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Point de vue n°147

Quelle énergie demain ? Des jeunes s’interrogent...

Kelly ANONYMISé (Evry)

Nous sommes un petit groupe de jeunes intéressés par l'avenir énergétique de notre pays. Nous avons souhaité nous mobiliser et contribuer au débat public 2018 sur la programmation pluriannuelle de notre énergie (PPE 2018).
Conscients que notre avenir est en jeu dans cette transition écologique dont l'énergie est une composante essentielle, nous trouvons que la transition énergétique peine à se mettre en place, se cherche et n'a pas encore proposé les solutions satisfaisantes et durables.
Nous observons les mauvais résultats de notre pays dont les émissions de CO2 non seulement ne diminuent plus mais remontent depuis 3 ans (comme le montrent les indicateurs SNBC mis en place par le ministère de la transition écologique et solidaire – SNBC, pour stratégie nationale bas carbone).
Nous nous interrogeons aussi sur la loi de transition énergétique pour une croissance verte de 2015 (LTECV 2015), responsable semble-t-il de ces mauvais résultats.
Avant de nous engager plus avant dans le débat, et, pour certains d'entre nous demain, dans des actions concrètes pour une transition énergétique durable, nous avons souhaité questionner les faits (plutôt que les opinions, les croyances, les idéologies ou les positionnements politiques ou financiers, qui, nous le savons, ne seront pas non plus absents du débat).
Nous regrettons que cette réalité des faits sur les enjeux énergétiques ne soit pas mieux expliquée. Nous nous sentons parfois manipulés, voire désinformés par les médias ou les responsables politiques. Nous ne nous reconnaissons pas toujours dans les décisions prises, motivées par des intérêts court terme qui ne sont pas toujours les nôtres, ceux de notre génération.
Nous avons dans un premier temps rassemblé nos questions, et, en réponse, une analyse factuelle et objective des enjeux énergétiques de la France en 2018, dans une courte vidéo que nous apportons comme notre contribution au débat et qui est accessible ici :

https://www.youtube.com/watch?v=CLx6EY4S_vY&t=14s

Julien, Kelly, Clément .....

Commentaires

Julien, Kelly, Clément …, soyez remerciés pour votre engagement dans ce débat qui avait bien besoin de votre fraicheur, mais aussi de vos interrogations pertinentes sur un sujet qui ne passionne guère les foules.

Merci aussi aux modérateurs qui ont osé la publication de votre avis dont les propos sévères à l’endroit de la loi transition énergétique pour une croissance verte auraient justifié un carton rouge, la critique de cette loi n’étant pas acceptée aux termes du cahier des charges imposé par le ministre à la CPDP.

A l’autre bout de l’échelle du temps, les « anciens du nucléaire » ont commis un cahier d’acteurs (N° 57) dont les arguments rejoignent vos critiques.

C’est ainsi que vous « avez questionné les faits », et chacun sait combien ils sont têtus, plutôt que des opinions dogmatiques dont les excès sont porteurs généralement de très mauvaises solutions aux problèmes posés.

Pour ce qui nous concerne et dans la même logique, loin de réclamer plus de nucléaire, nous recommandons simplement que toutes les formes de production d’électricité trouvent chacune leur juste place dans notre mix énergétique. Une place mesurée à l’aune de critères techniques, économiques, environnementaux et sociétaux par des opérateurs qui devraient avoir la responsabilité de décider de leurs moyens de production. Les faits, rien que les faits !...

Vous avez aussi raison de déplorer la mauvaise information faite sur les enjeux énergétique de notre pays et plus encore de vous sentir manipulés par des médias peu scrupuleux. L’émission de France 5 « L’impasse du nucléaire », diffusée pendant ce débat, en est la triste confirmation. Il s’agit ici d’une véritable caricature d’un journalisme qui relève d’un autre temps et qui ne fait guère honneur à la télévision d’Etat !...

Enfin, vous avez bien fait de noter les mauvais résultats de notre pays en terme d’émission de CO2 en raison de la LTECV qui a confondu objectifs et moyens, oubliant au passage de considérer prioritaire le seul objectif pertinent de limitation des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, un enjeu vital pour les générations futures dont vous faites partie…

Julien, Kelly, Clément …, les « anciens du nucléaire », commençaient à désespérer de se faire entendre. Et sans doute aussi beaucoup de scientifiques de renom ou de spécialistes du domaine de l’énergie comme ceux de l’Académie des sciences, de l’Académie des technologies, de l’Institut Montaigne ou de la Cour des comptes devaient être dans ce même état d’esprit.

