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AVIS
Contribution de SOS ESTUAIRE au projet de ligne nouvelle Paris-Normandie
par Patrice BONAY, SOS ESTUAIRE (LE HAVRE), 24/01/2012
« Le Havre a toujours su répondre aux défis de son histoire ». C'est par cette phrase que la municipalité du Havre applaudit le projet de ligne à grande vitesse Paris-Le Havre. Mais se préoccupe-t-elle une seule seconde des considérables problèmes d'environnement que cette ligne à grande vitesse engendrerait, quel que soit le scénario envisagé, même si le scénario C nous semble être le plus catastrophique pour les espaces naturels de l'estuaire ? À voir la teneur de nombreuses interventions de tout bord, SOS ESTUAIRE fait le constat accablant que nos « élites » ont encore beaucoup de chemin à accomplir pour que notre développement soit durable. L'équivalent en surface d'un département tous les huit ans est urbanisé en France à cause des aménagements inconsidérés : routes, autoroutes, supermarchés, lotissements, entrepôts, lignes TGV ... Le rythme de l'urbanisation se poursuit, malgré ses conséquences écologiques pour ne citer qu'elles, à une cadence insoutenable. « L'anarchie » règne au plus haut sommet de l'État qui, non seulement laisse faire, mais accompagne, pour ne pas dire encourage, cette véritable catastrophe écologique comparable à la déforestation. Pour SOS ESTUAIRE, il y a un tout autre défi à relever, mais celui-ci est radicalement opposé à celui de la municipalité du Havre ou de la plupart de nos « élites » qui, la tête dans le sable, veulent continuer, comme si de rien n'était, à artificialiser nos territoires. Ce défi à relever est de stopper cette course infernale à l'urbanisation galopante et de protéger nos territoires, qu'ils soient des espaces naturels ou agricoles, pour mettre fin à la disparition des exploitations agricoles (environ 30 000 par an en France) et à l'érosion de la biodiversité (une espèce d'oiseau sur 4, une espèce d'amphibien sur 3, et 1 de mammifère sur 8 sont en danger d'extinction). Quelle Terre allons-nous transmettre à nos enfants ? Mais revenons à nos préoccupations, pardon, aux préoccupations de nos élites. La disparition programmée de centaines d'hectares d'espaces naturels ou agricoles et la fracture d'un territoire sur plusieurs centaines de kilomètres, quel que soit le scénario retenu pour ce projet ferroviaire, auraient des conséquences écologiques considérables et irréversibles (diminution de la biodiversité, perturbation hydraulique, cloisonnement des espaces, perturbation des espèces). Par ailleurs, les espaces naturels qui ne seraient pas détruits auraient eux aussi à subir des impacts indirects liés à la coupure du territoire et à l'obstacle infranchissable pour la circulation des espèces d'une ligne ferroviaire. Enfin, QUID du coût financier d'une telle ligne à l'heure où les déficits des budgets explosent ? QUID des milliers de riverains qui seraient spoliés ou qui subiraient le passage de ces trains dont le bruit infernal peut provoquer des problèmes de santé considérables ? Et tout ce gâchis pour permettre la liaison Le Havre-Paris en 1h15 ! Pour permettre à certains parisiens en mal de payer des loyers exorbitants de rentrer le soir au Havre ! Seulement une centaine de citadins Havrais, qui travaillent à Paris, font journellement le trajet aller et retour. Cette nouvelle liaison leur permettrait certes de gagner quelques minutes et d'en faire bénéficier leur famille, mais tout cela n'est-il pas un peu démesuré ? Se préoccupe-t-on de l'intérêt général ? Envisage-t-on les répercussions sur le plus grand nombre des usagers, devant emprunter le reste du réseau ferroviaire encore plus délaissé et dégradé faute des moyens de l'entretenir, et sur ceux de la ligne nouvelle, qui auraient à subir les augmentations de tarif appliquées sur de telles lignes ? SOS ESTUAIRE s'oppose donc à ce projet au coût démesuré, surtout dans le contexte de dégradation générale, et dont l'impact sur l'environnement serait considérable, projet qui ne bénéficierait qu'à une minorité avide de vitesse, au détriment de beaucoup d'autres usagers. Pour SOS ESTUAIRE il est donc urgent d'utiliser les lignes ferroviaires actuelles en les modernisant et en ne les doublant que sur certains tronçons, en particulier celui de Paris-Mantes, bien saturé. Pour le transport des marchandises par voie ferroviaire, à développer, il y a lieu également d'optimiser en les modernisant les lignes existantes et des tronçons de lignes délaissés, tel que Serqueux-Gisors. |