Point de vue n°98
Cahier d'acteur n°43 - EDF
"EDF tient à affirmer son engagement dans la transition énergétique, au service de ses clients et dans l'intérêt général, en accompagnant les mutations industrielles et sociales. Plan solaire, plan stockage, mobilité électrique, projets éoliens terrestres et maritimes, projets nucléaires, réseaux de chaleur renouvelable, projets biomasse et géothermie, services d'efficacité énergétique, nouveaux services urbains, autoconsommation, programmes de R&D... : toutes les grandes lignes d'action du groupe EDF sont au cœur de sa stratégie très bas carbone, au service de la lutte contre le changement climatique."
Commentaires
@ M Kusseling
Bien entendu, je pense que nos positions sont voisines. La PPE est du moyen terme, c'est là dessus qu'il faut discuter, et à MT, on ne voit pas, en France, ce qui pourrait détrôner le nucléaire.
A long terme, je ,'ai pas d'avis...l'humanité avance par ruptures imprévisibles.
Par contre,il me semble que votre raisonnement sur les prix est faux. Compte tenu que sur toute l'Europe il y a en général du vent partout ou nulle part, les ENR intermittentes ne peuvent, par nature, être rentables sur un marché complètement libre, à moins que les acteurs définissent eux-mêmes une taille limite du parc européen pour éviter cela.
Je suis évidemment pour le développement des ENR pilotables. Et pour la fabrication de gaz synthétique pour des raisons géopolitiques plus qu'environnementales.
@4V consulting
Avez-vous regardé le processus de fabrication du méthane par la réaction de Sabatier ?
Si vous faites du power to gas, il vous faut électrolyser de l'eau pour fabriquer de l'hydrogène et comprimer cet hydrogène à très haute pression et le refroidir car la montée en pression s'accompagne d'une montée en température (effet pompe à vélo) puis vous aurez ensuite à le détendre pour le brûler et là vous devrez le réchauffer car la détente refroidit le gaz par effet inverse de la compression. Puis vous brulerez cet hydrogène ou vous utiliserez des piles à combustible.
Amusez-vous donc à faire déjà les calculs de rendement global de l'opération et vous serez surpris.
Mais l'idée de l'ADEME, reprise dans le dossier Négawatt dont ils sont devenus les voyageurs de commerce, était de faire du Power to gas et ensuite du gas to power pour refaire de l'électricité afin de bénéficier à la fois d'un stockage intersaisonnier et d'avoir des groupes tournant pour le réglage de la fréquence. Pour cela, il existe la réaction de Sabatier qui date de plus d'un siècle et dont il n'existe aucun prototype industriel en fonctionnement.
Pour cela il faut mettre dans un catalyseur de Sabatier, de l'hydrogène chaud sous pression d'un côté et de l'autre du gaz carbonique chaud sous pression.
La réaction donne du méthane que vous devez stocker dans le réseau et les stockages haute pression de gaz à 70 bars.
Puis ensuite, pour faire de l'électricité, il faut transformer l'énergie de ce gaz dans un cycle combiné à gaz dont le rendement est de 60 %.
Quand vous faites le bilan global de rendement, il est au mieux de 20 %. Donc il aura fallu produire 5 MW pour en restituer 1. Je doute fort que ceci soit économiquement acceptable. Si c'était le cas, les électriciens qui ont tous de grands centres de R&D l'auraient mis en service depuis bien longtemps!
@4Vconsulting
Pour ce qui est du raisonnement sur les prix, je vous invite à réfléchir.
Sans subventionnement, est-ce qu'un industriel va investir quand il n'est pas sur du prix de revient ?
En particulier s'il n'est pas assuré de pouvoir supporter ses coûts ?
L'effet sera mécanique, trop de capacités = baisse des prix du marché et donc du rendement = faillite des acteurs les plus petits du marché et à terme si les capacités ne sont pas maitrisées = faillite des producteurs superflus.
Donc les capacités superflues disparaitrons d'elles mêmes.
Le mieux serait que l'ensemble de la zone euro adopte ce schéma, mais laissons nos voisins supporter le coût de leurs lubies.
Sinon, un système hybride avec la suppression des subventions quand les prix de marché descendent en dessous d'un certain seuil, ou comme les chinois, la déconnexion des moyens de production superflus en cas de surproduction. (ENR je m'entends)
Mais je pense que Bruxelles ne tolérera pas la seconde option au motif qu'elle gonflerait artificiellement les prix.
Il en manque de l'électricité pour minimiser la combustion
Nous ne sommes pas surpris des écarts d’appréciation entre les acteurs de l’énergie, EDF,RTE, ADEME. Cela confirme que l’enjeu stratégique subit de nombreuses pressions.