Votre contribution à ce débat nous rend plus confiants dans un avenir finalement moins sombre que nous le craignions.

C’est pour cela que rien n’est perdu…

Alain Desgranges
Porte-parole du Collectif des anciens du nucléaire.

33110

Il est effectivement important de se poser les bonnes questions et votre initiative est intéressante.

J'émettrai quand même un petit bémol sur le choix que vous avez fait d'interroger Mr Salanave, pro-nucléaire affirmé et qui publie régulièrement des articles critiquant les énergies renouvelables, souvent à tord.
A la lecture du blog de Mr Salanave *, l'idée du nucléaire "sans strictement aucun défaut" saute aux yeux. L'éolien et le solaire en ont par contre beaucoup: pollution visuelle, emprise, déchets!, intermittence, subventions, etc. et ils sont visiblement tous insurmontables en France.

C'est donc un peu dommage de ne pas avoir fait appel à un expert totalement indépendant, qui répond par des faits et non pas par certaines fausses idées reprises par bon nombre de détracteurs aux énergies renouvelables comme le fait Mr Salanave.

Pour donner un avis personnel sur les questions posées:

Objectifs de la PPE / TE:
Effectivement, la transition énergétique et la PPE doivent mettre l'accent sur la réduction des émissions de CO2, particulièrement causées par le transport. Si il est facile de le dire, il est visiblement moins facile de le mettre en oeuvre : à notre niveau, préférons les transports en commun, le vélo ou la marche! Au niveau de l'Etat (et de l'Europe), il serait peut-être temps de réduire les subventions et aides qui bénéficient encore largement aux énergies fossiles, plus qu'aux EnR (cf. étude de la Commission Européenne sur les niveaux de subventions accordées aux différentes énergies *) ; à ce sujet, aux pro-nucléaires qui critiquent les subventions allouées aux EnR ("pour enrichir les vilains promoteurs éoliens"), je leur demande de regarder l'énergie qui est loin devant tout le monde en Europe depuis les 40 dernières années... cf. figure S-5 page 6. du rapport de la CE.
Enfin, voir également cet autre rapport ** sur les subventions allouées de l'Europe aux fossiles (112 Md€/an visiblement!). C'est donc sur ça qu'il faut taper, et pas entièrement sur les subventions allouées aux EnR comme le fait Mr Salanave dans cette interview !!

Pour la France, l'objectif de la PPE est également de réduire sa dépendance au nucléaire pour plusieurs raisons:
- le nucléaire coûte de plus en plus cher (notamment du fait des exigences en termes de sûreté, du fait des opérations à venir (Grand Carénage), du fait de la complexité des EPR de 3eme génération (coût passé de 3 à 10,5Md€), du fait des coûts de démantèlement des centrales et de stockage des déchets, etc. Ces coûts importants ne sont tenables qu'avec un soutien fort des Etats (et donc du contribuable). Ces enjeux coûts ne sont pas neutres, et le nucléaire est la seule énergie à avoir une courbe des coûts positive, alors que les autres énergies ont vu rapidement leurs coûts décroitre, en une décennie pour l'éolien ou le solaire par exemple. Il est donc normal de se dire que le tout nucléaire (pour la production électrique) à termes n'est peut-être pas la meilleure solution en termes de compétitivité.
- le nucléaire pose des questions en termes de sûreté, quoi qu'en dise les amoureux du nucléaire, le risque reste réel (cf. Fukushima, cf. sabotage dans une centrale belge, cf. falsifications des documents de contrôle de l'usine du Creusot pour Flamanville, etc.). Par ailleurs, les rapports de la Cour des comptes sur le nucléaire montrent bien que l'assurance de l'exploitant EDF est largement sous-dimensionnée et que l'Etat sera quasiment le seul à prendre en charge les conséquences d'un accident majeur. Sur Fukushima, le coût est estimé selon les sources entre 200 et 400 Md€ ! Qui paye? Quel coût du kWh nucléaire en prenant en compte ce coût?
Par ailleurs, on lit souvent que l'EPR coûte cher en partie car l'industrie a failli perdre le savoir-faire et la connaissance du fait du départ à la retraites des salariés ayant participé au programme nucléaire des années 70/80. Cela voudrait donc dire qu'en seulement 40 ans, le savoir a déjà failli disparaître? Quid du savoir à perpétuer pour les futurs démantèlement si plus personne ne sait comment les centrales ont été construites? Quid du savoir à perpétuer si plus personne ne sait où sont les déchets et de quelles manières ils sont stockés (encore plus pour les périodes envisagées) ? Cette perte du savoir et de la connaissance est essentielle dans les questions de sûreté, et elle a également un coût que l'exploitant doit prendre en charge de manière sérieuse. Est-ce bien le cas chez EDF?
- le nucléaire pose des questions sur le renouvellement de son parc actuel qui va devoir se moderniser (au niveau de l'exigence EPR) pour passer le cap des 40 ans, et éventuellement 50 ans... Ce renouvellement va impliquer des arrêts sans doute longs, des coûts importants à encore fiabiliser selon les recommandations de l'ASN, et possiblement des centrales qui ne passeront pas ces caps. En ce sens, des énergies de substitutions non émettrices de CO2 doivent être développées pour être disponibles à ces échéances.
- le nucléaire pose des questions sur les réacteurs de nouvelles générations (4eme?) ou sur les projets tels qu'ITER: quels coûts et quels délais pour arriver à des solutions compétitives, sûres?

