Avis n°85
Objectifs du projet
le ,Dans le contexte actuel (enjeux climat, énergie, érosion de la biodiversité, maîtrise budgétaire...), la recherche de gain de temps ne doit plus être l'objectif des infrastructures de transport :
Le train ne doit pas chercher à concurrencer l'avion, ce qu'il ne pourra jamais faire sur les liaisons de plus de 500 km comme Brest-Paris ou Quimper-Paris. L'objectif des 3h n'est là que pour satisfaire une part très faible des usagers potentiels du train, d'autant plus qu'une exploitation de direct Brest ou Quimper-Paris ne sera jamais économiquement viable.
Le coût des infrastructures et de l'exploitation d'un réseau grande vitesse ne fera qu'augmenter le prix du billet alors que celui-ci constitue déjà un frein important au report modal vers le fer.
On ne peut pas se permettre de consommer autant de foncier pour faire gagner quelques minutes ! Il y a déjà assez de multiples projets inutiles et imposés pour réduire encore la SAU, morceler le territoire,...
Si le transport du quotidien est la réelle priorité de RFF et des élus locaux, il est donc indispensable de dissocier les différents objectifs du projet et de renoncer en particulier à l'objectif des gains de temps. Des scénarios différenciés doivent être établis pour évaluer la pertinence et le coût (économique et environnemental) des différents objectifs. Des solutions plus économiques et moins impactantes environnementalement peuvent en effet répondre à l'objectif d'augmentation de capacité (et donc de fréquence et de desserte) : évolution de la signalisation (ERTMS), 3ème voie banalisée (exemple de la 3ème voie entre Strasbourg et Benfeld en Alsace, permettant d'absorber un trafic immense), voies de dégagements dans les gares périurbaines, traitement des nœuds ferroviaires....
Ce projet ne fera qu'augmenter la distorsion territoriale, aspirera tous les financements alors qu'on a du mal à trouver quelques millions pour rénover certaines lignes, augmentera le linéaire de voies alors que le GPMR ne parvient qu'à ralentir le vieillissement du réseau.
Attendons déjà 2017 et les évolutions promises (en particulier le cadencement) pour que chacun puisse réellement percevoir les problématiques du réseau dans son ensemble. Pour conclure, il est à espérer que RFF tiendra compte des avis émis dans le cadre de ce débat public et arrivera à ne pas se faire influencer par les élus locaux accrochés à leur objectif de vitesse, comme on peut le voir avec des projets incohérents comme la LGV Poitiers-Limoges...