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Avis n°167

Avis pour une PPE responsable qui bannisse toute approche idéologique

Ajouté par Collectif anciens du nucléaire (Le Bouscat), le
[Origine : Site internet]
Energie nucléaire

Les 410 signataires de cet avis, dont de nombreux anciens directeurs de centrale ou anciens patrons du parc nucléaire d'EDF, ont passé tout ou partie de leur carrière professionnelle dans l'ingénierie, la construction ou l'exploitation de centrales nucléaires. Certains d'entre eux ont assuré le démarrage de la centrale de Fessenheim.

Aujourd'hui, en situation de retraités, ils souhaitent donner leur avis dans le cadre de la PPE 2018 sur les effets néfastes pour notre pays de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte qui pose pour principe la réduction de la production électronucléaire. Cette disposition, seulement fondée sur un engagement électoral, n'a aucune justification aux plans technique, social, économique et environnemental. Elle aura pour première conséquence la fermeture anticipée de Fessenheim.

L'application de cette loi ne permettra pas à la France de respecter ses engagements de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre qui constituent pourtant un enjeu majeur pour les générations futures et une priorité forte rappelée par le Président de la République.

En effet, remplacer l'électricité bas carbone produite par nos centrales nucléaires par des énergies renouvelables n'a guère de sens en raison de l'intermittence de production de l'éolien qui nécessitera des moyens compensatoires (en France ou chez nos voisins) utilisant des combustibles fossiles générateurs de gaz carbonique. Ce constat est partagé par d'éminents scientifiques et techniciens (1).

Ce défaut majeur est également confirmé par RTE dans ses différents scénarios étudiés dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l'Energie (PPE) qui conduisent tous à une hausse des émissions de gaz carbonique.

Le Premier ministre a affiché son « pragmatisme » comme méthode de gouvernement en mettant en avant ses priorités :

o la lutte contre le réchauffement climatique avec la diminution des émissions de gaz à effet de serre,
o le développement de l'emploi,
o la réduction du déficit public,
o la réduction du déficit de la balance commerciale.

Or, la fermeture de Fessenheim, et plus encore celle d'autres réacteurs, est contraire à tous ces objectifs.

Comment le gouvernement peut-il s'émouvoir chaque fois qu'un industriel annonce la suppression de quelques centaines d'emplois et prendre la décision d'en supprimer plus de 2000 sans véritables raisons ?...

Comment peut-il jeter ainsi un doute sur la capacité de notre industrie à porter à l'export un projet de réacteurs de nouvelle génération et fragiliser un peu plus cette filière industrielle ?...

Alors que chaque jour apporte la confirmation de la situation dégradée des finances de l'Etat, comment peut-il sacrifier une installation rentable et accepter d'en payer un prix qui pourrait atteindre 4 milliards d'€ selon un rapport parlementaire alors qu'un effort est demandé à tous les Français pour diminuer le déficit public et celui de la balance commerciale ?...

Des marges de production très insuffisantes qui augmentent les risques de blackout

RTE l'a rappelé clairement dans son dernier rapport : « La disponibilité effective du parc nucléaire joue, de manière générale, un rôle majeur dans la sécurité d'alimentation de la France à l'horizon 2018/2019».

L'automne dernier a été sensiblement plus froid que les périodes hivernales de ces dernières années, sans être exceptionnel. L'indisponibilité de quelques réacteurs nucléaires n'a pas été compensée par une production éolienne très faible en raison de l'absence de vent qui a obligé notre pays à recourir massivement à l'importation d'électricité fortement carbonée et d'un coût élevé.

Les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim sont autorisés par l'ASN à fonctionner pendant 10 années supplémentaires, soit jusqu'en 2021 et 2023. Décider de leur arrêt définitif dès cette année conduirait à se priver d'une puissance de 1800 MW capable d'assurer une production propre, sûre et modulable et affaiblirait gravement la sécurité d'alimentation de notre pays.

En effet, seuls les moyens pilotables (hydraulique, nucléaire) peuvent permettre de garantir les marges nécessaires. Comme les centrales utilisant du charbon sont vouées à disparaître, ces marges vont devenir de plus en plus ténues notamment l'hiver prochain et un retard à la mise en service industriel de Flamanville 3 (toujours possible pour une installation qui démarre pour la première fois) se paierait très cher en cas d'arrêt prématuré de Fessenheim.

