Vous êtes ici

Avis n°182

Le nucléaire reste un atout en France

Ajouté par Paul ANONYMISé (Gif-sur-Yvette), le
[Origine : Site internet]

Pour commencer, voici le rappel de quelques évidences trop souvent oubliées.

1 – L'usage de l'électricité est à promouvoir. D'une part, c'est une forme pratique tant pour son transport que pour son utilisation ; elle peut être transformée sur place avec un rendement excellent. D'autre part, elle ne génère aucun effet nocif sur l'environnement. Un exemple typique d'action à promouvoir est celui du chauffage des habitations : avec une bonne isolation et l'utilisation de pompes à chaleur, la dépense reste limitée, l'approvisionnement et la mise en route ne demandent aucune action et l'émission de gaz à effet de serre est nulle. Pourquoi donc a-t-on dissuadé ces dernières années le choix du chauffage électrique ? Un autre exemple est celui du transport : l'utilisation des véhicules électriques, encore aujourd'hui marginal, est freiné par le manque de bornes de recharge au domicile des particuliers et sur les axes routiers, un équipement pourtant peu onéreux.

2 – Les deux principales sources d'énergie dites renouvelables, l'éolien et le solaire, sont par essence intermittentes. Le vent ne souffle que quand bon lui semble ; le soleil disparaît la nuit et est peu efficace dès que le ciel est ennuagé. Globalement, le rapport entre la puissance moyenne fournie et la puissance nominale ne dépasse pas une valeur de l'ordre de 15 à 20 % pour l'éolien et à peine plus pour le solaire dans nos régions. Par ailleurs, ces énergies sont extrêmement dispersées : il faut équiper des surfaces gigantesques pour capter une quantité d'énergie significative. Par exemple, il faut s'équiper d'environ 1 000 éoliennes pour fournir l'énergie d'une centrale thermique ou nucléaire de 1 000 MW qui occupe un terrain de quelques hectares.

3 – Les énergies dites fossiles – charbon, pétrole et gaz – sont, à juste titre, décriées pour leurs effets désastreux sur l'environnement. Par ailleurs, elles s'épuisent rapidement : à un horizon de quelques siècles pour le charbon mais seulement de quelques décennies pour le gaz et le pétrole.

4 – Dans l'état actuel des technologies, l'électricité ne se stocke pas : la production doit à chaque instant être calée sur la demande.

Quelle voie choisir ?

La production annuelle d'électricité en France est de l'ordre de 400 TWh. Pour les trois quarts, soit 300 TWh, cette production est assurée par 58 réacteurs nucléaires (le reste provient surtout de l'hydraulique). Si l'on voulait assurer cette production par de l'énergie éolienne, il faudrait y consacrer environ 60 000 éoliennes, soit quelque 600 km2 de territoire, puisqu'une éolienne occupe à peu près un hectare. Si l'on choisit le solaire au lieu de l'éolien, la surface occupée est du même ordre de grandeur. Les Français sont-ils prêts à avoir 600 éoliennes par département ou autant de champs de panneaux solaires ?

Dans l'hypothèse où la réponse est « oui », il faudra investir non seulement dans le matériel de production – éoliennes ou panneaux solaires – mais aussi dans les dispositifs de stockage de l'électricité. Il faudrait, en effet, stocker l'électricité pendant les périodes où ce matériel produit et où la consommation est faible, pour la restituer sur le réseau lorsque ce matériel ne produit pas et lorsque la consommation est forte. En ordre de grandeur, on peut estimer nécessaire de devoir stocker une semaine de consommation : cela nécessiterait 16 milliards de batteries équivalentes à celle d'une voiture, soit un investissement de quelque deux cent milliards d'euros ; la dépense serait au moins similaire si l'on utilisait d'autres procédés (STEP, volants d'inertie, chaleur, etc.).

