Point de vue n°163
Cahier d'acteur n°82 - Académie des Sciences
La transition énergétique doit tenir compte des réalités scientifiques, technologiques et économiques.
Commentaires
Le MO entendra-t-il ?
Il serait fort intéressant d'avoir les commentaires du maître d'ouvrage aux contributions d'acteurs de l'Académie des sciences, de l’Académie des technologies, et des associations reconnues d'utilité publique (IESF, SCF, SFP). En particulier, les critères du savoir couplés aux contraintes économiques doivent être prioritaires devant les croyances véhiculées au prétexte du fourre-tout "développement durable".
Environnement et Constitution
Au moment où s'achève la consultation du public sur l'évolution de la PPE, on évoque ici ou là l'inscription de la protection de l'environnement dans l'article 1 de la constitution.
Ce projet, porté par Nicolas Hulot ministre de la Transition écologique et solidaire, permettrait la saisine du Conseil Constitutionnel dès qu'une loi contreviendrait aux équilibres climatiques, comme à la biodiversité.
Cette disposition en rappelle une autre sur le principe de précaution qui a été fortement contestée.
Il risque d'en aller de même avec ce projet, susceptible d'avoir des conséquences inattendues et pas forcément souhaitées par ses promoteurs …
En effet, si cette disposition est adoptée par le parlement, la question de la loi transition énergétique pour une croissance verte risque d’être posée.
Les Académiciens n'en font pas mystère dans leur cahier d'acteur en faisant état de l'augmentation des émissions de CO2 en cas de réduction du nucléaire.
Un motif suffisant pour justifier la saisine du Conseil Constitutionnel …
Ce qui n’est pas sans rappeler l’histoire de l'arroseur arrosé !...
Alain Desgranges.
L'avis des scientifiques doit être déterminant
Pour prendre une décision complexe, il faut mieux avoir une bonne connaissance, dans le détail, des conséquences que cela entrainera. Qui est le mieux armé pour donner un avis ? A mon sens, des scientifiques reconnus. Aussi, je pense que ce cahier N° 82 est le plus crédible pour proposer les solutions pour la PPE. L’électricité ne peut actuellement être stockée en grande quantité et nous avons besoin de l'électricité en permanence et pas seulement quand il y a du vent et du soleil. Les hommes tentent depuis plus d'un siècle et demi d'améliorer les batteries. Ce n'est pas en quelques années que nous les transformerons radicalement pour qu'elles soient beaucoup plus efficaces et beaucoup moins coûteuses. Le seul moyen d'avoir de l'électricité en grande quantité et à disposition de nos besoins est l'hydraulique et le nucléaire avec un appoint en éolien et en photovoltaïque.
Simplement; merci
Merci pour cette analyse, je suis convaincu car optimiste de nature et il faut l'être dans cette situation; qu'elle servira de référence à la mise en place d'un vrai projet national qui prendra en compte les contraintes scientifiques, technologiques, budgétaires, sociétales exposées dans votre cahier d'acteur.
Que la CNDP intègre le savoir des académiciens
Voilà un cahier d'acteur élaboré par des sages, par des "sachant"
Que la CNDP dans ses conclusions sur la PPE intègre les orientations de ce cahier.
Ce serait une preuve d'ouverture éclairée.
Titre: une loi n'est pas une lettre au Père Noël
Merci à l'Académie des Sciences de rappeler qu'il y a des lois en électricité, en physique, en météorologie, en thermique, en économie, et que ces lois ne peuvent pas faire l'objet d'amendements par le Parlement.
La loi LTECV 2015 est respectable dans ses grandes orientations. Mais elle a été complètement pervertie par des extrémistes qui ont fait du combat contre le nucléaire une véritable guerre sainte (Le "camp adverse", à mon avis, n'est pas pro-nucléaire; il est surtout sidéré par les mesures proposées et le mépris des réalités économiques, techniques et industrielles). Les grands moments récents de cette guerre ont été:
-Le vote, en 2014, de la clause "50% de nucléaire en 2025"introduite dans la LTE 2015. Bizarrement, il ne reste aucune trace publiée d'un scénario technico-économique étayant la faisabilité de cet objectif.
-En 2015, La profession de foi: "100 % d'ENR en 2050". Rédigée par l'ADEME, elle démontre que rien n'est plus simple, grâce au procédé bien connu du "power to gas to power". L'ADEME étant un EPIC, tous les médias lui ont fait confiance. Reste à savoir si l'ADEME était vraiment mandatée pour faire ça, et envoyer ses meilleurs ingénieurs dans des tournées de conférences explicatives, alors qu'il y a d'autres urgences.
