Les enseignements de la réunion thématique du 13 octobre
Ce texte résume les enseignements de la réunion publique du 13 octobre. Il a été soumis à commentaires.
Thème : La méthanisation avec valorisation biologique des déchets est-elle
une solution d'avenir pour l’agglomération parisienne ?
La réunion a rassemblé 115 participants, élus, institutionnels, associatifs et grand public.
Elle a été suivie en direct sur Internet par 25 internautes et a suscité 21 questions de la salle, 15 questions par Internet avant la réunion et 2 directement pendant la réunion.
Philippe Marzolf, président de la Commission particulière du débat public, présente d’abord la Commission ainsi que les principes et les objectifs du débat ; il expose également le dispositif mis en œuvre : thèmes abordés, questions posées, réunions publiques, supports diffusés (720 000 exemplaires du Journal n°1 du débat et de la synthèse du dossier du maître d’ouvrage), moyens d’information et de participation en ligne (blog, retransmission de la réunion sur le site du débat)…
Une présentation synthétique du projet par le Syctom apporte des éléments sur la complémentarité des modes de traitement choisis pour le projet - méthanisation et incinération - dans la perspective de réaliser les objectifs du PREDMA en termes de limitation de volumes à mettre en décharge et à incinérer.
Cette réunion a pour objectif d'apporter des éclairages sur la méthanisation associée au tri mécanisé des déchets bruts et la valorisation du biogaz, la qualité et les débouchés du compost produit et la maîtrise des nuisances induites par ce mode de traitement.
Où l’on apprend que…
La méthanisation associée à la valorisation biologique est un procédé de traitement des déchets qui, selon le président du SIVOM qui gère l’unité de méthanisation de Varennes-Jarcy, :
1. est possible à des coûts maîtrisables
2. permet de produire du compost « aux normes »
3. est performant dès maintenant.
L’Ademe nous précise que la méthanisation est une technique maîtrisée, utilisée dans les autres pays d’Europe pour produire du biogaz et pour stabiliser la matière organique contenue dans les déchets avant mise en stockage. En Allemagne, les collectes sélectives très développées, notamment sur les biodéchets, permettent de limiter à 150 kg par an et par habitant les déchets résiduels. Ces derniers sont triés avec un TMB pour stabiliser la matière organique qui n’a pas été triée et pour produire de l’énergie avant mise en stockage. En Espagne, où les normes d’épandage sont moins sévères qu’en France, cette matière organique est utilisée pour fabriquer du compost, mais il y a des incertitudes sur son devenir.
Les déchets susceptibles d’être traités par méthanisation peuvent être issus soit de la collecte sélective soit d’un tri mécanique d'ordures ménagères permettant d'isoler leur partie organique.
La collecte des biodéchets et le tri mécanique sont complémentaires :
le tri mécanique des ordures ménagères permet de capter plus de déchets organiques que la collecte sélective et ne modifie pas le dispositif de collecte. Mais l'Ademe indique qu'il y a peu de retours d’expérience sur la qualité du digestat/compost et la capacité de la technique à accompagner le durcissement prévisible des normes ;
la collecte de biodéchets permet de produire de façon plus simple un compost de meilleure qualité mais en plus petite quantité.
Pratiquée à Lille par la Communauté Urbaine de Lille, la collecte sélective des biodéchets est surtout le fait de la partie du territoire la plus pavillonnaire. Elle s’étend aujourd’hui à la restauration collective et aux cantines. Elle est plus difficile à mettre en œuvre dans un habitat vertical, comme c’est le cas majoritairement pour le bassin versant du centre d’Ivry.
A ce sujet, le CNIID rappelle que le Conseil Economique, Social et Environnemental préconise une collecte sélective systématique.
Quant au coût lié à la mise en place de cette collecte de biodéchets, la Communauté Urbaine de Lille indique que la collecte, dans son ensemble, représente 60% du coût total de la gestion des déchets (collecte et traitement) sans pouvoir préciser la part de la seule collecte des biodéchets. Le coût du traitement représente 63€ la tonne.