Alors certes, l'éolien ou le solaire ne semblent pas aujourd'hui totalement prêtes pour remplacer complètement notre nucléaire français, mais leurs arguments (coûts de l'énergie produite en forte baisse, pas de déchets toxiques comme semble dire Mr Salanave dans ses posts, installation et démantèlement en quelques jours, équipements quasiment entièrement recyclables même pour le solaire, etc.) font qu'elles ne doivent pas être mises de côté ou réservées pour les pays d'Afrique (comme le dit encore Mr Salanave).

Et il faut effectivement ne pas se focaliser que sur ces énergies électriques, mais prendre à bras le corps le sujet de la pollution atmosphérique et des émissions de CO2.

PS: 2 points en réponse aux "Anciens du nucléaire":
- lorsque l'on voit le nombre de contributions anti-EnR lors de ce débat, ne vous inquiétez pas, je pense qu'on vous êtes entendus ;-).
- vous indiquez qu'il serait important de faire appel aux vrais experts pour cette PPE, mais ne serait-il pas temps que ces experts réalisent alors une véritable étude indépendante en réponse à celles très complexes faites par RTE qui sont critiquées mais peu ou pas challengées ?

* https://ec.europa.eu/energy/sites/ener/files/documents/ECOFYS%202014%20S...

** http://www.liberation.fr/planete/2017/09/29/ue-112-milliards-d-euros-de-...

13000

Monsieur Thomas, vous devriez lire le rapport de la Cour des Comptes pour voir combien coûtent les engagements pris pour les électricités renouvelables intermittentes: 121 Mds d'€ sur la durée des contrats pour une production de 40 TWh quand il a du vent et du soleil.
121 Mds d'€ représente 2,5 fois le coût du grand carénage des 58 tranches nucléaires qui produisent 420 TWh par an.
Je pense que votre phobie obsessionnelle vis à vis du nucléaire ne vous permet pas de voir que le problème le plus important est le changement climatique donc qu'il n'a rien à voir avec le nucléaire.

69003

Et je pense que vos phobies obsessionnelles envers les EnR devraient l'etre plutôt envers les fossiles.
Regardez les rapports que je cite. Les fossiles sont encore largement subventionnées, oui ou non? Est ce normal selon vous?
Alors pourquoi les defenseurs de l'energie decarbonée ne cessent de taper sur les EnR au lieu de taper sur le fossile?

Les EnR et le nucleaire ne sont pas incompatibles mais vos multiples contributions font croire que si... elles vous font donc si peur?

13000

Un grand coup de chapeau à nos jeunes qui dans leur vidéo posent les bonnes questions ! Les mêmes que celles évoquées dans le cahier d'acteurs que vient de publier l'Académie des Sciences : La transition énergétique doit tenir compte des réalités scientifiques, technologiques
et économiques. Rien que du bon sens, loin de l'idéologie et des courants de pensées du moment. Merci aux jeunes de s'emparer de leur avenir, quand on entend encore trop souvent parler d'héritage laissé aux générations futures !

