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Avis n°167

Avis pour une PPE responsable qui bannisse toute approche idéologique

Ajouté par Collectif anciens du nucléaire (Le Bouscat), le
[Origine : Site internet]
Energie nucléaire

Les 410 signataires de cet avis, dont de nombreux anciens directeurs de centrale ou anciens patrons du parc nucléaire d'EDF, ont passé tout ou partie de leur carrière professionnelle dans l'ingénierie, la construction ou l'exploitation de centrales nucléaires. Certains d'entre eux ont assuré le démarrage de la centrale de Fessenheim.

Aujourd'hui, en situation de retraités, ils souhaitent donner leur avis dans le cadre de la PPE 2018 sur les effets néfastes pour notre pays de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte qui pose pour principe la réduction de la production électronucléaire. Cette disposition, seulement fondée sur un engagement électoral, n'a aucune justification aux plans technique, social, économique et environnemental. Elle aura pour première conséquence la fermeture anticipée de Fessenheim.

L'application de cette loi ne permettra pas à la France de respecter ses engagements de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre qui constituent pourtant un enjeu majeur pour les générations futures et une priorité forte rappelée par le Président de la République.

En effet, remplacer l'électricité bas carbone produite par nos centrales nucléaires par des énergies renouvelables n'a guère de sens en raison de l'intermittence de production de l'éolien qui nécessitera des moyens compensatoires (en France ou chez nos voisins) utilisant des combustibles fossiles générateurs de gaz carbonique. Ce constat est partagé par d'éminents scientifiques et techniciens (1).

Ce défaut majeur est également confirmé par RTE dans ses différents scénarios étudiés dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l'Energie (PPE) qui conduisent tous à une hausse des émissions de gaz carbonique.

Le Premier ministre a affiché son « pragmatisme » comme méthode de gouvernement en mettant en avant ses priorités :

o la lutte contre le réchauffement climatique avec la diminution des émissions de gaz à effet de serre,
o le développement de l'emploi,
o la réduction du déficit public,
o la réduction du déficit de la balance commerciale.

Or, la fermeture de Fessenheim, et plus encore celle d'autres réacteurs, est contraire à tous ces objectifs.

Comment le gouvernement peut-il s'émouvoir chaque fois qu'un industriel annonce la suppression de quelques centaines d'emplois et prendre la décision d'en supprimer plus de 2000 sans véritables raisons ?...

Comment peut-il jeter ainsi un doute sur la capacité de notre industrie à porter à l'export un projet de réacteurs de nouvelle génération et fragiliser un peu plus cette filière industrielle ?...

Alors que chaque jour apporte la confirmation de la situation dégradée des finances de l'Etat, comment peut-il sacrifier une installation rentable et accepter d'en payer un prix qui pourrait atteindre 4 milliards d'€ selon un rapport parlementaire alors qu'un effort est demandé à tous les Français pour diminuer le déficit public et celui de la balance commerciale ?...

Des marges de production très insuffisantes qui augmentent les risques de blackout

RTE l'a rappelé clairement dans son dernier rapport : « La disponibilité effective du parc nucléaire joue, de manière générale, un rôle majeur dans la sécurité d'alimentation de la France à l'horizon 2018/2019».

L'automne dernier a été sensiblement plus froid que les périodes hivernales de ces dernières années, sans être exceptionnel. L'indisponibilité de quelques réacteurs nucléaires n'a pas été compensée par une production éolienne très faible en raison de l'absence de vent qui a obligé notre pays à recourir massivement à l'importation d'électricité fortement carbonée et d'un coût élevé.

Les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim sont autorisés par l'ASN à fonctionner pendant 10 années supplémentaires, soit jusqu'en 2021 et 2023. Décider de leur arrêt définitif dès cette année conduirait à se priver d'une puissance de 1800 MW capable d'assurer une production propre, sûre et modulable et affaiblirait gravement la sécurité d'alimentation de notre pays.

En effet, seuls les moyens pilotables (hydraulique, nucléaire) peuvent permettre de garantir les marges nécessaires. Comme les centrales utilisant du charbon sont vouées à disparaître, ces marges vont devenir de plus en plus ténues notamment l'hiver prochain et un retard à la mise en service industriel de Flamanville 3 (toujours possible pour une installation qui démarre pour la première fois) se paierait très cher en cas d'arrêt prématuré de Fessenheim.

