Point de vue n°24
Faire évaluer le scénario NégaWatt 2050 par une autorité légitime et indépendante
L’histoire comparée des civilisations nous enseigne que pour toute société humaine la maîtrise de l’énergie détermine les moyens qui lui permettront de prospérer, ou de végéter. A cette maîtrise sont associés des investissements structurants et lourds. Les pouvoirs publics (Etat, Régions, intercommunalités) ont donc envers les citoyens un devoir de ne pas se tromper dans leurs choix, tout en ayant dans le viseur l’objectif prioritaire de la maîtrise des gaz à effets de serre. Le scénario NégaWatt 2050, en apparence séduisant, surestime la faisabilité de l’objectif de sobriété énergétique. Méconnaissant de nombreuses réalités économiques, sociales et environnementales, il comporte des erreurs techniques, par manque de pluridisciplinarité autant que par esprit de système. Or, ce scénario jamais évalué, porté par un puissant réseau d’influence lié à des intérêts financiers et politiques, a imprégné l’opinion publique : pourtant, une analyse détaillée de ses « 10 points-clés » met en lumière ses insuffisances. Recelant de grands dangers pour les équilibres économiques, sociaux et environnementaux de notre pays, il ne peut être accepté sans restrictions. Nous proposons qu’il fasse l’objet d’une évaluation publique, réalisée par une autorité légitime au plan technique, indépendante du réseau d’influence qui le porte, afin d’en clarifier en toute transparence la portée exacte, et afin d’éclairer de manière impartiale les choix énergétiques des prochaines décennies.
Commentaires
Jacques Peter militant du climat
Bravo à Protégeons nos espaces naturels pour l'avenir.de demander à ce que les scénarios Négawatt soient soumis à un expertise indépendante. Je suggère de faire appel aux compétences de France Stratégie, qui regroupe les hautes compétences issue du Commissariat au plan au service du Premier Ministre, et qui a démontré l'echec de l'Energie wende, les académies des Sciences et des Technologies, et la Cour des Comptes.
Une communication très habile présente ces projections négawatt comme réalistes et leurs promoteurs ont obtenus des places privilégiées dans les ateliers de controverse.
Mais ça ne marcherait pas. Jean-Pierre Pervès l'explique dans le commentaire précédent.
Les politique faussent le jeu
Pour moi, l'énergie est une affaire de compétences techniques. la transition est un changement grave, du cousu main. Là on peut faire ça, là on fera autre chose...;et ce n'est en aucun cas des objectifs en cascades, et une compétition du genre "être le premier territoire à énergie positive. Ainsi, développer à l'aveuglette de l'énergie, alors qu'on a besoin d'une autre énergie est bsurde.. Oui nous avons beaucoup e suspicions, et nous n'avons aucune confiance en l'ADEME, , ni en Negawatt. il faut contrôler leurs dires.
Anne-Marie Aveyron
Scénario Négawatt : déjà évalué
Le scénario Négawatt est établi par de nombreux ingénieurs travaillant sur le terrain dans le secteur de l'énergie. Il a une base bien plus pluraliste que de nombreux autres scénarios.
Quant à l'évaluation que vous demandez, elle a déjà eu lieu pour sa partie électrique. L'évaluateur est RTE avec son scénario Watt qui à la même bases que le scénario Négawatt, à savoir ne pas prolonger les réacteurs nucléaires français au delà de l'échéance de leur 4ème visite décennale et RTE confirme que c'est possible. Prenez le temps de lire le rapport de RTE. Certes, il y a des contraintes, mais aussi des avantages, et il en est de même pour les autres scénarios, dont ceux que prônent le gouvernement qui sont carrément une négation de la loi de transition énergétique et qui font courir un risque important de pénurie électrique, car ne reposant quasiment que sur l'énergie nucléaire très vieillissante.
Sortir des positions partisanes
Vos affirmations sur le pouvoir d'influence de l'association Négawatt et leurs intentions cachées me semble quelque peu déplacé quand on sait les intérêts économiques que représentent en France les énergies renouvelables (trop peu aujourd'hui), comparé à ceux de filières telles que le nucléaire ou les énergies fossiles.
Comme le souligne Joël GUERRY, d'autres scénario que celui de Négawatt confirment la possibilité d'une trajectoire 100% renouvelable en 2050, celui de RTE ou celui de l'ADEME. La vocation de ces scénarios est de démontrer les différentes trajectoires possibles. Il nous appartient en tant que citoyens d'exprimer laquelle de ces trajectoires nous semble présenter le plus d'intérêt.
En ce qui me concerne, je trouve dangereux de continuer à mettre presque tous nos œufs dans le même panier en conservant une part d'énergie nucléaire aussi importante, d'autant que les énergies renouvelables, réversibles, facilement démantelables et non polluantes présentent de nombreux bénéfices économiques et sociaux.
