La Compagnie du Vent, le 17/06/2010,
Bonjour,
1)
Le choix du site des Deux-Côtes fait suite à une étude, menée en 2001 par la Compagnie du Vent, ayant porté sur l'ensemble des façades littorales de la France métropolitaine.
La détermination d'un site puis d'un projet fait toujours l'objet d'une étude prenant en compte des critères multiples et divers. Cette démarche ne consiste pas à classer ces critères par ordre d’importance ou de priorité mais bien à les combiner au mieux afin de trouver le meilleur compromis possible. Au cours des nombreuses années passés à travailler sur le projet des Deux Côtes, nous nous sommes attachés à trouver le projet combinant au mieux ces critères.
Ainsi, outre les contraintes environnementales (éloignement des grands axes migratoires, respect des zones d’inventaire ou de protection environnementale..), réglementaires (compatibilité avec les radars, zones réglementées…), d’autres contraintes d’ordre technique, économique ou social ont également été prises en compte.
Par exemple,
- Le potentiel éolien, autrement dit la vitesse de vent qu’on peut attendre sur le site, qui détermine la productivité du site, sa performance énergétique.
- La profondeur d’eau du site. A l’heure actuelle, il n’est pas envisageable pour des raisons technico-économiques d’installer des éoliennes dans des profondeurs dépassant 30 mètres.
- La proximité avec le raccordement électrique, si possible disposant d'une capacité d'accueil suffisante afin de ne pas nécessiter la construction de nouvelles lignes électriques.
- La cohabitation avec les usagers fréquentant la zone : pêche, navigation maritime, plaisance, extraction de granulats...
La zone sur laquelle nous développons le projet des Deux Côtes et proposons ses variantes se prête tout à fait au respect de ces critères et, cas quasiment unique sur tout le littoral français, elle permet en plus d’être très éloigné de la côte puisque le projet « large » que nous défendons se situe entre 14 et 20 kilomètres des côtes. Si le parc avait été plus à l’ouest, plus à l’est ou plus au nord, des contraintes majeures seraient apparues, citons par exemple : implantation en pleine zone de pêche de coquille Saint-Jacques, chenal d'accès au port de Dieppe, proximité dangereuse avec le rail maritime…
Vous le comprenez donc, différentes pistes ont été explorées et le débat public nous permet aujourd’hui de présenter un projet (le projet « large ») qui constitue, à notre avis et pour le moment le meilleur compromis, et deux variantes.
Concernant le parc du Marquenterre et de par son patrimoine ornithologique unique, nous nous sommes soigneusement attachés à ce que les éventuels impacts sur ce lieu emblématique du territoire y soient les plus limités possibles. Cela ne veut pas dire que nous avons négligé l’impact visuel ailleurs.
En effet, systématique à toute étude d’impact de projet éolien, l’étude paysagère en est une partie essentielle. Le rendu visuel du parc est ainsi toujours évalué avant sa construction.
Dès 2006, et à l’occasion de notre première demande d’occupation du domaine public maritime, nous nous étions déjà associés à des paysagistes, bureaux d’études spécialisés et élus locaux pour recenser les enjeux et proposer un projet le moins impactant possible d’un point de vue paysager et offrant le meilleur compromis au vu des différentes contraintes recensées. Des simulations visuelles depuis le littoral (ainsi qu’un film 3D en 2009) ont par exemple été réalisées par un cabinet indépendant. Les logiciels utilisés font référence depuis des dizaines d’années partout dans le monde.
Le parc des Deux Côtes dans sa version « large » se trouverait à 14 kilomètres de la côte la plus proche, l’impact visuel depuis cet endroit (et à fortiori depuis tous les autres) sera donc minime.
En effet, les éoliennes les plus proches y apparaîtront comme une allumette d’un centimètre à un mètre de l’œil et ce dans des conditions de visibilité parfaite par temps clair et ensoleillé.
2)
Le parc éolien sera raccordé au poste électrique de Penly qui dispose de la capacité d’accueil nécessaire. Le courant sera ensuite injecté sur le réseau national et revendu à EDF. Le projet « large », que nous privilégions, produirait chaque année l’équivalent de la consommation électrique de plus de 900 000 personnes (chauffage électrique inclus), soit la moitié de la population picarde ou deux fois la population de l’agglomération de Rouen, ce qui n’est pas rien.
