Question n°137
Sécurité d'approvisionnement électrique
le ,Comment espère-t-on passer les prochaines soirées froides d'hiver sans coupure électrique si on ferme des tranches au charbon, fuel ou nucléaires et qu'on les remplace par des renouvelables intermittents qui produisent généralement pas ou peu durant ces périodes ? RTE alerte depuis plusieurs années dans ses bilans prévisionnels sur l'absence de marge à venir d'ici à 2020. Sommes-nous réellement prêts à accepter des coupures d'électricité tournantes en cas de nouvel hiver 2012 ? En cas de nouvel hiver 1985 ? De nouvel hiver 1956 ?
Conformément aux missions confiées par le législateur et sous le contrôle du Ministère de la transition écologique et solidaire, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE doit établir un bilan prévisionnel de l’équilibre offre-demande.
L’édition 2017 porte sur les années 2019 à 2035 et intègre des scénarios diversifiés. Il est disponible sur le site de RTE.
Ce bilan prévisionnel a pour objectif de vérifier si le parc de production d’électricité a la capacité de fournir l’électricité pour répondre à la consommation des Français à tout instant y compris pendant les périodes de pointe. Pour cela, RTE simule des scénarios qui font varier des hypothèses concernant :
- Les niveaux de consommation d’électricité ;
- L’évolution du parc de production d’électricité : rythme de construction d’installations de production d’énergie renouvelable (EnR), évolution du parc de centrales thermiques (charbon, gaz) ou nucléaire ;
- Les scénarios climatiques qui jouent à la fois sur la demande et sur la disponibilité de certaines installations de production renouvelable et classiques ;
- La disponibilité des centrales (arrêts techniques), en tenant compte notamment de l’impact des travaux nécessaires à la prolongation des réacteurs ;
- La disponibilité de l’électricité produite dans les pays voisins dont le système est relié au système électrique français ;
- Le prix des combustibles (charbon, gaz, pétrole) et du CO2 (taxe).
La combinaison de toutes ces variables donne un nombre de scénarios possibles très important. RTE a choisi de présenter cinq scénarios cohérents économiquement et techniquement valables qui illustrent des visions contrastées.
Le bilan prévisionnel de RTE publié en 2017 montre que des trajectoires de développement des énergies renouvelables électriques sont possibles, sans avoir recours à de nouveaux moyens de production pilotables, et en réduisant la part du nucléaire. Il s’agit notamment des scénarios « Ampère » et « Volt ».
Commentaires
Volt et Ampère, scénarios de RTE, sont-ils sûrs ?
Comme je l'ai exposé dans le "point de vue" N°9, un outil de simulation de production et de consommation d'électricité qui équilibre heure par heure production et fourniture d'électricité est publié sur Internet. Si l'on y introduit les hypothèses faites par RTE pour ses scénarios, il donne des résultats très proches de ceux qui sont publiés par RTE pour ce qui est des quantités. Mais il s'en écarte pour ce qui est de la capacité de production à partir de gaz ou de fioul. Il est prudent de dire que cette capacité devrait être la différence entre la consommation de pointe et les capacités garanties par les autres moyens de production. Selon les normes de sécurité d'approvisionnement (moins de 3 heures de défaillance par an en moyenne), la capacité garantie par les éoliennes est de 1% de leur capacité installée (c'est ainsi d'ailleurs qu'elle est calculée en Allemagne).
Pour Volt par exemple, avec la consommation de l'année 2013, même en prévoyant 6 GW d'effacement de consommation (ce qui est beaucoup), il faudrait une capacité à partir de gaz de 12 GW. Or en 2012, la pointe de consommation a été supérieure de 10 GW à celle de 2013 (102 GW au lieu de 92 GW). Il n'est donc pas nécessaire de faire des milliers de simulations pour voir qu'il nous faudrait au moins 22 GW de capacité à partir d'énergie fossile. Or Volt prévoit 8 GW. Sans doute suppose-t-il, sans nous le dire, qu'il y aura des importations à hauteur de 14 GW ; si nous manquons à ce point de capacité de production, c'est qu'il n'y aura alors ni vent ni soleil ; nos importations seront donc produites à partir de gaz ou de charbon. Et notre sécurité d'approvisionnement reposerait assez lourdement sur d'autres pays.
Tout cela peut être vérifié, ou contesté - c'est cela le débat - en quelques clics sur la feuille de calcul publiée. On peut aussi calculer les dépenses avec d'autres hypothèses que celles de RTE, tester d'autres parcs de production, etc.
