Avis n°95
Le mirage du développement territorial induit par des infrastructures de transport
le ,Tout d'abord, je veux dire mon étonnement sur ce genre de débat public où l'on nous demande un avis sur des scenarii uniquement de développement d'infrastructures coûteuses ! Le contexte actuel des finances publiques devrait nous conduire à davantage de sagesse, ne serait ce que pour nos enfants.
D'autre part, acter la construction de l'Aéroport du Grand Ouest comme acquise est tout aussi étonnante quand on n'a pas encore épuisé tous les recours juridiques. En effet, on a l'impression que sans ce projet, les budgets des 3 scénarii seraient sans doute bien moindres. Par ailleurs, faire croire que le développement de nos territoires passe par toujours par un temps plus court de trajet, me paraît une escroquerie que beaucoup d'élus avalent sans faire de réelles études d'impact sur le tissu économique local. Par exemple, on a dit à l'époque où la ligne TGV s'est mise en place vers Le Mans que cette ville allait connaître un boom économique. Le résultat est plutôt que cette ville est devenue une banlieue de Paris et qu'elle a perdu en attractivité intrinsèque. Je pense que Rennes n'attirera pas plus d'entreprises en gagnant 30 minutes de trajet, mais fera venir des gens qui feront les navettes domicile-travail vers Paris. L'immobilier risque d'augmenter générant un étalement urbain plus important avec une consommation foncière accrue d'espaces naturels et agricoles.
Pour la liaison Rennes-Nantes, il serait bon de prendre en compte l'amélioration conjointe des 2 axes existants par Redon et par Chateaubriant. Ce dernier axe n'est même pas évoqué dans les scénarii. D'une manière générale, on ne peut plus se permettre de faire de grands projets très chers et très consommateurs d'espace : l'exemple de la LGV Le Mans-Rennes est catastrophique de ce point de vue. Au prix du billet qui sera proposé, on peut se demander si on a fait ces travaux que pour une clientèle aisée ou d'affaires.
On doit donc se recentrer des améliorations de lignes existantes en privilégiant les usages de voyageurs et du fret au niveau régional (exemples : Rennes-Nantes et Brest-Quimper). Ré-ouvrons pourquoi pas certaines lignes comme la Saint Brieuc-Auray.
Et puis pour finir, arrêtons de se regarder le nombril, l'Ouest de la France ne sera jamais le centre du monde ! Je ne crois plus aux mirages !