Avis n°167
Avis pour une PPE responsable qui bannisse toute approche idéologique
le ,Les 410 signataires de cet avis, dont de nombreux anciens directeurs de centrale ou anciens patrons du parc nucléaire d'EDF, ont passé tout ou partie de leur carrière professionnelle dans l'ingénierie, la construction ou l'exploitation de centrales nucléaires. Certains d'entre eux ont assuré le démarrage de la centrale de Fessenheim.
Aujourd'hui, en situation de retraités, ils souhaitent donner leur avis dans le cadre de la PPE 2018 sur les effets néfastes pour notre pays de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte qui pose pour principe la réduction de la production électronucléaire. Cette disposition, seulement fondée sur un engagement électoral, n'a aucune justification aux plans technique, social, économique et environnemental. Elle aura pour première conséquence la fermeture anticipée de Fessenheim.
L'application de cette loi ne permettra pas à la France de respecter ses engagements de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre qui constituent pourtant un enjeu majeur pour les générations futures et une priorité forte rappelée par le Président de la République.
En effet, remplacer l'électricité bas carbone produite par nos centrales nucléaires par des énergies renouvelables n'a guère de sens en raison de l'intermittence de production de l'éolien qui nécessitera des moyens compensatoires (en France ou chez nos voisins) utilisant des combustibles fossiles générateurs de gaz carbonique. Ce constat est partagé par d'éminents scientifiques et techniciens (1).
Ce défaut majeur est également confirmé par RTE dans ses différents scénarios étudiés dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l'Energie (PPE) qui conduisent tous à une hausse des émissions de gaz carbonique.
Le Premier ministre a affiché son « pragmatisme » comme méthode de gouvernement en mettant en avant ses priorités :
o la lutte contre le réchauffement climatique avec la diminution des émissions de gaz à effet de serre,
o le développement de l'emploi,
o la réduction du déficit public,
o la réduction du déficit de la balance commerciale.
Or, la fermeture de Fessenheim, et plus encore celle d'autres réacteurs, est contraire à tous ces objectifs.
Comment le gouvernement peut-il s'émouvoir chaque fois qu'un industriel annonce la suppression de quelques centaines d'emplois et prendre la décision d'en supprimer plus de 2000 sans véritables raisons ?...
Comment peut-il jeter ainsi un doute sur la capacité de notre industrie à porter à l'export un projet de réacteurs de nouvelle génération et fragiliser un peu plus cette filière industrielle ?...
Alors que chaque jour apporte la confirmation de la situation dégradée des finances de l'Etat, comment peut-il sacrifier une installation rentable et accepter d'en payer un prix qui pourrait atteindre 4 milliards d'€ selon un rapport parlementaire alors qu'un effort est demandé à tous les Français pour diminuer le déficit public et celui de la balance commerciale ?...
Des marges de production très insuffisantes qui augmentent les risques de blackout
RTE l'a rappelé clairement dans son dernier rapport : « La disponibilité effective du parc nucléaire joue, de manière générale, un rôle majeur dans la sécurité d'alimentation de la France à l'horizon 2018/2019».
L'automne dernier a été sensiblement plus froid que les périodes hivernales de ces dernières années, sans être exceptionnel. L'indisponibilité de quelques réacteurs nucléaires n'a pas été compensée par une production éolienne très faible en raison de l'absence de vent qui a obligé notre pays à recourir massivement à l'importation d'électricité fortement carbonée et d'un coût élevé.
Les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim sont autorisés par l'ASN à fonctionner pendant 10 années supplémentaires, soit jusqu'en 2021 et 2023. Décider de leur arrêt définitif dès cette année conduirait à se priver d'une puissance de 1800 MW capable d'assurer une production propre, sûre et modulable et affaiblirait gravement la sécurité d'alimentation de notre pays.
En effet, seuls les moyens pilotables (hydraulique, nucléaire) peuvent permettre de garantir les marges nécessaires. Comme les centrales utilisant du charbon sont vouées à disparaître, ces marges vont devenir de plus en plus ténues notamment l'hiver prochain et un retard à la mise en service industriel de Flamanville 3 (toujours possible pour une installation qui démarre pour la première fois) se paierait très cher en cas d'arrêt prématuré de Fessenheim.