@ M Gerry
- nous ne savons pas qui a élaboré le scenario Negawatt. Il est présenté à la fois par Greenpeace, et par le Syndicat européen des énergies renouvelables. La liste des spécialistes de l'énergie et des modélisateurs ayant participé n'a pas été publiée,à ma connaissance.
- on ne peut pas le valider vraiment, car les hypothèses et données d'entrée n'ont été publiées que partiellement, et nous n'avons pas les algorithmes et les codes informatiques du modèle.
- RTE est un organisme dont l'actionnaire est l'Etat. Ses salariés ne vont pas démontrer que l'Etat a tout faux. Ils tiennent à leur job.
- la seule critique indépendante que je connaisse est issue d'une mission parlementaire (rapport Percebois Mandil) qui est très sévère vis à vis des scenarii type Negawatt.
- voir mon point de vue No 45: analyse du scenario Negawatt.
L'évaluation indépendante de NegaWatt est indispensable
Je veux d’abord faire quelques remarques sur les commentaires précédents notamment ceux qui semblent refuser la demande d’une évaluation objective de NegaWatt 2050. Ce n’est pas parce que de nombreux ingénieurs ont participé à l’élaboration de ce scenario qu’il est nécessairement objectif. Il en est des ingénieurs comme de n’importe quels autres scientifiques : ils ont un domaine de compétence qui n’est pas universel. Je rappelle que Claude Allègre est un géochimiste dont les travaux scientifiques et la carrière de chercheur ont notamment été récompensés par le prix Crafoord en 1986 et la médaille d'or du CNRS en 1994, qu’il est membre de l'Académie des sciences et qu’il conteste encore aujourd’hui les conclusions du GIEC et son manque d’esprit critique au sens scientifique du terme. Donc on peut être bardé de compétences et avoir un point de vue « différent » de la « norme »… Il en est de même pour NegaWatt !
Je vois que face aux questions posées par la sous estimation des effets des productions aléatoires, le discours demeure « si on veut fermer le nucléaire »… Et le scenario Watt de RTE est mentionné à l’appui. Sauf qu’à la lecture on découvre certaines limites que seule la « foi » peut faire prendre pour résolues… Je cite.
En l’état actuel des technologies, le scénario ne pourrait pas être conduit sans l’installation massive de nouveaux moyens thermiques. Les émissions de CO² ne peuvent diminuer avec les technologies actuelles dans un tel scénario ; elles s’établissent alors à 32 millions de tonnes en fin de période, ce qui correspond à une augmentation modérée par rapport au niveau actuel des émissions du système électrique… Enfin, dans ce scénario, le maintien de la sécurité d’approvisionnement représente un véritable enjeu, et repose sur tous les leviers envisageables…Sur le plan technique, des questions sur l’inertie du système électrique apparaissent : elles doivent être instruites pour identifier les solutions qui permettent d’y répondre.
Donc, bien que l’enjeu de la transition énergétique soit de réduire la production de GES pour limiter l’augmentation de la température, on va mettre en service une quantité considérable de centrales à gaz (fossile n’en déplaise…) pour les 78% de productible que l’éolien n’assure pas et les 87% de productible que le photovoltaïque n’assure pas (facteurs de charge moyens annuels 22% pour l’éolien et 13% pour le photovoltaïque.
J’ajoute que le scenario suppose la réhabilitation de 500.000 logements par an, à raison de 40.000 € par logement minimum soit la mobilisation de 20 milliards d’€ par an qui ne sont pas amortis par les économies de chauffage des occupants. Comment on le finance ?
Ce scenario est donc possible mais par rapport aux enjeux il est inacceptable, donc on ne peut pas le citer en référence.
Et je crois que la faiblesse politique de NegaWatt tient dans le « mainstream » antinucléaire des personnes et des organismes qui l’ont élaboré. Le texte de ce point de vue N°24, indique l’absence des experts du système électrique dans la construction de NegaWatt 2050. Je ne vais pas alourdir ce commentaire ; je vais donc en joindre un second qui sera consacré à l’aspect physique incontournable de la fourniture d’électricité.
Mais cela témoigne en tout cas de la volonté de réduire les calculs à des notions moyennes annuelles qui mésestiment la nécessité d’assurer la production d’électricité pour équilibrer la demande car cette forme d’énergie est non stockable.
À titre personnel j’ai vécu la création de l’ADEME ; à l’époque on ne parlait pas de réchauffement climatique ni de gaz à effet de serre et j’ai constaté que s’y précipitaient le banc et l’arrière banc des lobbies antinucléaires qui voyait dans la maîtrise de l’énergie de le moyen d’éviter cette forme de production.
