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Question n°236

Réponse à question 106

Ajouté par GERARD ANONYMISé (BELFORT), le
[Origine : Site internet]
Energies renouvelables

Dans sa réponse du 16 avril 2017 à la question 106 « Confusion entre fins et moyens » la Maîtrise d'Ouvrage écrit :
"La diversification du mix électrique a en effet vocation à renforcer la sécurité d'approvisionnement en électricité, ainsi que l'a rappelé à plusieurs reprises l'Autorité de Sûreté Nucléaire. Il est en effet important de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à l’éventualité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave. Un exemple de tel défaut générique est l’anomalie de concentration en carbone de l’acier qui a affecté les générateurs de vapeur de douze réacteurs à l'hiver 2016.
Le développement des énergies renouvelables contribue ainsi au renforcement des marges d'approvisionnement susceptibles de pouvoir palier de tels événements, dont l'impact sur l'équilibre du système électrique est susceptible de diminuer à la mesure de la réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique."

L'ASN lors du traitement du défaut générique sur les générateurs de vapeur a bien indiqué que 5 à 10 réacteurs pouvaient être concernés par de tels défauts génériques mais que ce n’était pas un désavantage en terme de sureté d'avoir un parc standardisé (voir entre 20’15 ‘’ et 21’50’’ sur la vidéo de la conférence de presse commune ASN et IRSN http://dai.ly/x54ieephttp://dai.ly/x54ieephttps://www.dailymotion.com/video/x54ieep) et l’ASN n’a nullement dit que les marges ne devaient pas être nucléaire mais à base d’EnR.

RTE vient de publier les données permettant de tracer les monotones de la production moyenne à 30’ du parc PV et éolien pour 2016 :

Question au MO : Comment, sur la base de tels monotones qui montrent que pendant plus de 20% du temps annuel la puissance moyenne sur 30’ des EnR éolien et PV varie entre 0 MW et moins de 5% de la puissance nominale (soit inferieure à 1GW pour 2016), le développement des énergies renouvelables peut-il contribuer au renforcement des « marges d'approvisionnement » si on compare à au minimum 10 GW disponibles et continus que ces 10 réacteurs ainsi supprimés peuvent assurer comme marge ?

 

Date de la réponse:
Réponse de La maîtrise d’ouvrage, le
Réponse:

Les marges du système électrique doivent s’appréhender de manière probabiliste au regard du critère de sécurité d’approvisionnement et des risques de survenue d’un déséquilibre entre l’offre et la demande. C’est le travail réalisé par RTE dans son bilan prévisionnel, en simulant un grand nombre de chroniques climatiques et de disponibilité qui permettent de prendre en compte les différents risques tant sur le parc de production que sur la consommation.

Le bilan prévisionnel présente effectivement les monotones de production de l’éolien (page 367). Il précise également que l’analyse probabiliste menée dans le cadre de l’élaboration du bilan « permet de s’assurer que ces situations se compensent pour maintenir un critère de sécurité d’approvisionnement à trois heures de défaillance, similaire à aujourd’hui ». La contribution des énergies renouvelables non pilotables à la pointe doit ainsi s’assurer de manière probabiliste, comme pour tous les moyens de production.

A ce titre, les aléas sur le parc de production nucléaire ne permettent pas nécessairement, contrairement à ce que vous affirmez, de s’assurer que les 10 réacteurs assurent 10 GW disponibles et continus. Les chroniques sur les dernières années montrent que chaque hiver, entre 2 et 12 réacteurs sont à l’arrêt, soit planifié, soit fortuit. Lors de l’hiver 2016-2017, 12 réacteurs étaient ainsi à l’arrêt. Le bilan prévisionnel de RTE alerte également sur le nombre élevé de visites décennales qui marquera le début des années 2020 et met en garde sur une forte baisse des marges du système électrique au cas où la durée des visites décennales serait plus importante que prévue.

