Point de vue n°20
Trains de nuit : solution pour une mobilité propre sur les longues distances
La loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) encourage, pour le transport des personnes, le report modal du transport routier par véhicule individuel vers le transport ferroviaire. Et plus explicitement : « pour le transport massifié de longue distance (plus de 500 km environ) [...] la priorité doit aller au train ».
Pourtant de nombreux trains de nuit qui reliaient Paris à des métropoles régionales à plus de 500 km ou qui reliaient en transversal ces métropoles ont été supprimés ces dernières années. La Ministre des Transports regrettait aussi qu'« on laisse se dégrader la qualité du service dans les trains de nuit [...] et qu'on arrête ces trains ».
De son côté, le rapport Spinetta s'interroge sur la viabilité du « tout TGV ». En affirmant que « la zone de pertinence économique du TGV est limitée aux destinations de trois heures et moins », il conduit à rechercher une solution alternative pour les nombreuses villes situées à plus de 4 heures par TGV de Paris et pour les liaisons transversales (les trajets Nice-Bordeaux, Perpignan-Nantes, ou Tarbes-Strasbourg demandent plus de 8h en train de jour !). Si le rapport Spinetta était suivi, l'avion remplacerait le rail sur de nombreuses destinations : «Au-delà de 700 kilomètres, [...] pour le TGV [..] le coût est un peu inférieur à 6 centimes d'euros du siège kilomètre offert [..] alors qu'il est d'environ 5 centimes pour une compagnie aérienne low-cost ». Mais, pour un trajet comme Paris-Pau de 800 km, un avion émet près de 200 kg de CO2 par passager contre 9,35 kg pour le train. Or émettre du CO2 a un coût. La Loi de Transition Energétique prévoit une taxe sur la tonne de CO2 en forte progression : de 56 € en 2020 à 100 € en 2030. Il sera donc nécessaire d'ajouter 1,3 à 2,4 centimes au coût de production de l'avion qui devient alors de 6,3 à 7,4 centimes / km, soit plus que le train. La transparence des coûts et les externalités positives redonnent l'avantage au train.
Il existe donc une solution pour assurer une mobilité propre sur les longues distances: le train de nuit.
Les Intercité de nuit (ICN) présentent de sérieux atouts en termes d'impact sur le climat, de sûreté et de coût. Ils représentent un outil majeur de solidarité et d'aménagement du territoire. Malgré la mauvaise qualité de service, les ICN ont des taux d'occupation élevés et ils sont plébiscités par leurs utilisateurs.
La loi de transition énergétique pour la croissance verte prévoit « une diminution de la part du routier et aérien domestique de l'ordre de 2 % dans les transports passagers entre 2013 et la période 2024-2028 ». Les trains de nuit peuvent y contribuer sérieusement. Cela passe par une meilleure utilisation des réseaux existants (une priorité selon le rapport Mobilité 21), le renforcement des fréquences, l'amélioration des interconnections et de la qualité de service. Le matériel roulant (les voitures-couchettes en particulier) a besoin d'être renouvelé, il manque juste une volonté de l'État pour relancer l'activité, ce qui permettrait de fournir une solution de transport de longue distance propre complétant très bien l'offre TGV.
Face au mur de l'urgence climatique, l'État, avec les collectivités concernées, doit faire renaître les trains de nuit, favoriser le développement de l'offre et des services (intermodalité, transport des vélos, offre touristique...) avec des liaisons transversales, régionales et internationales fiables et fréquentes couvrant l'ensemble du territoire.
Le train de nuit est le seul transport à faible empreinte environnementale pour parcourir 800 km, arriver tôt à destination et faire l'aller-retour dans la journée. « Avec les trains de nuit, une heure suffit pour traverser l'Hexagone : 1/2 h pour s'endormir, et 1/2 h pour se réveiller ».
Commentaires
oui
J'empruntais souvent le train de nuit Pau Paris ou Pau Genéve ou Pau Toulon qui me permettait de me déplacer avec mon vélo. ( sans changement ) et avec un confort sympa. (couchette femme) et des possibilités de discution
Une désolation pour nos déplacements
Oui ...je suis avec vous
train de nuit et auto-train
Je soutiens à fond le texte sur les trains de nuit, et souhaite ajouter les trains de nuits inter-pays européens qui étaient très pratiques (ex Paris-Rome) et qui ont presque tous disparu.
