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Avis n°182

Le nucléaire reste un atout en France

Ajouté par Paul ANONYMISé (Gif-sur-Yvette), le
[Origine : Site internet]

Pour commencer, voici le rappel de quelques évidences trop souvent oubliées.

1 – L'usage de l'électricité est à promouvoir. D'une part, c'est une forme pratique tant pour son transport que pour son utilisation ; elle peut être transformée sur place avec un rendement excellent. D'autre part, elle ne génère aucun effet nocif sur l'environnement. Un exemple typique d'action à promouvoir est celui du chauffage des habitations : avec une bonne isolation et l'utilisation de pompes à chaleur, la dépense reste limitée, l'approvisionnement et la mise en route ne demandent aucune action et l'émission de gaz à effet de serre est nulle. Pourquoi donc a-t-on dissuadé ces dernières années le choix du chauffage électrique ? Un autre exemple est celui du transport : l'utilisation des véhicules électriques, encore aujourd'hui marginal, est freiné par le manque de bornes de recharge au domicile des particuliers et sur les axes routiers, un équipement pourtant peu onéreux.

2 – Les deux principales sources d'énergie dites renouvelables, l'éolien et le solaire, sont par essence intermittentes. Le vent ne souffle que quand bon lui semble ; le soleil disparaît la nuit et est peu efficace dès que le ciel est ennuagé. Globalement, le rapport entre la puissance moyenne fournie et la puissance nominale ne dépasse pas une valeur de l'ordre de 15 à 20 % pour l'éolien et à peine plus pour le solaire dans nos régions. Par ailleurs, ces énergies sont extrêmement dispersées : il faut équiper des surfaces gigantesques pour capter une quantité d'énergie significative. Par exemple, il faut s'équiper d'environ 1 000 éoliennes pour fournir l'énergie d'une centrale thermique ou nucléaire de 1 000 MW qui occupe un terrain de quelques hectares.

3 – Les énergies dites fossiles – charbon, pétrole et gaz – sont, à juste titre, décriées pour leurs effets désastreux sur l'environnement. Par ailleurs, elles s'épuisent rapidement : à un horizon de quelques siècles pour le charbon mais seulement de quelques décennies pour le gaz et le pétrole.

4 – Dans l'état actuel des technologies, l'électricité ne se stocke pas : la production doit à chaque instant être calée sur la demande.

Quelle voie choisir ?

La production annuelle d'électricité en France est de l'ordre de 400 TWh. Pour les trois quarts, soit 300 TWh, cette production est assurée par 58 réacteurs nucléaires (le reste provient surtout de l'hydraulique). Si l'on voulait assurer cette production par de l'énergie éolienne, il faudrait y consacrer environ 60 000 éoliennes, soit quelque 600 km2 de territoire, puisqu'une éolienne occupe à peu près un hectare. Si l'on choisit le solaire au lieu de l'éolien, la surface occupée est du même ordre de grandeur. Les Français sont-ils prêts à avoir 600 éoliennes par département ou autant de champs de panneaux solaires ?

Dans l'hypothèse où la réponse est « oui », il faudra investir non seulement dans le matériel de production – éoliennes ou panneaux solaires – mais aussi dans les dispositifs de stockage de l'électricité. Il faudrait, en effet, stocker l'électricité pendant les périodes où ce matériel produit et où la consommation est faible, pour la restituer sur le réseau lorsque ce matériel ne produit pas et lorsque la consommation est forte. En ordre de grandeur, on peut estimer nécessaire de devoir stocker une semaine de consommation : cela nécessiterait 16 milliards de batteries équivalentes à celle d'une voiture, soit un investissement de quelque deux cent milliards d'euros ; la dépense serait au moins similaire si l'on utilisait d'autres procédés (STEP, volants d'inertie, chaleur, etc.).