Commentaires

Les risques d’indisponibilité des moyens de production d’électricité non pilotables, éoliens et photovoltaïques, sont bien supérieurs à ceux des moyens de production pilotables pour des raisons physiques de fond :
* Les moyens pilotables s’appuient sur des stocks énergétiques (uranium, combustibles fossiles) toujours présents. Les risques d’indisponibilité ne concernent donc que les machines transformant ces stocks en électricité,
* Les moyens non pilotables éoliens et photovoltaïques s’appuient sur des flux énergétiques qui n’offrent aucune garantie puisqu’ils varient en fonction des conditions météorologiques. Les risques d’indisponibilité commencent donc au niveau de ces flux, aléatoires et totalement subis, même s’ils sont en partie prévisibles et se poursuivent au niveau des défaillances possibles des machines elles-mêmes, éoliennes surtout, comme dans le cas des moyens pilotables.
Au total, les risques de manque de production de ces sources sont donc à la fois beaucoup plus fréquents et totalement non maîtrisables. Ce qui n’a pas été le cas du défaut générique cité dans la réponse du MO à la question n° 106, à savoir l’anomalie de concentration en carbone de l’acier qui a affecté 18 générateurs de vapeur au total. L’ASN a demandé à l’exploitant de contrôler la totalité de ces générateurs dans un délai de 3 mois. Ce qui a permis d’arrêter successivement les réacteurs par « paquets » (6, 7 et 5 réacteurs simultanés, au maximum) limitant ainsi l’indisponibilité instantanée globale.
Aucune souplesse de ce type n’est possible pour les éoliennes, qui non seulement ne produisent rien ou très peu lorsque le vent est nul ou faible, mais qui doivent en outre être impérativement arrêtées pour des raisons de sécurité (sous peine de destruction) en cas de vents très forts, dès que les vitesses de ces derniers atteignent 90 km/heure (pour les machines les plus anciennes) à 110/120 km/heure (pour les plus récentes). Or, de telles conditions ne sont pas rares : selon les statistiques de Météo-France, le pays a connu en 35 ans (entre 1982 et 2017) 30 tempêtes majeures, caractérisées par des vents supérieurs à 100 km/heure qui ont atteint près de 200 km/heure pour les plus violents. Et ont affecté des portions du territoire allant de 20 % à près de 60 % !
De plus, lorsque la production éolienne représente une part élevée du mix (ce qui n’est pas encore le cas en France) de tels épisodes sont très déstabilisants pour les réseaux : le nécessaire arrêt brutal des éoliennes lorsque le vent forcit provoque un manque soudain de production qui déséquilibre fortement les réseaux et accroit sérieusement les risques de black-out si on ne dispose pas de moyens pilotables suffisants capables de prendre le relais dans un délai extrêmement court. Sachant que le photovoltaïque n’est d’aucun secours dans ces circonstances : il ne produit rien sous les orages et trombes d’eau...
Or, ces risques de non production ou d’arrêt brutal de production sont en passe de prendre un caractère systémique au niveau de l’Europe : la quasi-monoculture éolienne + photovoltaïque poussée par la Commission conduit en effet à reproduire les mêmes faiblesses dans tous les pays européens voisins, les tempêtes ne s’arrêtant pas aux frontières. Résultat : les possibilités de secours mutuels peuvent devenir quasi-inexistantes.
En conclusion, espérer diminuer un hypothétique risque systémique de non fourniture du nucléaire par des moyens éoliens et photovoltaïques qui ont une disponibilité intrinsèque bien inférieure est une dangereuse illusion qui ne peut que réduire la sécurité d’alimentation du pays.

78000

La MO comme RTE formulent leurs explications de telle sorte que nous ne comprenions pas que nous allons vivre à l'avenir des coupures de courant bien plus fréquentes qu'aujourd'hui.

Comme ça, ce sera aux responsables politiques futurs, et non pas actuels, que reviendra la tâche d'expliquer aux français pourquoi on a investi des centaines de milliards d'euros dans des ENR intermittentes qui objectivement ne servent à rien, mais qui dégradent la sécurité d'approvisionnement.

75000

En réponse à M. Sapy,

La transition énergétique n'est pas la substitution d'un mode de production énergétique par un/plusieurs autres. Cette substitution, c'est seulement 30% de la solution. Le reste venant d'un changement de nos modes de vie (nécessaire car l'humanité vit largement au dessus de ses moyens) et une adaptation de tout le système énergétique (pas seulement la production) : sobriété et efficacité. Nous devons passer d'un système centralisé piloté par l'offre vers un système décentralisé (ou hybride) piloté par l'offre et la demande.

En outre, à vous lire j'ai le sentiment que vous avez certaines idées reçues fausses concernant les ENR. Par exemple "aléatoires et totalement subis, même s’ils sont en partie prévisibles" : je vous invite à consulter la définition d'aléatoire et à conclure de vous même sur la prévisibilité de tels systèmes...

Bien à vous,

66120