86320

Bravo pour ce point de vue plein de bon sens qui est réconfortant dans la querelle stérile entre certains lobbies antinucléaires, pro-EnRi, et d'autres pro-nucleaires.
Il semble que la raison s'oppose à la passion avec des positions difficilement reconciliables.
Ayant participé à un débat public organisé à Nyons, je renouvelle une question au MO: Pourquoi la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) ne s'impose t-elle pas à la Loi sur la transition énergétique et la croissance verte (LTCEV) ?

26200

Monsieur Thomas,
Je trouve que vous soulevez beaucoup de questions sur le nucléaire en omettant que depuis 40 ans, Fessenheim a démarré en 1977, l'industrie nucléaire y a déjà répondu. Ce parc a été correctement maintenu, modernisé, son niveau de sûreté à sans cesse été amélioré.
L'ASN ne s'y trompe pas puisque, prenant le cas de Fessenheim, elle a donné son accord pour une prolongation d'activité de 10 ans.
Investir 45 milliards d'€ pour prolonger la durée de vie du parc nucléaire qui fournit 75% d'une électricité décarbonée, compétitive et ... pilotable me paraît plus judicieux que subventionner à hauteur de 121 milliards d'€ des ENR qui ne produiront que quelques % de notre électricité, pas forcément quand nous en auront besoin et du coup seront incapables de remplacer d'autres moyens de production.
L'exemple Allemand doit nous faire réfléchir. La France n'a ni le charbon, ni les ressources financières de l'Allemagne pour s'offrir 2 modes de production d'électricité: un quand la météo le permet soit 25% du temps et un autre pour les 75% du temps restant.
L'électricité représente 1/3 de l'énergie consommée en France. Elle est déjà décarbonée et compétitive grâce au nucléaire et à l'hydraulique, la priorité doit être portée sur les 2/3 restants: efficacité et sobriété énergétique.
Les ENR sont actuellement un luxe que nous ne pouvons nous payer. Par contre rien n'empêche les investisseurs privés de se lancer dans ces projets ENR mais sans recourir à l'argent de la collectivité. Et là, ils n'y vont pas.

10400

@Thomas,

vous dites:"Les EnR et le nucleaire ne sont pas incompatibles mais vos multiples contributions font croire que si... elles vous font donc si peur?"

Inutiles, mais pas incompatibles, c'est ça ?

Et donc, si on mettait les moyens financiers dédiés aux ENRi sur des programmes de réduction du fossile?