On pourrait aussi compenser l'absence de production d'une source d'énergie renouvelable par la mise en marche de centrales. S'il s'agit de centrales à énergie fossile, l'émission de gaz polluants reprendrait à un rythme bien supérieur au rythme actuel. S'il s'agit de centrales nucléaires, cela veut dire qu'on ralentit leur production quand les sources d'énergie renouvelables fonctionnent et qu'on les utilise à pleine puissance quand ces sources ne fonctionnent pas. Certes, cela est possible, puisque la production d'un réacteur nucléaire peut être modulée. Mais, n'est-il pas plus simple et plus économique de n'utiliser alors que des centrales nucléaires (sans effet nuisible sur l'environnement) plutôt que de ralentir leur production ? Le coût du combustible nucléaire est faible (de l'ordre de 5 % du total) et les coûts fixes des centrales nucléaires sont les mêmes qu'elles fonctionnent à plein temps ou à temps partiel. En les utilisant complètement, on dépense à peine plus et on évite un énorme investissement supplémentaire.

Les atouts du nucléaire sont nombreux et restent pertinents. Voici les principaux :

- Pas d'émission dans l'environnement de gaz nocifs.

- Coûts compétitifs et maîtrisés car peu sensibles aux aléas politiques.

- Installations pouvant être utilisées au moins soixante ans (à comparer à vingt ans pour les éoliennes).

- Indépendance énergétique (l'essentiel des dépenses est fait en France).

- Industrie créatrice d'emplois nombreux et qualifiés.

- Très grande sûreté de l'industrie nucléaire en comparaison des autres industries.

- Gestion des déchets maîtrisée et sûre.

- Ressources de combustible potentiellement quasiment illimitées avec la surgénération, une technologie connue depuis Superphénix.

En conclusion...

La France a su développer une industrie où elle est en pointe.

La compétence existe encore mais doit être préservée et entretenue.

Le chiffre souvent avancé d'une part de 50 % de nucléaire dans la production d'électricité n'est étayé par strictement aucune justification technique ou économique.

Évitons de refaire l'erreur d'avoir arrêté prématurément Superphénix, puisque la surgénération devra être mise en œuvre à long terme. Utilisons déjà nos centrales jusqu'à leur terme normal.

L'utilisation des réacteurs actuels peut être encore prolongée pendant quelques décennies mais un renouvellement du parc devra être envisagé : la voie du nucléaire est certainement la plus prometteuse pour la France (la réponse n'est pas forcément la même pour d'autres pays, par exemple africains).

Pour la suite, il faudra convaincre l'opinion et les politiques de l'atout du nucléaire : c'est certainement ce qui sera le plus difficile...

 

Paul Reuss, ancien professeur à l'Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN) et ancien ingénieur au CEA

Commentaires

Bravo pour la démonstration de Marc Jansens qui amène un peu de nuance dans le discours formaté de Greenpeace. L’ONG se plaint des risques de sûreté et de sécurité qui planent sur les installations nucléaires françaises. 1000 anomalies auraient ainsi été détectées rien qu’en 2018 sur 37 réacteurs. Face à ce chiffre très important, il y a deux réactions possibles. Soit on tire la sonnette d’alarme comme Greenpeace et on dit qu’une catastrophe va arriver à coup sûr. Soit on s’interroge sur un chiffre qui paraît si élevé. Comment peut-on arriver à un tel chiffre en six mois ? C’est simple : le moindre incident ou petit défaut est tout de suite répertorié par EDF et notifié à l’ASN. L’ASN ne se prive pas non plus de répertorier le moindre petit boulon dévissé situé à 500 mètres d’une zone à risque. Avec autant de précaution, on arrive vite à 1000 anomalies. Si ces anomalies étaient au fond si graves, 2018 auraient été l’année des accidents nucléaires… La Coupe du monde de football vampirise les écrans mais de là à occulter un Fukushima à la française… Le dernier bilan de l’ASN fait état d’une sûreté nucléaire globalement satisfaisante. Faire mieux est possible mais de là à laisser entendre que les centrales sont à peine plus surveillées et sûres qu’une usine abandonnée…

Quant à la sécurité à proprement parler, Greenpeace fait sans le vouloir la promotion du professionnalisme d’EDF et des groupes d’intervention des forces de l’ordre à chaque fois que ses militants mènent une opération coup de poing. A chaque fois, Greenpeace prétend s’être introduit sans aucun problème dans une zone à risque. Et à chaque fois ce n’est pas le cas. Je salue le sang froid des forces de l’ordre qui interviennent rapidement et font vite la distinction entre un activiste en mal de publicité et un terroriste décidé à faire tout sauter. La police et la gendarmerie veillent et la justice fait son travail. En octobre 2017, des militants de Greenpeace se sont introduits dans la centrale de Cattenom et la condamnation est tombée. Entre 5 mois avec sursis et deux mois de prison fermes. Greenpeace ne communique pas là-dessus de peur de ne plus trouver des volontaires. Bref, Greenpeace fait du Black nightmare.

