millénaires, quant à la fusion l’avenir nous le dira.
Toute la question est de savoir si l’on a tellement peur qu’on est dans une culture de la culpabilité vis-à-vis du futur oui si de façon plus positive qu’il y a lieu de considérer que cela fait des centaines de milliers d’années que l’humanité s’adapte aux changements, qu’elle sait tirer profit de ses échecs (retours d’expérience) et trouver des solutions aux problèmes rencontrés.
Un autre dogme, est de considérer à tort qu’en toutes choses, l’ouverture à la concurrence a des effets bénéfiques pour le consommateur. En matière de prix de l’énergie électrique au consommateur, c’est pourtant tout le contraire qui se produit depuis celle-ci (Cf. flambée du montant de la CSPE).
Peut-on d’ailleurs parler de concurrence loyale lorsque que de nouveaux producteurs entrants se voient offrir des garanties d’achat, pendant 20 ans, d’une énergie de qualité médiocre (intermittence), ce à des prix nettement supérieurs à ceux du marché ou de revient du producteur historique. Que penser de l’obligation faite à ce dernier de céder à ses concurrents et à son prix de revient 25% de sa production nucléaire, d’avoir à communiquer à ces derniers la liste de ses clients ou d’avoir à surinvestir et effacer ses propres moyens de production au profit des énergies intermittentes (suivi de charge) ?
La desserte en énergie d’un pays est un élément fort de l’aménagement et de la sécurité du territoire ; à ce titre elle relève normalement du pouvoir régalien. Cela vaut en matière d’optimisation des infrastructures et de leur emplacement. Il est donc difficile d’admettre de voir livré en pâture, de façon aléatoire, le marché de l’énergie au seul profit d’intérêts particuliers et d’egos personnels : opérateurs entrants, collectivités locales ou propriétaires de terrains attirés par des retombées financières.
Force est de constater que la France pouvait s’enorgueillir de l’excellence d’EDF et de ses prix compétitifs favorisant le développement économique et ses exportations. Or aujourd’hui cette même entreprise, pourtant la mieux placée pour contribuer efficacement et dans l’intérêt général à la transition énergétique et à un mix-énergétique équilibré, a été très gravement mise à mal ; elle courre un grand péril.
Référence mondiale pour son savoir-faire en matière nucléaire, tant aux plans technique, économique que de sûreté, troisième filière industrielle nationale, nous sommes en train de perdre notre savoir-faire et donc notre crédibilité, sur un marché nucléaire international concurrentiel, aujourd’hui dominé par la Chine et la Russie. Ce, à force de ne plus y croire pour nous-mêmes.
Développer la R&D, trouver des solutions pour permettre aux populations en difficultés de survivre et de se développer sur leur propre territoire, telle devrait être notre ambition.