Réduire le nucléaire nous rendrait vulnérables devant les risques de blackout, dévastateurs au plan médiatique et politique et insupportables pour les populations concernées et l'économie du pays. Cette décision serait en outre contraire aux dernières recommandations du Président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire, appelant lui aussi à augmenter la marge de sécurité du système électrique...

Dans la prochaine décennie, nous aurons donc besoin de la production de toutes les centrales nucléaires, augmentée de celle de l'EPR de Flamanville pour satisfaire les besoins de notre pays et ceux des pays voisins, pour le plus grand bénéfice de notre balance commerciale.

La diversité des moyens de production doit se mesurer à l'échelle de l'Europe

Contrairement à certaines affirmations destinées à étayer la thèse de l'intérêt de la diversification de nos sources d'énergie, la part prépondérante de la production électronucléaire dans le mix énergétique de notre pays n'a jamais été une difficulté en plus de 40 années d'exploitation.

La gestion des incidents rencontrés et la généralisation à tout le Parc des améliorations des systèmes et des matériels ont contribué à une élévation constante du niveau de sûreté des installations.

Courir après une diversification en France fondée sur la réduction de son parc nucléaire, ne ferait que réduire la diversité du mix électrique européen et renforcerait les risques de blackout qui pourraient résulter d'un épisode anticyclonique affectant l'ensemble de la production éolienne en Europe.

En conclusion

Avec l'hydraulique, le nucléaire est pour le moment le mode de production d'électricité qui a l'impact le plus faible sur la santé des citoyens. Il ne s'oppose pas au développement des énergies renouvelables en France ou en Europe. En l'absence durable de moyens de stockage de masse de l'électricité, il permet une production d'électricité très faiblement émissive en gaz carbonique en assurant des variations de puissance importantes pour s'adapter à l'intermittence des énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque). Il contribue ainsi à la sécurité du réseau européen de transport de l'électricité.

Il répondra à l'augmentation prévisible de la consommation d'électricité dans notre pays, comme chez nos voisins, en raison des nouveaux usages de l'électricité et de l'évolution démographique.

Notre avis

Les signataires de cet avis recommandent de différer par tous les moyens possibles la fermeture de la centrale de Fessenheim et de rendre ses responsabilités à chaque partie concernée par ce dossier :

o à l'Etat de fixer le cadre d'une politique énergétique avec l'objectif, s'agissant de l'électricité, d'une production bas carbone, à un coût compétitif concourant à la performance de nos entreprises et à l'amélioration du pouvoir d'achat des particuliers,
o aux producteurs de déterminer dans le cadre ainsi fixé leurs moyens de production pour satisfaire à tout instant l'approvisionnement en électricité de notre pays,
o à l'Autorité de Sûreté Nucléaire de contrôler le bon niveau de sûreté des installations et de prendre le cas échéant les décisions de mise à l'arrêt des installations en défaut,
o et au parlement (Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques) de s'assurer du bon fonctionnement de cette filière à tous les niveaux et dans l'intérêt de la nation.

Engager dès maintenant un programme de renouvellement du parc nucléaire de notre pays par des EPR de deuxième génération devrait être considéré comme une priorité nationale.

Nous restons convaincus de l'obligation de traiter ce dossier sensible sur la base d'éléments rationnels et responsables dans l'intérêt de notre pays, de nos entreprises et de nos concitoyens.

Joël Bultel et Alain Desgranges pour les signataires de l'avis (2)
Ancien directeur de la centrale nucléaire de Flamanville et ancien directeur de la centrale ¾ du Blayais
joel.bultel6@orange.fr et alain.desgranges33@gmail.com

(1) Avis de l'Académie des Sciences du 6 janvier 2015 sur la transition énergétique et avis de l'Académie des Technologies du 10 juin 2015 sur la loi relative à la transition énergétique.
(2) Communication de la liste des signataires sur simple demande