75000

Tout le monde est d'accord pour dire que les ENR représentent le futur. Cependant il existe quelques préalables à une formule tout ENR: le stockage de l'énergie (la fabrication des batteries en Chine est extrêmement polluante) et la capacité de production des outils. D'un autre côté nous avons des centrales nucléaires loin d'être en fin de vie qui ne génèrent pas de gaz à effet de serre.
Passer de l'un à l'autre du jour au lendemain nous obligerait comme en Allemagne à faire tourner voire investir dans des centrales gaz... producteurs de CO2. Ne pensez vous pas que les événements climatiques que nous connaissons depuis le début de ce siècle ne sont pas suffisamment préoccupant pour que nous bannissions cette voie?
Garder notre savoir faire dans le nucléaire est donc essentiel pour assurer la pérennité de la sureté de nos installations. Profitons de la manne du nucléaire pour que nos industriels deviennent aussi leader dans les ENR. En effet les éoliennes installées en France sont principalement produites en Allemagne, Espagne... et les panneaux photovoltaïque en Chine. Reste les centrales à Biomasse qui sont loin de pouvoir produire les GW nécessaires.
En conclusion gardons notre capacité à produire des centrales car rien ne serait pire que de perdre notre indépendance énergétique et payer l'électricité au tarif Allemand qui a fait le choix des ENR et du charbon !!!
Le choix reste le développement de l'électricité pour limiter les gaz à effet de serre. Cela ne peut se faire sans le nucléaire et les ENR.

57000

"tout le monde est d'accord pour dire que les ENR représentent le futur"

vous n'avez pas vraiment suivi les débats!

"Cela ne peut se faire sans le nucléaire et les ENR."

si on a le nucléaire, on n'a pas besoin d'ENR

75013

Bonjour,

Je voulais commencer par remercier Nicolas Martelas pour la documentation sur l'inertie du réseau. J'avoue être dubitatif sur l'idée de faire tourner des centrales à vide pour générer de l'inertie. Sur la région parisienne une seule centrale de petite capacité est capable de fonctionner en compensateur synchrone, les autres doivent pour tourner produire au moins à leurs puissances actives minimales.

Pour rebondir sur les éoliennes qui produisent 90% du temps je me permet de reformuler encore la différence entre puissance et énergie. Pour la production éolienne je crois qu'il est encore important de bien différencier la puissance de l'énergie car les moyens de stockage vont rester limités par rapport à la consommation nationale (on ne pourra pas stocker l'équivalent 20% de la consommation française sur 3 jours pour combler un déficit de vent). Je fais cette hypothèse en regardant les coûts encore importants pour au moins quelques années et les délais de mise en œuvre des projets par rapport à l'objectif 2025-2030. Dans cet optique il reste nécessaire d'avoir à chaque instant l'équilibre entre la puissance consommée et la produite.

Pour assurer cet équilibre on regarde toujours la situation la plus défavorable sur le réseau et pas une moyenne. Dans le cas des éoliennes si la probabilité qu'aucune éolienne ne produise sur le territoire alors chaque MW installé éolien doit être compensée par autre chose, il faut donc installer 2 fois plus de puissance que la puissance maximale potentiellement consommée sur le réseau. Si maintenant le minimum de production éolien est de 50% alors il suffit de compenser 2 MW éolien par 1 MW autre.

