Avis n°106
Grace aux pompes à chaleur, développons les renouvelables thermiques
le ,Le chauffage des bâtiments est actuellement un poste d’émission de CO2 très important car la grande majorité de ceux-ci sont chauffés avec du gaz ou du gasoil. Plusieurs pistes doivent être explorées pour diminuer ces émissions. Le critère pour mesurer l’efficacité de chaque action doit être le prix de la tonne de CO2 évitée. L’isolation des bâtiments anciens malgré le coût important de départ doit se poursuivre. Il faut bien évidemment commencer par les moins performant énergétiquement afin d’avoir un prix significatif de la tonne de CO2 évitée. La construction des nouveaux bâtiments doit prendre en compte la consommation énergétique, mais également et surtout les émissions de CO2. Pour cela, il convient d’utiliser ce critère des émissions de CO2 dans la prochaine version de la Réglementation Thermique (RT) qui devrait remplacer le plus rapidement possible la RT 2012 qui ne prend pas en compte cet aspect. Il faut également développer les énergies renouvelables thermiques pour produire de l’eau chaude et chauffer les bâtiments. Les pompes à chaleur doivent aussi trouver leur place car elles présentent plusieurs avantages :
• Elles permettent dans notre pays où l'électricité est décarbonée de chauffer les bâtiments avec une faible émission de CO2.
• Elles consomment peu d'énergie grâce au COP (COefficient de Performance) qui peut être compris entre 2 et 5.
• Elles développent les énergies renouvelables qui peuvent être de 1 à 4 fois l'énergie consommée.
Notre pays doit évidemment prévoir de maintenir son niveau de production d’électricité décarbonée à un niveau suffisant pour passer les périodes de grand froid sans compter sur la production éolienne et photovoltaïque incertaine (éolien) ou nulle (photovoltaïque) en hiver entre 18 et 21h en période anticyclonique. Pour tout cela notre pays doit maintenir mais également, pour les nouveaux usages (déplacement électrique, pompe à chaleur…), développer une production d’électricité pilotable bas carbone comme le nucléaire ou l’hydraulique.
Gérard PIERRE, ancien professeur de physique de l’université de Bourgogne. Actuellement responsable du module de développement durable en dernière année de l’école d’ingénieur ESIREM de Dijon (École Supérieur d’Ingénieur En Matériaux et en Informatique).
Commentaires
pompes à chaleurs: des usines à gaz !
J’habite un immeuble dans le Var entièrement chauffé par pompe à chaleur. Ce système a beaucoup d'inconvénients : quand il fait froid (autour de 0°) il est totalement insuffisant, en fait il fonctionne le mieux quand on n'en n'a pas besoin ! De plus sa complexité, avec plusieurs échangeurs thermiques et des fluides qui se baladent partout dans l'immeuble fait qu'il est souvent en panne et les techniciens des diverses entreprises "spécialisées" ne savent pas le réparer. Enfin défaut rarement exposé: les aérothermes sur le toit produisent des courants d'air glacial qui retombe sur les terrasses et les balcons tuant les plantes. Il faut savoir que cette technologie ne fait que transférer le froid et ne produit pas un gramme de chaleur !
Les pompes à chaleur produisent elles vraiment de la chaleur ?
Les pompes à chaleur ne produisent pas de chaleur elles la déplace, la prennent à l'extérieur en hiver pour la transporter dans les maisons et les appartements. En échange elles expulsent de l'air glacé. Mettez vous devant un aérotherme en hiver, il sort de l'air à - 20°. Le bilan est nul. C'est d'ailleurs ce qui explique leur excellent rendement pour l'abonné EDF (quand elles sont en condition optimale, et pas pour le voisin qui se prend l'air glacé).
Pour jouer sur les mots...
On pourrait dire qu' "une pompe à chaleur ne produit pas de chaleur", et c'est physiquement vrai !
On pourrait aussi dire que "la combustion de bois, de charbon, de gaz..., ou une éolienne, un panneau solaire... ne produit pas d'énergie", et ce serait aussi physiquement vrai !
En physique, l'énergie est ce qui quantifie le changement d'état d'un système (ou le potentiel de changement).
Mais, en tant qu'utilisateurs de changements d'états, nous autres humains, utilisons cette quantification pour mesurer des effets intéressants : l’augmentation-de-température-de-son-chez-soi et l'énergie-extraite-du-réseau-électrique par exemple. Et, comme nous sommes imparfaits, par abus de langage, si un dispositif permet d'obtenir davantage pour le premier flux que pour le second et qu'on se fiche du troisième flux, on dira que ce dispositif "produit de l'énergie".