63500

Comme beaucoup d'autres lecteurs, sûrement, j'apprécie l'engagement de ces jeunes gens. Il est trop rare de rencontrer des gens, singulièrement des jeunes qui vont plus loin que la doxa.
Je souhaite réagir à l'avis de M. Thomas sur CNDP / le 14 Juin 2018 :
Il a lui aussi le mérite de s'investir dans un sujet qui ne le laisse pas indifférent. Restant dans l'euphémisme, je voudrais ajouter une nuance à son petit bémol à "la référence Salanave".
Oui, M. Thomas, le nucléaire fait peur, une peur irrationnelle (seul l’accident de Tchernobyl dû à une cascade d'insuffisances et de prises de risques majeurs a entraîné des dizaines de morts en 1986 (en 60 ans d’exploitation de 600 unités électronucléaires). Fukushima qui évoque immanquablement une deuxième catastrophe nucléaire, a certes entraîné 18000 morts et de nombreux blessés mais aucun n’est attribuable au nucléaire. Faut-il pour autant condamner le nucléaire ; beaucoup beaucoup moins morbide et mortifère que des tas d'activités humaines plus familières.
Tous les griefs de M. Salenave à l’égard des éoliennes et des panneaux photovoltaïques sont malheureusement réels. Les plus inconciliables avec la sécurité d’approvisionnement et la réduction des émissions de GES, sont leur très faible productibilité énergétique ( 5 à 7 fois plus faible que celle du nucléaire pour le solaire, 3 à 3.5 fois pour l’éolien terrestre) , leur incapacité à répondre aux variations de la demande et à stabiliser la fréquence et la tension du réseau. Ces paramètres sont incontournables pour éviter les « blackout ». C’est aussi ce qui dit l’Académie des Sciences. ON NE PEUT PAS SE PRIVER DU NUCLEAIRE NI POUR MAINTENIR NOTRE TRES BAS NIVEAU D’EMISSIONS DE CO2 POUR PRODUIRE L’ELECTRICITE EN FRANCE NI POUR SATISFAIRE LES BESOINS ELECTRIQUES.
Je partage avec M. thomas l’objectif de réduction des émissions de CO2 ; ce qui suppose de modifier les modalités de transport. J’y ajoute l’isolation des bâtiments et la maîtrise des consommations de toutes sortes ; y compris la réduction des gaspillages. Je formule le vœu qu’avec nos contemporains, nous changions nos comportements individuels. Mais, dans une démocratie moderne, cela ne se décrète pas. On sait que la connaissance n'interdit pas les conduites à risques. On le constate tristement avec chaque année, en France,130 000 décès prématurés liés au tabac et à l’alcool. Et je ne parle pas des maladies liées à l’excès de bouffe et à bien d’autres comportements non conformes à notre bien-être et à notre santé.
Quant aux milliards de subventions accordées au développement initial de l’électronucléaire, ils ont cessé depuis très longtemps en France (années 1980) et ils ont été amplement justifiés. Il faut par ailleurs se méfier des sommes avancées. Elles sont à mettre en regard de l’énergie électrique produite et des bénéfices connexes (réduction des importations de combustibles fossiles et baisse de dizaines de milliards de dépenses associées chaque année, exportation d’électricité, tarifs de fourniture électrique parmi les plus bas d’Europe depuis une quarantaine d’années. Afin de prendre la mesure de la situation, je vous propose de considérer notre voisin et « modèle » d’outre-Rhin.
Conduite à marche forcée depuis le début des années 2000, l’expérience allemande nous enseigne la plus grande prudence. Voyons ce qu’il en est à la fin 2017.
Dotée d’une puissance électrique de 203000 MW, l’Allemagne a produit 615 TWh en 2017, dont :
- 142 TWh à partir de 98000 MW de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes totalisant une puissance de 98 GW ; c’est à dire 22 % de sa production électrique totale et moins de la moitié de la production des centrales à combustibles fossiles (lignite, charbon, gaz essentiellement : 333.9 TWh) ;
- 72 TWh délivrés par moins de 11000 MW électronucléaire (promis à l’arrêt total en 2022), soit 13% à la production électrique totale et 50% de la production d’origine éolienne et solaire (Ce qui signifie que sauf à baisser drastiquement (-15%) la consommation électrique à cette échéance, il faudrait augmenter e de 50% supplémentaire la capacité de production en nouveaux renouvelables ou substituer à la production nucléaire manquante une production équivalente d’origine fossile).
A noter encore qu’avec une puissance électrique totale supérieure de 60% à la nôtre (131000 MW), l’Allemagne (203000 MW) produit seulement 16% d’énergie électrique de plus que nous (529.4 TWh). Ce qui traduit un surinvestissement en moyens de production renouvelables peu efficients.
L’expérience montre que les moyens éoliens et solaires allemands sont beaucoup moins performants en énergie que les moyens électronucléaires (2.5 fois moins pour l’éolien marin (5.3 GW), 3.5 fois moins pour l’éolien terrestre (50.9 GW) et 6 à 7 moins pour le photovoltaïque (43 GW). Ainsi, avec une puissance de 98000W, supérieure de 60% à celle de notre parc nucléaire (63000 MW), ils ne produisent que l’équivalent de 37% de notre production nucléaire (380 TWh en 2017). C’est que 1000 MW de puissance photovoltaïque ou éolien n’égale pas 1000 MW nucléaire. Avec 1000 MW, ’éolien produit 0.9 TWh/an en Allemagne et 1.1 TWh/an en France alors qu’une centrale nucléaire ou autre centrale conventionnelle (à combustibles fossiles) de grande puissance fournit bon an mal an une énergie moyenne de 6 à 7 TWh, en France et en Allemagne. A noter qu’à ce différentiel de performance s’ajoute une prédation territoriale de l’ordre de vingt fois plus importante à égale puissance (80 fois plus prédatrice, à productible énergétique équivalent) et une extension des réseaux nécessaires à l’interconnexion des dizaines de milliers de moyens de production dispersés sur l’ensemble du territoire (quelques dizaines de Mds d’euros induits et des contraintes environnementales refusées par les « NIMBY » (Not In My Back Yard)).
Au risque de décevoir les croyances en une énergie naturelle, propre et gratuite, substituable indifféremment aux centrales conventionnelles, retenons que les énergies renouvelables intermittentes (EnRi), d’origine solaire et photovoltaïque, sont soumises aux caprices du vent et aux alternances quotidiennes et aléatoires de l’ensoleillement. Qu’elles déversent en conséquence, sur les réseaux, une énergie naturellement contrainte, fatale et irrégulière. Ce qui les rend incapables de satisfaire, comme tout autre moyen de production en a l’obligation, à l’exception des centrales hydroélectriques dites « au fil de l’eau », les besoins qualitatifs et quantitatifs instantanés des consommateurs d’électricité.
Pour favoriser leur développement, ces moyens ont été exonérées des obligations de service (réglage de la fréquence, de la puissance et de la tension) imposées aux producteurs traditionnels. Quand les EnRi étaient émergentes, marginales en puissance et en énergie donc, cela ne posait pas de problème d’intégration au système électrique. Il n’en va plus de même aujourd’hui. Le poids croissant de ces moyens non modulables impose des contraintes de modularité de plus en plus lourdes sur les installations conventionnelles ainsi réduites occasionnellement à des fonctions supplétives impératives, quand vent et soleil concourent à saturer les réseaux européens de leur rare abondance. Aller au-delà de la proportion atteinte en 2017 conduit à augmenter le risque de « blackouts » géants à l’échelle des pays européens interconnectés.
Pour disposer de ces nouveaux moyens, l’Allemagne aurait déjà investi quelque 400 Mds d’Euros depuis le début des années 2000 ; une somme que seule sa prospérité économique a pu autoriser.
En résulte pour l’Allemagne, en 2017 :
- des tarifs aux particuliers allemands supérieurs aux nôtres de plus de 70% ;
- une subvention annuelle au développement des EnRi, prélevée via les tarifs, qui atteint 25 Mds d’Euros/an en Allemagne et 5.5 Mds en France, via la CSPE ;
- une fragilisation de la sécurité des réseaux électriques européens interconnectés liée aux aléas de production des EnRi et une perte de valeur des actifs de production conventionnels ;
- un niveau d’émissions de CO2 de l’électricité allemande 10 fois supérieur au nôtre (pour une appréciation instantanée voir le site « Electricitymap »); sachant qu’en France, l’électricité est décarbonée à 90% (28 Mt/an en 2017) et qu’elle ne participe que pour 6% aux émissions totales du pays ;
- la stagnation depuis 4 ans des émissions de CO2 allemandes, toutes énergies confondues (soit 930 Mt/an contre 430 Mt/an en France, en 2017 (12.6 kg/habitant en All. contre 6.4 en France).

