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Point de vue n°8

La programmation pluriannuelle de l’énergie doit être réaliste sur les plans techniques, économiques et sociaux.

2659 (PARIS)

L'électricité en France, sans énergie solaire et éolienne, est déjà décarbonnée. Les efforts doivent donc porter sur les autres secteurs d'émission : transport et chauffage. Le développement des énergies aléatoires (vent et soleil) et la diminution de la part du nucléaire ne peut qu'augmenter les émissions de CO2 et conduire à des surcoûts inutiles et à aggraver le déficit commercial.

Commentaires

Une étude très objective en convergence avec les cahiers d'acteurs de IED et Richard Lavergne. A lire
26 académiciens des Sciences ont écrit dans ce sens lors de la campagne présidentielle. Ecoutons les.

92190

Nous nous sommes livrés au calcul des coûts du scénario REPOS 2050 de la Région Occitanie, un copié-collé sans discernement de NégaWatt 2050 : rien que pour la production d'électricité (capacitaires EnR à créer, coûts de raccordement, et coût des 12000 MW de capacitaire à créer pour la substitution), cela revient à 86 milliards d'euros, soit en moyenne 1000 € par ménage et par an pendant 32 ans : comment un ménage vivant sur la base du SMIC pourra-t-il supporter cela ? On me répondra peut-être qu'un relais sera pris par des opérateurs financiers, ou bien par une évolution à la hausse de la taxe cspe, le prix à payer n'en sera pas moins celui que j'indique.
(je tiens le tableur et mes sources de calcul à disposition)
Et encore, ces 86 milliards, c'est sans tenir compte des coûts liés à l'hydrogénation (électrolyse et stockage), ni des réseaux de chaleur à créer, ni des investissements privés débouchant sur une autoconsommation.
Sans tenir compte non plus de ce qui devrait constituer l'investissement primordial au plan des émissions de gaz à effets de serre à savoir l'accompagnement financier (aides et subventions), bancaire et assurantiel aux arbitrages individuels en matière de sobriété énergétique : isolations, mode de chauffage, mobilité-transport.
Il faut bien tout mesurer, et penser que bien des citoyens ont peu de ressources pour vivre, notamment en Occitanie qui est une région réputée pauvre (source : Energaïa 2017).

12150

Bonjour
D'ou sortent les 86 milliards que vous evoquez?
Enfin, les comparez vous aux 100 Md€ du Grand Carénage?
100Md€ pour seulement 10ans de prolongement de duree de vie...
J'aimerai que ceux qui annoncent la compétitivité du nucleaire nous rappellent en detail (1) ce que nous a couté le nucleaire (2) ce que ca nous coûte (3) ce que ca va encore nous coûter? En n'omettant aucun coût tels que ceux qui passent dans nos impots et qui ne sont pas sur les factures d'elec?
Il ne suffit pas de dire que c'est competitif et que les EnR ne le sont pas. Il faut le prouver et prendre en compte TOUS les coûts du nucléaire.
Enfin n'oublions pas que les coûts des EnR ont baissé en quelques annees alors le nucleaire va dans le sens inverse, on ne peut pas le nier.

13000

Quand il y a du vent et du soleil, en général, il y en a partout en Europe. Et l'inverse est vrai aussi. Un examen des suivis de production heure par heure via les sites internet mis en place par différents organismes (eCO2mix, Fraunhofer...) le montre. (fig no1)
A partir d'un certain niveau d'ENR intermittentes, si on a un marché libre, on aura un effondrement des prix quand elles produisent, et elles ne pourront se "refaire" quand il n'y a ni soleil ni vent.
C'est ce qui se passe en Allemagne, effondrement du prix de gros de l'électricité, et doublement du prix au consommateur.
Le coût de l'Energiewende allemande, au final, est estimé à 1000 milliards d'euros. ( car en plus de l'investissement en ENR, il faut ajouter le surinvestissement en réseau électrique, et le coût du back up, puisqu'on ne sait pas stocker)

Et les centrales classiques y sont en quasi faillite, car elles ne produisent plus assez.

Rien ne justifie le développement des ENR aléatoire: le back up fait augmenter le CO2, c'est un surinvestissement quasi inutile, elles perturbent gravement la stabilité des réseaux, elles ne peuvent exister sur un marché concurrentiel, elles creusent notre déficit commercial.

