Avis n°619 de : GENTILI François- 95270 VIARMES - le 23/05/2010
Bonjour, Archéologue responsable titulaire du programme de recherches du site d'Orville (renouvellé en 20102-2012) , j'ai pris connaissance avec stupeur du document préparatoire évoquant une option du tracé LGV sur à l'emplacement du vallon d'Orville. Il est mentionné dans les documents de RFF qu'aucun site archéologique connu ne se trouve dans la zone d'étude, ce qui est au mieux une erreur grossière, au pire, un mensonge, ce que que je n'imagine pas possible de la part d'un établissement public comme RFF. Chargé d'étude archéologie sur le tracé du TGV Nord dès 1988, j'ai une longue pratique de l'archéologie préventive et notamment sur les projets d'infrastructures de type TGV. Coordinateur des opérations archéologique sur le tracé de la liaison Cergy-Roissy, (Francilienne) j'avais effectué d'importantes fouille préventives dans le vallon d'Orville; concerné par l'option sud en 1997-1999. Le tracé de la Francilienne avait été alors déplacé de façon à éviter un site historique : le château d'Orville, mais nous avions exploré une partie du site mérovingien et carolingien antérieur au château en fouille préventive. En 2000 des aménagements du Crouldt ont été modifiés pour laisser la place à une zone humide écologique.de façon à préserver les ouvrages défensifs du château qui auraient été trop long et couteux à fouiller. Depuis, chaque année, une fouille programmée permet de mettre au jour la richesse et l'importance architecturale de cette forteresse qui contrôlait la route des Flandres et a été détruite et rasée en 1438. Le site est maintenant bien connu en France comme à l'étranger grâce à de nombreuses communications et publications scientifiques. Un projet d'archéologie expérimentale accompagne les fouilles et le site a vocation de devenir une annexe en plein air du musée archéologique (à l'image du parc de Samara, en Picardie) L'espace situé entre le musée de Louvres (inauguré cette année) et le site d'Orville fait l'objet d'un projet de valorisation et de requalification (cf. travaux effectués par le syndicat du Crouldt) Par ailleurs l'étude géo-morphologique du vallon a montré la complexité et la richesse des occupations sur ce site depuis le tardi-glaciaire(-13000 BP). La présence de vestiges archéologiques très denses et de contraintes environnementales lourdes contraint l'ensemble du fuseau de l'option sud dès lors qu'il doit franchir le vallon d'Orville. Pour résumer, les projets de valorisation du château d'Orville serait réduit à néant par un passage du TGV dans le vallon d'Orville. Si sa destruction était confirmée,une fouille préventive préalable du site du château coûterait une fortune, un temps considérable et priveraient la région d'un de ses sites historiques emblématiques inscrit dans un projet de valorisation visant à requalifier cette vallée secondaire pour en faire un lieu de culture historique archéologique et écologique. Ce qui équivaudrait à mon sens (pour faire signe aux Picards) à dynamiter une deuxième fois Coucy.... Je n'ai pas d'objection a priori pour les infrastructures ferrovières ou routières si elles sont réellement utiles. Elles sont même parfois l'objet de découvertes passionnantes dans le cadre de l'archéologie préventive (c'est mon métier). Le cas est ici très différent, et définir une option de tracé sans prendre en compte ni même mentionner les site historiques et écologiques comme c'est le cas du château et du vallon d'Orville constitue une provocation. Les habitants de ce secteur ont subi une telle dose d'aménagements et d'infrastructures que vous n'arriverez pas à vos fins en méprisant ce qui peut rester de patrimoine culturel dans ce secteur. C'est au contraire sur ce genre de question que peux se cristalliser l'opposition à un projet dont, il faut bien le dire, on peine à voir émerger l'intérêt par rapport au projet alternatif de barreau de Gonesse. Tant que l'option sud ne sera pas abandonnée, une épée de Damoclès pèsera sur le projet de mise en valeur de cet espace naturel et de ce site historique. Mais tant que cette option sud ne sera pas abandonnée, le site de l'Orville deviendra progressivement un des symbole de la résistance face au projet de TGV Roissy-Creil. Les archéologues comme les professionnels impliqués dans la mise en valeur de ce patrimoine ne peuvent que rejoindre les élus pour dire : ORVILLE : NO PASARAN François Gentili Ingénieur chargé de recherches à l'INRAP membre du conseil scientifique de l'INRAP membre du comité scientifique d'Archéa, Archéologie en Pays de France Titulaire du programme de recherches sur le site d'Orville depuis 2001 |