Pour revenir davantage au débat :
Et si on comptabilisait l'énergie pompée par les PAC fonctionnant à l'électricité comme "électricité renouvelable"..
source: https://jancovici.com/transition-energetique/electricite/50-ou-50/
Bonjour monsieur Monnier
Bonjour monsieur Monnier
Dans votre commentaire vous faites état de difficultés rencontrées dans votre immeuble qui est chauffé par une pompe a chaleur
je présume qu'il s'agit d'une pompe a chaleur air eau ( présence d’aérothermes et d'un réseau de fluides dans le bâtiment)
Dans cette configuration la chaleur est prélevée dans l'air ambiant au niveau des aérothermes
puis transférée dans le réseau de chauffage de votre bâtiment par le biais d'un échangeur
Ce réseau avec l'eau comme fluide caloporteur est le même que dans le cas d'un classique chauffage central . S'il ne donne pas satisfaction c'est qu'il est mal dimensionné ou mal piloté. Si les aérothermes renvoient des l'air froid sur vos fenêtres c'est qu'ils sont mal orientés
Je serai bientôt chauffé dans la même région que vous par une pompe à chaleur air eau et je suis certain qu’elle donnera toute satisfaction
Il est exact de dire que la puissance d'une pompe à chaleur décroit avec la température extérieure . Il suffit de bien la dimensionner de jouer sur l'inertie thermique du bâtiment et de mettre une résistance électrique d'appoint pour les quelques périodes de grand froid qui sont rares dans le var .
Le rendement d'une telle installation ( Coefficient de performance) est supérieur à 1 de l'ordre de 3 en COP annuel . l’intérêt c'est de diviser votre facture par 3 par rapport a un chauffage tout électrique et même chose pour les rejets de CO2 d'une énergie qui en France est déjà largement décarbonée.
Quid du solaire thermique?
Les PAC air air ou air eau ont effectivement besoin de résistances d'appoint quand il fait froid, sollicitant alors le réseau, alors que l'électricité du réseau est fortement carbonée, ça ne vous choque pas ?
Pourquoi ne pas plutôt promouvoir le solaire thermique, avec appoint par des granulés de bois ?
Résistance
Il est vrai que le principal inconvénient de la PAC est lié à la physique : plus il fait froid, moins il y a de calories disponibles dans l'air ... et donc moins la PAC est capable d'apporter la température souhaitée.
Du coup, les fabricants rajoutent des résistances pour être capable de compenser les degrés manquants, pour les quelques situations hivernales où la PAC s'avèrerait un peu juste.
Personnellement, j'ai carrément enlevé ces résistances: quand il fait très froid durant plusieurs jours, ce qui est quand même assez rare (j'habite dans la Drôme), la PAC peut parfois être limite, mais dans ce cas on rajoute un pull ! et du coup on ne tire pas sur le réseau électrique, car même s'il est FAIBLEMENT carboné, ça coûte cher !
Erreur, l'hiver notre
Erreur, l'hiver notre électricité est parfois fortement carbonée, à cause de notre chauffage électrique direct et de nos PAC air-air, spécificités françaises imposées par EDF!
Ainsi, nous possédons la moitié de la puissance de pointe de l'Europe et, malgré nos 58 réacteurs poussifs, lors des pointes, nous sommes hélas obligés d'importer massivement de l'électricité, fort chère de chez nos voisins.
Cela a été le cas le 28 février dernier vers les 7h du matin, alors que les températures oscillaient sur la France de -1°C à -10°C. Nous avons alors été obligés d'importer de chez tous nos voisins l'équivalent de la puissance d'une dizaine de réacteurs nucléaires, et il y avait forcément de l'électricité carbonée d'Allemagne... : http://goo.gl/gCgDk2.
S'i faisant -20°C, que ferions nous,
Ainsi, le nucléaire nous rend donc fortement dépendant de l'étranger, c'est un comble!
D'accord avec G. Pierre
J'habite en Bretagne et je pense que le développement des pompes à chaleur y serait particulièrement judicieux pour limiter les émissions de CO2 provenant de l'utilisation des combustibles fossiles. C'est une région à habitat dispersé où le chauffage des maisons dans la campagne fait surtout appel au fioul. La pompe à chaleur pourrait y être développée par une politique volontariste des élus locaux. Mais des associations écologistes y sont opposées car évidemment installer des pompes à chaleur demande une consommation accrue d'électricité. Et même si l'éolien se développe en Bretagne, qui dit électricité laisse entendre nucléaire. De plus la région est engagée avec le Pacte électrique breton dans une politique de modération de la consommation d'électricité, la région produit peu d'électricité et la lointaine péninsule est fragile électriquement. Du coup la pompe à chaleur n'y figure pas comme outil efficace contre les gaz à effet de serre. C'est toute une politique à revoir. Ah si Plogoff avait vu le jour ! .