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Question n°25

Des interrogations sur la fiabilité du projet

Ajouté par Michel MAIREY (Le Tréport), le
[Origine : Site internet]

Bonjour,

En quoi ce consortium EDF-Areva, même s'il tente de se faire oublier en changeant de nom comme c'est la mode, sachant ses brillantes réussites avec l'EPR, peut-il prétendre devenir leader dans l'énergie éolienne, et qui plus est exporter son savoir-faire, alors que chacun sait l'avance considérable qu'ont prise d'autres pays comme l'Allemagne et le Danemark ?

Et puisqu'il n'est pas capable de finaliser correctement les chantiers entrepris dans le domaine du nucléaire, domaine où il est pourtant censé être en pointe, doit-on lui faire confiance dans un domaine où il est novice et a pris plus de vingt ans de retard ?

N'est-ce pas plutôt pour tenter de combler le déficit abyssal d'Areva, avec l'argent des contribuables français et européens et avec la complicité de l'état, que s'est montée cette version relookée du projet de 2010 ?

Et comme il est de règle, ne faut-il pas s'attendre en bout de course à une facture triplée, voire quadruplée, genre Flamanville ?

Le point le plus positif de la soirée au Tréport a été le consensus général sur LA solution qui permettra à la fois de ralentir le réchauffement climatique et d'en finir avec la folie nucléaire : ÉCONOMISER l'énergie.

Et puis, les éoliennes, oui, le solaire, oui, la géothermie, oui, mais pas n'importe comment, et pas à n'importe quel prix !

Assez de gâchis, de surconsommation inutile, prétexte à l'édification de monstrueuses usines à gaz !

[Modifications apportées a posteriori par l'auteur de la contribution à lire ci-dessous]

Autant pour moi : J'aurais du voir qu' AREVA n'est que le fournisseur des éoliennes, associé à GAMESA, société espagnole qui semble avoir une certaine expérience dans le domaine.

Sinon, c'est GDF SUEZ le maître d'oeuvre, d'après ce que j'ai compris (excusez-moi, mais avec ces nouveaux noms, on s'y perd).

Il n'empêche que le choix prévu pour l'implantation n'est pas judicieux, puisqu'il se situe sur une zone marine protégée, et qui est la plus poissonneuse de Haute Normandie.

La société Nénuphar, par exemple, société lilloise dont Areva a ou va d'ailleurs augmenter le capital, développe des éoliennes flottantes, qui, loin de s'orienter vers le gigantismes, seront au contraire réduites, et pourront être implantées loin des côtes (jusqu'à 200m. de profondeur), là où elles ne gêneront ni les riverains, ni les pêcheurs côtiers.

D'autre part, comme un autre intervenant le signale, les éoliennes sont très grosses consommatrices de terres rares, et l'on sait les dégats environnementaux que cause leur extraction, même si ce n'est pas chez nous (pour le moment).

Voilà, je tiens une fois encore à m'excuser de ma bévue, mais il me semble que, si réellement il y a débat, et si tout n'est pas plié d'avance, il y a matière à compromis.

Cordialement, Michel Mairey

Date de la réponse:
Réponse de Eoliennes en mer Dieppe - Le Tréport (maître d'ouvrage), le
Réponse:

Monsieur,

Le 3 juin 2014, l’État a attribué à la société Les Eolienne en Mer de Dieppe - Le Tréport (LEMDT), le développement, la construction et l’exploitation du parc situé sur la zone du projet définie par le cahier des charges. Cette société sera responsable de la maîtrise d’ouvrage sur l’ensemble des étapes de la vie du parc, de son développement jusqu’à son démantèlement. RTE sera quant à lui responsable du raccordement électrique du parc, à partir du poste électrique de livraison en mer, jusqu’au poste électrique de livraison à terre.

L’actionnariat de cette société est partagé entre Engie via sa filiale GDF SUEZ Futures Energies (47%), EDP Renewables Europe (43%) et Neoen Marine (10%). Adwen est son partenaire industriel, en charge de la fabrication des éoliennes.

Le maître d’ouvrage a signé un partenariat industriel avec AREVA en 2013 pour la fourniture d’éoliennes en mer ainsi que pour leur maintenance en phase d’exploitation. AREVA s’est effectivement diversifié dans les énergies renouvelables et est devenu un acteur majeur de l’éolien en mer avec une technologie éprouvée depuis 2009 sur le parc «Alpha Ventus» installé au large des côtes allemandes (30 MW). Avec 630 MW de capacité installée au large des côtes européennes, AREVA bénéficie d’un retour d’expérience significatif en matière d’éolien en mer (construction et maintenance). GAMESA, leader espagnol de conception et fabrication d’éoliennes, dispose d’un retour d’expérience significatif : plus de 30 000 MW et 10 générations de turbines Gamesa ont été développées, fabriquées et installées. AREVA et GAMESA ont signé le 9 mars 2015 les accords définitifs et clôturé l’opération permettant la création d’Adwen, co-entreprise dédiée à l’éolien en mer et détenue à 50/50 par AREVA et Gamesa. Cette entreprise reprend les engagements pris par AREVA en France dans le cadre du projet.

