Question n°422
Subventions aux EnR matures
le ,Peut-on intégrer dès maintenant la suppression des subventions aux EnR matures ? A en croire les opérateurs du SER, la production éolienne atteint un coût concurrentiel par rapport aux autres moyens de production (à condition de ne pas imputer un coût à l’intermittence, me semble-t-il). Alors pourquoi continuer à les subventionner via un prix d’achat garanti ? Leur coût marginal est nul, donc ces moyens de production seront toujours appelés en priorité sur le réseau (le vent est gratuit !). Reste la question de l’investissement initial qui est important. Il ne semble pas que les opérateurs rencontrent de difficulté auprès des investisseurs. L’annonce toute récente d’ENGIE qui vient de se voir attribuer en Espagne neuf parcs éoliens non subventionnés avec une capacité totale de 300 MW en est la preuve. Quand ferons-nous de même en France ? Avec un effet directement bénéfique pour le consommateur qui ne se verrait plus facturer les charges d’une CSPE qui alourdissent considérablement sa facture ! (plus de 5 Mds€ en 2018 évalués par la Cour des Comptes pour soutenir l’éolien et le solaire)
Nous vous remercions pour cette contribution à la réflexion pour l’élaboration de la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie.
Le coût des énergies renouvelables électriques est encore supérieur aux prix de marché de l’électricité, c’est pourquoi elles bénéficient, comme vous l’évoquez, d’un soutien public.
Le consommateur d’électricité paie des taxes, notamment la contribution au service public de l’électricité (CSPE). À l’origine, cette taxe couvrait la totalité des coûts occasionnés par le financement des énergies renouvelables électriques. En 2015, il a été décidé que ce n’était pas aux seuls consommateurs de l’énergie la moins carbonée, l’électricité, de payer la transition énergétique. La CSPE sur les factures d’électricité a été plafonnée et le complément couvert par le budget de l’État qui reçoit en particulier les taxes sur les consommations d’énergie fossile et leur composante carbone.
C’est un coût de transition pour aider les installations renouvelables à remplacer des installations classiques. Lorsque la transition sera réalisée, les coûts de production de l’électricité qui sera produite plus largement par des renouvelables ne devraient pas être plus élevés car les coûts technologiques des énergies renouvelables sont en très forte baisse, notamment pour le solaire photovoltaïque, en raison de la taille plus importante du marché mondial et des installations en projet ainsi que des effets d’apprentissage et de progrès technologiques.
Le soutien public à la production d’électricité renouvelable prend principalement la forme d’appels d’offre. Sur la base des projets proposés par les candidats, le ministère de la Transition écologique et solidaire – après instruction des dossiers par la Commission de régulation de l'énergie – désigne les lauréats qui présentent les projets les plus compétitifs. Ce dispositif permet d’ajuster le soutien public au plus près de la réalité économique des projets. Ce que finance l’Etat, c’est un prix garanti, un différentiel par rapport au prix de marché. Dès que le prix de marché sera supérieur aux niveaux de prix garanti proposés dans les appels d’offre, l’Etat ne paiera plus rien.
Commentaires
C'est incompréhensible
Vous indiquez que jusqu'à 2015, la CSPE était financée par les consommateurs d'électricité. Ce n'est pas exact, si j'en crois les journaux qui indiquent qu'EDF, au début des années 2010, n'a plus été intégralement remboursée de ses obligations d'achats d'électricité renouvelable, et a cumulé jusqu'à 5 milliards d'€ d'impayés. J'ai cependant compris qu'après l'avoir mis en situation financière délicate, l'État s'efforce aujourd'hui de rembourser progressivement cette dette.
Vous dites que depuis 2015 les NOUVELLES productions d'énergies renouvelables sont encore subventionnées, cette fois par des "taxes carbone" et notamment celles qui font augmenter le prix des carburants à la pompe : pourquoi les automobilistes (tout du moins ceux qui ne sont pas exonérés de ces taxes comme certains professionnels) ne sont-ils pas clairement informés du fait qu'ils contribuent, sûrement à l'insu de leur plein gré, au subventionnement d'énergies qui ne contribuent nullement à la décarbonation de notre économie ?
Ce n'est pas de la polémique mais l'exigence d'une information claire et sincère auprès de nos concitoyens !
