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Question n°33

Question sur la distance du parc éolien et le type d'éoliennes

Ajouté par Delphine CORNE (Criel-sur-Mer), le
[Origine : Site internet]

Pourquoi les éoliennes sont-elles implantées à 15/16km des côtes ?

Par exemple le parc éolien de Thorntonbank se trouve à 28km des côtes belges.

Les éoliennes y font 184m de hauteur avec des pales de 61 mètres. Le plus grand parc éolien du Royaume-Uni, le London Array se trouve à 28km des côtes et les éoliennes y mesurent 147 mètres.

Dans le cas du London Array les câbles doivent parcourir 200km. Les éoliennes qui vont être implantées mesurent 210 mètres de hauteur (pratiquement deux fois la falaise de Criel-sur-Mer) avec des pales de 88m. Dans notre cas les câbles auront moins de distance à parcourir pour atteindre la centrale, contrairement à ces deux exemples de parcs qui sont pourtant beaucoup plus éloignés d'une centrale.

Pourquoi doivent-elles êtres implantées aussi près de nos côtes alors que la centrale est toute proche ?

De plus, des nouvelles éoliennes sans pales ont fait leur apparition, moins chères et moins visibles des côtes... Pourquoi ne pas privilégier ces nouvelles éoliennes ?

Je vous remercie.

Date de la réponse:
Réponse de Eoliennes en mer Dieppe - Le Tréport (maître d'ouvrage), le
Réponse:

Madame,

Depuis 2006, l'implantation d'un parc éolien au large du Tréport est envisagée. Un débat public a notamment été organisé en 2010 sur le projet de Parc des Deux Côtes porté par La Compagnie du Vent. Par la suite, le premier appel d'offres de l'Etat a finalement été déclaré sans suite et le deuxième appel d'offres de l'Etat a abouti à l'attribution de la zone à la société Eoliennes en mer Dieppe - Le Tréport, le maître d'ouvrage. Au sein de cette zone, l'éolienne la plus proche serait effectivement située à 15 km du Tréport et à 16 km de Dieppe et les plus éloignées à 26,5 km et 30 km.

(Pour plus d'informations sur l'historique de la zone, veuillez vous référer au dossier du maître d'ouvrage, P.6)

L'implantation de parcs éoliens posés à des distances importantes des côtes (comme les deux exemples dont vous parlez) est difficile, voire impossible à envisager, pour les raisons suivantes :

  • du point de vue technique : des profondeurs d'eaux trop grandes rendent difficile voire impossible la pose de fondations. En effet, le plateau continental français plonge rapidement, contrairement au plateau anglais ou belge. Ainsi sur la zone du parc de London Array, situé à 28 km des côtes, les profondeurs d’eau ne dépassent pas les 25 m. Sur le site de Dieppe-Le Tréport, situé  à 15km du Tréport, les profondeurs d’eau atteignent déjà 25 m en certains endroits. De plus, les pertes liées au transport de l'électricité par câble sous-marins dépendent de la longueur de ces câbles. Plus le parc est éloigné des côtes, plus les pertes seront importantes.
  • du point de vue juridique: Le Domaine Public Maritime sur lequel il ets prévu d’implanter le parc éolien (concession d'utilisation du domaine public) ne s'étend pas au-delà de la limite des eaux territoriales sur lesquelles s'exerce la souveraineté de l'Etat, soit une distance de 12 miles nautiques (22 km) des côtes. A ce jour, le cadre législatif et réglementaire définissant les conditions d'exploitation d'un parc éolien au-delà des eaux territoriales (zone économique exclusive), notamment le cadre fiscal, n’est pas défini.
  • du point de vue économique : l'augmentation des coûts de construction et d'installation (fondations plus hautes), de raccordement électrique jusqu'à terre, et de maintenance (temps d'intervention sur site) pénaliserait le projet.
  • du point de vue de la sécurité : compte tenu du trafic maritime dans le rail principal de la Manche, sur lequel transitent chaque jour 224 navires, et dans les rails secondaires, l'implantation d'éoliennes dans cette zone ou à proximité (cas où le projet serait à 50 km) constituerait un risque en matière de sécurité maritime.

Vous évoquez également les nouvelles éoliennes sans pâles. Une entreprise espagnole, Vortex Bladeless, a en effet conçu des turbines innovantes, coniques et sans pâles.

Développées depuis quatre ans, ces nouvelles turbines exploitent l’effet aérodynamique des tourbillons d’air pour produire de l’électricité (quand les éoliennes tripales, telles que prévues dans le cadre du projet, utilisent les courants laminaires, c’est-à-dire réguliers). Les mâts des éoliennes sans pales sont conçus dans des matériaux légers et résistants – fibre de verre et fibre carbone – afin de vibrer autant que possible. Leur structure allégée permettrait selon leurs concepteurs de réduire les coûts de fabrication et donc de l’énergie produite ainsi que les nuisances sonores et les risques d’accidents avec la faune.

Trois modèles sont programmés : le Vortex Atlantis, une turbine de 3 mètres de hauteur et d'une puissance de 100 watts, qui pourrait être utilisée dans les pays en développement dès la fin de l'année ; le Vortex Mini (12,5 mètres, 4 kilowatts) qui, lui, sortirait d'ici un an pour un usage domestique ; et le Vortex Gran, une structure de 170 mètres de haut permettant d'atteindre une capacité de 1 mégawatt (MW), prévue pour 2018.

Seuls deux prototypes (de 4 et 6 mètres de haut) ont été testés en conditions réelles. Les premiers résultats montrent qu’ils captent 30 % de moins d'énergie cinétique du vent que des éoliennes conventionnelles.

Prometteuse, cette technologie n’est pas encore à un stade de maturité suffisant pour pouvoir être comparée aux éoliennes tripales, qui bénéficient d’un retour d’expérience de plus de vingt ans (installées en 2001 en France, 1990 en Allemagne).

En particulier, les grands modèles de Vortex, de 1 MW, devront prouver qu’ils peuvent résister aux forces d’oscillation des vents.

D’après un article du Monde sur le sujet paru le 19 mai 2015, on compte aujourd’hui près de 150 000 éoliennes tripales installées dans le monde, pour une capacité totale d'environ 300 000 MW. Les turbines standard actuelles culminent à 80 voire 100 mètres, avec un rotor de 80 mètres de diamètre (qui va donc capter une grande quantité de vent). Elles affichent une puissance de 2 à 3 MW chacune. En comparaison, les prototypes testés par Vortex Bladeless ont une capacité de 4 kW, soit 500 fois moins que la puissance moyenne des éoliennes classiques et 2 000 fois plus faible que la puissance des éoliennes prévues pour équiper le parc éolien de Dieppe-Le Tréport. 

Nous restons à votre disposition pour tout complément d’information.