Simonette Malherbe - Grande-Synthe - 17/10/2017
1. Vous annoncez la création de nouveaux emplois sans pouvoir assurer que ceux-ci profiteront aux habitants locaux, ces mêmes personnes qui ont sacrifié leurs plages depuis les années 60.
Vous annoncez une augmentation du nombre de camions mais ne pouvez garantir que l'autoroute permettra d'absorber ce trafic supplémentaire, que la sécurité routière n'en sera pas affectée, et que cela n'aura pas d'impact sur la santé.
Comment entendez-vous aborder et réguler ces aspects ?
2. Vous annoncez le déplacement d'agriculteurs. Est-ce que cela signifie que nous allons perdre le bénéfice de produits locaux ?
Réponse du Maître d'Ouvrage :
Des retombées conséquentes pour l’emploi local
En phase d’exploitation, de nombreux emplois locaux grâce notamment à l’intégration des activités logistiques sur place.
Les études socio-économiques conduites pour ce projet, et menées en partenariat avec la CCI Hauts-de-France ont permis de démontrer que, à l’échelle des régions Hauts de France et Grand Est, le projet devrait être fortement créateur de richesses et d’emplois avec plus de 16 000 emplois pérennes (9 500 emplois directs et 7 200 emplois indirects[1]) et 1,8 milliard d’euros de valeur ajoutée à l’économie à l’horizon 2035, en particulier dans les secteurs de la logistique et des transports, de l’industrie, des commerces et des services.
En fonction des filières d’emploi identifiées et sur la base des études socio-économiques réalisées, il peut être estimé qu’au minimum, 5 500 emplois seraient créés à Dunkerque et ses alentours.
Au-delà de ces emplois, d'autres emplois, non quantifiés, seront générés par les dépenses des personnels travaillant sur le site (alimentation, habitat, loisirs, etc).
Ainsi, l’impact du projet CAP 2020 sera fortement positif sur l’emploi local, en venant notamment offrir aux artisans, aux commerces et aux entreprises déjà en place de nouveaux marchés, de nouveaux clients et de nouvelles opportunités de se développer.
Concernant la formation, une réflexion quant aux différentes possibilités qui s’offrent au territoire est menée dans le cadre du projet CAP 2020 avec les acteurs concernés (CCICO, Entreprendre Ensemble, Maison de l’Emploi, région Hauts-de- France, rectorat, ULCO…), afin d’anticiper les besoins en termes de métiers et de compétences qui seraient recherchés dans le cadre de ce projet.
Les types de formations (initiale, complémentaire ou professionnalisante) et les besoins quantitatifs de chaque secteur de compétences seraient ainsi identifiés et pourraient être exploités, définis et mis en oeuvre par chacun des partenaires concernés, au profit du territoire et de ses habitants.
Le projet, créateur d’emplois, s’appuierait également sur des formations innovantes, afin de développer les technologies d’avenir dont Dunkerque-Port a besoin. Pour rester compétitif face à ses concurrents, Dunkerque-Port souhaite naturellement adapter son projet aux besoins et aux technologies à venir.
Une démarche axée sur l’innovation dans les domaines du BTP, du transport de marchandises et de la logistique sera engagée. Elle définira, à travers le pilotage de différents groupes d’experts et de professionnels dans chacune des branches citées, les pistes à privilégier pour l’intégration des démarches innovantes à toutes les phases du projet : méthodes de conception, de construction et d’exploitation, matériaux, techniques et technologies émergentes.
Ces emplois et nouvelles opportunités seront offertes aux habitants du territoire qui auront ainsi l’occasion de valoriser les compétences dont ils disposent déjà ou qu’ils auront acquises à travers les formations présentées ci-dessus.
Etant déjà habitants sur le territoire, ils devraient pouvoir prioritairement se positionner sur ces postes.
Des effets limités sur le trafic routier, une problématique partagée par l’ensemble des acteurs impliqués
Le trafic de conteneur ayant la particularité d’être régulièrement réparti dans la journée, en heure de pointe, l’augmentation du trafic généré par le Projet ne représenterait pas en 2035 plus de 2 % du trafic de référence de l’A16 et de l’A25 en entrée de l’agglomération lilloise (projections de trafic à échéance 2035 hors projet CAP 2020).
Les conclusions de ces études ont été partagées avec les gestionnaires des infrastructures de transport concernées dans le cadre de différents groupes de travail de la route (CUD, département, direction interdépartementale des routes du nord, DREAL).
Ces échanges constructifs, qui se poursuivront lors des études techniques ultérieures, ont permis de conclure à la compatibilité des principales infrastructures existantes avec les ambitions de croissance de trafic du projet CAP 2020.
On peut par exemple noter que l’augmentation globale du trafic routier, indépendamment du projet CAP 2020, amène les gestionnaires des infrastructures routières, notamment autour de Lille et de Dunkerque, à concevoir des projets d’investissement et des mesures d’exploitation.
Autour de Dunkerque, des mesures de réduction de vitesse ont d'ores et déjà été mises en œuvre de manière à fluidifier le trafic et à limiter les risques d'accidents, générateurs de congestion.