Si on reprend l’article de Libé donnée par Nicolas M. (http://sciences.blogs.liberation.fr/2015/11/09/ademe-un-mix-electrique-1... et particulièrement : http://m0.libe.com/blogs/sciences.blogs.liberation.fr/2015/11/09/6a00e55...) on retrouve les chiffres suivants 430 000 MW au moins installé en Europe et creux à 5 000 MW ou moins soit 1%. Avec des creux pouvant durer plusieurs jours ce qui n’est pas en faveur du stockage. Pour le solaire c’est encore plus flagrant on tombe à 0% la nuit, évidement.

La question de la PPE n’est pas seulement de dire oui ou non aux EnR c’est surtout de dire si on veut des EnR ce ne sera pas en masse pour tout de suite, il faut préparer le terrain. Pour cela il y plein de solution gagnant-gagnant à mettre en place à mon avis. A commencer par l’efficacité énergétique et surtout l’efficacité thermique qui permet de chauffer moins ou de chauffer plus régulièrement pour soulager les pointes de consommation qui dimensionnent le système électrique. Avoir des compteurs plus intelligents qui permettent aux consommateurs de mieux maitriser leur consommation, de leur donner la liberté de dire : « je veux qu’on puisse diminuer mon chauffage en cas de besoin » avec une contrepartie financière pour le service rendu et d’autres à inventer et dont le développement peut être aidé par l’état via la PPE. Il y a aussi des avantages directes à produire à l’aide d’EnR en parallèle au nucléaire je crois que le rôle de cette PPE est de définir une cohabitation performante (et l’objectif 50% nucléaire est là pour faire de la place aux EnR) plutôt que de faire une guerre entre ancien modèle et nouveau modèle. C’est pour cela qu’on regarde plus les 10% du temps sans production que les 90% où elles produisent.

Mon avis est que les EnR ont leur place pour produire une partie de l'énergie en France car elles ont des coups marginaux plus faible que le nouveau nucléaire. Elle apporte aussi un savoir faire en technique sur le territoire. Mais exploitées en masse elles entrainent des surcoût qui les rendent moins attractives.

Pour finir sur les arrêts des groupes des centrales nucléaires, le parc nucléaire est dimensionné pour permettre l’arrêt d’un certain nombre de centrale. Comme pour les éoliennes les centrales peuvent ne pas produire quand on a le plus besoin d’électricité il y a donc un surdimensionnement minimale. Aujourd’hui les centrales sont arrêtées entre 1 et 4 mois tous les ans pour faire de la maintenance. Les arrêts de centrales ne sont donc pas impossibles.

75015

Des sites à 45 ou 50 % de facteur de charge? Où avez-vous vu çà? Dans les publicités des promoteurs? Dans vos rêves? La moyenne britannique est autour de 35 %, d'après le Department of energy and climatic change (DECC). Sur les sites français, où les vitesses moyennes du vent sont plus faibles qu'en mer du Nord, ce sera plutôt 30 % ( soit environ 1,1 TWh en net sur le réseau pour un parc de 500 MW), peut-être 35% en augmentant encore la hauteur des éoliennes !
J'en profite pour dénoncer la fake new selon laquelle le vent est plus régulier en mer qu'à terre. c'est l'inverse, et cela s'observe bien sur les enregistrements, parce qu'il y a moins d'obstacles en mer qu'à terre. Les sautes de vent sont donc plus brutales.

92500

Vous dites:

"Il y a aussi des avantages directes à produire à l’aide d’EnR en parallèle au nucléaire je crois que le rôle de cette PPE est de définir une cohabitation performante (et l’objectif 50% nucléaire est là pour faire de la place aux EnR)"

Quels avantages? A quel coût?