Réduire le nucléaire nous rendrait vulnérables devant les risques de blackout, dévastateurs au plan médiatique et politique et insupportables pour les populations concernées et l'économie du pays. Cette décision serait en outre contraire aux dernières recommandations du Président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire, appelant lui aussi à augmenter la marge de sécurité du système électrique...

Dans la prochaine décennie, nous aurons donc besoin de la production de toutes les centrales nucléaires, augmentée de celle de l'EPR de Flamanville pour satisfaire les besoins de notre pays et ceux des pays voisins, pour le plus grand bénéfice de notre balance commerciale.

La diversité des moyens de production doit se mesurer à l'échelle de l'Europe

Contrairement à certaines affirmations destinées à étayer la thèse de l'intérêt de la diversification de nos sources d'énergie, la part prépondérante de la production électronucléaire dans le mix énergétique de notre pays n'a jamais été une difficulté en plus de 40 années d'exploitation.

La gestion des incidents rencontrés et la généralisation à tout le Parc des améliorations des systèmes et des matériels ont contribué à une élévation constante du niveau de sûreté des installations.

Courir après une diversification en France fondée sur la réduction de son parc nucléaire, ne ferait que réduire la diversité du mix électrique européen et renforcerait les risques de blackout qui pourraient résulter d'un épisode anticyclonique affectant l'ensemble de la production éolienne en Europe.

En conclusion

Avec l'hydraulique, le nucléaire est pour le moment le mode de production d'électricité qui a l'impact le plus faible sur la santé des citoyens. Il ne s'oppose pas au développement des énergies renouvelables en France ou en Europe. En l'absence durable de moyens de stockage de masse de l'électricité, il permet une production d'électricité très faiblement émissive en gaz carbonique en assurant des variations de puissance importantes pour s'adapter à l'intermittence des énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque). Il contribue ainsi à la sécurité du réseau européen de transport de l'électricité.

Il répondra à l'augmentation prévisible de la consommation d'électricité dans notre pays, comme chez nos voisins, en raison des nouveaux usages de l'électricité et de l'évolution démographique.

Notre avis

Les signataires de cet avis recommandent de différer par tous les moyens possibles la fermeture de la centrale de Fessenheim et de rendre ses responsabilités à chaque partie concernée par ce dossier :

o à l'Etat de fixer le cadre d'une politique énergétique avec l'objectif, s'agissant de l'électricité, d'une production bas carbone, à un coût compétitif concourant à la performance de nos entreprises et à l'amélioration du pouvoir d'achat des particuliers,
o aux producteurs de déterminer dans le cadre ainsi fixé leurs moyens de production pour satisfaire à tout instant l'approvisionnement en électricité de notre pays,
o à l'Autorité de Sûreté Nucléaire de contrôler le bon niveau de sûreté des installations et de prendre le cas échéant les décisions de mise à l'arrêt des installations en défaut,
o et au parlement (Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques) de s'assurer du bon fonctionnement de cette filière à tous les niveaux et dans l'intérêt de la nation.

Engager dès maintenant un programme de renouvellement du parc nucléaire de notre pays par des EPR de deuxième génération devrait être considéré comme une priorité nationale.

Nous restons convaincus de l'obligation de traiter ce dossier sensible sur la base d'éléments rationnels et responsables dans l'intérêt de notre pays, de nos entreprises et de nos concitoyens.

Joël Bultel et Alain Desgranges pour les signataires de l'avis (2)
Ancien directeur de la centrale nucléaire de Flamanville et ancien directeur de la centrale ¾ du Blayais
joel.bultel6@orange.fr et alain.desgranges33@gmail.com

(1) Avis de l'Académie des Sciences du 6 janvier 2015 sur la transition énergétique et avis de l'Académie des Technologies du 10 juin 2015 sur la loi relative à la transition énergétique.
(2) Communication de la liste des signataires sur simple demande