Commentaires

Vous comparez les prix du nucléaire aux prix des énergies renouvelables (en reconnaissant que les énergies renouvelables coûtent moins cher, en ajoutant qu'elles sont de "qualité inférieure"), vous comparez l'intensité carbone du nucléaire à l'intensité carbone du renouvelable (en disant que le nucléaire a une intensité carbone moindre que les énergies fossiles et que les énergies renouvelables). Enfin vous dites que ce n'est pas bien d'investir dans les énergies renouvelables et qu'il faudrait mieux investir dans l'isolation thermique des bâtiments. Je ne pas d'accord pour les raisons très simples suivantes :
1) comparer les énergies de nature différente n'a aucun sens (interaction forte contre interaction électromagnétique). La problématique particulière du nucléaire est que l'interaction forte (environ 1MeV/nucléon) est incompatible avec la vie (environ 1eV/liaison). L'un écrase l'autre pour des raisons d'ordres de grandeurs d’énergie mise en jeu. À quoi bon créer des monstres énergétiques, s'ils risquent de nous tuer comme Tchernobyl et à Fukushima et avec la production gigantesque de radioactivité artificielle à durée de vie géologique humainement ingérable (comme le plutonium par exemple), tout cela pour des usages futiles de l’électricité produite (sur une échelle de temps ridiculement faible comparativement à leur durée de vie), en comparaison avec la valeur infinie de la vie présente et future. C'est ce que j'appelle "jouer à la roulette russe". Cela constitue une "conduite à risque" criminelle et répréhensible à interdire par la loi sous peine de prison.
2) donner un prix, quel qu'il soit (petit, moyen, grand) au kilowattheure nucléaire n'a absolument aucun sens. C'est une démarche purement idéologique, pour la bonne raison qu'on ne le connaît pas encore puisqu'il dépend de ce qui va se passer dans le futur et que ce futur se compte en millions d’années (nombre d'accidents du type Tchernobyl ou Fukushima plus nombre d'accidents sur sites d'enfouissement de matières hautement radioactives comme Asse ou au Waste Isolation Pilot Plant (WIPP) à Carlsbad-Nouveau-Mexique). Il faut bien garder en tête que ces accidents n’arrivent pas qu’aux autres et que s’ils sont arrivés ailleurs, c’est forcémnt qu’ils peuvent arriver chez nous. Ayons le courage de regarder les choses en face (de ne plus rester dans le déni) et la modestie de le reconnaître (de ne plus rester dans l’hubris).
3) donner une intensité carbone au nucléaire (c’est à dire une quantité de CO2 dégagée par kilowattheure électrique nucléaire produit) n’a absolument aucun sens, pour la même et bonne raison que tout à l’heure (cela dépend de ce qui s’est passé en amont et de ce qui se passera dans le futur, avec un futur se comptant en millions d’années : transports, engins de chantier, évacuations, soins aux victimes, etc.). Une seule chose est sûre : si on prend tout cela en compte (encore faut-il avoir le courage de ne pas rester dans le déni), alors, 1 kWh nucléaire a la capacité de produire une infinité de tonnes de CO2 et il n’y a bien que le nucléaire qui soit capable d’un tel « exploit », qui s’explique par l’interaction forte où tout est un million de fois plus « puissant » et « redoutable » que pour toute les autres interactions (comme l’interaction électromagnétique). Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les bombes chimiques (TNT) aux bombes atomiques (bombe A et bombe H).
En conséquence des trois points précédents, je suis totalement d’accord sur le fait qu’il faut investir massivement dans l’isolation thermique des bâtiments et aussi dans l’économie d’énergie dans les transports (déplacement à vélo pour aller au travail). Je suis totalement d’accord avec vous pour arrêter l’utilisation des énergies fossiles (grosse taxe carbone, avec une intensité carbone calculable, dans le cas particulier des énergies fossiles, mettant en jeu l’énergie chimique, donc l’interaction électromagnétique, sans danger direct pour la vie). Par contre, pour moi, ce ne sont pas les énergies renouvelables que nous devons arrêter pour développer le nucléaire mais c’est le nucléaire que nous devons arrêter pour développer le renouvelable. Pour moi, nucléaire et renouvelable sont incompatibles pour de nombreuses raisons comme la rentabilité et la dangerosité par rapport à ce que l’on en fait. Le nucléaire n’est pas la solution au problème mais beaucoup de problèmes à beaucoup de solutions.
Je terminerai en disant que ce ne sont pas les énergies renouvelables qui sont de qualité inférieure, mais nous qui ne sommes pas capables de les utiliser et de nous en contenter (les végétaux et les animaux s’en satisfont très largement). Par contre l’énergie nucléaire, c’est une fausse bonne solution. Sa qualité est très inférieure, en particulier si on calcule de rapport de son rendement (faible) par sa dangerosité (infinie), ça donne 0. Le nucléaire, c’est zéro. La meilleurs chose à faire est de s’en débarrasser au plus vite. La France a l’art d’avoir des mauvaises cartes dans son jeu (diesel et uranium) et de croire qu’elle va gagner la partie avec ça. Attention à la triche, sinon on finit enrobé de goudron (diesel) et de plumes (uranium). Débarrassons-nous au plus vite de nos mauvaises cartes et repartons sur de bonnes base pour faire gagner notre Pays (magnifique pays, avec un potentiel intellectuel extraordinaire, des ingénieurs et techniciens extrêmement compétents et motivés). En prenant les bonnes décisions, on ne peut que gagner. Je reste optimiste (en attendant, croisons les doigts et serrons les fesses pour que les centrales ne nous explosent pas à la figure).