Réduire le nucléaire nous rendrait vulnérables devant les risques de blackout, dévastateurs au plan médiatique et politique et insupportables pour les populations concernées et l'économie du pays. Cette décision serait en outre contraire aux dernières recommandations du Président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire, appelant lui aussi à augmenter la marge de sécurité du système électrique...
Dans la prochaine décennie, nous aurons donc besoin de la production de toutes les centrales nucléaires, augmentée de celle de l'EPR de Flamanville pour satisfaire les besoins de notre pays et ceux des pays voisins, pour le plus grand bénéfice de notre balance commerciale.
La diversité des moyens de production doit se mesurer à l'échelle de l'Europe
Contrairement à certaines affirmations destinées à étayer la thèse de l'intérêt de la diversification de nos sources d'énergie, la part prépondérante de la production électronucléaire dans le mix énergétique de notre pays n'a jamais été une difficulté en plus de 40 années d'exploitation.
La gestion des incidents rencontrés et la généralisation à tout le Parc des améliorations des systèmes et des matériels ont contribué à une élévation constante du niveau de sûreté des installations.
Courir après une diversification en France fondée sur la réduction de son parc nucléaire, ne ferait que réduire la diversité du mix électrique européen et renforcerait les risques de blackout qui pourraient résulter d'un épisode anticyclonique affectant l'ensemble de la production éolienne en Europe.
En conclusion
Avec l'hydraulique, le nucléaire est pour le moment le mode de production d'électricité qui a l'impact le plus faible sur la santé des citoyens. Il ne s'oppose pas au développement des énergies renouvelables en France ou en Europe. En l'absence durable de moyens de stockage de masse de l'électricité, il permet une production d'électricité très faiblement émissive en gaz carbonique en assurant des variations de puissance importantes pour s'adapter à l'intermittence des énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque). Il contribue ainsi à la sécurité du réseau européen de transport de l'électricité.
Il répondra à l'augmentation prévisible de la consommation d'électricité dans notre pays, comme chez nos voisins, en raison des nouveaux usages de l'électricité et de l'évolution démographique.
Notre avis
Les signataires de cet avis recommandent de différer par tous les moyens possibles la fermeture de la centrale de Fessenheim et de rendre ses responsabilités à chaque partie concernée par ce dossier :
o à l'Etat de fixer le cadre d'une politique énergétique avec l'objectif, s'agissant de l'électricité, d'une production bas carbone, à un coût compétitif concourant à la performance de nos entreprises et à l'amélioration du pouvoir d'achat des particuliers,
o aux producteurs de déterminer dans le cadre ainsi fixé leurs moyens de production pour satisfaire à tout instant l'approvisionnement en électricité de notre pays,
o à l'Autorité de Sûreté Nucléaire de contrôler le bon niveau de sûreté des installations et de prendre le cas échéant les décisions de mise à l'arrêt des installations en défaut,
o et au parlement (Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques) de s'assurer du bon fonctionnement de cette filière à tous les niveaux et dans l'intérêt de la nation.
Engager dès maintenant un programme de renouvellement du parc nucléaire de notre pays par des EPR de deuxième génération devrait être considéré comme une priorité nationale.
Nous restons convaincus de l'obligation de traiter ce dossier sensible sur la base d'éléments rationnels et responsables dans l'intérêt de notre pays, de nos entreprises et de nos concitoyens.
Joël Bultel et Alain Desgranges pour les signataires de l'avis (2)
Ancien directeur de la centrale nucléaire de Flamanville et ancien directeur de la centrale ¾ du Blayais
joel.bultel6@orange.fr et alain.desgranges33@gmail.com
(1) Avis de l'Académie des Sciences du 6 janvier 2015 sur la transition énergétique et avis de l'Académie des Technologies du 10 juin 2015 sur la loi relative à la transition énergétique.