75013

Bonjour à toutes et à tous, tous ces derniers avis sont plus qu'éclairés en matière de mix énergétique de la France pour les années à venir.
Les sceptiques dont je ne fais pas partie répondront à la conclusion que le nucléaire est l’énergie du XXe siècle et quelle ne doit pas survivre au XXIe siècle. Que les énergies renouvelables sont la nouvelle pierre angulaire du mix énergétique français.
S’ils ont raison, ce ne sera pas avant la seconde moitié du XXIe siècle car si les limites techniques sont repoussées régulièrement, il est impossible auourd'hui de produire les 400 TWh annuels d’électricité issue des réacteurs nucléaires en se reposant sur le biogaz, l’éolien et le photovoltaïque. Les limites techniques sont trop fortes, l’intermittence encore trop mal gérée et comme l’a bien écrit M. Reuss, il est impensable de couvrir la France d’éoliennes et de panneaux solaires.
Pas de solution magique donc. Des solutions pensées qui s’appellent notamment l’EPR. Au-delà des caricatures qu’on peut y lire partout, l’EPR est un bijou de technologie qui fait passer le nucléaire dans une nouvelle dimension. C’est comme le passage de l’avion à hélice au moteur à réaction. Les deux variantes sont des avions mais ils n’ont plus grand chose à voir sur le plan technologique. L’EPR c’est notamment près d’un quart de combustible en moins pour la même puissance électrique dégagée. À cette petite révolution qui ne dit pas son nom, il y a aussi des critères de sûreté largement améliorés. Ce qui n’était pas pris en compte il y a quelques années est l’objet de contrôles très poussés sous le régime de l’EPR. L’entretien est plus facile aussi et nécessite moins souvent des arrêts de réacteur.
Il y a l’EPR en guise de phare technologique et heureusement que le prolongement de vie d’au moins une vingtaine de réacteurs en fonctionnement a été lancé. Ces travaux sont nécessaires pour maintenir une production équivalente lors des 20 prochaines années avec le souci encore une fois d’atteindre un degré de sûreté encore meilleur. Les nouvelles générations riront peut-être de nous dans 50 ans. Mais faire l’impasse sur le nucléaire c’est rire jaune pour nous et ne laisser que des larmes à nos enfants.

75019

Oui monsieur,
Les facteurs de charges des projets offshores installés actuellement et a venir sont plus de l'ordre de 45 a 50% du fait notamment de l'accroissement de la taille des machines.
Au UK, et en Europe d'ailleurs, les machines majoritairement installées en mer sont encore des 3,6 MW avec une hauteur limitee expliquant des facteurs de charges moyens.
Les nouvelles generations de turbines (6 MW jusqu'a 12 MW bientot) vont chercher les vents encore plus haut et permettent d'augmenter significativement le facteur de charge sur l'année.
La ferme flottante Hywind de Statoil a par exemple atteint 65% de FC durant les 3 mois d'hiver. 2017.
Donc non je ne reve pas mais vous par contre vous restez bloqué dans les vieux chiffres.

En ce qui concerne la France, la ressource en vent est du meme niveau qu'en UK ou Danemark ou Allemagne. Donc non, 30% de facteur de charge est une "fake news" que vous etes bien incapable de prouver. Les parcs français seront donc plutôt autour de 45% que de 30%...

En ce qui concerne la ressource en mer vs ressource a terre, regardez les cartes de vent, elles parlent d'elles memes... si c'etait la meme ressource, quel serait l'interet d'aller en mer..? et le vent est effectivement plus laminaire en mer car pas d'obstacles. Donc plus intéressant a exploiter.

13000

Cette lecture des 97 commentaires me laisse comme un goût d'amateurisme et certaines fois on est très proche du dogmatisme. Le nucléaire ne souffre que d'une seule chose, son coût ! toujours promis jamais atteint. Dans les années 80 quand EDF faisait une centrales nucléaire c'était 1 Md de francs et 5 ans de travaux . Aujourd'hui c'est 8 Md€ et plus de 10 ans de travaux. En 2000 le PV c'était 700€/MWh aujourd'hui, dans le sud de la France c'est 40€/MWh et les prix du PV et des batteries est toujours en diminution. Ne cherchez pas des problèmes voire des arguments entre génératrices synchrones ou asynchrones, le seul problème c'est le prix des moyens. La transition énergétique, qui est quelque chose de perpétuel pour l'homme, offre de nouvelles technologies, à nous de les saisir. L'homme n'a pas quitté l'âge de pierre faute de pierres ou l'âge du charbon faute de charbon et si on n'est pas capable d'évoluer et bien on va disparaître. Pour information en 2019 il y aura 1 TW de PV installés dans le monde et on sera à 2 TW installés avant 2023 . Pour ceux qui désirent se renseigner, lire aussi ce rapport de la CRE : Etude sur les perspectives stratégiques de l’énergie de may 2018.