75013

Il faut en effet mettre tous les chiffres sur la table, et bien évaluer les projets :
1. voici les éléments de calcul que vous demandez portant sur les 86 Mds € de la Région Occitanie :
La Région Occitanie ayant fourni les productibles 2016 et projetés 2050 (EnR par EnR, et encore pas toutes … en occultant du reste toute autre solution d’énergie, ce qui n’est pas réaliste), connaissant les facteurs de charge respectifs, l’on en déduit les capacitaires à créer. Quant aux coûts unitaires d’investissement, raccordements compris, qui en résultent, on les trouve chez RTE et à l’ADEME.
Reste à y ajouter les capacités de substitution nécessaires pour compenser l’intermittence de certaines de ces EnR, soit 12000 MW, autrement dit plus de deux fois la puissance hydraulique installée considérable de l’Occitanie (Aveyron et Pyrénées), source TNE Occitanie Environnement. Sauf à ce que la Région ait décidé d’organiser un retour à des pénuries, dont les victimes seraient toujours les mêmes (populations rurales et populations à faibles revenus), choix implicite dont j'observe qu'il serait cohérent avec son aveu, poussée dans ses retranchements, d’avoir raisonné « en moyenne annuelle ». Mais où serait alors le progrès économique et social ?
Reste à valoriser le coût d’investissement de ce capacitaire complémentaire : pour cela nous avons retenu la solution pilotable la moins coûteuse connue, à savoir des turbines à gaz, en acceptant l’hypothèse que ces gaz puissent tous être d’origine renouvelable, hypothèse dont la faisabilité n’est pas prouvée car l’on ne peut pas accepter sans sourciller cette réponse de la Région que « d’ici là, n’est-ce pas, l’on aura bien trouvé des usages à l’hydrogène ».
Donc, 86 Mds € sur 32 ans.

2. ces 100 Mds € du Grand carénage que vous évoquez :
Comparons donc les chiffres ainsi mis sur la table. D’autres contributions au débat en cours ont d’ailleurs évoqué ce grand carénage et surtout, avons-nous observé, évoqué la difficulté méthodologique correspondante.
Indépendamment de cette difficulté méthodologique, je vous suggère cependant de faire des comparaisons sur un périmètre géographique, économique et humain identique, donc la France entière.
Sachant que l’Occitanie représentera sur la période 2016-2050 de l’ordre de 9% de la population française, vous devrez alors comparer France entière 955 Mds € sur 32 ans (86 divisé par 9%) soit 29,9 Mds € par an à 100 Mds € sur 10 ans (si votre chiffre est validé) soit alors 10Mds € par an. Et encore, les capacitaires de substitution seront dans la plupart des autres régions relativement plus élevés qu’en Occitanie, qui a la chance d’avoir un parc hydraulique important (30% de sa production électrique). Donc, compter plutôt 31 Mds € par an d’un côté, 10 Mds € par an de l’autre.

3. proposition de conclusion :
Pour un pays aux traditions d’équilibre comme la France, évaluons donc et mesurons toute chose, et surtout évitons de nous montrer trop binaires.
Il convient d’ailleurs de ne pas isoler la composante énergétique de son contexte environnemental, mais aussi sociétal, mais encore économique. C’est pourquoi la voie à suivre résulte probablement dans un mix équilibré, convenablement évalué par une autorité légitime et indépendante de tout groupe d’influence, qui intègrera pleinement les quatre besoins suivants :
- techniques : qualité et régularité de la fourniture d’énergie
- économiques : des investissements ramenés au juste nécessaire, et au final un prix acceptable pour les ménages et pour les entreprises.
Ce prix doit prendre en compte comme vous le recommandez l’ensemble des coûts, en évitant tout biais communication/ marketing du style de celui récemment entendu « rassurez-vous, par des montages financiers adaptés nous saurons limiter ces coûts. », car jamais un montage financier n’a permis d’éviter que les ressources affectées à un projet ne seront plus disponibles pour d’autres usages.
- sociaux : des solutions acceptées par les populations, et compatibles avec l’attractivité des territoires
- environnementaux : respect de la biodiversité, et réduction effective des gaz à effets de serre, donc en prenant en compte l’impact carbone total résultant des actions menées au titre de la sobriété énergétique et l’impact carbone effectif de chaque solution énergétique : n’est-ce pas la priorité affichée par la France ?
Ce que j'écris là, çà s’appelle un début de cahier des charges pour une transition énergétique et environnementale réussie. A réaliser par un organisme public indépendant de tout groupe de pression.
Cordialement,

12150

Dans ce cas comment expliquez vous que tous les pays developpent massivement les EnR ?
Comment expliquez vous que les EnR font l'objet des plus gros investissements que le nucleaire par exemple?
Tous les decideurs/investisseurs/banques/industriels etc seraient ils tous idiots?
Vous citez l'exemple allemand mais quid du modèle suédois?
Encore une fois le nucleaire en France ne va pas etre completement arreté comme en Allemagne et les EnR peuvent tt a fait venir remplacer une part de ce nucleaire. Je fais confiance a RTE et Enedis qui l'ont confirmé...