On pourrait aussi compenser l'absence de production d'une source d'énergie renouvelable par la mise en marche de centrales. S'il s'agit de centrales à énergie fossile, l'émission de gaz polluants reprendrait à un rythme bien supérieur au rythme actuel. S'il s'agit de centrales nucléaires, cela veut dire qu'on ralentit leur production quand les sources d'énergie renouvelables fonctionnent et qu'on les utilise à pleine puissance quand ces sources ne fonctionnent pas. Certes, cela est possible, puisque la production d'un réacteur nucléaire peut être modulée. Mais, n'est-il pas plus simple et plus économique de n'utiliser alors que des centrales nucléaires (sans effet nuisible sur l'environnement) plutôt que de ralentir leur production ? Le coût du combustible nucléaire est faible (de l'ordre de 5 % du total) et les coûts fixes des centrales nucléaires sont les mêmes qu'elles fonctionnent à plein temps ou à temps partiel. En les utilisant complètement, on dépense à peine plus et on évite un énorme investissement supplémentaire.

Les atouts du nucléaire sont nombreux et restent pertinents. Voici les principaux :

- Pas d'émission dans l'environnement de gaz nocifs.

- Coûts compétitifs et maîtrisés car peu sensibles aux aléas politiques.

- Installations pouvant être utilisées au moins soixante ans (à comparer à vingt ans pour les éoliennes).

- Indépendance énergétique (l'essentiel des dépenses est fait en France).

- Industrie créatrice d'emplois nombreux et qualifiés.

- Très grande sûreté de l'industrie nucléaire en comparaison des autres industries.

- Gestion des déchets maîtrisée et sûre.

- Ressources de combustible potentiellement quasiment illimitées avec la surgénération, une technologie connue depuis Superphénix.

En conclusion...

La France a su développer une industrie où elle est en pointe.

La compétence existe encore mais doit être préservée et entretenue.

Le chiffre souvent avancé d'une part de 50 % de nucléaire dans la production d'électricité n'est étayé par strictement aucune justification technique ou économique.

Évitons de refaire l'erreur d'avoir arrêté prématurément Superphénix, puisque la surgénération devra être mise en œuvre à long terme. Utilisons déjà nos centrales jusqu'à leur terme normal.

L'utilisation des réacteurs actuels peut être encore prolongée pendant quelques décennies mais un renouvellement du parc devra être envisagé : la voie du nucléaire est certainement la plus prometteuse pour la France (la réponse n'est pas forcément la même pour d'autres pays, par exemple africains).

Pour la suite, il faudra convaincre l'opinion et les politiques de l'atout du nucléaire : c'est certainement ce qui sera le plus difficile...

 

Paul Reuss, ancien professeur à l'Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN) et ancien ingénieur au CEA

Commentaires

Votre propension à asséner des contre vérités et à ignorer des choses élémentaires sur le sujet est incroyable.

Le réseau BT et MT est un réseau de distribution. Il est conçu comme tel pour fonctionner dans un sens (y compris les organes de sécurité.) Le transformer en réseau qui marche dans les deux sens représente un énorme challenge. Vous prenez les personnels d'ENEDIS à témoin... laissez les en parler eux-mêmes.

Le fait que vous ne savez pas, apparemment, que tout KWh produit par une éolienne ou un PV doit être injecté réglementairement au réseau vous discrédite complètement sur le sujet dont nous parlons.

Je ne sais pas si vous connaissez aussi comment fonctionne une génératrice d'électricité, synchrone et asynchrone. L'interprétation que vous faites du règlement que vous citez montre, là encore, que vous n'y connaissez rien en particulier la différence pour le réseau entre génératrice synchrone et asynchrone.

Enfin, vous amalgamez tout, vous nous ressortez du Courtillot et autre, de la tectonique es plaques, vous mettez en doute la compétence de l'Académie des Technologies, d'un ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie (rapport Percebois Grandil)...

On a l'impression que vous êtes "alimenté" en références très précises, y compris techniques, par des collègues, mais que vus nous ressortez ça sans rien y comprendre.