44230

Le nucléaire est l'énergie qui produit le moins de CO2. Les marchands de peur ont réussi à donner une image satanique de cette industrie.
Pourtant les dangers les plus importants du monde à venir sont la raréfaction des ressources et le réchauffement climatique.
Seule l'énergie électrique, ayant peu d'impact carbone, est en mesure de relever les défis qui attendent non seulement la France mais le monde entier (chauffage ou climatisation des bâtiments, mobilité, alimentation des industries, désalinisation et dépollution des eaux, etc.). La France veut donner l'exemple et "se prend les pieds dans le tapis" avec ses craintes et ses prises de position idéologiques.

Le monde rural sera sans doute le premier à connaître les difficultés de la diminution des marges de sécurité pour le fonctionnement du réseau, avant les possibles black-out de parties du réseau électrique. La forme de cette PPE et le cadre qui lui est imposé ne part pas suffisamment des vrais risques et n'a pas encore une véritable attitude pragmatique pour affronter les vrais enjeux à venir.

24350

En réponse à Emmanuel Hourdequin

Nous avons d'excellentes références de l'impasse dans laquelle on s'engage en observant les performances de notre "modèle" allemand.
J'en rappelle les grands traits sur la base des données 2017 :
- une puissance installée de 202 GW pour une production de 550 TWh ; c'est à dire une capacité supérieure à la nôtre (131 GW) de près de 60%, mais une production à peine supérieure (+ 20,6 TWh ; moins de 4%) ;
- une production ENRi (solaire + éolien) de 142 TWh, inférieure de près de 50% à celle d'origine fossile (264,3 TWh, soit 25.8% du total) ;
- une production nucléaire de capacité réduite à moins de 11 GW et condamnée à brève échéance (2022) qui contribue encore pour plus de 13% à la production totale (72,1 TWh) soit 50% de la production des ENRi, pour seulement 11% des capacités mobilisées par le solaire et l’éolien,
- etc..

Dois-je ajouter pour l’Allemagne :
- des tarifs aux particuliers inimaginables en France (+80% environ),
- un investissement cumulé de quelque 300 Mds d’Euros,
- une subvention annuelle du développement des ENRi, via les tarifs, de 25 Mds d’Euros (près de 8 Mds en France),
- la fragilisation de la sécurité des réseaux électriques allemand et européens induite par la pénétration de moyens non soumis aux obligations de service qualitatifs et quantitatifs, requises des moyens conventionnels et nucléaires,
- la destruction de la valeur financière des producteurs historiques, en Allemagne et en France, liée à l’augmentation de la contrainte adaptative qu'ils subissent et au manque à gagner lié à l'écroulement occasionnel des prix de gros et aux pertes de production associées, lors d'épisodes de surproduction,
- des émissions de GES associées à la production électrique encore 5 à 10 fois supérieures aux nôtres (notre électricité est décarbonée à plus de 90%), 
- la stagnation des émissions totales allemandes de CO2 (quelque 930 Mt/an) depuis 2014 ; plus du triple des émissions françaises (321 Mt en 2017).

Doit-on chercher d’autres preuves de gabegie économique et sans profit vis à vis de la préoccupation majeure de maîtrise du réchauffement climatique? Un luxe autorisé par le confort d’une insolente prospérité économique aux yeux de beaucoup d'autres pays?

