Question n°52
Plusieurs questions sur l'éolien en mer
le ,La France est-elle excédentaire ou déficitaire son rapport production/consommation d'électricité ?
Les réseaux électriques sont-ils suffisants pour recevoir le courant des installations éoliennes en cours ?
Quels sont les coûts de création et d'exploitation des parcs éoliens ?
Quelle comparaison avec les centrales nucléaires ?
[Ces questions ont été récoltées sur papier au cours du débat mobile du 23 mai 2015 à la Foire aux moules du Tréport]
Bonjour,
Sur l’année 2014 la France a été exportatrice nette d’électricité. Il faut toutefois garder à l’esprit que le réseau électrique est un système dynamique dont les flux évoluent en permanence pour assurer l’équilibre offre-demande (notamment car l’électricité ne se stocke pas massivement). Ainsi, si la France est globalement exportatrice nette d’électricité, elle importe toutefois régulièrement de l’électricité depuis ses pays voisins. Au total la France a importé 27.3 TWh en 2014, exporté 92.4 TWh ce qui donne donc un solde exportateur net de 65.1 TWh. Tous ces chiffres sont disponibles dans le bilan électrique de l’année 2014 réalisé par Rte.
Concernant la capacité du réseau électrique à accueillir l’énergie produite des parcs éoliens en projet :
- Le réseau de transport d’électricité actuel est globalement capable d’accueillir la production d’électricité renouvelable intermittente (comme l’éolien en mer) prévue dans les objectifs fixés par l’Etat (6GW pour le seul éolien en mer).
- Dans le cadre du projet de parc éolien en mer de Dieppe-Le Tréport, il sera nécessaire de créer une liaison électrique permettant de raccorder le parc au réseau de transport existant. Les lignes à 400 000 volts existantes servant à évacuer le courant produit par le centrale nucléaire de Penly sont situées à terre en face du projet du parc éolien en mer de Dieppe-Le Tréport. Ces lignes permettront d’évacuer également le courant produit par le projet de parc éolien.
Concernant le coût des projets, il se compose des coûts d'investissement initiaux et des coûts liés à l'exploitation et la maintenance.
Le coût d'investissement initial d'un parc éolien correspond à environ 80% du coût de production de l’électricité. Il comprend notamment les coûts liés à la fabrication des composants (éoliennes, fondations, pales…), à l'installation en mer, au câblage, aux frais de développement et aux frais financiers.
Le coût d'investissement initial du parc éolien de Dieppe - Le Tréport (496MW) a été estimé à 2 milliards d'euros.
En comparaison, le coût du projet de l'EPR de Flamanville, lui, devrait dépasser les 9 milliards d'euros pour une puissance électrique installée de 1 620 MW contre 3,3 milliards annoncés initialement.
Le coût marginal de production (ou coût hors amortissement) correspond à environ 20%. Il comprend les frais de maintenance, les frais d'exploitation, les taxes, les frais d'assurance, les provisions de démantèlement, etc... Le coût marginal de production de l’électricité comprend aussi l'approvisionnement en matière première (coût du productible) qui est par nature nul pour l'éolien en mer. Le coût du productible (gaz ou charbon par exemple pour les centrales thermiques) représente en revanche pour les énergies fossiles une part importante de leur coût marginal de production.
Les coûts d’exploitation d'un parc éolien en mer sont estimés à 20% environ, du prix de revient total final, dont le tarif est un très bon indicateur.
Ceux du parc de Dieppe – Le Tréport (496MW) obéissent à cette règle. A titre d'ordre de grandeur, le tarif d'achat étant de 200€/MWh : 20% * 200€/MWh = 40€/MWh.
Soit par an, en ordre de grandeur, la production annuelle du parc étant estimée à 2 000 MWh/an: 40€/MWh * 2 000MWh/an = 80M€/an.
Le coût d'exploitation des parcs éoliens présente des perspectives encourageantes de baisse sur la longue durée de retour d'expérience.
Le total des charges d'exploitation associées à la production électronucléaire en 2013 représente 9,9 Md€, soit 24,4 € par MWh[1]. Il a augmenté de 20 % en euros courants entre 2008 et 2013 (environ 3,8% par an) en montant total et de 25 % (environ 4,5% par an) rapporté à la production.
A ce stade il s'agit des mêmes ordres de grandeur de couts d'exploitation. pour aller plus loin il faudrait une étude comparée sur les taxes et les hypothèses prises sur le démantèlement.
Les perspectives d'évolution des couts du nucléaire sont donc à la hausse, des années de retour d'expérience ayant déjà été captées et l'âge de ces équipements étant aussi à prendre en considération
Nous nous tenons à votre disposition pour tout complément d'information.
[1] Cour des comptes, Le coût de production de l’électricité nucléaire Actualisation 2014, page 49