Commentaires

Le nucléaire est un très vaste domaine de connaissances à acquérir.
Les gens qui connaissent s'expriment peu car ils savent ne connaitre que leur domaine spécfique. Seuls les services centraux représentent la matière grise, la mémoire et la solidarité de notre parc nucléaire. Cette organisation importante pour la sureté, encore envié dans le monde, n'est pas très connue du public.
Par contre les gens qui ne connaissent pas semblent décharger un flot de contre-vérités en s'appuyant sur l'adage "critiquez critiquez, il en restera toujours quelque chose...!"
Le débat sur le sujet semble donc impossible...?
D'autant que pour obtenir des précisions sur tel ou tel incident avéré sur l'un des sites nucléaires, nos journalistes des plus professionnels tendent d'abord leur micro au représentant politique écologiste qui n'est, pour le moins, pas le plus au fait de l'incident pour répondre au public.
La conséquence de tout cela est que les industriels du nucléaire sont sur la défensive vis à vis des utilisations ultérieures des données qu'on leur impose de communiquer au nom de la transparence !
Tout cela n'augure pas d'une possible amélioration dans nos échanges futurs...
Combien de temps se donne t-on pour enfin ouvrir les yeux et dépasser ces clivages politiques?
Le réchauffement de la planète n'est ni de droite ni de gauche ni d'écologie partisane.
C'est notre problème et celui de nos enfants, ils pourront aussi nous reprocher un jour de ne pas avoir poursuivi la production nucléaire...!
Personnellement je regrette l'abandon définitif de Superphénix, au delà d'une perte substantielle de puissance (sans aucune commune mesure avec les ENR) ce réacteur aurait pu participer à "transmuter" nos déchets radioactif actuels...!
mais nous avons préféré nous en priver..., quelles vont être nos prochaines "bonnes" décisions ?

Je suis à ce jour assez pessimiste, mais j'ai toutefois confiance dans la démarche du débat public, sinon je n'y aurai pas participé.

Et s'il vous plait, n'en faisons pas un lieu de "décharge publique" il s'agit de l'avenir de nos enfants.

07700

Bravo et merci pour ce plaidoyer en faveur du maintien de Fessenheim. Enfin un avis pertinent, de gens compétents, qui, une fois n’est pas coutume, connaissent les réacteurs nucléaires de l’intérieur pour les avoir conçus, construits ou exploités et qui enfin s’expriment. Il y a tellement eu d’avis incompétents, venant de soi-disant spécialistes du nucléaire qui n’ont jamais, à la différence de vous, travaillé dans une centrale, ou qui prétendent avoir peur des déchets nucléaires sans en avoir jamais vu, ni subi aucun inconvénient ; ou qui n’ont jamais osé rencontrer les femmes et les hommes à qui nous devons l’excellence de cette industrie, de peur de devoir remettre en cause leur croyances anti-nucléaires, parfois sincères, mais souvent coupables, ou, tout simplement intéressées (financièrement, politiquement ou, comme vous l’écrivez, idéologiquement). Quant à nous simples consommateurs de cette électricité de Fessenheim, une des moins chères et des plus sûres d’Europe, qui assure notre bien-être et le respect de notre environnement depuis 40 ans, nous sommes nombreux à être aussi fiers que vous de cette réussite, et aussi conscients que vous du gâchis que constituerait cet arrêt inutile, coûteux, prématuré et purement idéologique. Merci d’avoir pris la parole.

92160

Il n'y a donc pas de débat, la situation énergétique doit rester identique, le nucléaire n'a aucun défaut?
Ce n'est pas surprenant venant de la part "d'anciens du nucléaire" mais il est dommage de ne pas regarder plus loin et de se dire, en tant que personnes responsables, que les EnR notamment ont un rôle important dans la transition énergétique? Que produire de l'électricité de manière simple et sans risque mérite de s'y attarder?

Vous n'avez visiblement pas bien lu le bilan prévisionnel 2017 de RTE qui propose des scénarios dans lesquels on ferme des centrales nucléaires, on développe des EnR et sans augmentation des émissions de C02? Encore moins celui de l'ADEME...

Comment un collectif de "spécialistes" tels que vous, peut encore dire que recourir aux EnR mettrait en péril la stabilité du réseau français alors que RTE (encore) assure l'inverse?!