De plus la logique de ce subventionnement, destiné comme vous l'écrivez, au remplacement d' "installations classiques" par des renouvelables, m'échappe. D'abord, les installations classiques que vous mentionnez sont essentiellement nucléaires ! Et celles-ci, en plus de ne pas générer de GES, ont l'inestimable caractéristique de pouvoir s'ajuster à la demande d'électricité, contrairement aux éoliennes ou panneaux PV subventionnés. Pourquoi alors remplacer une filière par une autre moins performante, et en plus obliger les français à payer pour cette opération ??
Enfin, vous indiquez que le prix de production des renouvelables est en forte baisse ce qui conduira bientôt (quand elles rejoindront les prix de marché) à pouvoir arrêter les subventions.
Or, il y a un hiatus : si ces renouvelables se développent, leur intermittence devra être compensée par des installations souples (centrales au gaz qui émettent beaucoup de CO2) ou stockage de masse dont la technologie et donc le coût sont loin d'être connus. Ces moyens externes grèveront fortement les prix de production d'électricité renouvelable, et il n'est pas du tout sûr que le prix final de l'électricité soit aussi compétitif que celle produite aujourd'hui avec du nucléaire et de l'hydraulique.
D'où ma question : pourquoi ne pas attendre que ces technologies alternatives fassent leur preuve et arrivent à un coût cumulé comparable aux technologies éprouvées du nucléaire et de l'hydraulique, puisque l'objectif (une électricité non émettrice de GES) est déjà atteint ?
Car anticiper conduit à faire payer aux français des subventions inutiles, en plus d'ailleurs d'indemnisations qu'il faudra consentir à EDF si on le contraint à mettre à l'arrêt ses centrales nucléaires.
Si on laissait ces centrales fonctionner jusqu'à leur terme en attendant que les "nouvelles" technologies alternatives soient matures, sans pour autant renoncer à faire de la R&D, on éviterait d'appauvrir nos concitoyens tout en restant parmi les nations les plus performantes en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
En bref, la fixation sur le développement onéreux d'énergies renouvelables et inutiles sous l'angle du climat ne me semble pas, dans le cas de la France, une stratégie pertinente ni même logique.
A quand le retour du bon sens ?
Merci Alain pour la qualité de votre commentaire, plein de bon sens.
J'avais espéré qu'avec l'arrivée au pouvoir d'un nouveau Gouvernement, le pragmatisme reprendrait le pas sur l'idéologie.
Une première étape a été franchie avec l'annonce fin 2017 du report à 2035 d'un mix électrique à 50 % de nucléaire alors qu'il approche les 75% aujourd'hui.
Mais à quoi bon dépenser des sommes colossales sur des EnRi alors que le nucléaire apporte une énergie sûre, compétitive et décarbonee ?
Il vaudrait mieux consacrer cet argent public aux réacteurs de 4ème génération qui assureront la pleine indépendance énergétique de la France.
Pourquoi l'éolien n'est pas rentable sans subvention
Etant donné qu'il est difficile de prévoir précisément à long terme la quantité d'énergie éolienne qui sera produite au jour J, la majeure partie de cette énergie est vendue sur le marché "J-1" (un jour avant)
Ce qui fait que le prix de l'électricité sur le marché "J-1" est fortement corrélé au vent soufflant sur notre pays. S'il vente, le prix baisse considérablement, jusqu'à parfois devenir négatif. A contrario, les jours sans vent, le prix remonte fortement.
Ce qui est important pour un investisseur, c'est le profit !
Or, quand le producteur éolien a beaucoup à vendre, les prix sont bas, voire négatifs et quand les prix sont élevés, il n'a rien à vendre...
Les ENR intermittentes ne peuvent pas être rentables
Le discours autour des coûts des ENR intermittentes est évidemment de la poudre aux yeux, pour une raison assez simple :
Nous ne payons pas pour un kWh livré aléatoirement, mais pour un kWh livré au moment où on en a besoin.
Comme les ENR intermittentes sont incapables d'assurer de manière fiable ce service, il est nécessaire de construire et d'entretenir des moyens de production pilotables, en France essentiellement du nucléaire.
Ensuite, on choisit de construire par dessus des ENR intermittentes. Tout ce que ces ENR permettent de faire économiser au système, c'est les coûts variables du nucléaire. Et en plus elles amènent leurs propres coûts.
