Question n°106
Confusion entre fins et moyens
le ,La loi fixe aujourd'hui des quotas d'ENR et une réduction du Nucléaire. Il y a donc confusion entre fins et moyens puisque ces quotas ne se raccrochent pas a une finalité en matière d'émissions. Les objectifs de répartition EnR / Nucléaire peuvent-ils être étayés par la quantité de CO2 évitée, seul objectif urgentissime ?
Commentaires
ca tient debout
en réponse à Christian ROZé (Montigny le bretoneux), 17/04/2018
Vos arguments non chiffrés sont completement faux.
Selon une étude détaillée du DOE américain"Quadriennial Technology Review 2015 table 10.4)les quantités de matieres nécessaires en tonne par TWh (en excluant les combustibles) montre que les matériaux nécessaires pour les ENR sont entre 10 et 100 fois plus important que pour le nucléaire
voir page 390 du document
https://www.energy.gov/sites/prod/files/2015/09/f26/QTR2015-10-Integrate...
Nécéssaité d'une démarche de substitution
Bonjour,
La réponse du MO apporte les clarifications nécessaires sur la nécessité d’apporter une diversification au parc énergétique afin de réduire les GES sur le long terme, tout en visant à un système résilient.
Il s’agit bien de construire le système énergétique de demain, sans bien évidemment fermer le parc nucléaire avant l’échéance des 40 ans, voire prolongation éventuelle pour les tranches dont on ne peut pas se passer à court ou moyen terme.
Les choix de diversification s’orientent naturellement vers le renouvelable, dont les technologies sont non pilotables mais prédictibles, et un dimensionnement du parc, associé à des technologies de stockage journalier, hebdomadaire ou saisonnier est possible. La trajectoire Watt de RTE le montre.
A noter que sur les dix dernières années les ENR, et pour une part croissante leur composante marine, attirent plus de dix fois plus d’investissements que le nucléaire. Le déploiement et la maturité des technologies étant par ailleurs plus rapide qu’attendu, notamment en mer du nord et UK. C’est parce qu’elles sont désormais, pour les plus matures d’entre elles, compétitives et rentables.
L’attentisme lié à la construction des nouveaux moyens énergétique semblerait ne pas être en adéquation avec la loi visant à 50% de nucléaire en 2025. Cette stratégie pose également un véritable risque pour la sécurité d‘approvisionnement, les problèmes génériques étant bels et bien réels comme l’a indiqué le MO. De plus l’ASN avertit sur le risque qu’un problème générique affecte la disponibilité d’une dizaine au moins de réacteurs.
La prolongation des réacteurs sans discernement présente de plus le risque que ceux-ci ne trouvent pas de débouchés pour leur production en base dans un marché européen surcapacitaire à un prix suffisant. Ceci pénaliserait la rentabilité de la prolongation, comme déja observé aux US et en Europe (Suède notamment) où les réacteurs prolongés ont été fermés avant la fin de la nouvelle échéance.
Quant au « nouveau nucléaire », EDF a officiellement abandonné l’objectif de les rendre compétitifs face aux renouvelables, ce qui signifie qu’ils devraient être fortement subventionnés. Et compte tenu du déclin du nucléaire à l’international, l’idée d’une vitrine à l’exportation n’est pas recevable pour justifier la construction en France de nouveaux réacteurs.
L’approche de transformation du système électrique est cruciale pour piloter une démarche de substitution, beaucoup plus sûre et résiliente que la stratégie d’addition et d’exportation proposée par EDF.
Réponse à Marc GEIGER
Bonjour,
Il semblerait que vous soyez suffisamment mainstream, votre message est bien passé. Dans la lignée des autres commentaires dans tout les cas.
Pour la diminution de la consommation, je suis d’accord que les indicateurs ne la montrent pas clairement, mais une légère diminution (20 à 30 TWh) semble s’opérer sur les 10 dernières années toutefois. L’évolution du réseau, ainsi que de l’efficacité énergétique des bâtiments va dans ce sens. Une politique plus efficace allant en ce sens serait la bienvenue, mais c’est un autre sujet.
Pour les technologies de stockage, votre optimisme est sans faille, vous pourrez regarder le démonstrateur de conversion power to gas Jupiter 1000, en cours de construction , ou bien les solutions retenues pour les iles, ou encore les solutions en R&D à base d’air comprimé. Je vous conforte dans votre optimisme, on a déjà dépassé le début d’une multitude de solutions.
Pour rappel, la Suède a bien entendu choisi de prolonger la vie de ses centrales comme je le mentionne, toutefois avec un objectif de 100% renouvelable en 2040… L’aspect économique va la aussi guider les choix d’investissement des énergéticiens, qui osent à peine envisager la construction de nouvelles centrales nucléaires malgré l’arrêt de la taxe nucléaire. L’augmentation du niveau d’exigence sur la prolongation et les nouvelles technologies étant également un point limitant la viabilité économique. Sans compter le fond de garantie en cas d’accident qui a triplé, après être passé à deux doigts d’un 2e Tchernobyl…
Quant aux choix allemands, ils ont été faits sciemment, les centrales nucléaires allemandes ne pouvant s’adapter aux variations de charges rapides des parcs renouvelables. Variations de charges auxquelles les centrales thermiques peuvent s’adapter. Je vous invite à lire le rapport de l’ Institute for Advanced Sustainability Studies du début de l’année en ce sens. La question reste entière pour notre parc nucléaire, mais s’il est capable de s’adapter plus facilement à ces variations de charges comme le dit RTE, profitons en pour intégrer cela dans la démarche de substitution par les EnR.
