Patrick Magnier, Dunkerque, 08/11/2017
Les données de l’industrie maritime ont démontré qu’en considérant la taille des moteurs et la qualité du carburant utilisé, les 15 plus gros navires-cargos du monde polluent autant que l’ensemble des 760 millions d’automobiles de la planète.
Dès lors, n'est-il pas paradoxal de vouloir augmenter la capacité d'un port en sachant qu'on va augmenter la pollution mondiale, par mer, mais aussi terrestre, car il faudra bien entendu développer le transport par la route, par le rail et par les canaux pour le transport des marchandises.
Pourquoi ne pas profiter de l'opportunité d'un nouvel aménagement pour développer sur ce territoire de nouvelles structures de production d'énergie propre que la mer nous permet d'envisager : parc éolien offshore, énergie marée motrice, etc (en complément du gaz qui est déjà livré sur ce site). La qualification du site comme producteur et/ou pôle multi-énergies me semblerait être un meilleur atout qu'un port de commerce dont on peut craindre les aléas économiques.
Le nombre d'emplois potentiels me paraît également être non négligeable, tant pendant le chantier d'installation que pour la maintenance du site.
Il compensera à terme la production d'énergie qui sera indispensable lorsqu'il sera question du démantèlement de la centrale nucléaire de Gravelines.
Réponse du Maître d'Ouvrage :
Pollution de l’air : les enjeux sont pris en compte
Le transport maritime, qui représente 90% des échanges commerciaux mondiaux, est le mode de transport ayant, proportionnellement, le plus faible impact sur l’environnement. Cependant, consciente du rôle essentiel des océans dans les équilibres écologiques et face au développement constant du trafic maritime, l’OMI (Organisation Maritime Internationale, organisation qui régit le commerce maritime à l’échelle internationale) consacre une grande part de son activité à la protection du milieu marin sous tous ses aspects.
A ce titre, elle a notamment mis en œuvre la convention MARPOL, une convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires. C’est la convention phare en matière de protection contre les pollutions provenant des navires. Elle contient 6 annexes traitant chacune d’un type particulier de pollution, et qui ont été progressivement élaborées et complétées depuis 1973.
L’annexe 6 en particulier concerne la pollution de l’atmosphère par les navires. Adoptée en 1997, elle limite les principaux polluants de l’air contenues dans les gaz d’échappement des navires, y compris les oxydes de soufre (SOx) et les oxydes d’azote (NOx), et interdit les émissions délibérées de substances appauvrissant l’ozone.
A travers cette convention, actuellement les zones Manche, Mer du Nord et Baltique sont classées en zone de contrôle des émissions, pour les émissions de SOx (SECA). Une démarche est d’ores et déjà entamée afin que la zone Manche Mer du Nord et Baltique soit également une zone de contrôle des émissions pour les NOx.
C’est donc dans le temps, et en partenariat avec toutes les professions concernées que se réalise la protection contre la pollution. Dunkerque-Port est bien évidemment moteur dans ces évolutions, car il disposera très bientôt des services aux navires leur permettant de répondre à ces nouvelles exigences réglementaires de lutte contre la pollution (avitaillement en Gaz Naturel Liquéfié, moins polluant que les carburants hydrocarbonés, avitaillement électrique à quai des navires).
Plus globalement, les techniques de propulsion et de protection de l’environnement évoluent de plus en plus rapidement. Ces évolutions vont permettre de faire plus d’échanges commerciaux, avec un impact environnemental encore plus réduit.
Dunkerque-Port s’est également engagé depuis 2016 dans une démarche d’amélioration de la connaissance de la qualité de l’air. À terme, le port vise à la mise en œuvre d’un plan d’actions d’amélioration de la qualité de l’air. Cette démarche s’inscrit notamment dans le Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PA2D) du GPMD validé en 2014.
Dans le cadre de cette démarche, le GPMD a adhéré en 2017 à l’ATMO Hauts-de-France qui est l’une de la vingtaine d'Associations Agréées pour la Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA) par le Ministère en charge de l’Ecologie et du Développement Durable.
L’activité de manutention à quai des conteneurs n’est pas en soi génératrice de pollution de l’air. Celle-ci serait liée principalement à l’augmentation des trafics routiers et maritimes.
Toutefois, CAP 2020 permettrait, à travers la massification des volumes de conteneurs qu’elle impliquerait et la localisation des voies ferrées à proximité immédiate des quais, de favoriser le report du trafic vers le ferroviaire et le fluvial. Cela aurait un effet important en limitant autant que possible l’augmentation du trafic de poids-lourds et donc l'augmentation des émissions polluantes dans l'air.
Dunkerque dispose également depuis 2016 d’un terminal méthanier et disposera en 2018 d’une station terrestre d’avitaillement GNL. Cette station permettra aux camions propulsés au GNL (carburant alternatif bien plus propre que les carburants conventionnels) de s’approvisionner directement à Dunkerque, ce qui aura un impact positif sur la qualité de l’air.
Il faut également noter que des mesures déjà mises en œuvre ont permis une réduction de la pollution de l’air par le trafic PL :
- La réduction des vitesses opérée sur l’A16 a contribué à l’amélioration de la qualité de l’air.
- Les normes environnementales européennes sont de plus en plus efficaces et imposent aux transporteurs des efforts importants en faveur de l’environnement. Les émissions polluantes ont été ainsi divisées par 10 entre 1996 et 2014.
Au-delà de ces réalisations déjà engagées, des études sont actuellement en cours pour offrir à terme aux navires des services plus performants, reposant sur des technologies nouvelles moins polluantes (avitaillement des navires en GNL, alimentation électrique à quai des navires).
Les études d'impact de CAP 2020, préalables à l’enquête publique qui devrait suivre le débat public en cours, permettront de caractériser plus finement ces enjeux.
Le territoire de Dunkerque est retenu pour un projet d’éoliennes offshores
L’éolien offshore est un marché en pleine expansion et Dunkerque bénéficie d’une position stratégique de par sa proximité avec la Grande-Bretagne, la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas, pays précurseurs en matière d’EMR (Energies Marines Renouvelables).
Dans ce contexte, le territoire de Dunkerque a récemment été retenu dans le cadre du troisième appel d’offres français pour l’implantation d’un parc éolien en mer posé au large de ses côtes.
Ce projet est sous Maîtrise d’Ouvrage de l’Etat Français. Les services de l’Etat sont les plus à même de répondre à l’ensemble des questions sur ce sujet.