75013

1. Oui, en théorie, les gestionnaires de réseaux doivent raccorder toute installation de production et lui garantir l'accès au réseau ; je n'ai jamais prétendu le contraire (à ceci près que ce droit théorique n'a de facto pas toujours été appliqué). Par contre, contrairement à ce que vous écrivez, ce droit est censé s'appliquer indifféremment à tous les producteurs de la même façon, de la centrale à gaz à l'éolienne en passant par la centrale nucléaire. Là dedans, en quoi consiste l' "obligation réglementaire d'être prioritaire sur le réseau" au bénéfice des renouvelables , expliquez nous donc ? (enfin je pose la question même si je sais que je n'aurais jamais de réponse sur le fond).

Et puis, donc, je le répète, malgré cette règle théorique, il y a de nombreux exemples de parcs éoliens et PV qui ont été empêchés de se raccorder (parce que les délais de raccordement et/ou les coûts étaient délirants), ou qui, pour pouvoir se raccorder, ont été contraints d'accepter de sévères limitations à leur accès au réseau (dans le sens où elles doivent très régulièrement restreindre leur production, en cas de tension sur le réseau local). Bizarrement ceci n'est pas arrivé à EDF pour l'EPR de Flamanville : les renforcements nécessaires, bien que relativement lourds et coûteux, ont été très largement anticipés, et généreusement offerts par RTE.

2. "Le transformer en réseau qui marche dans les deux sens représente un énorme challenge" : ça présente quelques petites difficultés, oui, mais très mineures. Il n'y a aucun "énorme problème" de quelle sorte que ce soit en vue ; d'ailleurs je remarque que vous ne paraissez même pas capable d'en mentionner un seul parmi les "nombreux" auxquels vous faites allusion ; vous semblez sous-entendre que devoir modifier quelques réglages sur certaines protections ce serait un "énorme problème", c'est sérieux ?

3. Bien que les productions asynchrones présentent certains désavantages non totalement négligeables (absence d'inertie, etc)), sur certains points précis (dont la tenue aux perturbations, mais également le ramping, la fourniture de réactif, etc) les installations éoliennes et PV modernes sont assez supérieures aux technologies historiques. C'est ainsi que vous le vouliez ou non, et vous pouvez monter sur vos grands chevaux autant que vous le souhaitez, ça n'y changera rien.

4. Vous avez une sacrée manière d'argumenter, en restant autant que possible dans le vague absolu sans préciser quoi que ce soit (cela dit je vous comprends, les rares fois où vous tentez de distiller des informations purement factuelles, elles sont incroyablement fausses - du type "les renouvelables sont au point mort en Espagne" malgré 8 GW éolien et PV validés en 2017, ou "il existe une réglementation française qui donne la priorité d'injection aux renouvelables" ce qui n'a jamais été le cas, etc, etc). À part répéter encore et toujours "c'est incroyable vous racontez n'importe quoi", il n'y a pas grand chose d'autre que du vide dans vos réponses (au delà de quelques sophismes et contrevérités factuelles par-ci par là).

Et que dire de votre avant-denier commentaire dans lequel vous vous plaignez d'une petite pique, vu le ton agressif que vous-même employez à tout bout du champ ... Cela dit, moi ça ne me dérange pas de débattre un peu vivement, mais à condition qu'il y ait aussi un minimum de fond ....

5. Vous citez le rapport Percebois qui établirait soit disant la supériorité économique du nucléaire. Dune part il n'est pas franchement de très bonne qualité, d'autre part dois-je vous rappeler qu'il est paru en 2012 et que dans les "hypothèses", le nouveau nucléaire est donné à 56 €/MWh en sortie d'installation (p.121), contre 150 €/MWh et plus pour le PV (le rapport cite également une estimation à 180 €/MWh en 2030 ...). En 2018 la situation s'est inversée : c'est le nouveau nucléaire qui coûte près de trois fois plus cher que le nouveau PV (toujours en sortie d'installation).

6. Bon soyez rassuré, c'était ma dernière réponse à vos interventions, je vous laisserai désormais asséner vos contrevérités en toute tranquillité.

