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Avis n°251

Urgence climatique, LTECV et PPE

Ajouté par Jean-Pierre ANONYMISé (Bures sur Yvette), le
[Origine : Site internet]

La LTECV et la PPE évitent d'aborder un obstacle essentiel : l'urgence. Nous sommes en face d'un effet cumulatif car environ la moitié du gaz carbonique produit s'ajoute à celui qui est déjà présent dans l'atmosphère et y restera plus de 100 ans. De même le quart s'accumule dans l'océan avec pour conséquence une acidification. La biomasse n'en capte plus que le quart et la quantité de gaz carbonique dans l'atmosphère a déjà augmenté de 280 à 404 ppm en 100 ans, soit de près de 50%.
La conclusion est claire : tout million de tonne de CO2 qui ne sera pas envoyé dans l'atmosphère dans les dix ans de la PPE sera beaucoup plus efficace que si on attend 10, 20 ou 30 ans l'occurrence de solutions miraculeuses.
Comment faire ? C'est simple :
- Il faut mettre en œuvre aujourd'hui les technologies non carbonées les plus matures, les plus économiques, notre pays n'ayant pas des marges financières avec sa dette abyssale (2000 milliards, soit plus de 30.000 € par personne ou 120.000 € par famille de deux enfants). Cette dette s'alourdit alors que le déficit de notre balance commerciale a encore été de 62,3 milliards en 2017.
- Il faut s'attaquer aux deux principaux émetteurs de CO2, les transports et le pétrole, les bâtiments et le gaz et le fioul.
Or que proposent la LTECV et le maitre d'ouvrage dans le débat sur la PPE : réduire la consommation d'une électricité décarbonée pour réduire un nucléaire très compétitif et qui génère des exportations, sans présenter un bilan satisfaisant de la LTECV depuis sa promulgation dans les deux secteurs des transports et du bâtiment, dont les contributions aux émissions de gaz à effet de serre restent croissantes ou seulement stables.
Le maitre d'ouvrage et son appui technique l'ADEME ne proposent qu'une poursuite de la politique engagée en se contentant d'acter l'invraisemblance de certains objectifs de la loi et de la PPE précédente, sans modifier la loi et ses objectifs contradictoires.
Il est temps, comme le suggère la Cour des comptes dans son rapport de la semaine dernière, que la gouvernance de la question énergétique et climatique soit reprise par le Président et le Premier ministre, qui ont affirmé la priorité à donner à la lutte contre le changement climatique, et que la LTECV soit profondément remaniée avant de réviser la PPE.
LTECV : Loi pour la transition écologique pour la croissance verte
PPE : Programmation pluriannuelle de l'énergie

Commentaires

Plutôt en accord avec ce que vous exprimez, j'ajoute que la Cour des Comptes ne me semble pas dans son calcul avoir pris en compte explicitement les coûts de raccordements des nouvelles énergies, réputés de l'ordre de 1 € pour 1 € investi dans l'EnR elle-même. Certes, objectera-t-on, par de savants montages financiers l'on fera payer quelqu'un d'autre, mais au bout du compte cet euro-là devra bien être dépensé.
C'est peut-être implicite dans la prise de position de la Cour, au titre de son "... considère désormais indispensable de calculer et révéler le coût complet du mix énergétique". J'aime bien le mot "révéler", qui signifie que jusqu'à présent il avait été tenu soigneusement camouflé.

La Cour des Comptes me semble cependant avoir omis de prendre en compte le coût des capacités de substitution à mettre en face des éoliens et du photovoltaïque, aurait-elle faite sienne cette thèse des vertus supposées de l'effacement ?
En tous les cas, tout euro qui sera investi dans ces EnR chères, doublement chères si l'on tient compte des coûts de raccordement et des capacités de substitution nouvelles, ne sera plus une ressource injectable dans l'économie réelle.
Quant à l'effacement, ce serait un comble d'en arriver là : comment peut-on voir du progrès dans l'organisation de pénuries là où jusqu'à présent les classes populaires étaient relativement garanties de ne pas se voir couper l'électricité, et ce pour un prix qui était acceptable ?
Il est donc temps de donner la priorité à la sobriété énergétique couplée à une réduction effective des gaz à effets de serre : le problème est que la LTE-CV était ciblée sur le E de "énergie" et non pas sur une transition énergétique et environnementale complète, d'où ses objectifs contradictoires : il est temps de passer aux choses sérieuses.

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Vous avez raison: la Cour des comptes signale les charges supplémentaires liées au développement de l'intermittence, appelées externalités négatives par les experts, mais ne les chiffre pas.
Pour améliorer sa présentation RTE, dans ses scénarios, suppose une disponibilité minimale solaire + éolien de 10%, alors que la réalité est de moins de 1%, chiffre retenu par les réseaux allemands. Ce n'est absolument pas justifié.

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