-La priorité donnée au financement des ENR, alors que l'isolation des bâtiments patine, et que quasiment rien n'a été fait pour les transports depuis que Mme Royal a mis fin au dispositif "écotaxe".
-la promotion de "l'autoconsommation avec ENR individuelles". Cela permet aux bienheureux remplissant les conditions de gagner de l'argent aux dépens de ceux qui ne peuvent pas se le permettre. Et cela détourne l'attention qui commençait à se tourner vers les "très gros profiteurs des ENR" (Car, pour la première fois depuis 1945, certains font de très grosses fortunes avec l'électricité depuis qu'elle est renouvelable)
-Au bout de tout ça, le Maître d'Ouvrage nous propose un futur parc électrique de l'ordre de 200 GW, alors que l'Allemagne, pour ne parler que d'elle, en a déjà 200 GW installés. Le financement sera-t-il compatible avec les autres volets (très gourmands aussi) de la TE? Quelles seront les règles du futur marché européen de l'électricité, la formation du prix du MWh?
-Et pendant de temps, l'Allemagne fait un lobbying intense à Bruxelles (avec succès) contre une taxation du CO2, tandis que la France (la pauvre Brune Poirson agit sur ordre!)y milite pour se faire imposer à elle-même des ENR supplémentaires!
Au total, il me semble que le climat, l'économie et l'industrie (En clair: la vraie vie) sont les grands absents du débat français. Et on peut constater que le cadre donné au présent débat public (avec le contenu de son questionnaire, l'interview du ministre…) ne peuvent que renforcer ce sentiment. Difficile de croire que le sujet était le climat, et non pas la lutte contre le nucléaire.
Mon souhait est que l'académie des Sciences reste, autant que faire se peut, présente dans le débat. Elle a pour elle l'indépendance d'esprit et la capacité d'analyse des faits, qui sont des caractéristiques de moins en moins partagées. Dans la vraie vie, le père Noël finit toujours par envoyer la facture. Merci de le faire savoir. Même si ça déçoit les enfants.
L'analyse des Académiciens devrait être connue de tous.
Merci à nos Académiciens pour cette analyse objective, clairvoyante et complète.
Nos politiques et grands décideurs devraient s'inspirer très largement de la teneur des avis et propositions pour éclairer leur action. De même, les médias nationaux et régionaux pourraient utilement prendre connaissance de cet éclairage complet pour parfaire leur connaissance du sujet et informer le public, souvent confiné à des prises de position partisanes (cf. compteur linky par exemple).
Je tiens à souligner quelques points qui me semblent essentiels dans les propositions de l'Académie des Sciences:
1-Le manque de clarté et l'incohérence des politiques qui fixent des objectifs et des moyens incompatibles pour y parvenir: Par exemple, la fixation des objectifs en matière de réduction d'émission de CO2 et parallèlement la diminution drastique de la part du nucléaire à un horizon rapproché.
2-Le débat se focalise sur l'électricité, quasiment décarbonée et le développement massif des ENR, ces dernières représentant 1,3 % de l'énergie finale ! L'isolation des locaux constitue un potentiel considérable, insuffisamment mis en avant, de même que les chauffe-eau thermodynamiques pour lesquels il n'y a pas de problème de stockage.
3-Sans nier l'intérêt des ENR dans des proportions raisonnables, il y a lieu de noter la difficulté pour exploiter un système électrique avec une proportion importante de moyens interruptibles et aléatoires: stabilité, qualité de la fréquence et de la tension. sécurité du réseau face des déclenchements d'ouvrages en cascade. S'est-on interrogé sur la capacité d'un réseau, composé essentiellement de moyens ENR en période creuse d'été, à redémarrer en cas d'incident généralisé?
4-De même, le transport routier, maritime et aérien est insuffisamment traité alors qu'il constitue une source majeure de gaz à effets de serre et de polluants atmosphériques très nocifs.
5-L'utilisation de l'hydrogène pour alimenter des chaines de traction propres, avec l'usage de piles à combustible vient d'être lancé par le gouvernement, mais on oublie de mentionner que le plus souvent l'hydrogène provient du méthane (puissant gaz à effet de serre), que le rendement est médiocre et le coût élevé. Il peut s'agir aussi d'hydrogène issu de l'électrolyse de l'eau lorsqu'il y a surproduction d'électricité et que son coût est très faible, voire nul.
6-Pourquoi ne pas utiliser d'avantage le transport ferroviaire, au moins sur longue distance, plutôt que l'usage croissant de transport routier, polluant, dangereux, destructeur d'infrastructures routières et sources de pollution et d'accidents ?