13001

Partout, on trouve l’expression « industrie nucléaire ». Autant dire qu’il s’agit d’une combinaison rebrousse-poil pour les écologistes. L’industrie est en général associée à la pollution et à la mise en esclavage de travailleurs corvéables à merci. Les images de « La bête humaine » s’imposent devant nos yeux et le cauchemar n’est pas fini puisqu’au mot « industrie » est associé celui d’encore plus terrible de « nucléaire ». Là, ce n’est plus une affaire de pollution, mais carrément la mort qui frappe à nos portes. Enfin, ça c’est pour l’idéologie qui soutient les prises de position des écologistes auto-proclamés.
Je ne reviendrais ici pas sur le débat concernant la nature polluante ou non du nucléaire. Le texte qui ouvre cette consultation est clair à ce sujet et la monstruosité que sont les émissions de CO2 d’origine humaine n’ont rien à voir avec le nucléaire.

Je préfère m’attarder sur le concept d’industrie. Selon le Larousse, l’industrie est l’« Ensemble des activités économiques qui produisent des biens matériels par la transformation et la mise en œuvre de matières premières ». Le nucléaire est-il une véritable industrie ? La réponse est définitivement positive. Grâce à des savoirs et technologies complexes, l’uranium est transformé en électricité. On passe d’une matière première à un bien utile à tous en raison de transformations que peu de pays maîtrisent.

En France, l’industrie nucléaire est d’importance car plus de 200 000 salariés qualifiés qui y travaillent. Des têtes bien faites qui sont mises à contribution pour que les Français puissent bénéficier d’une électricité moins chère et viable. Cette industrie est si performante qu’elle exporte chaque année pour 6 milliards d’euros de biens et services. Pourtant les écologistes veulent s’en débarrasser à tout prix. Cela veut dire la mise au chômage de tous ces salariés et prestataires ainsi que les conséquences induites désastreuses sur l’emploi. La sacro-sainte reconversion est un leurre car un expert dans un domaine quel qu’il soit ne s’improvise pas spécialiste dans un autre domaine en l’espace de quelques semaines (le photovoltaïque par exemple). L’enjeu de l’emploi est si fort que certains à gauche ont fini par le comprendre comme le parti de gauche de Mélenchon. Tout le monde est donc à peu près d’accord pour ne pas couper la tête du nucléaire mais la petite musique écologiste ne cesse pourtant pas de s’imposer dans le débat public. Un phénomène bien étrange…. Les emplois à sauvegarder sont peut-être le meilleur atout du nucléaire…

75000

Vous le faites exprès ou vous n'y comprenez rien? On ne parle pas de raccordement, mais de l'obligation d'achat, c'est à dire d'injecter les productions ENR dès qu'il y en a et en toutes circonstances.

Le problème du réseau ans les deux sens, ce n'est pas la difficulté technique, c'est le nombre d'opérations à faire avec la production diffuse (en particulier solaire domestique)

Percebois Grandil pas fameux? Vous avez mieux? Greenpeace? Le SER?

Pour le reste, personne ne vous regrettera.

75013

La question de la pénétration des EnR et de la stabilité du réseau a été posée au cours de ce débat. C'est une question à laquelle il est je crois difficile de répondre.

Les réseaux insulaires sont particulièrement touchés par ce sujet. La production électrique d'une île est souvent assurée par une centrale de combustion fossile, le coût de l'électricité est donc élevé ce qui a favorisé l’implantation précoce d'EnR. En France c'est une filiale d'EDF qui gère l'ensemble des réseaux insulaire (Corse, Réunion, Guadeloupe, Martinique et la Guyane). Depuis 2008 la réglementation fixe la pénétration des EnR non pilotable (éolien, solaire) à 30% de la puissance instantanée. Sur une île on considère que toute la production EnR peut s’arrêter subitement, cette limite des 3à% correspond à la réserve mis en place. Ces 30% de réserve signifie que pour 100MW de consommation à un instant t il faut 30MW qui soient démarrable ou arrêtable en quelques secondes. Il s’agit donc de centrale qui peuvent produire et ne le font pas, ce qui a un coût. Au-delà de 30% le coût de la réserve est trop important pour qu’il soit rentable d’augmenter la réserve pour augmenter la production EnR. La production EnR est alors écrêtée. EDF travaille à l'augmentation de cette limite des 30% vers 32% et plus pour profiter davantage de la production d'ENR (une différence de 2% sur la pénétration en puissance permet de diviser par 3 le nombre de jours de déconnexion des EnR sur l'année). Les leviers pour augmenter cette limite de 30% sont :
- une meilleure connaissance du réseau, de ses spécificités et des prédictions de production
- un réseau plus intelligent avec notamment des solutions de délestages que l'on peut imaginer comme civique ou contractuelle et qui font office de réserve.