13000

Vous dites:
"Dans ce cas comment expliquez vous que tous les pays développent massivement les EnR ?"
Parce que les industriels y voient un business rémunérateur, car subventionné, les écologistes leur jouant le rôle d'"idiots utiles".

Vous dites:
"Tous les décideurs/investisseurs/banques/industriels etc seraient ils tous idiots?"

Non, ils sont affairistes, et profitent de l'ignorance du monde politique et des citoyens.

Vous dites:

"Encore une fois le nucléaire en France ne va pas être complètement arrêté comme en Allemagne et les EnR peuvent tout a fait venir remplacer une part de ce nucléaire. Je fais confiance a RTE et Enedis qui l'ont confirmé..."

Les ENR peuvent remplacer une part de l'ENERGIE nucléaire mais du fait de leur caractère aléatoire ne peuvent pas remplacer la CAPACITE nécessaire à la pointe s'il n'y a pas de vent et de soleil.
La décision d'augmenter les ENR, donc d'ajouter des coûts sans réel bénéfice, est purement politique et électoraliste, pour se conformer à l'opinion publique, elle même bernée par des contre vérités.

RTE et NDIS sont des entreprises d'Etat, elles ne vont pas aller en sens opposé du gouvernement.

Vous dites:

"Vous citez l'exemple allemand mais quid du modèle suédois?"
L'ensemble Suede plus Norvège plus Finlande est un groupement alimenté par l'hydroélectricité et le nucléaire.

C'est possible du fait de leur configuration: très faible population par rapport à la superficie et à l'hydroélectricité disponible.
Le modèle suédois est proche de e que serait un modèle français sans ENR.

75013

Merci pour ces éclairages,
on comprend à la lecture de vos arguments que finalement, vous avez tout compris, et que tous les autres se plantent... Je pense qu'il faut que vous élargissiez un peu votre point de vue car votre vision est très réductrice.

Qq derniers points:
- sur les coûts: encore une fois, les EnR ont l'intérêt de produire de l'énergie à un coût de plus en plus faible, intermittence comprise... c'est une des raisons qui fait qu'il serait dommage de s'en priver car elles ne coûtent pas cher! A ce sujet, lisez la note de la SFEN de mars 2018 (*) sur le cout du nouveau nucléaire, qui demande clairement à l'Etat de participer à la prise de risque du nucléaire (car les investisseurs privés sont de moins en moins prêts) et de mettre en place par exemple un système de tarif d'achat comme au UK avec Hinkley Point (tarif qui rappelons-le est de l'ordre de 110€/MWh alors que les derniers parcs éoliens offshore au UK (raccordement inclus) sont descendus dans les 65€/MWh... Cet appel à l'aide auprès de l'Etat montre bien la difficulté de financer une industrie chère et risquée...
- il n'y a pas que de l'hydraulique en Suède, 10% de la production est issue de l'éolien par ex. et le pays souhaite encore augmenter la part des EnR...
- RTE et Enedis connaissent bien les enjeux des réseaux et leur capacité à intégrer des EnR, tout comme bon nombre de gestionnaires de réseaux étrangers; la peur du black-out est un faux argument.

