< RETOUR À L'ESPACE DE DISCUSSION
Q17 • Catherine CASTEJON, EU, le 05/05/2010
Comment peut-on parler de qualité environnementale? De quel droit envisage-t-on de prendre l'horizon de tout un chacun? A combien notre mer à tous est-elle bradée en terme de location aux promoteurs? > Voir la réponse
La Compagnie du Vent, le 02/08/2010,
Bonjour, 1 – Un très large consensus se dégage dans la communauté scientifique internationale pour constater que le changement climatique, dû aux activités humaines, s'accélère fortement depuis les années 70. C'est l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre qui en est responsable, liée en grande partie à l'accroissement de la demande énergétique. L'une des pistes pour ralentir ce changement climatique est l'utilisation d'énergies renouvelables comme l'éolien, qui ne rejettent pas de gaz à effet de serre et ne produisent pas de déchets. Les gouvernements de tous les états de la planète, et singulièrement celui de la France, ont désormais fixé des objectifs ambitieux de développement des énergies renouvelables. Dans le cadre de notre projet éolien des Deux Cotes, la notion de qualité environnementale prend en compte non seulement la dimension de l'impact d'un choix de projet sur son environnement au sens large (économique et écologique), mais aussi son impact sur la manière dont la population concernée par ces choix les vit et les ressent au quotidien. L’intérêt écologique, social et économique du projet des Deux Cotes doit donc être vérifié, c’est tout le sens des différentes études d’impact engagées que nous avons fait réaliser par des bureaux d’études indépendants composés de spécialistes et d’experts sur différentes thématiques, que nous vous rappelons ci-après. En effet afin de s’assurer que le projet respecte au mieux son environnement, différentes études ont été menées, tant sur le milieu physique (étude des sédiments, de l’hydrodynamisme, de la qualité des eaux, ...), que sur le milieu naturel (suivis avifaunistiques, suivis des mammifères marins, études sur les ressources halieutiques et benthiques…) et le milieu humain (usages de la pêche, aspects paysagers…). Il ressort de ces différentes études un impact limité et acceptable sur ces différents milieux particulièrement sur la variante privilégiée par la Compagnie Du Vent, le projet « Large ». L’évaluation des impacts a par ailleurs permis de définir les mesures de compensation ou de réduction à envisager, qui ont pu être présentées lors des réunions thématiques du débat public et sur lesquelles nous travaillons actuellement en relation avec les acteurs locaux. Enfin, afin de qualifier l’impact du projet quant aux émissions de gaz à effets de serre, la Compagnie du Vent a fait réaliser une étude sur le bilan carbone du projet des Deux Côtes. Cette étude a permis non seulement de quantifier les émissions de CO2 émises tout au long de la "vie" du projet (éoliennes, fondations, raccordements et transformation électrique, aussi bien pendant la construction, l'installation, l'exploitation et le démantèlement) mais également d’identifier des pistes d’amélioration et d’optimisation du cycle de vie complet du projet du point de vue des émissions de gaz à effet de serre. La méthodologie du Bilan Carbone®, outil développé par l’ADEME (Agence Nationale de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) a été choisie. Les émissions de toutes les phases du projet ont été estimées : En prenant en compte les économies de fin de vie et les émissions globales par phases, le Bilan Carbone a permis de déterminer le contenu CO2 (ou facteur d’émission) du kWh fourni par le parc des Deux Cotes soit 15,5 g éqCO2/kWh. En comparant le contenu CO2 du kilowattheure produit par rapport à d’autres modes de production électrique du même type, il en ressort que le parc permet de produire un kWh électrique dont le contenu carbone incluant l’ensemble du bilan (de la fabrication des éoliennes à leur fin de vie) est d’environ 5 fois inférieur au contenu carbone moyen du kWh français (84g éqCO2/kWh tel qu'indiqué par l’ADEME), et de l'ordre de 6 fois inférieur, selon les chiffres du MEEDDM (avec 90g éqCO2/kWh recensés en 2007) et 57 fois inférieur à celui d’une centrale à gaz. D’autre part, quelle que soit l'hypothèse prise sur la quantité de CO2 évitée par le kWh de l'éolien, le fonctionnement du parc amortit le bilan carbone de la construction, de l'exploitation et du démantèlement en une durée allant de 7 à 20 mois, soit largement inférieure à la durée de vie des éoliennes. En conclusion, compte tenu de l'aspect inépuisable de la ressource énergétique, de la non production de déchets, du bilan carbone largement positif et des impacts qualifiés de modérés sur l’environnement du futur parc des Deux Côtes, nous pouvons bien parler de qualité environnementale pour ce projet de parc éolien en mer.
2 – L’appréciation du paysage est une question culturelle et personnelle. Il est important de rappeler que la question de l’esthétique de tout nouvel ouvrage humain soulève des débats et opinions divers. Là où certains verront une intrusion, d’autres verront au contraire un élément susceptible de caractériser voire de valoriser un site. Le paysage a toujours été transformé par l’activité humaine dans sa recherche de progrès (déforestation pour l’agriculture, construction d’aqueducs, viaducs, et autres grands ouvrages pour le transport des biens et des personnes). Au-delà des multiples perceptions individuelles, un paysage n’est jamais quelque chose de figé. En effet, on accepte dans nos paysages la présence de 5 à 10 000 émetteurs pour la téléphonie, de milliers de kilomètres d’autoroute et de lignes électriques à haute tension (et de leurs pylônes), de plusieurs milliers de châteaux d’eau, de silos à grains qui atteignent souvent plus de 80 m de haut… Si les éoliennes s’inscrivent dans cette lignée d’équipements crées par l’homme, elles restent avant tout des outils de développement durable. Dès 2006, et à l’occasion de notre première demande d’occupation du domaine public maritime, nous nous étions déjà associés à des paysagistes, bureaux d’études spécialisés et élus locaux pour recenser les enjeux et proposer un projet le moins impactant possible d’un point de vue paysager et offrant le meilleur compromis au vu des différentes contraintes recensées. 3 – Il ne s’agit pas de « brader » la mer à qui que ce soit. Il existe un cadre réglementaire encadrant un projet de parc éolien en mer. Le cadre applicable est celui de la concession d’utilisation du domaine public maritime qui régit l'installation de tout ouvrage sur le fond de la mer. La construction d'un parc éolien en mer nécessite le dépôt d'une demande de concession d’utilisation du domaine public maritime. L’obtention de la concession obtenue est accordée par le représentant de l’Etat, le Préfet, avec aval du représentant de l’Etat en mer, à savoir le Préfet Maritime, qui délivre la concession après analyse de l’étude d’impact et réalisation d’une enquête publique. Cordialement |