Cette analyse succincte du cas insulaire ne se transpose pas directement au réseau européen dont nous faisons partie. Je m'essaye à une analyse faute d'avoir trouvé des données sur le sujet et merci à ceux qui pourront compléter/corriger.
Sur la plaque européenne la limite de pénétration des EnR est plus importante car le foisonnement est plus grand. Il est moins probable de n'avoir pas de vent sur toute l’Europe que sur toute l'île de la Réunion. Si on reprend le raisonnement insulaire, il ne faut pas qu’en un instant t on puisse perdre plus de production EnR que de réserve. Aujourd’hui la réserve européenne correspond à la perte simultanée des deux plus gros groupe nucléaire soit 3000 MW. Si on suit le raisonnement, la pénétration des EnR ne doit donc pas dépasser 3000MW d’EnR qui pourrait s’arrêter simultanément. Les plus grands champs d’éolien en projet sont de 1000 à 1500MW. Il reste à estimer combien de parc pourraient être touché simultanément par une baisse de vent ou d’ensoleillement ou une déconnexion intempestive…
L’autre aspect limitant concerne les services systèmes. Dans les centrales classique l’électricité est produite par la rotation d’une turbine et injectée « directement » sur le réseau. Les parcs solaires et éoliens injectent l’électricité produite via de l’électronique de puissance. Avec les centrales classiques la fréquence est stabilisée à 50 Hz grâce à l’inertie des turbines. Le principe de la turbine permet aussi une réglage fréquence métrique pour assure l’équilibre production = consommation. Enfin en jouant sur l’excitation électrique de rotor, les centrales peuvent fixer la tension électrique sur une zone du réseau. Avec l’électronique de puissance tous ces services systèmes ne sont pas toujours bien rendu. Pour assurer la sureté du réseau électrique tout en accueillant plus d’EnR il va être nécessaire de leur demander plus d’effort dans ce domaine dit des services systèmes. Tant que les EnR ne peuvent pas assurer l’ensemble des services systèmes il faut conserver des turbines. Ces turbines ont besoin d’être répartie géographiquement sur tout le réseau pour qu’il garde sa cohésion. La question de la limite de pénétration des EnR s’inverse et devient combien de moyen de productions à turbines faut-il garder sur le réseau pour assurer sa stabilité ? La réponse dépend des services systèmes que peuvent assurer les parcs en continue. La notion de service système et de stabilité du réseau explique le besoin de garder pour encore plusieurs année un parc de production à
Comme on parle de réseau européen, la pénétration maximale des EnR ne peut pas être calculée pour chaque pays indépendamment ni n’est pas la même pour chaque pays. Quand un pays obtient une très forte pénétration EnR il s'appuie sur les pays voisins pour maintenir la stabilité de l'ensemble du réseau.
Aujourd’hui les mixes énergétique et le offres de service système reste principalement nationale. Demain (ou plutôt dans 5-10 ans), la libéralisation du marché européen des énergies et le développement interconnexions entre pays devrait permettre aux citoyens européens de bénéficier du meilleur mix énergétique (économiquement parlant). Cet optimum économique comprendra à la fois la production d’électricité mais aussi les services systèmes. L'horizon de ce projet dépasse celui de la PPE mais lui donne une perspective toute autre car les moyens de production nationaux seront des briques du mix énergétique européen. Ainsi une filière nucléaire développée assurant des services réseau (réserve, maintien de la tension et de la fréquence) seraient un atout dans ce nouveau marché.

Florian

https://www.edf.gp/producteur/se-raccorder/producteurs-intermittents-le-...
www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=etapes-integration-enr

75015

Merci! Enfin un commentaire qui aborde le sujet techniquement, comme il devrait l'être d'abord.