69130

La question de la transition est triple : D’où l’on part ? Où l’on va ? Comment y va-t-on ?
Il y a une quatrième question : Pourquoi ?
Je crois discerner 2 motivations à la transition énergétique :
1 Se passer au maximum des énergies carbonées car les ressources diminuent et elles ont un effet néfaste sur le climat
2 Le nucléaire c’est très puissant mais l’uranium ça s’épuise aussi et puis il y la question des déchets et des risques (occurrences très faibles mais conséquences très importantes)
Sur le point de départ : il y a réseau électrique qui s’appuie sur le principe des machines tournantes avec une production descendant vers la consommation. Les centrales nucléaires et hydrauliques produisent la plus grande partie de l’énergie. Des moyens de pointe, généralement à énergie fossile, complètent le dispositif en s’allumant les jours où l’on a besoin d’eux.

L’objectif est donc d’une part de remplacer la production provenant des centrales nucléaires, avec un moyen de production de masse. D’autre part de remplacer les centrales thermiques à flamme utilisant les énergies fossiles.

Où aller ? De mon point de vue pour remplacer la production électronucléaire il faut une source d’énergie dense. Je n’en vois que trois la fusion, la fission et la combustion. À la vue de la première motivation pas de combustion. Reste donc le couple nucléaire fusion/fission. La fusion me parait une solution très prometteuse (réactifs potentiellement disponibles en grande quantité, pas de risque d’emballement de la réaction, déchets radioactifs pendant 10 ans seulement). Mais ce n’est pas envisageable avant 2100 si la recherche continue à ce rythme… il va falloir continuer à transiter pendant un siècle. En attendant il y a plusieurs technologies de fissions nucléaires prometteuses et réutilisant les « déchets » des centrales actuelles : neutrons rapide et surgénération, thorium. Il est difficile de se faire un avis clair sur ces possibilités car elles restent controversées. Dans cette vision il n’y a pas d’EnR massives et le point d’arrivée est la fusion nucléaire qui répond à la seconde motivation selon moins la fin d’une énergie nucléaire potentiellement dangereuse, émettrice de déchets et qui s’appuie sur une ressource limitée. Un seul bémol si le deutérium et le tritium ne sont finalement pas disponible en quantité suffisante il faudra continuer la transition. Il reste la question des moyens de pointe. La première motivation pousse à changer de moyen de pointe. Et je pense que les EnR peuvent les remplacer. Elles auraient donc leur place dans le futur mix énergétique.

Il y a d’abord la biomasse et le biogaz qui commence déjà à remplacer le charbon et le gaz dans les centrales thermiques à flamme. Il y a ensuite les centrales de cogénération chaud et /ou froid – électrique associée à des réseaux de chaleurs. Elles exploitent la biomasse, les déchets, la géothermie et ont l’avantage de se trouver en ville, là où il n’y a plus de centrale. Elles peuvent servir de moyen d’ultra-pointe mais surtout aider à la gestion des tensions en zone urbaine, remplaçant ainsi les turbines à combustion. Principalement exploitée pour le réseau de chaleur elles assurent des services réseau. Le système électrique amortie simplement la partie génération électrique, le reste de la centrale est amortie par les acteurs des réseaux de chaleur.