Aussi à la lecture des différentes données qui nous sont accessibles, l’urgence sanitaire et climatique de diminution de la combustion apparait comme majeur et immédiat.
Hors il apparait déjà que nos estimations d’émission de Co² semble minorées par au moins deux facteurs, le premier reconnu, nos importations, (+ 30%), le deuxième le transit des véhicules sur notre territoire qui est sensible.
Les dix dernières années la transition à pu sensiblement stabiliser les émissions résidentiel et des transports malgré une augmentation de la population et du trafic, la baisse tient surtout au départ de l’industrie pour 10Mtep.
Ceci étant, la baisse sensible du charbon et du pétrole à été pour grande part compensée par le gaz.
Quelques réflexions :
Concernant à minima le chauffage des locaux et la production d’eau chaude, en ciblant prioritairement la combustion, fioul, en CE solaire et Pompe à chaleur les 4 millions de foyers à équiper peut se faire pour 12Md€ en évitant 92Mtco² et de pollution associés dans des temps compatibles aux engagements.
Il est question de 26Twh dont 7 solaire, l’équivalent de gain en isolation serait 3 fois plus cher et difficile à réaliser dans les délais.
Ceci correspond en énergie à deux projets offshore 3000mw, à la différence qu’après investissement l’addition au bout de 20 ans serait de 60Md€.
C’est également la production de Fessenheim pour pas un sous de plus.
Ce qui est vrai pour le résidentiel, peut être étendu a d’autres consommateurs il est semble probable que le développement des pompes à chaleur de tout type se soutiendra.
Egalement pour le transport routier, qui ne cesse de croitre en PL,VUL,VL, ou notamment en consultant les rapports des « autouroutes de France » et les « comptes des transports » la prégnance des transports PL mériterait plus d’attention notamment sur les axes vallée du Rhône, Paris. Un redéploiement vers le rail, ou autre puisque cela depuis des générations ne semble pas possible, reste encore à inventer. La consommation annuelle des PL est plus importante que les VL.
La mutation ne peut se faire dans l’état actuel de la technologie, dans les temps impartis et de manière efficace que par le déploiement de l’électricité, même accompagnée du thermique solaire pour lequel une filière serait à construire avant qu’il ne soit trop tard.
Ces exemples montrent que tous les scénarii annoncés de production, semblent largement sous estimés et pas à la hauteur des enjeux sanitaires et climatiques. La France endettée aux ressources d’énergie limitées n’a pas d’autre choix que d’utiliser au maximum les moyens déjà à sa disposition, tous les moyens sont à solliciter certes, mais ils ne pourront se déployer qu’avec l’électricité vecteur majeur du succès de la diminution de la combustion.
@ Fluchère
Pour les gaz synthétiques, je ne pensait pas à la "méthanation" qui est une idée stupide. Ni à la méthanisation (volume rop faible)
Je pensais à hydrogène (peut être) ou, pour le CH4, hydrogène plus une autre source de carbone (faut être fou pour choisir du CO2). Mais c'est de la recherche à très long terme.
@ Kusseilng
Même s'il y a limitation des acteurs... à quelle capacité? La consommation en hiver? Alors il y aura surcapacité en été.C'est aussi le cas avec les centrales classiques, mais elles peuvent gérer car elles sont pilotables, et produisent quand il y a de la demande, et seulement.
Ce n'est pas le cas des ENR aléatoires.
@4Vconsulting
Tout dépends de quel point de vu vous vous placez.
Celui de l'entreprise sera celui du rendement avec pour plancher la limite de la rentabilité.
Celui du consommateur sera celle des prix et une logique de concurence entre les énergies (sans déséquilibre par les subventions) devrait faire baisser les prix.
Après, il est évident qu'EDF a aussi un travail de réorganisation à faire.
Une entreprise avec une structure similaire à l'Armée de l'Air (30 à 40% de cadres, 40 à 50% d'agents de maîtrise et 10 à 20% d'agents d'exécution) ne peut survivre dans la durée contre des concurents qui possèdent des structures classiques (10 à 20% de cadres, 20 à 40% d'agents de maîtrise et 50 à 70% d'agents d'exécution)
Il faut a un moment arrêter de fuir ses responsabilités en superposant les niveaux de décision et regarder la réalité en face.
La concurence n'a pas que du mauvais, a moins qu'elle soit déformée par des dispositifs qui au nom de l'équité pénalise les uns au profit des autres. (ARENH et obligation d'achat des ENR)
Mais sur le reste je vous rejoins, le Nucléaire est indispensable à moyen terme surtout si on décide de basculer les systèmes de mobilités (véhicules individuels et transports en communs) vers du tout électrique.
et les ENR peuvent apporter un soutien grace aux réseaux intelligents.