Sinon, l’intérêt est triple. Sur le plan social d’abord, c’est un bilan positif pour l’emploi direct local. Sur le plan économique ensuite, ce sont de nouvelles activités et de nouvelles recettes fiscales conséquentes. Sur le plan environnemental enfin, il s’agit de produire une électricité propre, fiable et inépuisable. C’est l’occasion pour la Picardie et la Haute-Normandie de s’engager dans la croissance verte et de se tourner vers l’avenir.
Précisons également que toutes les régions doivent prendre part à l’objectif français définit dans le cadre du Grenelle de l’Environnement et qui vise à ce que 23% de l’énergie produite en 2020 soit d’origine renouvelable. Cela représente l’installation de 25 000 MW éolien dont 6 000 MW en mer. Le parc des Deux Côtes dans sa version « large » subviendrait à lui seul à 12% de l’objectif fixé pour l’éolien en mer.
Enfin, il ne faut pas mettre tous nos œufs dans le même panier mais au contraire diversifier les sources d’électricité pour parfaire ce qu’on appelle le mix énergétique. Ce choix garantit l’indépendance énergétique : le vent est présent en abondance sur notre territoire (la France est le deuxième gisement éolien européen après le Royaume-Uni), et nous n’avons pas besoin de l’importer… Aucun risque donc d’être confronté aux risques d’embargo ou aux spéculations sur le prix des combustibles.
3)
Le seul impact visuel du parc la nuit sera la visibilité du balisage lumineux du parc. La simulation de nuit n’a pas été présentée car, premièrement, le balisage n’a pas été arrêté par les instances compétentes. Deuxièment, une photo instantanée ne peut donner le caractère alterné des feux à éclats qui seront utilisés.
Cependant, votre question renvoie à la visibilité du balisage lumineux de nuit du parc depuis la côte. Ce balisage comprendra deux systèmes lumineux l’un maritime et l'autre aéronautique pour se conformer à la réglementation en vigueur en France suivante :
- Pour le balisage maritime, les recommandations de l’Association Internationale de Signalisation Maritime (AISM) O-139 “Marquage des structures en mer” (« The Marking Of Man-Made Offshore Structures »). L’AISM est une association internationale créée en 1957 par une vingtaine de pays, dont la France, pour améliorer la qualité du balisage et répondre aux attentes des usagers de ces aides à la navigation. Cette association a notamment normalisé les systèmes de balisages maritimes.
- Pour le balisage aéronautique, l’arrêté du 13 novembre 2009 relatif à la réalisation du balisage des éoliennes situées en dehors des zones grevées de servitudes aéronautiques, version consolidée au 1er mars 2010.
La Compagnie du Vent est chargée de proposer un balisage conforme à ces réglementations, et ce balisage sera validé par la Grande Commission Nautique, commission réunissant des représentants de tous les usagers de la mer.
Balisage maritime :
Pour la variante « Large », et à fortiori la variante « Grand Large », le balisage maritime nocturne ne sera pas visible depuis la côte, car il sera constitué de feux de couleur jaune à éclats de portée 5 milles nautiques (soit moins de 10 km, le parc étant situé à 14 km de la côte la plus proche). Pour la variante « Littoral », située à 5.5 km des côtes, le balisage maritime sera visible depuis la côte sous certaines conditions météorologiques. De plus, il est à noter que ce balisage ne sera présent que sur certaines éoliennes particulières du parc quelque soit la variante retenue. Les recommandations de bonne pratique établies par l’AISM O-139 définissent quelles éoliennes doivent être pourvues d’un balisage lumineux pour la signalisation maritime.
Le balisage maritime n’est rendu visible que depuis la surface de l’eau.
A titre indicatif, le schéma suivant présente le balisage "type" attendu sur une implantation "type" tel que présenté dans l'AISM O-139.
Nota : 1 nm = 1 mille nautique soit 1852 m
Balisage aéronautique :
Concernant le balisage aéronautique de nuit, il sera constitué de feux de couleur rouge de plus forte intensité, afin de garantir la sécurité des aéronefs (avions, hélicoptères, etc.). Les feux du balisage aéronautique nocturne se situeront en hauteur des éoliennes si bien que le balisage maritime nocturne n’interférera pas avec le balisage aéronautique nocturne.
Sous certaines conditions météorologiques, ce balisage sera visible depuis la côte dans le cas de la variante « Large ». Il appartient à la Direction de l’Aviation Civile de valider le balisage qui sera proposé par La Compagnie du Vent, à savoir un balisage des seules éoliennes déjà concernées par un balisage lumineux maritime, comme cela se pratique déjà aves succès à l'étranger.
Cordialement