Gestion de l'intermittence. Question au MO
Pour bien comprendre ce dont on parle je prends un cas concret: une consommation de 100 GW fin décembre en soirée. Pas de contribution solaire, et, en situation anti cyclonique, une puissance éolienne de 10% de la puissance nominale du parc éolien. Pouvez vous donner alors la puissance nucléaire, hydro, gaz, charbon et importée?
@ M. Nifenecker, redite
Bonjour Monsieur,
Vous avez déjà posé cette question au maître d'ouvrage. C'est la question n°312, dont voici le lien :
https://ppe.debatpublic.fr/complement-reponse-demande-a-question-111
Le maître d'ouvrage y répondra.
Cordialement.
Les hypothèses peuvent-elles être confirmées par les pratiques ?
RTE , dans les deux dernières années, a atteint l'objectif de limitation du nombre d'arrêts. En exploitant les données disponibles sur le site de RTE, on voit bien que la France a passé les deux hivers avec une dizaine ( au moins ) de centrales nucléaires arrêtées chaque jour. C'est près de 20% de capacité non utilisée ! Ceci confirme bien que la France est surcapacitaire aujourd'hui. D'autant plus vrai d'ailleurs que les scénarios de RTE doivent intégrer un triplement des exportations pour maintenir des tranches nucléaires en service ou expliquer qu'il faut des centrales au gaz supplémentaires !
À ce propos, est-il utile de rappeler qu'une centrale qui fonctionne au biogaz ( et non au gaz fossile ) à un magnifique bilan de rejet de CO2 absolument nul ( le biogaz est produit à partir de la dégradation de matières qui se seraient dégradées dans l'atmosphère) ? Le choix n'est donc pas nucleaire ou gaz fossile, mais nucleaire ou biogaz !
Pour clore, EDF ou le Maître d'Ouvrage peut-il expliquer pourquoi toutes ces centrales nucléaires sont arrêtées en plein hiver ? Il doit y avoir une raison majeure, certainement, mais elle n'est pas publique, alors qu'elle participe du débat PPE !
Mr
Le but de la mise en place ruineuse des énergies renouvelables est de réduire notre émission de gaz à effet de serre. L'UE prévoit de réduire de 20%nos émissions de CO2.La part du CO2 anthropique mesurée dans l'atmosphère, caractérisée par sa signature isotopique, est faible : 6 % de de 396 ppm, soit 23 ppm. La fraction d'origine européenne est de 11 %, soit 11 % de 6 % = 0,66 %. La réduire de 20 % la fera donc passer de 0,86 % à 0,53 % en 2020. Et cela conduirait à un impact (selon le GIEC) de 0,1 % donc une limitation dun réchauffement de 0,001 à 0,006 °C. Non mesurable.
Source : L'innocence carbone, de François Gervais, physicien spécialiste en thermodynamique et thermographie infrarouge, et " expert reviewer " du GIEC.
Part anthropique de la concentration en CO2
La part anthropique de la concentration en CO2 dans l'atmosphère est beaucoup plus importante que ce que vous dites. Cette concentration est passée de 300ppm en 1940 à 400ppm l'année dernière. Mr. Gervais qui est expert reviewer du GIEC (comme moi-même et un certain nombre de mes collègues de Sauvons Le Climat) devrait le savoir.Si une partie (environ 50%) de nos émissions
n'étaient pas absorbées par l'océan et la biomasse, ce serait encore pire. La corrélation observée, par exemple sur le site du GIS (NASA) montre qu'une augmentation de 100 ppm conduit à une augmentation de la température de surface de l'atmosphère de 1,2 degrés.
Actuellement les émissions mondiales atteignent 36 Mds de tonnes par an, dont seulement 20 restent dans l'atmosphère soit une augmentation de 4ppm/an
Bien préciser de quoi on parle.
RTE ne fait que dimensionner ses scénarios sur la base d'un critère réglementaire, fixé par le gouvernement : Un temps de coupure moyen de maximum trois heures par an.
Or actuellement, RTE obtient un temps de coupure équivalent (TCE) inférieur à 3 min par an.
A l'avenir, du fait de la fermeture de moyens de production pilotables, de la disparition des marges dont disposait le réseau jusqu'alors, et de l'ajout de capacités de production intermittentes, les français vont découvrir en pratique et de plus en plus ce que représentent des coupures de plusieurs heures chaque année, généralement aux pires heures des pires hivers.
L'avenir dira si les électeurs sont réellement prêts à tolérer de telles interruptions d'un service vital.
Mais fort heureusement, ces évolutions sont lentes. Les conséquences des décisions prises actuellement ne se feront sentir que dans cinq ou dix ans, et seront le problème de quelqu'un d'autre.