Vous êtes ici

Point de vue n°45

Analyse du scenario Negawatt

2659 (PARIS)

Un certain nombre de scenarii reprennent complètement, ou en partie, les concepts utilisés dans le scenario Negawatt présenté ici. Les scenarii ADEME en sont un exemple, et, au moins dans l'esprit, ceux de RTE. Arithmétiquement, ces scenarii sont plausibles; du moins si on admet que les bouclages entre production et consommation sont réalisés heure par heure sur une année. Nous ne pouvons le vérifier, n'ayant en général ni les hypothèses précises ni les codes de calcul. Mais même si on croit cela sur parole, le réalisme de ces scenarii est mis en doute par de nombreux experts indépendants. En particulier, les aspects économiques et sociaux sont quasiment ignorés. A titre d'exemple emblématique, nous passons en revue quelques aspects du scenario Negawatt

Commentaires

Je ne peux que recommander cette remarquable analyse qui couvre l'ensemble des domaines de Negawatt avec pertinence.
Il est particulièrement dommageable qu'une agence de l'état, l'Ademe, en ait adopté les excès, sans se préoccuper de l’intérêt économique, sociétal et climatique du pays.

91440

Quel tableau vous dressez là, malheureusement réaliste, de ce vers quoi prétend nous entraîner l’esprit de système de NégaWatt et de ses amis ! Ils bourdonnent autour de quelques postulats, mais jamais des postulats ne vaudront démonstration logique.
Je vous suis facilement au fil de la progression de votre analyse, et j’apporterais deux commentaires portant sur l’effacement de consommation, et sur le fonctionnement du lobby Negawatt.
1. L’effacement de consommation :
Le lobby Negawatt a réussi le tour de force d’influencer discrètement une question-clé du débat public en cours. Ainsi ai-je découvert ces jours-ci dans le dossier de celui-ci cette demande à nos concitoyens de répondre à la question suivante : à quelles conditions êtes-vous prêts à accepter des pénuries ? Cf. p13 de la synthèse (5. Préparer le système énergétique de demain plus flexible et décarboné), où l’on nous présente comme « moyen innovant » l’effacement de consommation : « l’effacement de consommation, qui consiste à réduire temporairement sa consommation d’électricité par rapport à sa consommation normale …. contribue à la sécurité d’approvisionnement sur le réseau et, à moyen terme, réduit les besoins de développement de nouvelles capacités, ce qui permet de réduire les coûts ». Cette affirmation est à mes yeux une erreur profonde, car en raisonnant ainsi l’on oublie que la création de capacités de substitution est certes un poste de dépenses important, mais le poste majeur résidera bien dans la création d’EnR chères, coûts de raccordement au réseau inclus. Ainsi, dans les calculs que je produis pour la région Occitanie, les capacités de substitution représentent seulement 8% des 86 mds € annoncés sur 32 ans (1000 € par ménage et par an pendant 32 ans) : c’est donc une erreur de considérer que l’effacement de consommation - autrement dit la répartition des pénuries aux heures de pointe – contribuera à résoudre les difficultés du schéma global qui s’annonce.
Nous savons bien, nous autres habitants des zones rurales que les pénuries porteront en priorité sur les populations en difficultés : par contre, l’Hôtel de Région sera quant à lui toujours approvisionné en électricité. Une rotation des pénuries ne serait pas une meilleure idée. Et puis enfin, serait-ce un progrès considérable que d’avoir à organiser des pénuries ? Clairement non, ce ne serait pas un progrès, d’autant plus que chacun le sait, les nouveaux usages de l’électricité (internet et tout ce qui va avec, téléphonie mobile et tout ce qui va avec) n’incitent pas à l’optimisme en matière de sobriété énergétique.
Ma proposition serait donc plutôt d’investir en priorité sur les programmes d’isolation (bien d’accord en cela avec notre ministre) et sur la sobriété énergétique pour de vrai, plutôt que sur des EnR au coût exorbitant avec à la clef des pénuries. A fortiori s’agissant de certaines EnR qui, comme l’indiquait le ministre sur France Inter en décembre dernier, « créent de la résistance citoyenne, ce que je peux comprendre ». Bien entendu je fais exception pour les EnR respectueuses de l’environnement et respectueuses des citoyens, telles que la géothermie.

2. Le fonctionnement du lobby Negawatt :
Le lobby NegaWatt-CLER-ADEME, sans oublier Solagro (auteur du scénario Afterres 2050 et sorte de filiale agricole de Negawatt), sans oublier RAC-F, Sortir du nucléaire, et bien d’autres encore, est un fléau pour notre pays : ce sont des experts autoproclamés qui manquent de pluridisciplinarité dans au moins trois domaines : l’électricité, l’évaluation économique et financière, et la dimension environnementale. Tout çà mis bout à bout, çà fait beaucoup d’insuffisances, et pourtant ils tiennent depuis plusieurs années e haut du pavé : cela s’explique par le fait que nous n’avons plus de Commissariat général au Plan et, il faut leur reconnaître cette capacité, un pouvoir communicant exceptionnel.
C’est pourquoi je souhaite deux choses :
- faire évaluer leur scénario NegaWatt 2050 (cf. mon point de vue n°24), par exemple sous maîtrise d’ouvrage France Stratégie.
- les faire sortir du bois, et qu’ils acceptent de se déclarer comme réseau d’influence. Si vous allez sur le site de la HATVP, vous verrez qu’un seul de leurs membres, Enercoop, s’est déclaré comme représentant d’intérêts, citant d’ailleurs honnêtement le CLER dans son réseau d’influence.
Nous sommes ici dans un débat public, aussi ne rentrerai-je pas dans le détail des personnes physiques, mais je tiens à disposition de qui cela intéresse un document qui explicite à la fois leurs financements et leurs gouvernances croisées, avec les noms (en cherchant sur internet, çà se trouve aisément) y compris le nom de la personne-pivot qui est dans les gouvernances de tous ces organismes et, en quelque sorte, assure le lien entre eux tous.