Donc dans tous les cas on paye les coûts fixes du nucléaire, pour la sécurité d'approvisionnement, et après, pour produire les kWh, on a le choix entre :
1) payer les coûts variables du nucléaire (autour de 10€/MWh)
ou bien :
2) payer les coûts complets des ENR (~80€/MWh pour l'éolien onshore, ~180€/MWh pour l'éolien offshore, entre 50 et 150€/MWh pour le PV en fonction de l'installation).
10€/MWh est un coût très faible. Jamais les coûts complets des ENR ne descendront en-dessous, et on ne connait pas aujourd'hui de technologie de stockage qui ait le potentiel pour répondre à l'ensemble des besoins dans un mix 100%ENR.
On est bien dans le gâchis et l'aveuglement collectif, rendus possibles par un système qui a encore des marges.
Le jour où nous connaitrons des coupures de courant tous les hivers, on peut parier que nos élites politiques et médiatiques reviendront assez vite à la raison.
Le changement dans la continuité :-(
Comme j'aimerais avoir l'aplomb et les certitudes des contributeurs précédents. D'après eux les ENR sont des ersatz technologiques hors de prix. Je vous invite à consulter le rapport Lazard [ https://www.lazard.com/perspective/levelized-cost-of-energy-2017/ ] un fond d'investissement, pas un groupe d'écolos, qui compare les couts des différents moyens de productions électriques. Je vous laisse en tirer les conclusions qui vous siéront.
Quant au problème, majeur, de l’intermittence, il y a de nombreuses façon d'y pallier et les technologies arrivent : je vous invite à aller voir ce qui se cache sous le vocable "smart grid". Par exemple, piloter la demande nous permettra de réduire le dimensionnement du système et de minimiser nos besoins en stockage.
Juste une interrogation pour les nucléocrates pétris de certitudes : si le nucléaire est si avantageux vis à vis des ENR, pourquoi ce secteur est-il autant à la peine partout dans le monde alors que les ENR sont déployées toujours plus intensément chaque année et ce quelque soit la région du globe?
@ J. TOMAS
J'ai présenté un raisonnement simple, factuel, et vérifiable pour argumenter mon point de vue. Libre à vous de le contester sur la forme et le fond.
Et le rapport Lazard, que vous citez, ne me contredit pas. Il ne fait que comparer des coûts "faciaux" sans tenir compte du système dans lequel ces énergies s'insèrent.
Par ailleurs, il compare le coût de ces énergies selon un jeux d'hypothèses qui ne se vérifient pas partout, loin de là : L'auteur part par exemple du principe que ces énergies sont toutes financées dans les conditions que connaissent grosso modo le secteur privé.
C'est marqué tout en bas de la page que vous citez : "analysis assumes 60% debt at 8% interest rate and 40% equity at 12% cost"
Or le nucléaire comme l'hydraulique sont des énergies dont la structure de coût est particulièrement sensible à la méthode de financement : https://jancovici.com/wp-content/uploads/2016/04/cout_elec_graph1.png
Je vous suggère d'ailleurs de lire cet article de JMJ sur le sujet, très pédagogique : https://jancovici.com/transition-energetique/electricite/quel-est-le-vra...
Et dans ces conditions de financement, impossible de construire des centrales nucléaires ou des barrages hydroélectriques, alors pourtant qu'ils ont fait la preuve partout dans le monde de leur intérêt technique et économique.
C'est par exemple la raison pour laquelle le Royaume-Uni, sur les conseils de sa Cours des Comptes, réfléchit à participer au financement de ses futurs projets nucléaires afin d'en faire baisser les frais financiers. Et il y a fort à parier que la France va suivre l'exemple britannique, après un EPR de Flamanville financé entièrement sur fonds propres par EDF.
"pourquoi ce secteur est-il autant à la peine partout dans le monde alors que les ENR sont déployées toujours plus intensément chaque année et ce quelque soit la région du globe?"
Parce que les ENR sont à la mode en ce moment dans le monde, que les pouvoirs publics ont décidé ici et là de subventionner ces énergies et pas le nucléaire (à tort ou à raison en fonction des contextes locaux). Coupez le robinet des subventions aux ENR et cette industrie s'effondrera du jour au lendemain.