92310

Ni la France (avec son nucléaire) ni l'Allemagne (avec son charbon) ne sont des bons modèles. La raison est très simple :
- L'Allemagne utilise le charbon car elle en a chez-elle et que c'est rentable, tout simplement parce que, certes, ça pollue mais que l'on n'a pas besoin de payer pour cette pollution dans le prix de vente du kilowattheure électrique mis sur le marché (pas de taxe carbone dissuasive au niveau mondial), que ce n'est pas interdit et que l'on se permet de reporter le coût sur la collectivité et les générations futures.
- La France utilise le nucléaire, non pas parce qu'elle a de l'uranium mais pour des raisons historiques et aussi parce que c'est rentable, tout simplement parce, certes, ça pollue et c'est risqué mais que l'on n'a pas besoin de payer pour cette pollution et le risque encouru dans le prix du kilowattheure électrique mis sur le marché (pas de fiscalité écologique ni de taxe pollueur-payeur dissuasive au niveau mondial), que ce n'est pas interdit et que l'on se permet de reporter les coûts sur les générations futures.
Finalement les problématiques de la France et de l'Allemagne sont du même type : rentabilité artificielle, due à la non intégration des externalités négatives dans les prix du marché.
On critique l'Allemagne car le coût du kilowattheure électrique allemand est supérieur au coût du kilowattheure français. Cependant, étant donné que les prix du marché du kilowattheure électrique son biaisés, cela signifie que la France fait plus de dumping que l'Allemagne, ce qui représente une concurrence déloyale. De plus un prix du kilowattheure électrique plus haut est plus vertueux puisqu'il incite à davantage d'économie.
La solution à tout cela passe par une vraie fiscalité écologique qui intègre les externalités négatives et les risques dans les prix du marché, c'est aussi des lois qui interdisent les prises de risques inconsidérées sur la santé publique et l'environnement pour éviter l'irréparable (Tchernobyl, Fukushima). Il faut que la France arrête de ne penser qu'à elle et pense aux risques qu'elle fait prendre à l'Europe tout entière.
L'union fait la force. Les solutions résident dans l'énergie renouvelable, la sobriété et interconnexion décentralisée. Développons l'Europe de l'énergie renouvelable pour aider l'Allemagne à sortir du charbon le plus rapidement possible (stop au dumping environnemental et social avec des prix du marché artificiellement bas) et la France à sortir du nucléaire le plus rapidement possible (plus de risque inutile pour une utilisation de l'énergie futile par rapport aux risques encourus et une vraie opportunité de changer de modèle énergétique et de réussir la transition vers le renouvelable en arrêtant la fuite en avant mortifère).

44230

Merci @M HOURDEQUIN pour votre bel exposé de pataphysique!! Introduire la notion d'interaction forte pour expliquer en quoi l'énergie nucléaire est "moins bonne" -après avoir dit que comparer les énergies n'a pas de sens- m'a bien fait rire. De même que prendre un dénominateur (ou multiplicateur) infiniment grand pour "étayer" vos comparaisons est absurde : à ce compte là, autant dire que "Nous sommes tous morts" *. Il faut cependant reconnaitre une grande qualité à vos propos : Celle d'illustrer à la perfection l’irrationalité des peurs que suscite le nucléaire... et là-même la nécessité du (re?-)développement d'une culture scientifique **.

Pour en revenir à vos -pseudo- arguments ***:
- Vous dites que "l'interaction forte est incompatible avec la vie". S'il faut comprendre "la radioactivité empêche/annihile la Vie" alors vous avez tout faux sinon comment expliquer qu'on trouve de la vie (presque) partout alors que la radioactivité est omniprésente ! Certains scientifique font même l'hypothèse que la radioactivité est nécessaire à la vie car, en provoquant des mutations, elle faciliterait l'évolution ****.
- Sur vos "calculs" des coûts (financier et CO2) du nucléaire, vous vous trompez aussi complètement car 1) les durées ne sont ni infinies (contrairement à d'autres pollutions) ni celles que vous donnez (cf. autres posts) et 2) il faut appliquer un taux d'actualisation qui, même minime, rend négligeables les coûts futurs.

Enfin, sur la "qualité" d'une source d'énergie, l'évaluation dépend des critères choisis, en voici quelques-uns :
- stockabilité :
le vent et le soleil ne se stockent pas ;
la densité énergétique de l'uranium permet à la France de disposer de plusieurs années d'électricité.
- pilotabilité :
le vent ne se décrète pas et le soleil n'est utilisable que le jour (s'il n'y a pas trop de nuage) ;
une centrale nucléaire se pilote assez bien (avec des variations de puissance de l'ordre du % par minute).
- impact environnemental :
Le vent et le solaire ne sont exploitables que par l'implantation de très nombreuses installations sur des surfaces artificialisées significatives nécessitant des quantités notables d'éléments rares et de grande quantité de béton. A ce jour, il n'existe pas d'étude d'impact à long terme de ces installations sur les écosystèmes, il n'existe pas de solution de recyclage des matériaux composites...
Le nucléaire est exploitable via un nombre limité d'installations requérant des espaces limités, faites principalement de béton et d'acier. Les déchets (d'une durée de vie non-infinie) sont gérés par concentration/isolation afin de limiter leurs impacts (non-négligeables) faisant l'objet d'études rigoureuses...
- coût :
Les coûts des EnR (or stockage, gestion de l'intermittence, renforcement réseau...) et du nucléaire sont comparables.
- balance commerciale / indépendance :
les éoliennes et les panneaux solaires sont massivement importés (80% de la valeur) ;
seul l'uranium est importé (5% de la valeur) ... et les stocks laissent le temps de diversifier les approvisionnements en cas de problème.

