Avis n°426 de : BOURAKBA Abdel-Krim- 95190 GOUSSAINVILLE - le 07/05/2010
Contribution: Sous les rails de « Roissy-Picardie » : les pistes de Beauvais – Tillé Il y a beaucoup d'ignorance et peu d'enquête terrain dans cet entrain du "c'est du ferré, c'est du bon". Si un aéroport était réellement plus créateur que destructeur d'emplois locaux, Creil, Crépy en Valois et Senlis pourraient s'employer à Beauvais-Tillé où Ryan Air réussit à maintenir son activité en récupérant des clients des vols affaires moyen courrier d'AFKLM pour compenser la perte de pouvoir d'achat des "routards". Les activités et les emplois sont en chute brutale sur Roissy CDG : ce n'est donc pas l'appel à main d'œuvre de Picardie vers Roissy qui motive cette liaison qui vient inopinément au débat public alors que le "barreau de Gonesse" n'y vient pas encore. Je passe sur les finances de Beauvais, du Beauvaisis, de l'Oise, de la Picardie, siphonnées par Beauvais-Tillé, construit et déjà en cours d'extension, sans débat ni enquête publique, pour être offert gratuitement à Ryan Air . Je passe sur l'idiotie d'affirmer qu'inclure l'empreinte atmosphérique d'ADP, ou l'empreinte écologique du SIAAP dans celles de Paris serait opposer deux territoires alors qu'au contraire ce constat révèle les interdépendances invisibles ou omises sur lesquelles fonder équité environnementale comme sociale. Je me contente d'alerter sur les grandes manoeuvres par lesquelles ADP et Veolia veulent une interconnexion entre Beauvais-Tillé et Roissy CDG pour accroître la capacité du hub AFKLM et démarrer leurs collaborations aériennes comme ferrées. Je vais essayer de simplifier mais on ne passe jamais de l’opinion à la connaissance sans effort de documentation ni tentative de rationalisation. 1° Le modèle économique D'une part les performances d'emport comme de retour sur investissement sont maximisées chez RyanAir à Beauvais – Tillé comme dans le reste de ses aéroports. D'autre part, les coût indirects sont accrus et totalement externalisés. En gros, pour simplifier, c'est la Picardie qui paie une part des billets et la totalité des dividendes qui en sont issus. Sur le modèle économique de Fedex, RyanAir a réussi, ici à Beauvais comme dans toute l'Europe, à faire investir les collectivités y compris avec des emplois gratuits ou fortement aidés pour disposer d'installations et de services au sol quasi gratuits. Une fois pendus, les "investisseurs" publics n'ont plus d'autre choix que de soutenir la gestion privée pour éviter le scandale : c'est Véolia + Ryan Air qui en bénéficient à Beauvais-Tillé. 2° Le contexte concurrentiel Sur le plan de la géostratégie des multinationales, l’histoire des sciences et des techniques comme mon expérience de consultant grands groupes m’a appris à ne jamais confondre la courte phase glorieuse du pionnier avec sa reprise après croche pied par l'exploitant de masse un instant dépassé. Les seuls gagnants des ruées vers l'or furent, et restent, les vendeurs de pelles et de pioches ... En ce moment, convaincu (trop tard) que RyanAir ne peut que faire du ménage, AFKLM l'attaque dans chaque pays pour concurrence déloyale avec un cumul d'environ 1 milliard d'euros à l'échelle de l'Europe. Si le gros mange le petit (menacer par pot de fer peut souvent amener à négocier le pot de terre) AFKLM hérite pour rien du modèle économique, des avions, de la clientèle et des facilités aéroportuaires. Au moment où nous nous écrivons, une course financière est engagée : RyanAir pique les vols affaires à AFKLM pour compenser le manque d'argent des routards mais aucun financier ne veut refinancer une entreprise irlandaise dont l’Etat est au bord de la banqueroute CE QUI NE SIGNIFIE PAS LA FAILLITE, LAQUELLE EST IMPOSSIBLE POUR UN ETAT! AFKLM estime pouvoir gagner et lance donc avec Veolia, gestionnaire de Beauvais-Tillé, le projet ferré faussement promu « Roissy - Picardie » dont le débat public s’ouvre. Ce projet est en fait conçu pour que Roissy Charles de Gaulle ait son satellite low cost de l'aéroport de Beauvais-Tillé ». Nous devons rester vigilants et surtout devenir actifs après étude sérieuse de la menace et de l’aubaine (il y a les deux ici) : 1° le low cost c'est plus d'emport par des avions plus modernes en moins de mouvements moins polluants. 2° C’est, du coup, plus de passagers solvables à pouvoir d’achat constant, d’où croissance des mouvements une fois les remplissages atteints : 3° Le low cost c'est faire payer plus encore les billets "offerts" par le gaspillage des ressources de la planète et aussi celles des collectivités « embarquées ». 4° Le low cost c'est "la première piqûre gratuite" de l'addiction à l'avion Pour faire court, la Logan produite en Roumanie dans laquelle je roule n’a pas réduit le parc automobile français, elle a contribué à le maintenir et même à l’accroître grâce aux aides de l’Etat. Conclusion: Le projet ambitieux de la liaison ROISSY-PICARDIE n'a d'autre but que commercial, en mixant les transports ferroviaires au transport aérien et l'argument d'une amélioration des transport par la création de cette liaison est illusoire...car d'autres acteurs entre en ligne de compte. BOURAKBA Abdel-Krim,conseiller municipal goussainville |