Question n°106
Confusion entre fins et moyens
le ,La loi fixe aujourd'hui des quotas d'ENR et une réduction du Nucléaire. Il y a donc confusion entre fins et moyens puisque ces quotas ne se raccrochent pas a une finalité en matière d'émissions. Les objectifs de répartition EnR / Nucléaire peuvent-ils être étayés par la quantité de CO2 évitée, seul objectif urgentissime ?
La réduction des émissions de gaz à effets de serre est bien l’objectif central de la politique énergétique. La loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée en 2015 a ainsi fixé des objectifs ambitieux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
La loi de transition énergétique a également fixé des objectifs de réduction du nucléaire. Cet objectif ne s’appréhende pas par rapport à la quantité de CO2 évitée, mais en termes de diversification.
La diversification du mix électrique a en effet vocation à renforcer la sécurité d'approvisionnement en électricité, ainsi que l'a rappelé à plusieurs reprises l'Autorité de Sûreté Nucléaire. Il est en effet important de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à l’éventualité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave. Un exemple de tel défaut générique est l’anomalie de concentration en carbone de l’acier qui a affecté les générateurs de vapeur de douze réacteurs à l'hiver 2016.
Le développement des énergies renouvelables contribue ainsi au renforcement des marges d'approvisionnement susceptibles de pouvoir palier de tels événements, dont l'impact sur l'équilibre du système électrique est susceptible de diminuer à la mesure de la réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique.
Commentaires
Le maître d'ouvrage répond à côté de la question
En France, comme en Suède, en Suisse et en Norvège, le secteur de l'électricité est pratiquement totalement décarbonée. Alors qu'il est en 1er position en Allemagne.
Pour réduire nos émissions de GES, il faut agir sur la réduction drastique des combustibles fossiles. Remplacer de l'électricité décarbonée par de l'électricité décarbonée n'est pas la priorité. Bien au contraire, elle prive le pays des financements indispensable à la Rénovation Énergétique du Bâti
Ca tient debout
La maîtrise de l'énergie est un objectif essentiel pour nos descendants. Il faut certes diminuer drastiquement notre empreinte carbone (et donc éviter la construction très polluante de nouvelles centrales nucléaires en béton, acier et métaux spéciaux, ... Il faut aussi éviter la manipulation du minerai d'uranium extrêmement énergivore et polluant (CO2 et radionucléides)). Il faut encore diversifier ses sources d'énergie en choisissant celles qui ne polluent presque pas. Le nucléaire ne peut donc être LA solution d'autant plus que le minerai d'uranium se fait rare et cher. Pour l'instant les ENR sont une bonne solution si on n'oublie pas de construire les stockage/restitution palliant à la variabilité de ces énergies et si on apprend à devenir sobre en énergie !
Autre piste de sécurisation
Si l'objectif de la réduction chiffrée du nucléaire à 50% est bien la sécurisation de la fourniture d'électricité, alors il existe une autre voie : celle des économies !
En effet, la demande en électricité est, en France, très thermosensible à cause du chauffage électrique et c'est lors des pics de froid qu'en cas de fermetures simultanées d'un certain nombre de réacteurs qu'un risque peut exister sur la fourniture. Ainsi, le meilleur moyen -le moins cher et le plus durable*- de diminuer ce risque est de réduire la thermosensibilité de la consommation : il faut encourager la rénovation thermique du bâti. L'augmentation de la part des EnR non-pilotées (éolien et PV) dans le mix électrique est contre productif car rien ne garanti que ces moyens fourniront au moment du pic de demande.
=> Donc, effectivement, comme le souligne Marc Geiger, en imposant un quota d'EnR, on confond bien objectifs et moyens. Pour que les EnR répondent à cet objectif de 'diversification pour sécuriser', il ne faudrait comptabiliser que celles qui sont pilotables et celles adossées à une capacité de stockage (avec une constante de temps de quelques jours).
* "durable" est ici utilisé pour la durée de vie de l'investissement : la rénovation énergétique d'un bâtiment a bien une durée de vie très supérieure à n'importe quelle éolienne ou panneau PV.
@ Chritian Rosé
Bonjour Christian
Le bilan carbone de l'énergie nucléaire, sur l'ensemble de son cycle de vie, est grosso modo égal à celui de l'éolien, et au mieux 5 fois inférieur à celui du photovoltaïque (15 fois inférieur si c'est du PV chinois comme c'est quasiment toujours le cas).
Donc non, le nucléaire n'est pas plus émetteur de CO2 que les renouvelables, il l'est même plutôt moins.
Il est également moins consommateur de ressources (béton, acier, empreinte au sol...) que l'éolien par exemple (et a fortiori du solaire), car produisant bien plus d'énergie à installation de taille égale.
Quand aux dégâts environnementaux des radionucléides, on peut les comparer avec ceux des énergies fossiles, qui sont aujourd'hui la seule vraie alternative au nucléaire (capable d'assurer de manière fiable 80% de notre approvisionnement électrique).
Nos déchets nucléaires sont historiquement bien confinés, avec un impact environnemental inexistant ou très localisé.
Et il faut bien voir qu'aucune technologie de stockage ne semble capable vu d'aujourd'hui de résoudre à un coût abordable le problème de l'intermittence des ENR.
Bien cordialement,
@ Jean FLUCHERE
Bonjour,
Tout à fait d'accord avec votre propos.
On est en train de se tromper de cible, comme vient de le souligner un rapport de la Cour des Comptes
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-04/20180418-rapport-sou...
Je cite (page 22) :
Ainsi, compte tenu de son profil énergétique peu carboné, si la France avait voulu faire
de sa politique en faveur des EnR un levier de lutte contre le réchauffement climatique, elle
aurait dû concentrer prioritairement ses efforts sur le secteur des EnR thermiques qui se
substituent principalement à des énergies fossiles émissives de CO2.