12150

Je trouve ce papier remarquablement équilibré. Il serait en effet très surprenant que notre société puisse fonctionner avec des ressources en énergie réduites de 50% comme cela a été pronostiqué pour 2050 par la loi "LTE". Le volontarisme de cette posture, qui semble infiltré dans les rouages de l'état est tout à fait irrationnel pour le scientifique que je suis.

Il y a aussi dans ce papier une mise en perspective historique qui manque souvent pas ailleurs. On peut la résumer ainsi: peut-on imaginer l'Humanité continuer à progresser et à améliorer le bien-être de nos semblables avec une telle diète énergétique?

Je crois que la base du scénario Négawatt est un a-priori (non dit) de ne pas utiliser le nucléaire. Cela donne évidemment un scénario qui plaît aux mouvements antinucléaires, et, malheureusement à l"ADEME et au ministère Hulot, mais qui n'est pas bien raisonnable.

Cependant, je suis assez d'accord avec Négawatt: on ne peut continuer à consommer de l'énergie comme on le fait sans émettrice de CO2 si on ne fait pas appel à l'énergie nucléaire?

La question qui restera: va vouloir de la "diète Negawatt" pour se passer du nucléaire? Question qui se pose à toute l'Humanité.

38120

C'est le fondement même de ce scénario soutenu par tous ceux qui veulent un avenir de décroissance mais qui ne savent pas ce que cela implique. Malheureusement pour notre pays, c'est ce scénario qui a été retenu et porté à bout de bars par l'Adème dont ce n'est pas le rôle. Le travail de construction d'une PPE revient à la DGEC.
Soyons prudent le scénario Négawatt implique un gouvernement totalitaire.

69003

On ne peut qu'être d'accord avec la volonté d'économiser l'énergie. Des mesures efficaces ont déjà obtenu des résultats dont la stabilité de la consommation d'électricité. mais vouloir programmer de façon autoritaire comme le propose Négawatt de très fortes réductions des capacités électriques pilotables,dont le nucléaire ne peut conduire qu'à des catastrophes: épisodes de noir, fuite des industries, hausses des factures d'électricité dont les premières victimes seraient ceux que l'on appelle "précaires". Ce scénario aurait des conséquences sociales inacceptables. L'électricité est un bien essentiel, nous devons protéger un système français que ses travailleurs ont mis 70 ans à construire et qui fait l'admiration du monde entier.

92190

Pourquoi tant de haine, de mépris, de dénigrement à propos des scénarios de Négawatt ou de l’ADEME ? Les experts de ces organismes seraient-ils moins compétents que d’autres issus d’autres milieux ? Alors il faudrait jeter également l’opprobre sur ceux de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), du NREL (laboratoire national sur les énergies renouvelables) américain et du SRU (conseil de l’environnement) allemand. Ces organismes affirment, certains depuis une dizaine d’années, que la part des énergies renouvelables peut atteindre entre 70 % et 100 % dans la production électrique, en réduisant ou supprimant la part du nucléaire.

Oui, les propositions de l’ADEME ou de l’association Negawatt dérangent en osant affirmer que d’autres perspectives sont possibles dans un pays qui continue à penser, on pourrait croire au vu de certains écrits de façon quasi dogmatique, que le nucléaire est incontournable pour la production d’électricité.

Oui, ces propositions sont d’autant plus crédibles qu’elles sont partagées par d’autres instances de recherche dans le monde, organisations dont il est difficile de penser avec sérieux qu’elles sont toutes sous l’influence d’une quelconque idéologie ou qu’elles manquent de compétence.

78980

bonsoir,
n'allez pas chercher de la haine là où n'existe que recherche de transparence et besoin de compétences.

Recherche de transparence : ce réseau n'est pas transparent, il faut passer un peu de temps pour découvrir qu'il partage des éléments de gouvernance et que plusieurs de ses membres sont financés par des opérateurs privés, d'où une suspicion légitime. Et il est strictement anormal qu'une agence d'Etat en fasse partie, au point de s'inspirer pour ses propres scénarios du scénario de Negawatt.

Besoin de compétences : ce réseau manque avant tout de pluridisciplinarité et il lui manque de la compétence en matière environnementale (incluant le respect de la biodiversité), sociale (respect des riverains), économique (aucune modélisation financière), et que dire de la compétence réelle en matière d'électricités ?

Désolé, cher Monsieur, tout cela fait beaucoup d'insuffisance, et ce n'est pas être haineux que d'une part le constater, d'autre part s'étonner que les pouvoirs publics puissent avoir confiance en un tel réseau.

12130

Vous dites:
"Oui, ces propositions sont d’autant plus crédibles qu’elles sont partagées par d’autres instances de recherche dans le monde, organisations dont il est difficile de penser avec sérieux qu’elles sont toutes sous l’influence d’une quelconque idéologie ou qu’elles manquent de compétence."

Moi, je m'en tiens à la cour des comptes, à l'Académie des sciences, à l'Académie des technologies, à l'IFRAP, à lESF,au CREDEN , à Richard Lavergne... Et je n'ai jamais lu de l'AIE que 100 % d'ENR était possible, ni qu'il fallait abandonner le nucléaire

75013