8- Le développement des ENR ne pourra se faire avec efficacité si les moyens de stockage d'électricité ne sont pas accru de façon importante; faute de quoi, des moyens de production conventionnels (turbines à combustion) à démarrage rapide, malheureusement polluants, devront être prévus pour pallier les situations sans vent et sans soleil. Des centrales de pompage pourraient parfaitement faire l'affaire, mais le nombre de sites est limité, le coût élevé et souvent le public a le dernier mot.
7-Pour les medias: Dans leurs propos on amalgame souvent énergie (kWh) et puissance (KW). On additionne des puissances continues programmables et réglables avec des puissances de crête, interruptibles et aléatoires, tributaires du vent, du soleil ou des nuages.
Bref, il y a beaucoup de travail sur la planche, pour remettre la PPE dans le bon chemin.
Heureusement, le texte proposé par l'Académie des Sciences peut y contribuer, si les décideurs ont la volonté de sortir des sentiers battus et d'aller dans la bonne direction.
Jean-Pierre MATHA
Une référence pour la PPE
Une contribution remarquable de clarté où l'Académie des sciences résume bien l'ensemble des enjeux et des problématiques de la transition énergétique et propose sur la base de données scientifiques éprouvées, de l'état actuel des connaissances et des technologies les orientations possibles pour réussir une transition énergétique qui permettent une réduction des émissions des GES tout en garantissant l'alimentation en énergie du pays à un coût acceptable, ainsi que les axes de recherche pour le futur.
Elle doit servir de base à l'élaboration de la PPE et devrait être diffusée largement pour que les citoyens puissent mieux appréhender les réalités à prendre en compte, et se forger leur opinion à partir de données scientifiques incontestables.
Elle rappelle notamment que:
-Dans un avenir proche et à moyen terme, il y a une véritable contradiction à vouloir diminuer les émissions de gaz à effet de serre tout en réduisant à marche forcée la part du nucléaire.
Ce que démontre la transition énergétique Allemande.
Malgré des investissements considérables dans les ENRi, qui ont conduit à doubler le prix de l'électricité, l'Allemagne n'a pas réussi à diminuer de manière significative ses émissions de CO2 qui augmentent même ces dernières années.
Le seul résultat obtenu par la transition énergétique allemande à été l'arrêt de 7 tranches nucléaires, dont c'est d'ailleurs le véritable but, au détriment de la lutte contre le réchauffement climatique et contre la pollution atmosphérique par les centrales à charbon, notamment au lignite, qui n'est pas suffisamment mise en avant malgré les alertes de l'OMS sur ses effets néfastes
-l'électricité en France ne représente que 25 % du total de la consommation d’énergie finale et elle est déjà largement décarbonée,
Effectivement la production d'électricité en France est décarbonée depuis environ 30 ans, faisant de la France l'un des pays qui a le moins contribué au réchauffement climatique.
Sa production ne devrait donc pas être au centre des débats sur la future PPE, sauf si effectivement la sortie du nucléaire devient de fait, comme en Allemagne, la priorité, au prix d'une augmentation des émissions de CO2, alors que le GIEC et les COP proclament que leur réduction est l'urgence absolue pour la planète et qu'elle ne peut attendre .
l'Académie des sciences est donc fondée à demander que les objectifs soient clarifiés:
Est-ce la lutte contre le réchauffement climatique ou la sortie du nucléaire
Elle effectue quelques rappels pour lever des ambiguïtés de la communication médiatique actuelle
-Selon la source d'énergie tous les KW ne produisent pas la même quantité d'électricité.
Ils ne peuvent donc pas être considéré comme équivalents, comme le font trop souvent les médias et quand ils parlent énergie ils occultent fréquemment l'intermittence des éoliennes et omettent de préciser que les millions de consommateurs qu'elles seraient censées alimentées n'auraient de l'électricité que 23 % du temps s'ils comptaient sur ces seules éoliennes
-l'un des indicateur pertinent pour comparer les efforts de chaque pays dans la lutte contre le réchauffement climatique est l'émission de CO2 par habitant.
Cet indicateur trop peu souvent mentionné confirme que les Allemands sont et restent les plus gros émetteurs de CO2 en Europe bien au dessus de la moyenne de l'UE, et rejette près de 2 fois plus de GES que les Français.
-et enfin et surtout que dans l'état actuel le développement massif des ENRi ne peut pas permettre de se débarrasser des énergies fossiles et du nucléaire
Donc une contribution essentielle en dehors de toute démarche susceptible d'être traitée de partisane , dont la valeur scientifique ne peut être contestée.
Face à l'urgence climatique et à la complexité des situations elle met en exergue les réalités qui ne peuvent être ignorées voire niées.
Il serait totalement incompréhensible et ce serait une négation du savoir qu'elle ne serve pas de référence pour l'élaboration de la future PPE