(2) Communication de la liste des signataires sur simple demande
Commentaires
Pour l'intérêt général- Voir au-delà des murs de la centrale
Je ne mettrai pas en cause vos compétences, votre expérience, et l’implication que vous avez ou avez eue pour faire fonctionner des centrales nucléaires dans les meilleures conditions possibles.
Vous défendez votre outil de travail pour lequel vous vous êtes investis. Vous défendez aussi peut-être le travail de vos proches s’ils ont aussi à EDF. C’est logique.
Je réagis parce que j’ai le sentiment que vous défendez un intérêt particulier, qu’il soit un intérêt personnel ou l’intérêt de votre entreprise.
Défendant à ma façon ce que j’estime être l’intérêt général, je trouve que votre contribution « pro-nucléaire » se focalise sur l’usine « centrale nucléaire » et évite de parler des ressources nécessaires au fonctionnement de l’installation et de ce qui se passe quand l’électricité a été produite.
Pour faire de l’électricité nucléaire « bas carbone »,
Il faut :
- de l’uranium importé à 100% ou du MOX (mélange d’uranium et de plutonium)
- de l’eau (pour mémoire : Article L210-1 du code de l’environnement « l’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d'intérêt général ». - de l’électricité (apport extérieur à la centrale).
Et à la sortie, on a :
- de l’électricité produite de façon très centralisée qu’il reste à acheminer vers les utilisateurs.
- plus de 60% de l’énergie perdue, qui réchauffe l’eau et l’air (inhérent au principe de la machine à vapeur).
- des rejets radioactifs, liquides et gazeux, permanents.
- des déchets nucléaires.
Si la centrale n’est plus alimentée en eau ou en électricité (pour pomper l’eau), c’est l’accident majeur avec fusion du cœur du réacteur.
Il a fallu l’accident de Fukushima en 2011 pour que soit demandé à EDF de prévoir une alimentation en eau de secours (pompage dans la nappe phréatique) et une alimentation électrique de secours (diesels de secours). A ma lecture de la presse, toutes les centrales ne sont pas dotées actuellement de ces équipements.
Des autorisations de l’Etat sont nécessaires pour prélever l’eau, et pour les rejets radioactifs liquides et gazeux qui sont permanents en fonctionnement normal.
Déchets nucléaires : Ce dont la population est encore peu consciente, c’est que les déchets nucléaires les plus dangereux, à haute activité et à vie longue (HA-VL) sont stockés dans des « piscines » soit à côté des centrales (cf. ce que dit notamment Greenpeace à ce sujet), soit sur le site de La Hague, dans la Manche. Plus de 40 ans après la mise en service des premières centrales, on ne sait toujours pas quoi en faire : Seule « solution » en cours : un laboratoire expérimental à Bure, 500 m sous terre. Et c’est tellement complexe que l’Etat a pris en charge le sujet en créant l’ANDRA.
Dans les faits, on pourrait dire que l’exploitant EDF SA est assez largement IRRESPONSABLE, vis-à-vis de la société : Il s’abrite derrière des autorisations et fait en quelque sorte l’impasse sur les déchets comptant sur l’ANDRA pour trouver une solution.
Pour prendre un exemple concret concernant les centrales situées le long des fleuves : Le risque d’inondation externe.
L’ASN a publié un guide à ce sujet (guide n° 13 « protection des installations nucléaires de base contre les inondations externes », disponible en ligne)
Extrait de la page 25 :
« 3.8.3.2. Modélisation du champ d’inondation
……………………………………….