Enfin, vous parlez des finances de l'Etat, et des choix à faire en ce sens. Si on ne regardait que ce critère coût, les EnR seraient donc la solution puisque plus compétitives que le nucléaire, votre industrie l'avoue elle-même dans son rapport mondial 2017 (*): «Les nouvelles installations renouvelables reviennent moins cher que les coûts d’exploitation et de maintenance des centrales nucléaires existantes. »

Mais ne vous inquiétez pas, le nucléaire sera encore dans le paysage français pour de nombreuses années, mais tentez de reconnaître que sa part peut être réduite au profit de modes de production EnR moins chers et moins risqués, tout en conservant la sécurité du réseau et sans augmentation du Co2... Ne pas le reconnaître est un manque d'ouverture d'esprit notable.

source: https://www.worldnuclearreport.org/IMG/pdf/20170912wnisr2017-executivesu...

13000

Je suis tout à fait en phase avec ce qui est écrit dans cet avis . Le nucléaire nous garantit une indépendance énergétique , la diminution d'émission de CO2 , un prix du KW compétitif ,
une stabilité du réseau . Il ne faut surtout pas suivre le modèle Allemand .

01150

Croire dur comme fer dans le nucléaire en refusant de regarder en face tous ses dangers et tous ses désavantages est purement idéologique (c'est ce que l'on appelle la politique de l'autruche). Ne pas vouloir reconnaître que risquer Tchernobyl et Fukushima ou même pire en France pour faire griller des saucisses est absurde, criminel et idéologique. Ne pas reconnaître que le nucléaire émet énormément de CO2 à cause de son impact dans une échelle de temps monstrueusement longue (géologique et inhumaine) est idéologique. Avec le nucléaire, on fait payer les générations futures à notre place en leur laissant un stock ingérable de radioactivité artificielle avec tous les risques de contamination qui vont avec. Croire que le prix du kilowattheure nucléaire est juste est idéologique. En vrai on ne paye qu'une fraction minime du vrai prix qui n'intègre pas des externalités négatives incommensurables et cela nous pousse à gaspiller. Croire que le nucléaire est une solution au problème est idéologique. Bien au contraire, c'est des problèmes aux solutions. Croire que le nucléaire lutte efficacement contre le réchauffement climatique est idéologique. Au contraire il en est bien incapable par rapport à ce qu'il représente au niveau mondial et parce qu'il est lui-même, sur toute la durée de vie des ennuis qu'il génère, très fortement émetteur de CO2 (évacuation de populations, etc.). C'est un boulet, il est beaucoup trop vulnérable et n'est capable que de causer plein d'ennuis à cause des ouragans, des inondations, des sécheresses et du terrorisme (déjà rien qu’à démanteler les centrales et à surveiller les matériaux contaminés et autres matières radioactives produites). Croire qu'il nous protège est idéologique car il nous menace bien au contraire. Croire que les générations futures seront contentes de s'occuper de toutes ces saletés alors qu'elles n'ont plus aucun avantage à en tirer est idéologique. À quoi ça sert de se casser la tête à développer les énergies renouvelables, de faire bien attention à économiser l'énergie, de faire des lois pour protéger la nature et empêcher la pollution si une centrale explose et nous oblige à évacuer le moitié du pays (ou le pays tout entier) ou si des matières radioactives stockées quelque part, soit-disant bien en sécurité, ressurgissent et contaminent les nappes phréatiques, l'air, toute la chaîne alimentaire, alors tous les beaux efforts fournis par tout le monde seront anéantis. Le nucléaire est une épée de Damoclès. Croire qu'un accident nucléaire en France est impossible voire improbable est idéologique. Au contraire, il est plus que probable si on est réaliste. Donc si on est réaliste, la seule conséquence sage est d'interdire par la loi la survenue d'un tel cataclysme donc d'interdire purement et simplement le nucléaire puisque le droit de respirer un air sain, de boire une eau saine, de manger de la nourriture saine doit être garanti par l'état (c'est bien la moindre des choses, tout de même et il ne faut y voir aucune idéologie mais du réalisme très terre à terre basé sur l’amour de la vie et du monde).

44230

Il est sans doute utile de préciser que les contributeurs de cet avis sont, avant tout, des citoyens.

Ils n’ont pas la prétention de s’autoproclamer « spécialistes » mais revendiquent simplement leur expérience professionnelle pour faire valoir leurs arguments. Ils sont fiers d’avoir participé à une réussite industrielle reconnue dans le monde entier et ne souhaitent pas s’en cacher…

Ce débat public les a autorisés à s’exprimer en toute indépendance. Il s’agit d’une situation inédite, l’expression dans les médias étant généralement réservée aux opposants au nucléaire.