=> Avec ces critères, à ce jour, il n'y a que sur l'aspect environnemental que les EnR puissent rivaliser... mais 1) les études sur leur impact environnemental sont encore parcellaires et 2) elles nécessitent des centrales fossiles en backup.

*cf. Jean-Luc Coudray et Lewis Trondheim
** https://www.huffingtonpost.fr/virginie-tournay/ne-nous-reposons-pas-sur-...
*** pour lesquels vous ne donnez ni chiffres, ni sources.
**** http://agora.qc.ca/documents/radioactivite--radioactivite_et_experience_...

44000

Je vois dans ces discussions, beaucoup d’idées reçues véhiculées par des antinucléaires qui n’argumentent évidemment pas par des chiffres leurs dires.
Combien y a-t-il eu de morts dans le monde à cause du nucléaire ces dernières années y compris à Fukushima ? ZERO et par contre, combien y a t’il de morts en Europe dus aux émissions des énergies fossiles ? Environ 40000 par an sans compter les morts déplorés lors des catastrophes dues au réchauffement climatique.
En France, nous avons la chance de produire une électricité à 95% décarbonnée et d’avoir un air relativement sain. D’autres pays, beaucoup moins bien lotis tels que la Chine et l’inde, souffrent d’une pollution sans commune mesure avec la nôtre et se dirigent massivement vers la production d’électricité d’origine nucléaire (La chine devrait dépasser les 100 réacteurs d’ici 2030).
Comment se fait-il que de nombreux pays aussi importants que la Chine, l’Inde, la Russie, l’Afrique du sud et même l’Arabie Saoudite se dirigent vers le nucléaire alors que la France qui est déjà équipée, s’ingénie à aller à contre-sens des autres ? Serions-nous les seuls à avoir raison d’autant que nous avons l’exemple catastrophique de l’Allemagne qui a réduit sa production nucléaire au profit de l’éolien et du solaire et qui est le plus gros pollueur d’Europe derrière la Pologne.
Personnellement, en tant que citoyen, je pense qu’au lieu d’engloutir des centaines de Milliards dans les énergies renouvelables, qui nécessitent des appoints carbonés du fait de leur intermittence, on ferait mieux de subventionner l’isolation des habitations et s’attaquer aux transports qui sont de loin les plus gros générateurs de CO2 en France car l'énergie la plus propre est celle qu'on ne produit pas!…..Quid du développement des transports en commun et du ferroutage dans la PPE ? ……mais je sais que mon discours est beaucoup moins porteur et surtout beaucoup moins porté que celui d’une minorité antinucléaire qui portera une immense responsabilité dans l’évolution du climat mondial et des décès qui en découleront !