Donc je pense qu’il est plus que nécessaire de demander l’évaluation critique indépendante du scenario NegaWatt 2050 ! Je suis donc d’accord avec l’association qui porte ce « Point de vue N° 24 ».
Et la communauté autonome en énergie ?
Les énergies renouvelables dont le développement est fortement soutenu, éolien et solaire, sont mises à disposition essentiellement sous forme d’électricité. Elles nécessitent un réseau filaire (ce qui les différencie des transmissions hertziennes comme le téléphone et l’internet auxquelles il faut donc se garder de les comparer quand on veut parler de concurrence par exemple). L’électricité apporte une autre difficulté liée à la physique : elle est un mouvement d’électrons dans une structure métallique. On ne la voit pas, elle n’est pas facile à transporter à cause des pertes, et surtout elle ne se stocke pas. Quand personne ne consomme, les électrons ne bougent plus. Et dès qu’une consommation démarre il faut produire quelque part exactement la quantité nécessaire. C’est ce qui a conditionné partout dans les pays développés la façon dont les systèmes électriques (électriciens, lignes et consommateurs) se sont développés, intégrant la production et le transport (haute tension et distribution en basse tension) pour fonctionner.
Est venu se greffer sur ces réalités physiques, l’idéologie de la concurrence, au terme de laquelle par exemple le producteur X vous certifie que son contrat « week end vert » garantit que si vous démarrez votre machine à laver le dimanche, il injectera sur le réseau la quantité d’électricité garantie verte correspondante. Outre le fait que c’est plus facile à dire qu’à faire, ça donne impression au client que l’électricité c’est simple à faire fonctionner, comme chez soi quand on appuie sur un interrupteur et que la lumière s’allume.
L’idée que finalement une petite communauté qui disposerait d’une petite source d’énergie hydraulique, éolienne, solaire, de production de biogaz, etc. pourrait vivre en autonomie énergétique et ne serait plus obligée d’être raccordée au grand réseau électrique se développe en même temps qu’on parle de projets de territoire.
Et bien ce n’est pas si simple. L’électricité doit être d’une qualité irréprochable pour faire fonctionner les appareils qui sont tous aujourd’hui contrôlés par l’informatique. Non seulement la tension doit rester à l’intérieur de la fourchette sur laquelle tous les appareils des clients sont basés à savoir 230 V plus ou moins 10%, mais la fréquence aussi doit être garantir entre 49,5 et 50,5 Hz pendant 99,5 % du temps. Pourquoi ces contraintes ? Pour que le fonctionnement des appareils électriques soit conforme aux engagements du constructeur. Et c’est de plus en plus important avec les applications numériques.
Or ça ne fait pas tout seul ! Si la production est un peu inférieure à la consommation la tension va baisser et si elle baisse trop les appareils décrochent. Si la production est supérieure à la consommation, la tension va monter et ça peut « griller » les appareils ! Si une éolienne est toute seule sur un mini réseau, les fluctuations de vitesse du vent feront varier sa vitesse et donc la fréquence. Et là ce sont les applications numériques qui peuvent planter.
L’expérience des réseaux électriques « isolés » sur les iles montre qu’on peut difficilement garantir la qualité de l’électricité quand on a plus de 20 % de la production qui est aléatoire d’où la necessité d’avoir en complément des moteurs thermiques à fuel ou à gaz.
Une autre expérience est celle des auto-producteurs de photovoltaïque en toiture sur des bâtiments agricoles. L’un deux me demandait pourquoi toute l’électricité qu’il pouvait produire un jour fortement ensoleillé en été n’a pas été prise par ENEDIS sur le réseau de son hameau. Simplement parce que faute de consommation suffisante ça faisait monter la tension au-delà de la limite de 10% et que le réseau refusait cette production pour ne pas griller les appareils connectés dessus.
Donc il ne faut pas rêver la production électrique autonome non connectée au réseau électrique national ce n’est pas pour demain !
En revanche ce qui doit être développé c’est le solaire thermique. On peut chauffer de l’eau avec le soleil et la stocker, il suffit de panneaux qui font « serre » dans lesquels de simples tuyaux métalliques ou plastique accueillent une circulation d’eau. Et là il n’y a ni le problème environnemental du recyclage des cellules photovoltaïques, ni le problème des terres rares indispensables à ces sources d’énergie électrique renouvelables.
En conclusion, il y a dans le scenario NegaWatt 2050 beaucoup de calculs globaux et moyens qui laissent croire que tout est possible dans les objectifs drastiques de réduction des consommations d’électricité mais ni les contraintes techniques réelles ni l’acceptabilité sociale ne sont suffisamment analysées.