Je souhaite en complément exprimer ma désolation de voir les auto-trains remplacés en partie ou totalement par des camions ou même des chauffeurs(!) en parfaite contradiction avec les objectifs de la cop 21.
J'ajoute que les 2 questions peuvent être liées, car il était autrefois souvent pratique de voyager dans le même train que sa voiture.
Un mode de transport révolutionnaire
Le train de nuit présente de nombreux avantages que l'on oublie souvent :
En irriguant les territoires les plus isolés, il permet de contribuer au financement des lignes de proximité aujourd'hui menacées.
Il est une solution pour sortir du tout-TGV et démocratiser le train, en offrant des liaisons transversales et vers les villes moyennes qui sont oubliées par la grande vitesse.
Il permet de transporter les vélos, aujourd'hui interdits dans la plupart des TGV.
Ce moyen de transport est aussi idéal pour relier la France à ses voisins européens et nous rapprocher de Berlin, Rome, Madrid, Munich, Vienne, Barcelone...
Il ne manque plus qu'une impulsion politique et un effort de communication pour remettre au goût du jour ce transport finalement assez moderne. Si les autocars longue distance ont été promus comme une "nouvelle mobilité", il ne devrait pas être difficile de relancer le train de nuit en présentant cela comme un transport révolutionnaire...
Oublie-t-on la COP23
Il est bien précisé dans la dernière cop que tout doit être mis en œuvre pour éviter l'utilisation à tout crin de la voiture
Sont abordés les thèmes du
- covoiturage
- des transports en commun dont le train fait partie.
Dans les régions, il est important d'avoir des liaisons ferroviaires qui permettent d'une part de garder le tissu économique d'autre part de pouvoir disposer de moyens peu polluants pour se déplacer.
Ainsi un Pau-Paris en train de nuit permettrait :
- de diminuer la pollution
- de diminuer la fatigue
- de diminuer les dépenses en matière énergétique.
Il est vrai que moins de voiture sur une autoroute payante c'est peut-être moins de bénéfices pour les grands consortium
Mais que veut-on exactement ?
diminuer les accidents de voiture, la pollution
ou remplir les caisses de grandes entreprises du CAC40 qui auront elles les moyens de lutter contre leur propre pollution ?.....
Des sillons à irriguer même nocturnement!
Y'a pas à dire mais de jour comme de nuit le train c'est top!
Aiguisons la (courte) vue de nos décideurs, qui dans le meilleur des cas ne connaissent que le TGV et en première classe.
Rendez nous nos trains de nuit !
A l'époque où les émissions de Co2 doivent être réduites à tout prix, il n'est pas normal que l'on supprime des trains de nuit pour les remplacer par des lignes aériennes très émettrices en GES :(((
Vive le train de nuit
Irremplaçable pour démarrer une journée à l'autre bout de la France.
Il faut les remettre en service, vite !
train de nuit: le seul lien
train de nuit: le seul lien possible pour un transport efficace, écologique, économique et convivial
soutien au trains de nuit
Je soutiens sans réserve l'argumentation pour le rétablissement des trains de nuit. Depuis plus de 20 ans mes déplacements professionnels me font déplacer entre Reims et Nice. J'ai utilisé régulièrement le train de nuit Paris-Nice. Depuis sa suppression je dois passer par le TGV : entre 7 et 9h de transport donc une journée de travail perdue ou par l'avion : compter 5h pour faire Reims-Nice, une grosse demi-journée de travail perdue et une participation supplémentaire à la pollution. Cette situation est absurde alors qu'il existait un moyen efficace de déplacement faisant gagner une journée.
Depuis 1970 ans je me rendais
Depuis 1970 ans je me rendais régulièrement à LYON par le train de nuit. Mais depuis quelques années, je dois prendre l'avion avec le coût et la nuisance que cela représente. Sinon, je dois prendre le train de jour avec 1 ou plus d'attente à Toulouse soit un voyage de près de 8 h. Est-ce là le progrès en 2018 ? Pourquoi les mauvaises solutions chassent-elles les bonnes ? J'adhère à 100% à cet article.