Pour l'Ademe, le tri mécanique biologique (TMB) ne doit pas être considéré comme une alternative à l’incinération ou au stockage, dont la mauvaise acceptabilité sociale pousse à promouvoir le TMB : cette technologie doit être adaptée en fonction des objectifs visés et de son intégration dans un schéma de gestion des déchets à l’échelle d’un territoire.
Il s’agit bien, selon l’Ademe, d’opérer des choix politiques pour trouver l’équilibre (« un bouquet d’opérations complémentaires ») qui convient au territoire concerné ; ainsi, il est plus facile à la Communauté Urbaine de Lille de mettre en place une collecte de biodéchets, car elle a la double compétence collecte et traitement. L'important est d'assumer les choix que l'on fait et d'adapter les modalités de tri. L’objectif final étant toujours d’obtenir des déchets stabilisés (c’est-à-dire qui ne fermentent plus).
Cette absence de retour d’expérience, également soulignée par un internaute, devrait être bientôt comblée : une évaluation des installations françaises de méthanisation sera mise en place d’ici la fin 2010.
Le biogaz issu de la méthanisation constitue une nouvelle filière dont les contours sont en train de se dessiner. Le biogaz peut servir à produire de l’électricité comme à Varenne-Jarcy, du carburant pour les bennes à ordure, comme à Lille (cet usage est très répandu en Suède) ou être injecté dans le réseau GDF. Cela doit faire l’objet, en France, de décisions ministérielles à la fin de cette année.
Il sera possible d’injecter du biogaz dans le réseau s'il est de qualité comparable au gaz naturel.
Le compost : a été soulignée la nécessité de disposer d’études de débouchés précises et de sécuriser ces derniers sur le long terme, notamment dans le cadre de partenariats avec la profession agricole.
Des interrogations sur...
la qualité du compost
Une norme – NFU 44-051 - garantit l’innocuité, la traçabilité et le contrôle ; l’objectif, pour le SIVOM, gérant Varennes-Jarcy, est de produire un maximum de compost à la norme : autant que possible, on fabrique du compost issu de déchets triés à la source, sinon issus du TMB strictement contrôlé. Mais « tout cela est fragile et demande une vigilance quotidienne », même si, en l’occurrence, les performances du compost produit par le site de Varennes-Jarcy sont largement au-dessus de la norme et que les refus mis en stockage sont exceptionnels..
Le Conseil régional souligne que la qualité du compost vient également de l'absence de déchets toxiques dans les poubelles.
Plusieurs participants demandent la mise en place d’une collecte sélective de biodéchets pour obtenir une meilleure qualité de compost. Ils demandent également que soit développé le compostage individuel ou collectif en pied d’immeuble.
le compostage individuel
Si le Conseil Régional d'ile de France met en place des aides pour doter les particuliers et les collectivités de composteurs, le compostage individuel en habitat dense demeure un exercice difficile. Or « un compostage mal fait, c'est du méthane qui pollue » : Lille a choisi de mettre ce méthane dans les digesteurs. L'Ademe indique que le compostage dans certains milieux ruraux donne de très bons rendements, particulièrement s'il est appuyé par des campagnes de communication efficaces. Le représentant de la Communauté Urbaine de Lille confirme cette observation : le compostage s'avère peu suivi en zone semi-urbaine.
Un participant estime que dépenser 4 millions d’euros en fourniture de bacs à compostage et campagnes d’information pourrait stimuler le compostage individuel et apporter des résultats significatifs.
les nuisances olfactives
Plusieurs participants (dont des internautes) s’inquiètent des nuisances olfactives d’un site de méthanisation, ayant eu connaissance notamment des expériences malheureuses de Montpellier et de Lille.