30000

Monsieur,
vos affirmations sont tout autant critiquables :
- morts et conséquences de Fukushima: je crois qu'il est difficile de conclure si facilement, car les cas de cancers se déclarent plusieurs années après. Lorsqu'on lit cet article par exemple (*), on comprend quand même que les conséquences sont assez désastreuses et que le futur permettra de mieux conclure sur le réel impact...
- développement du nucléaire dans le monde VS celui des EnR: voir le World Nuclear Report : "Le Brésil, la Chine, l’Allemagne, l’Inde, le Japon, le Mexique, les Pays-Bas, l’Espagne, et le Royaume-Uni, - une liste de pays sur laquelle figurent trois des quatre plus grandes économies mondiales – produisent tous plus d’électricité d’origine renouvelable (hors hydraulique) que nucléaire. [...] La Chine conserve sa place de premier investisseur, avec 78 milliards de dollars ; sa capacité installée en solaire a doublé et atteint 78 GW, alors que les 20 GW éoliens supplémentaires installés lui ont permis d’approcher les 150 GW en cumulé, soit plus que l’ensemble des pays d’Europe réunis . Dans le même temps, la capacité nucléaire installée chinoise a augmenté de 4,6 GW et atteint 32 GW." (**) Vous voyez, les autres pays dont la Chine et l'Inde que vous citez investissent également massivement dans l'éolien et le solaire et de manière plus forte que dans le nucléaire. Nous n'allons donc pas à contre-sens en France, bien au contraire.
- Le schéma allemand est souvent cité, mais on parle peu du schéma portugais, alors qu'il est une belle référenceen matière d'EnR. (***)
- centaine de milliards dans les EnR: quelles sont ces centaines de milliards que vous évoquez? Les projets attribués sur les appels d'offres français et européens pour les futurs projets à terre ou en mer sont tous aussi compétitifs au kWh voire plus que le nucléaire existant (et ses coûts à venir pour le maintenir en vie, pour le stockage des déchets, etc.) ou que le nucléaire nouveau (tarif d'achat de 110€/MWh environ pour Hinkley point, pendant 35 ans, actualisé..).

Bref, vous voyez, il ne sert à rien de dire que ceux qui souhaitent une réduction du nucléaire en France sont antinucléaires et avancent des contre-vérités. Vos arguments sont tout autant critiquables.

Ainsi, le schéma français se dirige je l'espère par une diminution progressive du nucléaire (car on ne va pas fermer tous les réacteurs d'un coup), une baisse voire arrêt complet des centrales thermiques "basiques", et un développement des EnR. Quel mal à ça? C'est plutôt une feuille de route intelligente non?

* https://www.nouvelobs.com/planete/20160310.OBS6136/catastrophe-nucleaire...
** https://www.worldnuclearreport.org/IMG/pdf/20170912wnisr2017-executivesu...
*** https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/energies-renouvel...

13000

Comme l’affirment le collectif d’anciens du nucléaire, parmi les moyens de produire de l’électricité, « le nucléaire est avec l’hydraulique le mode de production qui a l’impact le plus faible sur la santé des citoyens ». Je suis d’accord avec cette affirmation qui reste vrai même en tenant compte de Tchernobyl et de Fukushima. Ce ne sont pas seulement eux, les anciens du nucléaire, qui l’affirment mais l’OMS et l’UNSCEAR. Cette instance onusienne qui travaille sur l’effet des rayonnements atomiques est l’équivalence du GIEC qui travaille sur le réchauffement climatique. Leur conclusion repose sur des faits avérés, étayés analysés depuis plus de soixante ans. Je sais que ça ne suffira pas pour rassurer les anti-nucléaires convaincus car les convictions ne reposent pas que sur du rationnel mais aussi sur du subjectif, voire sur un engagement militant passé qu’il est difficile d’éliminer.
Ceci étant dit et reconnu, à savoir l’existence d’un nucléaire civil exploité de manière propre et sûre, il convient de se poser la question suivante : le nucléaire a-t-il encore sa place dans le futur mix électrique parmi les autres moyens de production? Eliminons et voyons s’il se retrouve en touche.
Par souci primordial de réduction des émissions des GES, il faut écarter l’électricité d’origine fossile.
Restent donc les ENR électriques avec essentiellement l’Hydraulique et les EnRi intermittentes (solaire et éolien). Notre pays est déjà bien équipé en matière d’hydraulique, on ne pourra qu’améliorer l’existant mais on ne pourra pas faire beaucoup plus. Même la création de STEP (Stations de Transferts par Pompage comme Grand Maison en Isère) ne pourra être que limitée.
Je comprends alors que certains aient mis leur espoir depuis une vingtaine d’années dans les EnRi, en misant en parallèle sur de nouveaux moyens de stockages et des réseaux intelligents, essentiellement locaux.
Aujourd’hui si on analyse les résultats obtenus, on ne peut être que déçu. Je me réfère pour cela aux bilans de RTE en comparant 2012 à 2017 :
On dépasse les 20 GW de puissance installée solaire et Eolienne à fin 2017, soit plus de 10 GW supplémentaires depuis 2012 pour passer de 3,5% à seulement 6,2 % en 2017 par rapport à la production électrique française totale. Pendant la même période, l’électricité d’origine fossile a perdu près de 9 GW de puissance installée mais a produit 6,3 GWh de plus. Trouvez l’erreur ! 
RTE met en avant dans ses commentaires la forte progression des EnR mais se garde bien de faire le constat que cette augmentation a été accompagnée d’une augmentation de la production fossile.
Quelle en est la raison ? C’est pourtant simple : le réseau a besoin de moyens de production pilotables aptes à suivre les variations de la consommation. « L’intelligence du réseau » va du bas vers le haut pas encore du haut vers le bas ; (HT vers BT)
RTE compte sur des dispositifs d’effacements de la consommation et de mécanismes d’ajustement des capacités pour faire face à la diminution de moyens pilotables mais on en est encore qu’aux prémices.
La vérité est que les solutions à l’échelle du problème pour stocker l’électricité n’existent pas (encore) et que l’intelligence des réseaux évoquée pour y suppléer est embryonnaire.
Conclusion : nous devrons compter encore longtemps sur le nucléaire si nous voulons nous passer d’électricité d’origine fossile. D’autant plus que le nucléaire présente encore de nombreux avantages économiques en terme de coûts et d’emplois de hauts niveau non dé-localisables.
Deux des scénarios de RTE ont été retenus pour définir le cadre de la PPE. Je crains que ceux-ci pêchent encore par excès d’optimisme quant aux moyens de stockage, au succès des mécanismes d’ajustement de la consommation ou tout simplement au niveau de la consommation d’électricité qui stagne mais ne baissera pas comme l’espérait les promoteurs de la LTECV.
Encore une raison pour être prudent et garder notre atout nucléaire.