Autour de Lille, le CPER 2015-2020 prévoit des études et des acquisitions foncières ainsi que la réalisation d’un échangeur en vue d’une mise à deux fois trois voies de l’A25 entre Armentières et Lille.
En termes d’exploitation, la DIR Nord a d’ores et déjà mis en place une régulation dynamique de vitesse et une régulation dynamique d’accès à l’autoroute A25 à l’aide de panneaux à messages variables. Cette mesure doit être complétée dans le cadre d’un projet porté par l’État et cofinancé par les collectivités.
Pollution de l’air : les enjeux sont pris en compte
Dunkerque-Port s’est engagé depuis 2016 dans une démarche d’amélioration de la connaissance de la qualité de l’air. À terme, le port vise à la mise en œuvre d’un plan d’actions d’amélioration de la qualité de l’air. Cette démarche s’inscrit notamment dans le Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PA2D) du GPMD validé en 2014.
Dans le cadre de cette démarche, le GPMD a adhéré en 2017 à l’ATMO Hauts-de-France qui est l’une de la vingtaine d'Associations Agréées pour la Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA) par le Ministère en charge de l’Ecologie et du Développement Durable.
L’activité de manutention à quai des conteneurs n’est pas en soi génératrice de pollution de l’air. Celle-ci serait liée principalement à l’augmentation des trafics routiers et maritimes.
Toutefois, CAP 2020 permettrait, à travers la massification des volumes de conteneurs qu’elle impliquerait et la localisation des voies ferrées à proximité immédiate des quais, de favoriser le report du trafic vers le ferroviaire et le fluvial. Cela aurait un effet important en limitant autant que possible l’augmentation du trafic de poids-lourds et donc l'augmentation des émissions polluantes dans l'air.
Il faut également noter que des mesures ont déjà été mises en œuvre de manière efficace pour permettre une réduction de la pollution de l’air par le trafic PL :
- La réduction des vitesses opérée sur l’A16 a contribué à l’amélioration de la qualité de l’air.
- Les normes environnementales européennes sont de plus en plus efficaces et imposent aux transporteurs des efforts importants en faveur de l’environnement. Les émissions polluantes ont été ainsi divisées par 10 entre 1996 et 2014.
Dunkerque dispose également depuis 2016 d’un terminal méthanier et disposera en 2018 d’une station terrestre d’avitaillement GNL. Cette station permettra aux camions propulsés au GNL (carburant alternatif bien plus propre que les carburants conventionnels) de s’approvisionner directement à Dunkerque, ce qui aura un impact positif sur la qualité de l’air.
Au-delà de ces réalisations déjà engagées, des études sont actuellement en cours pour offrir à terme aux navires des services plus performants, reposant sur des technologies nouvelles moins polluantes (avitaillement des navires en GNL, alimentation électrique à quai des navires).
Les études d'impact de CAP 2020, préalables à l’enquête publique qui devrait suivre le débat public en cours, permettront de caractériser plus finement ces enjeux.
- Vous annoncez le déplacement d'agriculteurs. Est-ce que cela signifie que nous allons perdre le bénéfice de produits locaux ?
Les mesures générales mises en place par le GPMD dans le cadre de ses différents projets d’aménagement pour gérer les espaces agricoles visent à maintenir l’activité des agriculteurs le plus longtemps possible et à remettre en culture, lorsque c’est techniquement possible, les terres remblayées le temps que leur commercialisation soit effective.
Dunkerque Port, avec l’assistance de la SAFER, a mis en place une gestion sur le long terme, afin d’anticiper et de définir une stratégie foncière cohérente en lien avec les projets de développements portuaires et de leurs phasages.
A court terme, celle-ci doit permettre de répondre aux demandes de compensations des emprises effectives, au moins partiellement. A long terme, l’objectif est d’élaborer une nouvelle dynamique, et d’accompagner les exploitations pour ne plus dépendre du foncier portuaire pour assurer leur pérennité.
Plusieurs pistes et préconisations ont été suggérées par la SAFER pour optimiser la gestion foncière de leurs propriétés, notamment en proposant une démarche concertée avec la profession agricole pour une répartition équitable des impacts en termes de réduction d’exploitation. Cette démarche est en cours d’analyse par les représentants de Dunkerque-Port. Elle devra nécessairement être accompagnée d’une étude agricole fine, en cours de réalisation par la SAFER, auprès des exploitants concernés par les projets du Port.
Le phasage dans le temps des différents projets du GPMD permettra d’assouplir au maximum la mise en œuvre de cette démarche, afin de maintenir le plus longtemps possible l’occupation agricole des terrains.
En parallèle et toujours dans cet esprit de minimisation de l’impact agricole, une étude a été lancée afin de déterminer les conditions de remise en culture des terrains remblayés qui seront en attente de commercialisation.
[1] Les emplois directs correspondent aux emplois créés directement par les activités de la filière conteneur.
Les emplois indirects correspondent aux fournisseurs de biens et services pour le compte de la filière conteneur.