Les problèmes de réglages (fréquences, tensions,harmoniques, puissance réactive) ) sont en effet de première importance, mais jamais abordés, car totalement méconnus des leaders d'opinion sur l'énergie.
Je ferais une seule remarque:

même à l'échelle européenne, il n'y a pratiquement jamais de foisonnement. Il est très faible en solaire, juste décalé, et quasiment nul en éolien, y compris l'off shore, comme je l'ai montré dans plusieurs points de vue.

75013

@Florian BENOIT
Eolien et PV sont tout à fait capables de gérer le réglage de fréquence (et de tension également). Seul le réglage de fréquence "à la hausse" est un peu gênant, parce qu'en règle générale ça coûte cher (du fait que l'éolien ou le PV doivent alors fonctionner à puissance réduite pour garder de la marge à la hausse) - comme pour le nucléaire d'ailleurs. Mais ça tombe plutôt bien parce que ce réglage de fréquence "à la hausse" peut être fourni très compétitivement par la consommation industrielle (c'est déjà de plus en plus le cas).

Le gros problème des machines asynchrones ça n'est pas leur incapacité à faire du réglage de fréquence (au contraire, elles ont d'excellentissimes capacités de ramping (= capacité à faire varier la production rapidement), donc sont assez adaptées pour cela). Le problème, c'est le fait qu'elles ne contribuent pas à l'inertie électrique du système (pour faire vite, l'inertie électrique est "fournie" de manière intrinsèque par les turbines synchrones (du fait de ce caractère intrinsèque, pour le moment la fourniture d'inertie n'est pas considérée comme un service système) ; elle contribue notamment à ralentir les variations de fréquence, ce qui la rend aujourd’hui indispensable - du moins en l'absence d'évolution des paradigmes de gestion des systèmes électriques). Le seuil de 30 % dans les îles a un éventail de pseudo-justifications, mais la justification principale (de la bouche d'EDF SEI) c'est cette question d'inertie. L'Irlande à une limitation à ~60-70 % du taux de pénétration éolien, uniquement dû à cette question d'inertie. Quand EDF dit dans une étude (ici : http://www.energypost.eu/wp-content/uploads/2015/06/EDF-study-for-downlo...) (p.17) que le taux instantané d'éolien et de PV ne pourra dépasser 25 % en Europe pendant les périodes de faible consommation, c'est toujours une question d'inertie (et absolument pas d'intermittence). Quand M. Bena (RTE) indique (ici : http://sciences.blogs.liberation.fr/2015/11/09/ademe-un-mix-electrique-1...) qu'on pourra difficilement dépasser 30 % à 40 % d'éolien et de PV dans le mix, c'est encore et toujours une question d'inertie.

Voilà, sauf que ce problème d'inertie est tout sauf insoluble. il y a de multiples solutions, dont de nombreuses en cours d''approfondissement (cf par exemple le programme MIGRATE des TSOs européens). Une solution parmi d'autres, qui ne nécessite aucune évolution technologique tout en étant relativement peu chère : pendant les périodes de faible production synchrone, il suffit de faire tourner suffisamment de turbines synchrones (hydro ou back up) en mode compensateur synchrone (c'est à dire que, bien qu'elles ne produisent rien, on les fait tourner en injectant un peu d'électricité : historiquement c'était surtout utilisé pour la fourniture de réactif mais ça permet aussi de fournir de l'inertie). Perso je trouve que les gros acteurs ne se bougent pas assez les fesses sur ce sujet de l'inertie, mais en fin de compte ça reste un problème totalement secondaire comparé à l'intermittence (du point du vue du coût des solutions palliatives) (sauf gestion catastrophique de la chose par les gestionnaires de réseaux, ce qui je l'admets n'est pas totalement exclu). Bref, la partie sur l'inertie dans le rapport d'EDF, ainsi que les propos de M.Bena, supposent qu'on s'abstienne de mettre en place toute solution palliative, ce qui n'a aucun sens vu la relative simplicité de certaines d'entre elles.