De quoi avez-vous peur ?
A MM. Guerry et Herbinet,
On dirait que vous avez peur de cette évaluation que demande notre association "Protégeons nos espaces pour l'Avenir" : serait-ce qu'en lisant le point de vue vous vous êtes dit qu'en effet il y avait pas mal de loups dans ce scénario N 2050, serait-ce donc que vous préférez repousser le malaise qui est en vous ?
Moi, je le dis clairement : de la même façon qu'au plan régional nous demandons l'évaluation publique du scénario REPOS de la Région Occitanie qui est un copié-collé sans le moindre discernement de NegaWatt 2050, de la même façon donc nous sommes prêts à faire évaluer notre propre projet pour la région, projet alternatif signé du Collectif TNE et appelé REPÒSTA, dont il est d'ores et déjà avéré qu'il coûtera presque deux fois moins cher que REPOS, qu'il respectera les citoyens des territoires ruraux ainsi que leur biodiversité, en s'appuyant sur les véritables resources de la région, bref un vrai projet !
RTE ... RTE dont j'ai lu les rapports n'a pas évalué dans le détail NegaWatt 2050, point-clé par point-clé. Il a sans doute repris les bonnes pages qui l'intéressaient, je pense aux points-clés n°4 et n°5, pour en retirer son propre miel, avec sa propre vision.
La LTE de 2015 ... bourrée d'erreurs techniques elle aussi : devez-vous l'établir comme référence absolue ?
L'ADEME ... son scénario est extrêmement proche de Negawatt, et on comprend bien pourquoi : l'ADEME fait en effet partie du lobby Negawatt-CLER-RAC F- SOLAGRO etc., au point qu'il existe une même personne qui siège dans tous les CA de ces organismes y compris l'ADEME, agence d'Etat : n'est-ce pas troublant ? Il faudra d'ailleurs en parler à la Cour des Comptes, et à la HATVP.
Les ingénieurs de NégaWatt sont certainement d'honorables ingénieurs sur leur terrain, mais il est clair que Negawatt n'a pas travaillé dans la pluridisciplinarité, puisque ce scénario N 2050 souffre de graves erreurs techniques dans trois domaines : l'électricité, la modélisation économique, et la prise en compte des questions environnementales (qui ne se résument pas à la diminution des GES et qui doivent prendre en compte la biodiversité et d'autres menus sujets ..) et sociétales, tout çà çà fait pas mal de trous dans la raquette, non ? Et c'est bien pour cela que nous demandons cette évaluation.
Ah, j'oubliais : ces EnR "facilement démantelables et non polluantes", connaissez-vous la réalité des choses ? Prenez donc les éoliennes pour lesquelles l'opérateur doit déposer une caution de 50 k€ par machine, savez-vous qu'en réalité le démantèlement coûte entre 300 et 400 k€ par machine, savez-vous que le jour venu comme on l'a vu partout dans le monde l'opérateur officiel (cette petite boîte au capital de 1000 € qui a financé son investissement par emprunt) aura disparu du côté de certains paradis fiscaux ? La machine restera là, et nous aurons de remarquables friches industrielles à la campagne.
De même, j'ai demandé publiquement à ma Région si elle avait prévu une filière de déconstruction des panneaux solaires : eh bien non !
Vous savez bien, enfin, que tous ces produits importés, fabriqués dans des conditions contestables au plan HSCT dans des pays peu regardants, tout cela donne un indice carbone et un indice de développement humain très discutable.
Notez que je ne suis pas contre toutes les EnR : mais il faut faire preuve de discernement et certaines d'entre elles sont plus acceptables que d'autres, quand on fait un bilan complet (technique, économique, social, environnemental). Quant au 100% EnR, il aurait un coût démesuré, comme nous le démontrons en Occitanie.
Alors je vous en prie, Messieurs, relisez donc plus à fond notre point de vue n°24, et admettez qu'il y a lieu de faire réaliser cette évaluation par une autorité légitime et indépendante.
Quand l'idéologie remplace le progmatisme
Pour arrêter le nucléaire Negawatt contraint à un développement extrêmement couteux des énergies renouvelables, électrogènes en particulier, à des efforts d'efficacité énergétique extrêmes et interdit un recours à l'électricité décarbonée qu'est le nucléaire, pourtant souple d'utilisation et économiquement compétitif.
Le résultat: une "nouvelle société", pleine de contraintes et pour les familles une précarité énergétique de plus en plus accentuées (voir le prix de l'électricité en Allemagne et au Danemark, leurs modèles).
Mais également un recours à des technologies dont le réalisme reste à démontrer.
Il ne faut pas confondre planification, sur des bases solides et prospectives hasardeuses.