« Lorsqu'un calage ne peut pas être réalisé en raison du manque de données, en particulier dans le lit majeur, les valeurs du, ou des, paramètre(s) du modèle qui ne peuvent pas être ajustés, tel le coefficient de Strickler*, peuvent être déterminées par expertise »
Extrait de la page 39 :
« Coefficient de Strickler Le coefficient de Strickler est un coefficient de frottement, exprimé en m1/3/s, qui caractérise la rugosité d’un terrain ou d’un ouvrage hydraulique. Il traduit la plus ou moins grande résistance opposée au passage de l’eau et constitue un paramètre déterminant du calcul de la vitesse des écoulements. Il est usuellement employé dans les modèles numériques d’évaluation de niveaux d’eau. Il est généralement utilisé comme paramètre de calage des modèles, dans les zones où une inondation a été observée et quantifiée »
Ce coefficient de Strickler va influer sur la vitesse de l’eau, sur le niveau effectif atteint par la crue, et donc sur le degré de protection de la centrale vis-à-vis du risque d’inondation. L’expert ne pourra donner qu’une valeur moyenne, en fonction des situations connues qu’il aura pu caractériser. En cas d’inondation majeure ce coefficient pourra varier en fonction du déroulement de l’évènement : en hiver ou en été, entraînement d’arbres et objets divers issus de secteurs rarement inondés, érosion ou déplacement d’îles, rupture de digues, encombrement des ponts ….
Lorsque les centrales nucléaires en service ont été conçues, l’informatique était embryonnaire, les modèles numériques n’existaient pas, et des maquettes étaient utilisées pour simuler les écoulements autour des centrales (laboratoire EDF de Chatou désormais EDF Lab Chatou).
Dans la centrale, c’est un univers industriel dans lequel sont appliquées des normes et des procédures. Quand on en sort, c’est la NATURE qui peut prendre le dessus. La puissance de fleuves comme le Rhône ou la Loire ne peut être maîtrisée. La Loire reste « sauvage » avec des débits pouvant varier de 50 m3/s (étiage sévère) à 7000 m3/s (crue majeure), se libérant de ses digues lors des crues majeures.
Prenons la crue majeure de fin mai- juin 1856, avec plusieurs pointes de crue successives : Etaient en crue majeure simultanément Le Rhône et la Loire. Pour la Loire c’est la dernière grande crue connue, qui a provoqué la rupture de très nombreuses digues et l’inondation de la totalité de la vallée. C’est sur ces deux rivières que l’on trouve le plus grand nombre de centrales nucléaires. Je pressens qu’une telle situation serait largement ingérable, même en l’absence d’accident nucléaire. J’imagine qu’un grand nombre de centrales seraient mis à l’arrêt, par sécurité. Risque de black-out ?
Sur la Loire, toutes les centrales sont entourées d’eau lors d’une crue majeure, et celle-ci peut durer plusieurs semaines.
Et si on se place sur le temps long (dix siècles, temps très court à l’échelle de la demi-vie d’un élément radioactif tel que le plutonium 239, 24000 ans), l’absence de crues majeures depuis 150 ans apparaît comme une exception.
Pour en savoir plus, voir notamment :
http://www.georisques.gouv.fr/articles/le-grand-roman-des-crues-de-la-fr...
Même en considérant que le recours à l’électricité nucléaire était au départ justifié, force est de constater – c’est du moins mon avis - que la France est allée beaucoup trop loin dans ce domaine.
Le perspective proche d’atteinte de la durée de vie prévue initialement pour les centrales, 40 ans, est une opportunité à saisir.
Nous avons aujourd’hui des solutions de substitution avec des techniques existantes éprouvées pour la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique, et le développement des énergies renouvelables.
Alors, fermons les centrales et regardons vers l’avenir plutôt que vers le passé. Dégageons nous du danger nucléaire.
Pour EDF et tous ses salariés dont un grand nombre ne travaillent dans le secteur nucléaire, l’arrêt de la production nucléaire est une chance à saisir maintenant pour :
- développer massivement les énergies renouvelables et les services énergétiques.
- devenir leader dans les techniques de démantèlement des centrales, comme Véolia est un leader mondial dans le traitement des eaux (potables ou usées) et la gestion des déchets urbains.
Les jeunes voyagent beaucoup désormais dans le cadre de leur cursus universitaire. Ils vont vite se rendre compte que l’avenir désormais au niveau mondial, ce sont les énergies renouvelables, et qu’il faut sortir dans l’ordre et le plus proprement possible du nucléaire.