@ La maîtrise d’ouvrage
Autant je comprends qu'il faille diversifier le mix énergétique électrique, autant je pense qu'il ne faut pas mettre "la charrue avant les bœufs".
Sinon nous risquons de nous retrouver comme l'Allemagne, dans un cul de sac en ce qui concerne les émissions de CO2.
Il s'agit de fixer les priorités. Quel est l'objectif et à quelle échéance ?
La priorité est la baisse des émissions de CO2, qui passe par une diminution drastique dans le transport et le thermique (et non l'électrique).
Mettons donc le "paquet" (les budgets) dans ce sens.
La diminution de la part du nucléaire ne pourra être envisagée qu'après cette étape.
@ Christian ROZé
Bonjour Christian,
Ce que vous dites est malheureusement faux :
"éviter la construction très polluante de nouvelles centrales nucléaires en béton, acier et métaux spéciaux" => c'est faux: rapporté au nombre de kWh produit, une centrale nucléaire utilise beaucoup moins de béton et d'acier qu'une éolienne par exemple. Elle utilise aussi beaucoup moins de métaux rares qu'un panneau photovoltaïque.
"éviter la manipulation du minerai d'uranium extrêmement énergivore et polluant (CO2 et radionucléides)" => c'est faux: extraire de l'uranium dans les mines ne consomme pas beaucoup d'énergie, et n'émet ni CO2 ni ne relâche de radionucléides. La transformation de l'uranium en combustible nucléaire consomme certes de l'énergie, mais c'est fait en France avec uniquement de l'électricité décarbonée ! Et manifestement ca ne consomme pas trop d'énergie, sinon ca voudrait dire que le prix de l'électricité nucléaire serait beaucoup plus cher.
"le minerai d'uranium se fait rare et cher" => c'est faux: si c'était rare et cher, alors le prix de l'électricité nucléaire serait élevé, ce qui n'est pas le cas.
Retraité de l'industrie de l'énergie
La réponse de la maitrise d'ouvrage ne tient pas, en effet, la route; elle est peut-être même trompeuse. Pourtant j'en conviens, la diversification des sources est en effet un facteur de sécurité énergétique. A condition toutefois que les sources de la diversification soient "sûres et certaines", ce qui est loin d'être le cas des sources intermittentes à la mode, le solaire et l'éolien, celles que précisément on souhaite développer (puisque l'hydro est à peu près au top de sa contribution). Envisager, pour remplacer des GWh pilotables en panne, des GWh venant de ressources intermittentes, paraît pour le moins aventureux à l'échelle nationale (à l'échelle locale, pourquoi pas). D'ailleurs c'est pour cette raison que l'Allemagne, parallèlement à ses investissements EnRi, a conservé (développé ?) ses centrales à charbon. D'ailleurs, je pense que la tête de chapitre "Energies renouvelables" aurait dû distinguer entre les sources intermittentes et les autres renouvelables, afin de clarifier les débats et permettre une meilleure intelligence des futurs possibles.
L'éolien et le solaire vendus pour lutter contre le réchauffemen
La réponse du maître d'ouvrage est complètement à côté de la plaque.Quelle tristesse ! L'éolien et le solaire ont été vendus pendant des années par les politiques et les médias pour lutter contre le réchauffement climatique. Maintenant qu'il se fait enfin jour dans l'opinion que çà ne sert pratiquement à rien pour cela, il y a changement de pied. C'est vendu maintenant pour sortir du nucléaire, ici sous les prétextes nouveaux d'un possible défaut générique (qui ne s'est rappelons-le jamais manifesté à ce jour) ou de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier. Les militants antinucléaires sont plus directs: il faut éliminer le nucléaire parce que nous avons décidé que nous n'aimons pas le nucléaire!
Mais éliminer le nucléaire avec des renouvelables électriques n'est possible que marginalement pour la simple raison qu'il faut conserver toute notre puissance pilotable pour faire face aux risques de défaillances de l'éolien et du solaire. Le risque générique, c'est bien celui de leur défaillance, mais de cela pas un mot bien sûr ! A l'heure actuelle, éliminer le nucléaire, c'est pour l'essentiel le remplacer en France par des centrales à combustibles fossiles, et marginalement par des centrales à biomasse, qui émettent encore plus de CO2 et de polluants atmosphériques que le lignite allemand.
Observons aussi que les ENR électriques ne sont renouvelables que le temps d'épuiser les combustibles qui alimentent leurs centrales de soutien ! Si le vent et le soleil sont effectivement renouvelables, les électricités qu'on en tire ne le sont pas, et sont donc exactement dans le même panier que les combustibles fossiles et nucléaires.
L'abondance des romans de science-fiction échafaudés autour de l'éolien et du solaire montre bien que ceux-ci ne pourraient pas avoir percé du fait de leur seule vertu, sinon ils n'auraient pas été nécessaires . Cette histoire de 50 % est de ces romans !
Un rapide retour à la réalité des faits est urgent , sous peine de le payer très cher! C'est de la responsabilité de nos gouvernants.
Ca ne tient pas debout
Si la sécurité d'approvisionnement est un objectif de la Maitrise d'Ouvrage (le ministère de l'écologie), alors pourquoi s'acharne-t-elle à la détruire par ailleurs en forçant la fermeture des moyens qui l'assurent ?
Vous avez beau installer autant d'éoliennes et de centrales PV que vous voulez, notre réseau ne tiendrait pas 10 minutes sans l'équilibrage qu'assurent nos centrales thermiques à flamme et nucléaires.