Comprenez bien qu’il ne s’agit pas de juger le nucléaire comme sale, tout comme l’aspect visuel des éoliennes que vous mentionnez qui n’est pas le sujet… il s’agit de regarder les choses sous un prisme objectif afin de prendre les bonnes décisions pour les décennies à venir.
Je ne m’étendrai pas sur le coté politique en revanche, vous évoquez vous même le bien commun, et je pense qu’il doit rester apolitique.
Re-réponse à Marc GEIGER
1- Tout à fait d'accord, je parlais simplement d'une réelle politique allant dans ce sens, qui n'est pas l'objet ici.
2- le démonstrateur mentionné est bien pour une production hydrogène (2 techno testées, alcaline et PEM), les technologies les mieux maitrisées sans matériaux nobles ont des rendements de l'ordre de 75%, et les moins matures frisent les 90%. La R&D avec entre autre les micro-organismes photosynthétiques, permet d'envisager l'utilisation de matériaux rares ou couteux à extraire (cout énergétique et environnemental).
Les rendements des piles à combustibles sont autour des 60%, une utilisation pour les transports serait l'idéal et permettrait d'éviter le désastre écologique de l'éléctrique sur batteries.
3- le développement des technologies pour les iles permettent des bancs de test pour des technologies dont le coût reste élevé car tout juste arrivé a maturité, mais qui restent applicables au continent dans une logique décentralisée.
4- La R&D a toute sa place dans une démarche de substitution avec une perspective à 20 ans, dans le cas contraire fermons les centres de recherche peut-être ?
5- Bitte Shön
6-le sujet n'est pas de dire que le nucléaire est dépassé, ou bien encore de faire "comme les autres", mais d'ouvrir les œillères, et élargir les options.
7- Tout à fait d'accord, je veux dire qu'il est inutile d'y ajouter des couleurs politiques.
Position contradictoire et argument peu convaincant de la MO
Pardon mais je ne comprends pas la réponse de la Maîtrise d’Ouvrage en date du 16/04. La première phrase « La réduction des émissions de gaz à effets de serre est bien l’objectif central de la politique énergétique » n’est-elle pas fondamentalement en contradiction avec l’énoncé qui suit, deux lignes plus loin : « Cet objectif [de réduction du nucléaire] ne s’appréhende pas par rapport à la quantité de CO2 évitée, mais en termes de diversification » ?
Faut-il comprendre que l’objectif de réduction des GES, priorité et urgence mondiale absolues étant donnés les risques collectifs associés au dérèglement climatique de destruction des écosystèmes, de ravages dans la biodiversité végétale et animale, de pénuries de nourriture et dans certaines régions de ressources en eau, de déplacements de populations sans précédent, d’explosion de la mortalité sur tous les continents, de menace directe sur les civilisations humaines, se trouve de facto subordonné à cet objectif de principe de diversification à marche forcée d’un mix électrique national qui est déjà décarboné ? C’est au mieux surprenant, manifestement fort peu pertinent, au pire contre-productif.
Par ailleurs le seul argument avancé ici pour supporter cet objectif de diversification comme une fin en soi est la maîtrise et la diminution du risque associé à de possibles défauts génériques majeurs qui occasionneraient l’arrêt simultané de nombreux réacteurs sur le territoire national.
Tout d’abord je ne vois pas en quoi une flotte massive d’éoliennes et de panneaux solaires pourrait compenser une telle perte de puissance l’hiver (donc peu de soleil sur 24 heures), notamment sous régime anticyclonique (pas ou peu de vent sur la France et une bonne partie de l’Europe de l’Ouest). En cela il serait plus sage d’affecter l’ensemble des financements actuellement alloués aux ENR électriques à la rénovation du bâti pour consommer moins, et au développement des ENR thermiques pour assumer le chauffage domestique et collectif. Mais passons.
Il est juste de souligner que le parc nucléaire français est très homogène - peu de technologies et de modèles de réacteurs différents - et que cela pourrait représenter un risque pour la disponibilité (c’est aussi un avantage en termes d’optimisation de la maintenance et de l’entretien, de facilité du suivi, des inspections et du contrôle des installations). Peu de diversité génétique rend une population plus vulnérable aux maladies, cela peut faire sens.
Cependant, pour atteindre l’objectif pointé par la MO de modération de ce risque de défaut généralisé, le développement et l’industrialisation d’autres technologies nucléaires et l’installation de plusieurs nouveaux types de réacteurs sur le territoire national seraient tout aussi adaptés.
Cette solution de diversification permettrait d’une part de ne pas s’exposer à des aléas auxquelles nous ne sommes pour l’instant pas soumis (part de production non pilotable, ré-augmentation des émissions de CO2 induite par la compensation de sources intermittentes, dépendance de fournisseurs étrangers pour les installations, etc.), d’autre part de pérenniser et renforcer une filière technologique et industrielle française d’excellence dotée d’emplois non délocalisables (ce qui n’est pas le cas pour les équipements utilisant les ENR électriques), et enfin de ne pas subir (ou forcer) mais bien d’anticiper et planifier sereinement le remplacement des centrales vieillissantes, à (faible) empreinte carbone, (faible) emprise au sol, puissance et pilotabilité constantes.
Pourquoi dès lors la diversification du mix électrique national n’est-elle pas posée en ces termes : réduction de la part des réacteurs nucléaires monotypiques (de technologie, conception et réalisation identiques) ?
Merci pour votre complément de réponse.