59000

Bonjour,

je souhaite apporter quelques éléments au débat ci-dessus.
Tout d'abord l'argument de l'emploi : avant de dire que fermer Fessenheim va faire perdre 2000 emplois, répondez plutôt à cette question: si je remplace la puissance de Fessenheim par l'équivalent en ENR, combien d'emplois ai-je créé ou détruit ?
Ensuite sur la dépendance énergétique : l'uranium n'étant pas extrait en France mais provenant surtout du Niger, Canada, Australie, Kazakhstan, dire qu'on est indépendant c'est comme dire qu'on est indépendant en pétrole car on a nos raffineries.
Je suis d'accord pour dire qu'on a encore besoin du nucléaire, mais cela ne doit pas être un argument pour freiner le développement des alternatives : le meilleur mix est un mix diversifié et plus décentralisé. Si chaque territoire développe ses propres ENR en fonction de ses atouts et se rapproche de l'autonomie énergétique, le réseau centralisé en sera délesté et ne sera pas en péril comme le clament haut et fort les défenseurs du nucléaire. C'est sur que si vous demandez l'avis de RTE sur le sujet, il ne va pas se tirer une balle dans le pied !

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Sur l'argument de l'emploi: 1) Ce ne doit pas être la question principale : la lutte contre le réchauffement climatique doit l'être et 2) les emplois des EnR sont surtout créés ... à l'étranger (au moins 80% de la valeur des installations est importée).

Sur la question de la dépendance: Certes l'uranium n'est -aujourd'hui- pas extrait en France mais on a ~5ans de stock (contre 3mois pour les hydrocarbure), ce qui laisse le temps de soit de mener des discussions commerciales internationales, soit de mettre en place une filière locale (il y a -un peu- d'uranium à peu près partout). Par ailleurs, la valeur importée ne représente que 5% du coût final de l'électricité.

Sur la problématique du réseau: 1) Avec des EnR intermittentes il faut un réseau renforcé car il faut pouvoir collecter/acheminer/stocker la totalité de la production sur peu de temps (ex: avec le PV, 80% de la production est faite sur 20% du temps) : ce qui implique de plus grandes puissances à transporter et des installations de backup/stockage qu'il faut connecter. 2) Les EnR étant diffuses le nombre de points de collecte est élevé, comme le nombre de connexion au réseau. 3) Les EnR étant dépendantes de leur environnement (météo, géographie...) les nombreux sites diffus de production peuvent être très éloignés de la consommation. (Sur ces 3 points, l'ADEME dit la même chose que RTE.)
=> Pour faire court, la décentralisation et l'autonomisation de la production électrique sont globalement de mauvaises idées qui conduisent à une augmentation des coûts : la décentralisation augmente les besoins d'interconnexion, l'autonomisation augmente les besoins -en nombre- d'installations de production et fait baisser leur taux de charge... Et les deux sont antinomiques : Si vous êtes autonome, vous ne pouvez bénéficier de la production de votre voisin.

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