Le SIVOM indique qu’à Varennes-Jarcy, à l’exception de la proximité immédiate du quai de déchargement, il n’y a, y compris dans l’environnement immédiat, aucune odeur perceptible, plus aucune plainte, et pas de mouches. A Lille, il n’y aurait ni odeurs, ni plaintes, mais seulement des questionnements ; malgré la présence obligatoire d’un produit odorant manipulé du début à la fin de la chaîne, la mise en dépression des bâtiments et le strict respect de fermeture des portes suffisent à évacuer ce problème, sauf en ce qui concerne la qualité intérieure de l’air qui, faute d'un traitement bien dimensionné, peut nuire à la bonne qualité des conditions de travail.
Le problème doit être en tout cas pris en compte très en amont, dès la définition du projet, sans lésiner sur les investissements au départ.
les risques des installations
Plusieurs intervenants précisent qu’il n’y a aucun risque d’explosion car le méthane est stable, plus léger que l’air et pose beaucoup moins de difficultés à manipuler que le propane ou le butane ou le GPL. En outre, d'éventuelles fuites seraient décelées par les détecteurs et la mise en place des torchères sécurise les installations.
les coûts
Plusieurs participants s’interrogent sur le surcoût lié au confinement du site et plus largement en milieu urbain. Le syctom ne peut répondre précisément à cette question et indique que le projet dans son ensemble se traduit par une augmentation de 3,5% de la taxe payée par les collectivités.
Le coût du traitement est de 76€ la tonne à Varennes-Jarcy et 63€ la tonne à Lille. Le CNIID trouve que la différence qui existe entre le prix du traitement à la tonne entre Lille (collecte sélective uniquement) et Montpellier (collecte sélective et tri mécano biologique) plaide largement en faveur du traitement des déchets organiques collectés.
Les Amis de la terre s’inquiètent de l’augmentation du volume de déchets à stocker qui sera engendrée par la future installation et des différences qui existent à ce niveau entre les projets des trois bureaux d’études. Des précisions seront apportées lors de la réunion du 5 novembre.
Ils demandent des précisions et des garanties quant au traitement (stockage ou incinération) qui sera réservé aux digestats qui ne correspondraient pas aux normes. Le Syctom affirme que la diminution de l'incinération et du stockage est au coeur de leurs préoccupations.
Les extraits vidéo et supports de présentation des intervenants
Introduction
Présentation
Philippe MARZOLF (CPDP), présentation du débat
Présentation
Dominique LABROUCHE, SYCTOM, Présentation synthétique du projet
En quoi consiste la méthanisation ? Quel est l’intérêt de la méthanisation comme mode de valorisation des déchets ? Quels sont les enseignements des premiers retours d’expérience en termes de production et de distribution de compost ainsi que de nuisances? Quelle est l’efficacité du tri mécanisé pour séparer la fraction fermentescible des déchets ? Ce pré-tri est-il complémentaire ou incompatible avec la collecte sélective des bio-déchets ? Quels sont les coûts de la méthanisation ?
Guy GEOFFROY, Sivom de la vallée de l’Yerre et des Sénarts
Présentation
Bertrand HYLLAIRE, URBASER
Réactions du public
Présentation
Pierre HIRTZBERGER, Communauté urbaine de Lille
Echanges avec le public
Comment cette technique est-elle utilisée dans les pays européens ? Quelle est la position de l’Ademe sur le tri mécanisé ?
Présentation
Marc CHEVERRY, ADEME
Echanges avec le public
Quelle valorisation pour le biogaz ?
Présentation
Pierre HIRTZBERGER, Communauté Urbaine De Lille
Echanges avec le public
Quels débouchés pour le compost face aux évolutions du gisement et aux exigences croissantes en matière de qualité du compost ? Quelles garanties imaginer au niveau de la réglementation, des collectivités, des constructeurs, des gestionnaires, des citoyens/riverains ?
Présentation
Didier RAT, Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche
Echanges avec le public
Description des projets de méthanisation avec valorisation biologique du Syctom
Présentation
Dominique COUTART, SYCTOM
Echanges avec la salle
Le verbatim de la réunion et sa synthèse
Verbatim
Synthèse
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