Selon une déclaration de la Fédération allemande de l’énergie (BDEW), en avril 2018, l’Allemagne court un risque de déficit de 6,5 GW de capacité de production conventionnelle garantie à partir de 2023. Ce manque résulterait d’une part de l’arrêt définitif du parc nucléaire résiduel en 2022, d’autre part du différentiel de capacités de production d’origine fossile (écart entre moyens désaffectés et nouveaux moyens à gaz). La production conventionnelle se réduirait ainsi à 75,3 GW en 2023 contre 90 GW actuellement, alors que, simultanément, l’Agence fédérale des réseaux prévoit une demande de pointe d’environ 82 GW dès le début des années 2020. Le régulateur pourrait être alors conduit à interdire certains arrêts de centrales conventionnelles ; ce qui retarderait en conséquence l’atteinte des objectifs d’émissions de CO2 fixés pour 2030. La BDEW a encore précisé que les importations ne répondraient pas totalement au problème car la production garantie allait aussi se réduire ailleurs dans l’UE, que les périodes de forte demande y sont quasi-simultanées et que les moyens compensatoires de stockage d’électricité et de gestion de la demande ne peut être assurée de manière fiable à cette échéance. En réponse à la BDEW, le ministre de l’énergie, Peter Altmaier, a pour priorité de favoriser l’investissement dans la production combinée de chaleur et d’électricité, le stockage par les STEP, le développement des cycles combinés à gaz et l’extension du réseau.