(*): Note SFEN mars 2018, sur la bibliothèque du Débat

13000

A Thomas de Marseille du 13/04/2018:
1) A mon avis, 86Mds est la fourchette basse du projet REPOS
2) On ne peut comparer les travaux du grand carénage à ce que voudrait faire l’Occitanie.
- Ce grand carénage consiste à remettre à neuf l’ensemble des centrales (sauf les cuves réacteurs, bien sûr), fiabiliser les sources d’énergies internes pour les arrêts et les redémarrages mais également, remplacer les systèmes de contrôles et de commandes.
- L’Occitanie, c’est faire de la com sur des éléments complètement farfelus.
3) 100Mds pour le grand carénage, c’est pour faire fonctionner les centrales dans les spécifications de sécurités prévues par l’ASN, l’IRSN et EDF.
4) La compétitivité du nucléaire n’est pas à démontrer. La loi Nome a fixé le tarif à 42€ le MWh pour l’AREHN. Ce qui comprend : le PR du nuc + le traitement des déchets + le démantèlement + la gestion pour l’ARENH + la marge bénéficiaire (rappel : le prix moyen sur le marché de gros européen EPEX est en 2017 de 45€/MWh. EDF rachète l’électricité éolienne à 90,7€ MWh pour les contrats éoliens passés avant 2017).
Le coût du tout ENR français a été chiffré par Carbone4 à 7 000 Mds€ !! La démonstration est donc faite et seuls, les promoteurs des ENR éoliennes et PV doivent démontrer sur le long terme qu’ils sont compétitifs.
5) C’est vrai que le coût des ENR a baissé du fait que les panneaux construits en Chine utilisent comme source d’énergie pour la purification du silicium, du charbon ou lignite… Quant à l’éolien, il trouve son juste prix par les AO de la CRE à environ 70€/MWh. Ce tarif sur AO démontre, comment se sont faites les fortunes des promoteurs sur le dos des Français. Nota : un panneau solaire importé de Chine à un impact carbone entre 200 et 300g/kwh. Le réseau Français actuel est de 50 g/kwh et si on construit les panneaux solaires en France, on tombe à 35g/kwh.

34700

A M. Thomas de Marseille du 15/04/2018
1) Le développement massif des ENR est essentiellement dû à l’interprétation du rapport Meadows de 1972. Ce rapport avait calculé la décroissance du pétrole (peak oil) pour 2005. On sait aujourd’hui que cela concernait les extractions conventionnelles. Les non conventionnelles (fractionnement ou bitumineux) ce sera pour un peu plus tard (2020…). Il a donc été facile de tromper les politiques sur une problématique complexe de l’énergie en général… et ses conséquences démontrées plus récemment sur le climat en particulier.
Dans tous les pays ou on a installé des ENR, les réseaux électriques sur lesquels sont accrochés les producteurs et les consommateurs, étaient évidemment existants, les lois de la physique faisant le reste, elles ont, au début, produit sans problème.
C’est ainsi que les politiques en ont conclu un peu trop rapidement que c’était le Graal ! en effet, pas d’émission de CO2, une énergie apparemment infinie, et surtout, une énergie qui devait être compétitive. (c’est comme cela qu’en Espagne, pour 20 GW d’éoliennes, il a fallu installer 17 GW de TAG ! ou, si l’Allemagne ne fait pas cadeau de son excèdent éolien, les fils rougissent… ).
Nota : Que ce soit clair, sans le réseau électrique Français, les ENR que sont l’éolien ou le PV ne fonctionneraient pas ou à un tarif 4 à 5 fois plus élevé car, il faudrait construire systématiquement des substitutions de même puissance que les éoliennes plus les raccordements qui vont avec. Or, ce sont les Français qui ont financé le réseau actuel sur lequel les promoteurs éoliens viennent se raccorder sans payer une juste rétribution !
2) Concernant les investissements ???, ce sont tous les français qui payent… et beaucoup ! Rappel : lorsqu’un promoteur éolien construit un ensemble de plusieurs éoliennes, c’est qu’il a obtenu un prêt bancaire dont la garantie est le rachat de l’électricité produite garantie par l’état. Mais au final, via nos impôts et la CSPE, c’est donc in fine, les Français qui payent les banquiers !
3) Non ! Les décideurs, banquiers, promoteurs ne sont pas idiots ! Ce sont juste des opportunistes. Ils ont en face d’eux des incompétents (les politiques qui ne comprennent très souvent rien à rien !), d’autres opportunistes mais la très grande majorité sont des gens simples, qui font confiance à leurs élus, qui n’ont aucune raison de supposer qu’on leur cache la vérité et qui sont surtout très mal informés sur le devenir de leur argent !
4) Non ! RTE n’a jamais dit que l’éolien allait remplacer le nucléaire et pour une seule et unique raison, c’est que RTE sait de quoi il parle ! Mais si vous, vous ne comprenez pas, pour que ce soit le cas, il faudrait que l’éolien soit fiable et prédictible, le FC au moins de 75%, que les coupures et durées de fonctionnement soient prévisibles au moins 48 heures à l’avance, que l’éolien soit pilotable, que l’éolien puisse régler automatiquement sa fréquence et sa puissance etc… ce qui voudrait dire que, fini la vente à EDF au premier KWh produit ! bref fini les subventions… fini l’éolien.

Voila M. Thomas de Marseille

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