Quant aux emplois perdus de Fessenheim, une ré-orientation bien menée devrait permettre de les retrouver ailleurs. Quand 50 PME de 40 salariés baissent le rideau, on en parle peu parce que c’est diffus mais ce sont aussi 2000 emplois en moins !
Pour évoquer la question des émissions de CO2 évitées par l’électricité nucléaire « bas carbone », ce qui est un gag, c’est de faire croire à l’opinion que c’est la petite France (66 millions d’habitants) qui va mieux lutter contre le dérèglement climatique parce qu’elle utilise l’électricité nucléaire.
Pour conclure, en cas d’incident grave ou d’accident nucléaire, que personne ne souhaite mais que le Président de l’ASN lui-même estime possible, j’imagine que vous vous porterez volontaires comme « liquidateurs » comme l’ont fait nombre de vos confrères de TEPCO, en fin de carrière ou à la retraite, après la catastrophe de Fukushima.
Merci pour votre attention.
réponse à Rémy Vital concernant l'interêt général et le recul
Votre point de vue est respectable bien que je ne le partage pas, quand vous affirmez en introduction qu'on doit prendre du recul ("voir au delà des murs des centrales") et surtout quand vous estimez défendre l'intérêt général contre un intérêt particulier ! Pardonnez-moi de vous dire que ceux qui ont œuvré pour le Services Public de l'électricité n'ont pas cette culture, et même que certains sont capables de recul !
Je ne répondrai pas point par point à votre long argumentaire, au passage étrangement focalisé sur le risque d'inondation d'une centrale nucléaire (!), mais voici quelques éléments que je livre à votre réflexion et à celle de ceux qui les liront :
- vous avez raison de rappeler que le nucléaire ne peut strictement être qualifié d'énergie renouvelable avec la technologie actuelle de fission de l'uranium, mais il offre plusieurs centaines d'années de production massive d'électricité avant épuisement des ressources en minerai, qui passeront à plusieurs milliers d'années avec la prochaine génération dite "surgénératrice : aucune autre technologie n'a une espérance de durée de vie aussi longue ! Et je rappelle que les énergies solaires ou éoliennes souvent qualifiées de "renouvelables" car leur carburant - soleil ou vent - l'est, ne le sont aucunement si l'on considère les ingrédients nécessaires à la construction des machines. Je ne vous rappellerai pas - car vous semblez un peu documenté - les "terres rares" et autres matières premières qui seront vite épuisées si on ne change pas de technologie "renouvelable".
- j'en viens au sujet le plus important à mon sens : la sûreté nucléaire, ou si vous préférer le risque d'accident grave. Il est commun de rappeler que celui-ci est toujours possible en citant l'ASN ou en invoquant Fukushima mais prenez du recul, puisque c'est ce que vous reprochez à ceux qui défendent le nucléaire. Les causes de Fukushima sont largement connues : la construction totalement irresponsable d'une centrale en bord de mer où les tsunamis sont fréquents, sans aucune protection. Les Japonais ont payé le prix fort, et ils l'auraient évité s'il avait adopté la démarche de pays comme le nôtre où les risques sont systématiquement énumérés et traités. En 50 ans de nucléaire en France, il n'y a eu aucun accident ni aucune victime, et le niveau de sûreté des centrales ne cesse d'augmenter : vous citez notamment les nième dispositifs supplémentaires de secours récemment ajoutés pour tenir compte de Fukushima, alors que les tsunamis sont rares autour de l'hexagone ! Quelle autre activité industrielle peut en dire autant ? TOUS les risques nucléaires, y compris ceux des déchets, ont été réellement pris en compte, et ce que vous considérez comme complexe (par ex. l'ANDRA) n'est que le fruit d'une réflexion responsable qui a apporté une réponse concrète à un problème identifié.