Il y a aussi le duo éolien-solaire, il est particulier car il n’est pas pilotable (on ne peut pas commander la puissance en temps réel) et provient d’une énergie fatale (non utilisée elle est perdue, du coup ils sont prioritaires pour injecter sur le réseau). On peut les considérer comme prévisible, quelques jours à l’avance on peut savoir combien ils vont produire. En partant de ce principe prévisible mais non pilotable il suffit de trouver des corrélations pour trouver leur intérêt. Par exemple pour les panneaux solaires, ils sont principalement développés dans le sud de la France il produit quand on consomme de l’énergie pour climatiser (plus il y a de soleil plus il fait chaud). Dans cet optique on diminue le côté non pilotable, les panneaux solaires produisent quand on a besoin d’eux c’est-à-dire pour la climatisation et ils sont dimensionné pour cela. Super mais est-ce vraiment utile ? Oui si ça permet de fermer une centrale thermique servaient à combler cette consommation. Oui si ça permet de fermer plus de groupes nucléaires pour maintenance et grand carénage. Oui si ça permet de ne pas construire une ligne 400 kV supplémentaire vers le sud de la France. Un dernier argument que j’imagine c’est le co-financement d’électronique de puissance sur le réseau électrique. Aujourd’hui pour maintenir la tension en dessous des limites réglementaires quand la consommation est faible il est nécessaire d’installer de bobines sur le réseau. C’est un investissement important mais pas très productif. On peut remplacer les bobines par de l’électronique de puissance mais c’est beaucoup plus cher sauf si l’électronique de puissance est déjà présent puisqu’il sert à évacuer la production des centrales solaires. L’investissement fait dans l’électronique de puissance est donc d’autant plus vite amortie qu’il à plusieurs usages. Pour finir sur cet exemple, les centrales solaires dans ce cas sont de petites tailles, elles permettent de couvrir les besoins de pointe de l’été. Pour permettre une plus flexibilité de leur utilisation elles sont associé à des batteries mais là encore l’idée est d’utiliser au mieux l’électricité et pas assure la totalité de l’équilibre offre/demande ce qui nécessite des investissements bien plus raisonnables et envisageables. Ces batteries permettent de minimiser l’écrêtage des énergies fatales. Elles sont encore plus utiles dans le cas de l’éolien qui produit aussi la nuit, période sans besoin import d’énergie. Pour l’éolien on peut penser à la corrélation entre le vent et les besoins de chauffage.

Si on regarde le coup de ces énergies EnR pour le système électrique il va être faible car une partie des installations répond à des besoins mutuels. L’installation des centrales photovoltaïques vient combler un besoin de pointe (très rémunérateur) ou évite un investissement sur le réseau à la suite de la disparition des centrales locales. L’électronique de puissance et les batteries sont en partie financer par le non investissement dans des moyens de compensation pour gérer les tensions sur le réseau. Si on considère que le remplacement des moyens de pointe rembourse l’investissement alors le reste du temps toute l’énergie produite l’est à un coup avoisinant le coût marginal c’est-à-dire 0€/MWh pour rémunérer le vent et le soleil. Ce bilan n’est valable que si l’on prend l’ensemble du système électrique et qu’on considère que les installation EnR se cantonne à remplacer les moyens de pointe.

Et en cas de pointe sans vent ni soleil ? Si c’est une pointe de froid on ne peut pas beaucoup compter sur la cogénération occupée à chauffer les français. Il reste les batteries qui ont pu être chargés auparavant soit par les énergies fatale soit par les groupes assurant la base en prévision. Il y aussi les partenaires européens, les périodes de pointe ne coïncide pas dans tous les pays. Il y a enfin les consommateurs avec l’effacement ou la régulation de consommation pourquoi contractualisé via des compteurs intelligents. Et puis avec des logement mieux isolés et chauffés plus intelligemment on pourrait diminuer l’effet de point thermosensible.

Finalement je crois que le foisonnement lié au EnR pourraient être adapté à la gestion des pointes même si les EnR ne sont pas la pilotable. A question d’être capable de prédire leur comportement quelques jours à l’avance, de construire le mix de production de manière intelligente en adaptant la quantité des EnR à leurs propriétés et aux besoins et en s’appuyant d’avantage sur les leviers côtés consommateurs.

Maintenant comment traduire ce projet en PPE ? Avec la libéralisation du marché souhaitée (pour ne pas dire forcée après tout on a voté) par l’Europe il faut créer les règles de marché et les incitations permettant aux entrepreneurs de se positionner.

Pour résumer l’idée c’est de maintenir un réseau semblable à celui d’aujourd’hui mais en remplaçant les moyens de pointe par des EnR/stockage/meilleur consommation et en incitant une mutation progressive du nucléaire vers de nouvelles technologies toujours nucléaire mais plus pérennes.

Pour ceux qui auront le courage de lire cette proposition j’espère qu’elle a été compréhensible. Je serai ravi d’avoir votre avis sur cette proposition et votre propre proposition d’objectifs et de moyens.

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