Question n°48
Impacts sur la faune marine
le ,Bonjour,
Je suis pour un mix énergétique et suis persuadée que l'impact de ces éoliennes en mer sera dans tous les cas bien moindre par rapport à une centrale nucléaire (au moins, vous pouvez les démanteler en sachant quoi faire des déchets).
Néanmoins pourriez-vous m'apporter quelques éléments de réponses aux questions suivantes :
1) Comment mesurez-vous les impacts avant d'implanter votre parc ?
2) Comment anticipez-vous les impacts cumulés (avec d'autres activités et sur la chaîne alimentaire dans son intégralité) ?
3) Vous dites que pour les effets des champs électromagnétiques vous respecterez l'état de l'art. Or, il me semble que ce qu'on sait, c'est qu'on ne sait pas... Qu'allez-vous faire concrètement ?
4) Vous parlez de technique de réduction de bruit : qu'allez-vous mettre en place ?
Merci de vos réponses.
Cordialement,
Bonjour,
Pour évaluer les impacts du projet de parc, avant son implantation, conformément aux articles L.12261 du code de l’environnement, le maître d’ouvrage mène actuellement une étude d’impact environnementale. Cette étude est préalable à la réalisation de travaux, d’aménagements et d’ouvrages, qui par l’importance de leur dimension ou leurs incidences sur l’environnement, peuvent porter atteinte à ce dernier.
L’étude d’impact sur l’environnement répond à plusieurs objectifs :
- Aider le maître d’ouvrage à concevoir un projet plus respectueux de l’environnement ;
- Permettre à l’administration technique chargée du contrôle du projet de décider en connaissance de cause ;
- Informer le public lorsque le projet est susceptible d’affecter son environnement et faciliter sa participation à la prise de décision.
L’étude d’impact traite des thématiques suivantes : paysages, air, eau, sol, milieux naturels, faune, flore, et aussi populations concernées et santé publique. Ces thèmes environnementaux sont présentés à l’état initial sur une aire d’étude appropriée. Les effets du projet sont évalués et les raisons du choix du projet sont explicitées afin de s’assurer que toutes les mesures possibles ont été envisagées dans les évolutions du projet afin d’éviter, réduire ou compenser les conséquences dommageables sur l’environnement.
Le maître d’ouvrage a adopté pour cette étude d’impact une approche écosystémique, de façon à prendre en compte les éventuels impacts cumulés du projet avec d’autres activités existantes sur la zone.
Cette étude d’impact sera remise aux services de l’Etat au plus tard en décembre 2016. Ceux-ci saisiront l’Autorité environnementale qui émettra un avis sur cette étude d’impact.
Des champs magnétiques et électriques sont en effet susceptibles d’être émis par les câbles sous-marins. Toutefois le maître d’ouvrage prévoit d’ensouiller ces câbles à une profondeur d’1m50 (+/-0,5m), pour en limiter le risque de croche. Cet ensouillage limitera également la portée des champs.
Le champ magnétique émis par les câbles décroit rapidement de telle sorte qu’à une dizaine de mètres du câble, il est quasiment nul (trop faible pour être mesuré).
La très grande majorité des espèces n’a aucune sensibilité au champ magnétique, en témoignent les nombreux cas de colonisation par des mollusques et crustacées de câbles électriques non ensouillés. Des études américaines ont ainsi confirmé l’absence d’influence du champ magnétique sur le comportement des crustacés, et ce jusqu’à des niveaux 100 fois supérieurs à ce qui est attendu ici.
Les mêmes études menées sur les espèces bentho-démersales (flétan principalement) ne permettent pas de conclure à un effet du champ magnétique sur la croissance et le développement des individus (malgré une exposition à des champs magnétiques plus de 100 fois supérieurs à ce qui est attendu ici).
Enfin, les expériences in situ menées au Danemark suite à l’installation du parc éolien en mer de Nysted (DONG Energy et al., 2006) ont conclu que le champ magnétique émis par des câbles à très haute tension en milieu marin ne constituait pas un obstacle au déplacement des espèces de poissons migratoires. Cela est cohérent avec les faibles valeurs de champ attendues. Ce d’autant plus que les espèces migratoires sont en général des espèces pélagiques, vivant éloignées du fond où seront ensouillés les câbles.
D’autre part, les câbles émettent indirectement (par induction) un champ électrique d’un niveau très faible. Certaines espèces d’élasmobranches (requins et raies) sont sensibles à des micro-variations de champ électrique, qu’elles utilisent, entre autres signaux, pour s’aider à repérer leurs proies. Une étude (Gill et al. 2009) menée dans une nasse de ferme aquacole a confirmé la capacité de ces animaux à percevoir ce champ, sans qu’il ne soit pour autant constaté de modification comportementale.
Afin de réduire l’impact acoustique des travaux en mer sur les mammifères marins, et par extension aux autres espèces qui sont sensibles aux bruits et aux vibrations, le maître d’ouvrage envisage plusieurs mesures :
- mettre en place des avertisseurs sonores pour éloigner ces espèces de la zone
- consacrer au moins 30 minutes à l’observation pour s'assurer qu'aucun mammifère marin n’est présent au sein de la zone de travaux avant de commencer toute émission sonore ;
- procéder à un battage progressif ou à un forage progressif des pieux;
- mettre en place, si nécessaire, des rideaux de bulles autour des fondations pour absorber les vibrations (technologie innovante devant encore faire l’objet de tests conclusifs).
- valider le protocole de protection des mammifères marins avec les acteurs locaux, les gestionnaires du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale en particulier.
Nous restons à votre disposition pour tout complément d’information.