Au même moment, l’électricité française se singularise par sa très faible contribution aux émissions de CO2, en Europe et dans le Monde. Elle rivalise avec deux pays à capacité de production d'électricité relativement plus modeste : la Norvège qui bénéficie d’une production hydroélectrique exceptionnelle et la Suède, dotée essentiellement, comme la France, d’installations hydroélectriques et nucléaires. Et elle relègue, bien plus loin derrière elle, ses voisins européens mieux dotés en nouvelles EnR.
Nonobstant la croyance relatée par les sondages selon laquelle le nucléaire contribuerait à augmenter le réchauffement climatique via ses émissions de CO2, la « triste » vérité pour les anti-nucléaires dogmatiques est que grâce à son développement électronucléaire massif dès les années 80, depuis plus de 30 ans donc, la France :
- produit une électricité fortement décarbonée,
- est exportatrice nette, bon an mal an, de 10 % à 15% (avec des pointes à 20%) de sa production nette d’électricité,
- bénéficie d’une moindre dépendance de ses approvisionnements en « combustibles » primaires.

N’est-il pas absurde qu'au moment où le réchauffement climatique menace, la France batte sa coulpe pour disposer d’une électricité nucléaire fiable et sûre, économique et écologique ?
Fiable ? La régularité de sa contribution annuelle, autour de 75% de la demande, le confirme.
Sûre ? Comment le nier, sachant qu’aucun incident grave n’a jamais défrayé la chronique des médias gourmands du moindre indice de dérapage d’une industrie extraordinairement transparente ? Quelle autre industrie peut se targuer d’un tel résultat ?
Economique ? Chacun peut le constater à travers les tarifs appliqués, par comparaison à ceux de tous nos voisins (de 70 à 80% supérieurs).
Ecologique ? Comment le nier ? Pas de victimes liées au nucléaire, disparition totale de victimes de coups de grisou et réduction importante de surmortalité résultant de la silicose et autres maladies chroniques liées à l’exploitation des mines et aux usages du charbon en France...Enfin, 5 à 20 fois moins de CO2 émis en France que chez nos voisins européens pour l'électricité produite.
Pourtant, nombre des 35 millions de ménages n’ont jamais été conscients ou ont oublié qu’ils bénéficiaient depuis les années 80 des plus faibles tarifs européens et d'une électricité décarbonée.
Cette réalité est cruelle pour les contempteurs de l’électronucléaire, pour qui les EnRi constitueraient la seule alternative de production aux énergies électronucléaires et électro-fossiles, en complément de la réduction de consommation souhaitée (mais très improbable à moyen terme).

92310

Je ne suis pas contre les énergies renouvelables électriques (éolienne et photovoltaïque) mais je m’en méfie. Je me méfie surtout des politiques et des lobbies qui veulent à tout prix les développer en faisant croire que ça va permettre de ramener la part de nucléaire à 50 % en réduisant de surcroît les émissions de CO2. Malheureusement, c’est faux !
Il y a suffisamment d’exemples et de contre-exemples en Europe et dans le monde pour s’en rendre compte.
Diminuer la part de nucléaire en substituant cette production par des ER (éolienne et photovoltaïque), c’est augmenter fortement les émissions de CO2.
La preuve se trouve sur le site de RTE sur lequel il suffit de regarder comment sont réalisés les ajustements. Quatre moyens principaux sont employés :
1. L’hydraulique
2. Les centrales nucléaires
3. Les centrales thermiques
4. Les importations exportations
La part de l’hydraulique étant fixée par la pluviométrie, la conséquence de la diminution de la part de nucléaire est d’augmenter mécaniquement la participation aux réglages des centrales thermiques et jouer un peu plus sur les importations exportations (surtout les importations fortement carbonées). C’est incontournable !
En conséquence, pour préserver au mieux le climat, il ne faut pas diminuer la part de nucléaire. Parce que nucléaire ou CO2, il faut choisir !
Le nucléaire ne met pas en danger la planète contrairement aux émissions de gaz à effet de serre ! Merci de faire en sorte que notre terre reste habitable pour nos petits-enfants…
Fessenheim évite de brûler environ 4 à 5 millions de tonnes de charbon, 2.7 millions de tonnes de fioul, 1.7 millions de tonnes de gaz par an. La fermeture de cette installation en dehors de toute considération technique est scandaleuse et rejoint mon introduction...

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