Adwen est ainsi en charge de la conception, la fabrication, la mise en service et la maintenance d’éoliennes en mer. Adwen n’est pas actionnaire de la société de projet.

 

Depuis 2006, l'implantation d'un parc éolien au large du Tréport est envisagée. Un débat public a notamment été organisé en 2010 sur le projet de Parc des Deux Côtes porté par La Compagnie du Vent. Par la suite, le premier appel d'offres de l'Etat a finalement été déclaré sans suite et le deuxième appel d'offres de l'Etat a abouti à l'attribution de la zone à la société Eoliennes en mer Dieppe - Le Tréport, le maître d'ouvrage. (Pour plus d'informations sur l'historique de la zone, veuillez vous référer au dossier du maître d'ouvrage, P.6). Les usagers de la mer (le Comité Régional des Pêches, les élus et les associations environnementales…) ont été associés aux concertations menées en amont du choix de la zone.

 

Les éoliennes flottantes en mer que vous évoquez ont les mêmes caractéristiques que les éoliennes posées à terre ou en mer : elles produisent de l’électricité à partir de l’énergie mécanique du vent. Elles présentent l’avantage de s’affranchir des contraintes liées notamment à la profondeur, tout en profitant de vents marins forts.

Prometteur, l’éolien flottant n’est cependant pas prêt pour une exploitation à grande échelle, quelles que soient les technologies envisagées : l’axe vertical comme Nénuphar ou l’axe horizontal comme Windfloat. En effet, de nombreux problèmes techniques comme la stabilité des flotteurs, restent encore à solutionner.

EDPR, actionnaire de la société de projet Eoliennes en mer de Dieppe-Le Tréport, s’est engagé dans les travaux d’expérimentation concernant ce secteur. La société exploite ainsi depuis l’automne 2011 un démonstrateur éolien flottant au large du Portugal (Windfloat), à une profondeur de 50 mètres. Suite au succès du prototype, le groupe EDPR est désormais engagé dans la mise en place de la ferme pilote d‘une puissance de 27MW. Elle sera équipée de cinq éoliennes : deux éoliennes de puissance unitaire de 3MW et trois éoliennes de puissance unitaire de 7 MW.

 

Concernant l’éloignement du parc des côtes, le Domaine Public Maritime sur lequel le parc éolien sera implanté aux termes d’une concession d’utilisation du domaine public ne s’étend pas au-delà de la limite des eaux territoriales sur lesquelles s’exerce la souveraineté de l’Etat, soit une distance de 12 miles nautiques (22 km) des côtes. A ce jour, le cadre législatif et réglementaire définissant les conditions d’exploitation d’un parc éolien au-delà des eaux territoriales (zone économique exclusive), notamment le cadre fiscal, doit encore être défini.

 

Le coût du projet est estimé à 2 milliards d'euros. Le tarif d'achat de l'électricité proposé par le maître d'ouvrage dans sa réponse à l'appel d’offre remise à l’Etat  permet de couvrir ce coût d'investissement.Ce tarif d'achat a constitué un critère d'évaluation fondamental de l'offre finalement retenue par l'Etat (40% de la note finale). 

Comme pour tout projet industriel, des règles internes permettront de limiter les risques de dérive des budgets

Si le coût s’avérait in fine plus élevé, le prix d’achat restant le même, le risque serait à la charge de la société Eoliennes en Mer.

 

Enfin, une éolienne Adwen de 8MW contient environ 330 kg de Néodyme et 100 kg de Dysprosium, des métaux issus de terres rares.

Ces métaux sont les composants principaux des aimants permanents qui changent dans la génératrice l’énergie mécanique en énergie électrique.

Ces métaux, non toxiques sont issus de stocks encore largement disponibles (principalement en Chine) qui représente 96% de la production.

En 2010, la production de terres rares s’élevait à 123 000 tonnes par an. Moins de 1% de leur consommation était destinée aux génératrices des éoliennes offshore, loin derrière les écrans plats, LCD et plasmas, qui représentait 25% de leur consommation.

Les fournisseurs de génératrices, qui achètent les terres rares dont sont extraits les métaux, signent la charte « Engagement de développement durable » garantissant le respect des droits de l’Homme, des conditions travail sûres et décentes, le respect des règlementations en vigueur et un impact environnemental réduit.

Concernant les terres rares d’origine chinoise, les fournisseurs d’aimants s’engagent en particulier à ce que les terres utilisées proviennent exclusivement d’exploitations légales et autorisées à l’exportation. Ce statut d’autorisation à l’exportation octroyé par le gouvernement chinois inclue notamment un audit environnemental. Le gouvernement chinois a, en effet, renforcé les efforts pour lutter contre l’exploitation illégale des terres rares et renforcer la réglementation environnementale sur les conditions légales d’exploitation.

Enfin à la fin de leur cycle de vie, les aimants sont recyclés.

Nous nous tenons à votre disposition pour tout complément d’informations.