Ils ne sont pas non plus sectaires et conviennent de l’intérêt des énergies renouvelables, mais pas à n’importe quel prix. C’est bien l’énergie nucléaire qui permettra de contribuer à leur émergence dès que le stockage de masse de l’électricité deviendra une réalité technique. Ce qui n’est pas pour demain.

Ils sont résolument pour un mix énergétique où chaque forme d’énergie doit trouver sa « juste » place mesurée sur la base de critères économiques, environnementaux et sociaux. Et surtout pas sur la seule base de considérations idéologiques…

Enfin, ils sont lucides et savent bien que ce n'est pas leur avis qui changera la politique énergétique du gouvernement. Mais avec sa publication, ils ont le sentiment d'avoir accompli leur devoir de citoyens, ce qui n'est pas rien ...

33110

Tant que les solutions de stockage ne seront pas optimales, fiables et économiques, il est préférable de garder notre production nucléaire au niveau actuel en intégrant l'augmentation de la consommation d’électricité avec la reprise économique et le recours grandissant des véhicules électriques.
Par ailleurs, la production nucléaire est bien utile à la stabilité du réseau électrique européen.
Une diminution de la production nucléaire conduirait à augmenter la production issue des cycles combinés gaz avec des rejets de CO2 dans l'atmosphère...
Le bon sens est de prolonger les réacteurs existants de 10 à 20 ans et de développer quelques EPR supplémentaires pour prendre le relais ensuite.
Les EnR auront leur place, limitée par l'inconvénient lié à l'intermittence et la stabilité du réseau.

26200

Je vous remercie pour votre exemple parfait de l'approche idéologique que constitue vos propos !
Vous êtes totalement dans l'adage "critiquez critiquez, il en restera toujours quelque chose...!" (merci @M TRéBILLAC pour sa formule). Votre intervention est l'exemple type de ce que des chercheurs comme Gérald Bronner* nomment un "mille-feuilles argumentatif" : accumulation d'affirmations peu, pas ou mal étayées dont l'effet est de décourager vos interlocuteurs par la masse de travail nécessaire à la déconstruction nuancée, sourcée et argumentée de chacune des affirmations.
Cela conduit à tuer le débat et, au vu de la charte (modération de ce qui n'est "pas suffisamment argumentés"), j’espérais que cela n'arrive pas ici. Cela est d'autant plus pénalisant que vous reprenez abondamment sur d'autres fils vos arguments pourtant déjà battu en brèche (alors que la charte exclu les "contenu[s] déjà publié[s]").
L'énergie étant centrale dans notre mode de vie, nous ne pouvons nous permettre un débat de moindre qualité. De plus, l'énergie étant une chose "physique" (au sens scientifique et au sens de "réalité"), il ne peut être fait l'économie de se passer de chiffres, d'ordres de grandeurs et de comparaisons factuelles dans les échanges (il ne s'agit pas d'une discussion sur la morale).