- toujours au nom de l'intérêt général et du recul que vous appelez de vos vœux, il me semblerait au contraire très irresponsable de vouloir abandonner la technologie nucléaire qui a tenu ses promesses de procurer à nos concitoyens une énergie sûre, abondante et très bon marché, pour se lancer tête baissée dans d'autres technologies qualifiées de Vertes pour les rendre plus acceptables. Mais qui nous conduiront dans l'impasse sauf si une découverte fondamentale (par ex. dans le stockage massif de l'électricité) intervient de manière rapide et miraculeuse pour nous sauver. Sans entrer dans le détail, il est inconcevable de baser notre économie et notre qualité de vie sur des sources d'énergie qui seraient étroitement liées à la météo : les allemands qui ont fait cette erreur en sont réduits à construire en secours des centrales qui brûlent du lignite et polluent l'Europe entière.
Bref sauf miracle technologique, le choix exclusif du solaire et de l'éolien pour un pays ne peut que le conduire à oublier ses engagements vis à vis du climat ou à faire un grand pas en arrière en matière de développement de société. Contrairement au modèle allemand, le modèle suédois ou celui qui pourrait être retenu pour la France me semble bien meilleur : un système électrique garanti par le nucléaire pour assurer les besoins du pays sans émission de carbone, associé à un développement prudent de solaire et d'éolien en attendant des palliatifs à leur intermittence, que la recherche apportera un jour... ou jamais (on attend toujours la pierre philosophale).
Pour conclure, vous avez le droit d'avoir peur du nucléaire : nos ancêtres (parait-il gaulois) craignaient que le ciel leur tombe sur la tête, même si certains "scientifiques" de l'époque leur prédisaient déjà que c'était peu probable.
Le nucléaire n'est qu'une source d'énergie possible parmi d'autres comme le vent, l'eau ou le soleil, capable du pire (la bombe ou l'exemple japonais) comme du meilleur. Et qui, au delà des discours sincères ou pas destinés à faire peur, a fait moins de victimes dans le monde que toutes les autres réunies.
On peut avoir aussi foi en cette source d'énergie qui est de loin la plus concentrée qui soit (un gramme d'uranium produit plus d'énergie qu'une tonne de charbon), en se disant qu'en continuant de l'améliorer de manière pacifique, elle peut contribuer au développement d'un monde futur, où les besoins en électricité croîtront en même temps que la démographie et les aspirations à une meilleure qualité de vie.
Croire en cela n'est-il pas être soucieux de l'intérêt général ?
"Se défier du ton d'assurance qu'il est si facile de prendre..."
Déchets nucléaires: Pour mémoire ci-dessous un étude de 2006. Depuis, on continue allègrement à produire des déchets nucléaires haute-activité à vie longue HA-VL. dont on ne sait que faire.
Le bon sens, la raison, et non une "idéologie" ou une "croyance" devraient conduire à cesser d'en produire dès maintenant.
"Se défier du ton d'assurance qu'il est si facile de prendre et si dangereux d'écouter"
Charles Coquebert
Journal des Mines n° 1
Vendémiaire An III (1794)
"Ces deux limites de la science et de l'homme font sortir le problème des déchets de la sphère technique. Seul un traitement politique qui n'a pas pour objet l'absolu mais le compromis peut parvenir à dépasser ces frontières."
Également sur:
La Gazette de la société et des techniques n° 36 - Mars 2006
http://www.annales.org/gazette/Gazette_web_36bis.pdf
Concernant la transition énergétique en Allemagne, une étude argumentée:
https://decrypterlenergie.org/la-sortie-du-nucleaire-en-allemagne-entrai...
@ M Martelas
Vous employez des méthodes de petits génies de la forêt nordique: répétition de contre vérités ad nauseam, textes longs et confus pour décourager les réponses, accumulation de demi-vérités, amalgames....
Les ENR éolien et solaire sont intermittentes et aléatoires; il arrive fréquemment, même en hiver, qu'il n'y ait pas de vent , et même pendant plusieurs jours. La sécurité d'approvisionnement nécessite un système de production pilotable égal à la pointe d'hiver. L'investissement en éolien et solaire est donc un investissement supplémentaire par rapport au besoin.
Il faut donc comparer le coût complet de l'éolien et du solaire aux coûts que leur investissement économise, c'est à dire au coût marginal des centrales pilotables, soit 10 à 15 €/MWh pour le nucléaire..