13001

Je suis toujours surpris de voir et de lire ici l’opposition entre nucléaire et renouvelables.
A mon humble avis, ces deux sources d’énergies sont surtout complémentaires.
Il serait fantastique de n’utiliser qu’une énergie renouvelable, c’est vers cela qu’on doit travailler bien sûr, mais il faut garder un minimum de réalisme, se rendre compte qu’il nous faudra encore mettre au point beaucoup et de nouvelles technologies et que si personne ne peut dire combien de temps cela prendra, il est certain que cela sera long.

Dans un premier temps, il est impératif de limiter le réchauffement climatique et l’émission de GES. Je ne reprendrai pas ici les nombreuses études qui montrent d’une part les dégâts qu’un réchauffement au-delà de 2°C créerait, et d’autre part le besoin d’agir très vite pour rester sous 2°C, je pense que tous les participants à ce forum connaissent ces études, sinon allez par exemple sur le site du club de Rome.

La production d’électricité a clairement un rôle à jouer dans cet objectif, et tout d’abord en réduisant puis supprimant les centrales les plus polluantes en GES, soit les centrales au charbon ( en 2015 le charbon c’est : 20% de l’énergie mondiale et 44% du volume de CO²). Ainsi l’objectif que s’est fixé M. Hulot et en France, remplacer le charbon par des énergies renouvelable est tout à fait raisonnable.

Mais, limiter les émissions de GES, ne se fera que dans un cadre plus vaste que la France, et à commencer par l’Europe. Chez nos voisins allemands, à cause du lobby écologique, 250 TWh d’électricité, proviennent du charbon et lignite, et constituent le plus gros émetteur de CO² d’Europe.
Limiter voire supprimer cette production n’est aujourd’hui possible qu’avec l’aide conjointe du nucléaire et des énergies renouvelables. 250 tWh, c’est 80% la moitié de la production française, cela représente à peu près 30 EPR ou 50 000 éolienne. Il est clair que seule une augmentation complémentaire du nucléaire et des renouvelables, pourra parvenir à assurer ce volume de production.
On peut alors se demander s’il ne vaut pas mieux fermer une centrale allemande (Grosse Kraftwerk à Mannheim par exemple) plutôt que Fessenheim.

Il est clair que le nucléaire présente un risque, je crois que personne ne le dénie, mais ne vaut-il pas mieux un risque plutôt qu’une certitude de la catastrophe écologique, sociale, etc … résultant du réchauffement climatique non contrôlé.

69005

Vous citez le Club de Rome. Formidable !
Savez vous que le Club de Rome, fondé dans les années 70 s'est trompé sur absolument TOUTES ses prévisions catastrophiques, en particulier en ce qui concerne l'épuisement des ressources minérales, du gaz, du pétrole, etc.

83000

Vous dites:

"Le gros problème des machines asynchrones ça n'est pas leur incapacité à faire du réglage de fréquence (au contraire, elles ont d'excellentissimes capacités de ramping (= capacité à faire varier la production rapidement), donc sont assez adaptées pour cela)"

Cette formulation est incompréhensible. ne génératrice asynchrone fonctionne comme un frein, sa vitesse de rotation est donnée par la fréquence du réseau plus le glissement, on ne peut rien régler du tout.

Et même, si le problème n'est "qu'une question d'inertie", le problème existe. La fréquence du réseau est réglée finement au niveau des génératrices synchrones des centrales classiques, et ce réglage est coordonné au niveau de l'ensemble du réseau. Le réseau doit être vu à puissance de court circuit infini pour les éoliennes, pour que celles ci puissent avoir un fonctionnement stable.

Et vous êtes absolument incroyable: pour faire tourner vos moulins à vent en période de faible charge, vous interdisez aux centrales classiques de produire, mais vous les obligeriez à tourner quand même à vide (ce n'est pas gratuit, et même non dénué de risques) pour vous fournir de l'énergie réactive et stabiliser la fréquence!

Ce débat est trop technique pour ce site, je vais m'arrêter là. Mais il montre, ce que vous confirmez vous même, qu'on installe des milliers d'éoliennes sans trop savoir où cela mène sur le plan de la conduite des réseaux.

75013

Pages