* https://www.puf.com/content/La_d%C3%A9mocratie_des_cr%C3%A9dules

44000

Vous dites : "Les EnR auront leur place, limitée par l'inconvénient lié à l'intermittence et la stabilité du réseau". Ce n'est pas ce que je pense, bien au contraire.
Pour moi, le nucléaire n'est pas une solution au problème mais des tas de problèmes à des tas de solutions. Le nucléaire est trop dangereux et trop cher. Ça ne vaut pas le coup de risquer Tchernobyl et Fukushima et de produire du plutonium inutilement pour faire griller des saucisses. Il faut disqualifier d'office toute source d'énergie faisant intervenir l'interaction forte, incompatible avec la vie (hormis le soleil car nous en sommes bien protégés).
À mon avis, vous prenez les choses à l'envers.
En les remettant à l'endroit, cela donne :
1) taxons lourdement le CO2 (pour sortir le plus rapidement possible du fossile, lutter contre le réchauffement climatique et avoir de l'argent) ;
2) appliquons le principe pollueur payeur (pour avoir de l'argent et sauver des vies, les deux allant ensemble car mieux vaut prévenir que guérir) ;
3) économisons massivement l'énergie car la meilleure énergie est celle que l'on ne consomme pas, par exemple aller au travail à vélo ou isoler les habitations (économie d'argent, moins de pollution, plus facile de répondre à la demande lorsque celle-ci est moins forte) ;
4) sortons le plus rapidement possible du nucléaire (pour ne pas dépenser de l'argent inutilement tout en écartant le risque de catastrophe nucléaire qui anéantirait tous nos efforts et tous nos espoirs, ce qui n'est pas envisageable) ;
5) investissons massivement dans le renouvelable et adaptons nos réseaux, en sortant du système centralisé pour aller vers de petites unités de production interconnectées (comme internet où tous les ordinateurs sont des nœuds du réseau) car ce n'est pas à nous de nous adapter aux réseaux et systèmes existants mais à nos réseaux et à nos systèmes à s'adapter à nous donc à l'intermittence (c'est nécessaire, quand on veut, on peut, il faut se retrousser les manches, trouver des idées et des solutions en s'en donnant les moyens, tout en se rappelant tout de même que toutes les énergies renouvelables ne sont pas intermittentes). D'ailleurs, il faudra récupérer le cuivre et tous les matériaux des anciens réseaux pour créer les nouveaux (recyclage) ;
6) transformons nos déchets en nutriments (économies d'énergie pour fabriquer les matériaux : énergie grise) pour arrêter consommer en six mois des matériaux que la Terre est capable de renouveler en un an ;
7) interdisons par la loi tout recours à l'interaction forte pour produire de l'énergie, si possible au niveau mondial car l'utilisation que l'on fait de cette énergie est futile comparée au respect de la vie, sachant qu'elle est incompatible avec elle.
8) changeons de paradigme économique pour remettre l'homme et non plus l'argent et le profit au centre du système.

44230

je veux rassurer Thomas (de Marseille) qui a émis un avis le 04/04/2018 sous le titre "collectif anciens du nucléaire".
Notre proposition ne vise pas à affirmer qu’il faut maintenir absolument la part du nucléaire dans le mix électrique mais simplement à expliquer qu’il n’y a aucune bonne raison économique, environnementale ou sociale à anticiper la fermeture d’une centrale dont la sûreté est à un excellent niveau.
Il est bien évident que les centrales nucléaires sont appelées à stopper leur activité un jour, comme toute installation industrielle.
Leur maintien en service n’est pas un obstacle au développement des énergies renouvelables (EnR) et il nous semble normal qu’à l’occasion de la réflexion sur la PPE la part du nucléaire dans le mix électrique futur soit un des éléments de débat.
Si la compétitivité des EnR était aussi bonne que vous l’affirmez, il ne serait pas utile de les subventionner en obligeant EDF à racheter leur production à un prix au-dessus du prix de marché pendant 20 ans.
Les trois questions suivantes méritent réflexion :
1- Connaissez-vous un produit qui se vende au dessus du prix de marché sans que sa fourniture soit garantie au moment ou on en a besoin ?
2- Savez-vous que pour ces contrats de rachat au-dessus du prix de marché, EDF est indemnisé via la CSPE (Contribution au Service Publique de l’Electricité). Cette indemnisation se retrouve bien entendu sur la facture des clients. Elle s’élève pour la période 2015-2025, et pour les contrats signés avant 2015, à 75 milliards d’euros (donnée CRE) auxquels s’ajoutent 15 milliards de TVA, soit au total 90 milliards d’euros. Compte tenu de la composition du mix électrique français, ces EnR ont peu d’impact sur les émissions de gaz à effet de serre. N’aurait-il pas mieux valu consacrer ces 90 milliards d’euros à l’isolation thermique des bâtiments ?
3- Si grâce aux progrès technologiques on peut se réjouir de la baisse des prix de revient du Mwh produit par les EnR, il faut toujours se rappeler que deux produits qui ont le même prix de revient n’ont pas nécessairement la même valeur. L’énergie produite par une centrale nucléaire ou une centrale thermique classique l’est au moment ou le besoin existe alors que l’énergie produite par l’éolien dépend des conditions de vent sur lesquels nous n’avons aucune maîtrise et l’énergie produite par le solaire dépend de l’heure de la journée, de la couverture nuageuse, de la saison et de la latitude. Pour être comparable, il faudrait ajouter au coût des EnR électriques le coût du stockage de l’électricité nécessaire à la gestion de l’intermittence de ces énergies.
Accessoirement, vous observerez que les scénarii de RTE auxquels vous faites référence ne font état d’aucune évaluation économique.

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