C'est d'ailleurs assez inquiétant : Des choix techniques sont pris en fonction d'une opinion publique généralement peu au clair sur le sujet.
Mais encore une fois, les limites techniques et économiques de la chose finiront tôt ou tard par ramener tout le monde à la raison, quittes à avoir gâché quelques % de PIB entre temps.
Et au final, c'est quoi votre argument : Il faut le faire parce que les autres le font ? Ne sommes-nous pas capables d'analyser nous-même la situation, pour déterminer rationnellement notre meilleure option ?
Sur les smartgrids, les quelques expérimentations menées dans ce domaine montrent qu'il y a là un potentiel d'optimisation, mais pas de révolution.
Les smartgrids ne vont ainsi pas faire apparaitre de l'énergie comme par magie durant un épisode de 2-3 semaines d'hiver froid sans grand vent. Pour cela, il faudrait des dizaines (centaines ?) de TWh de stockage dans un mix 100% ENR.
Et toutes ces technologies ont un coût tout sauf nul pour le système, qu'il ne faudra pas découvrir au dernier moment.
il faut comparer ce qui est comparable!
certains résument le sujet: "Mais à quoi bon dépenser des sommes colossales sur des EnRi alors que le nucléaire apporte une énergie sûre, compétitive et décarbonee ?"
le nucléaire, une énergie sure ? ça ne semble pas être la position de l'ASN sur la cuve du future réacteur nucléaire EPR. les grands et très chers programmes (grand carénage, sécurité des sites etc...) montrent que des efforts sont encore à faire... la sécurité des énergies renouvelables n'est plus à démontrer.
le nucléaire: une énergie compétitive? Comparons ce qui est comparable .
comparons l'installation d'une nouvelle unité (ce que fait l'étude Lazard), le nucléaire type EPR, on le sait grâce à la cour des comptes et Hinckley point, coûtera entre 90 et 110€/MWh. l'éolien coûte actuellement 64€/MWh (prix moyen du dernier appel d'offre) et le solaire PV 55€/MWh en moyenne (grandes centrales de PV au sol, dernier appel d'offre) et pour les grosses installations PV en toiture à ~100/10€/MWh.
comparons le MWh d'une installation amortie. l'éolien et le solaire s'en sortent (s'en sortiront) autour de 20/30 €/MWh soit moins que le nucléaire...
la compétitivité des EnR est évidente et elle le sera de plus en plus...
le nucléaire une énergie décarbonnée? oui comme les Energies renouvelables... mais à choisir mieux les Enr... et c'est comme pour le foot, il y plus de 65 millions de sélectionneurs en France. ce serait bien que les français notamment opposés aux énergies renouvelables ne se croient pas meilleurs que RTE et ENEDIS dans la gestion du réseau électrique national . ainsi ces français pensent remettre en cause les travaux et études réalisés par ces entités qui démontrent que l'intermitence, l'aléa de production des EnR serait un problème pour le pilotage du réseau. hors il n'en est rien jusqu'à un très haut niveau d'intégration... une (r)évolution est en marche que l'on appelle transition énergétique... reste à en prendre conscience!
Baisse des prix des renouvelables : de la poudre aux yeux
La réponse de la MO est élégamment rédigée, mais malheureusement elle ne dit pas toute la vérité. .
En effet la CSPE est peut-être plafonnée, mais ci c'est l'Etat qui paie le complément, cela revient à demander au contribuable de payer le complément. Donc nous sommes concernés deux fois, en tant qu'utilisateurs d'électricité et en tant que contribuables...
Chaque fois qu'un "parc éolien" se met en place, c'est un engagement de dépenses supplémentaires sur 20 ans.
La réponse de la baisse régulière du prix (que l'on entend depuis trop d'années) est de la poudre aux yeux, car l'augmentation de capacité des renouvelables conduit inexorablement à une augmentation des subventions annuelles.
C'est ce qui est dénoncé par un rapport de la Cour des Comptes émis début 2018.
Le seul moyen de stopper cette augmentation de la charge pour le contribuable est d'arrêter de construire de nouvelles installations, et de ne reprendre leur construction que lorsque les vieilles installations s'arrêteront de produire (et donc d'être subventionnées).