Il faut juste arrêter d'opposer nucléaire et ENR et plutôt que de se faire la guerre chercher dans quel domaine chacun peut apporter.
(pourquoi pas deux réseaux électriques, un en continu alimenté par les ENR pour chrager les batteries des véhicules et autres usages avec capacités et un réseau standard comme celui existant pour les usages courants)
les ENR peuvent apporter un soutien grace aux réseaux intelligen
Je vous répète ce que des dizaines d'entre nous disent à longueur de commentaires: en l'absence de stockage de masse, il faut une capacité pilotable à la hauteur des besoins à la pointe pour un jour sans vent en hiver.
Dès lors, il n'y a aucun besoin de moyens complémentaires; ils sont un surcoût qui diminue la rentabilité des moyens pilotables.
C'est pour cela que l'Etat subventionne les ENR et en est venu également à subventionner les moyens pilotables (par le biais du marché de capacités).
Une approche industrielle, prudente et équilibrée
Le cahier d'acteur d'EDF donne une vision large des enjeux du secteur de l'énergie pour les 10 à 20 ans à venir.
En premier lieu, j'affirme que l'intégration des différents métiers (activités de production, commercialisation, activités internationales, R et D...) au sein du groupe EDF est absolument nécessaire pour la réussite dans la durée de ce champion national que d'aucuns voudraient affaîblir.
En second lieu, je considère que les pouvoirs législatif et exécutif doivent absolument dans l'avenir mieux rester dans leur rôle et intervenir dans la stratégie des industriels uniquement sous la forme d'orientations et d'objectifs globaux. Un seul exemple (mais il y en a bien d'autres) : la décision d'arrêter Fessenheim, imposée à EDF, est purement politicienne, alors que l'ASN avait accordé à l'exploitant l'autorisation de fonctionnement pour 10 ans suite aux dernières décennales de 2011/2012.
Enfin, il apparaît clairement que les prévisions de RTE sur les perspectives d'évolution de la demande en électricité sur la décennie à venir sont exagérément basses, en écart d'environ 50TWh par rapport à celles du Groupe EDF ou celles de différentes institutions. La PPE doit être prudente sur ce point sachant que la baisse liée à l'efficacité énergétique sera plus que compensée par la croissance démographique et les transferts d'usage Fossiles/électricité.
@4VConsulting
Je ne suis pas un opposant au nucléaire, bien au contraire puisque je travaille dans le domaine.
Toutefois, je pense que vous vous méprennez un peu sur mes propos.
ENR ne signifie pas éolien et photovoltaïque uniquement, vous oubliez les énergies hydrauliques (marémotrices, hydrauliennes et autres) de plus, vous vous arrêtez sur une phrase, comme si vous n'aviez pas lu le reste.
La suppression de subventionnement entrainera un dévelloppement intelligent, pour cause, la baisse des prix à un niveau proche de 0 voir négatif viens de ce mécanisme de subventionnement qui malgré le prix négatif assure un prix de revient positif aux producteurs ENR.
Or, aucun industriel ne paiera ses clients pour consommer sa production, donc plus de subvention = plus de prix négatif.
De plus, des prix très faibles par temps venteux ou très ensoleillés entrainera mécaniquement la sortie du marché des capacités superflues qui provoquent cet effondrement des prix, puisqu'aucun industriel conscient ne se permettra de produire sous son prix de revient.
C'est cela le dévelloppement intelligent.
De plus, le nucléaire n'est à mes yeux qu'une solution temporaire à un problème plus grave qu'est l'explosion des GES, mais la problématique des déchets reste.
Ce qui oblige à réfléchir sur le long terme, nous supporterons un ou deux siecles de plus la production à l'atome, mais au delà ?
A moins de maîtriser la fusion, je pense qu'il faut trouver d'autres moyens de productions quelque part.
Et les ENR (en particulier l'hydraulique) offrent des alternatives.
Par contre sacrifier des moyens de productions sûrs et pilotables au profit de technologies intermittentes serait clairement du suicide.
La France possède une maitrise de l'atome qui nous permets de faire du pilotage de réseau avec le nucléaire, ce qui ne se fait quasiment pas ailleurs, rien ne nous empèche de l'utiliser pour réduire notre production les jours où des ENR produissent à plein, en économisant notre combustible pour limiter les déchets.
Par contre, il est évident que pour éviter que celà se transforme en machine à tuer EDF, il faudra suprimer l'ARENH, mais c'est un autre débat tout aussi passionnant.