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Q26 • Nathalie BOURGEOIS , LE TREPORT, le 05/05/2010
Vous affirmez être créateur d’emploi ; en sachant qu’un pêcheur fait travailler cinq personnes, combien comptez-vous éliminer de pêcheurs dans notre secteur ? > Voir la réponse
La Compagnie du Vent, le 05/07/2010,
Bonjour, Oui, comme nous le pressentions dès les prémices du projet au vu du retour d’expérience européen et de la taille du projet, le projet des Deux Côtes sera fortement créateur d’emplois. C’est le cabinet de conseil PriceWaterhouseCoopers, que nous avons mandaté pour réaliser une étude socio-économique propre au projet des Deux Côtes, qui nous l’a confirmé. Ses conclusions, basées sur le retour d’expérience européen en la matière (environ 1000 éoliennes offshore sont déjà installées en Europe, certaines depuis 20 ans) sont très positives. En effet, après avoir dressé un bilan de la filière éolienne offshore en France et identifié ses opportunités de développement, PriceWaterhouseCoopers a réalisé une estimation chiffrée du nombre d'emplois induits qui seraient mobilisés au niveau local par le projet des Deux Côtes. Cette étude a nécessité la réalisation de plus d'une cinquantaine d'entretiens en France et en Europe auprès d'industriels, d'experts, d'associations, d'organismes locaux, etc, ainsi que de recherches documentaires approfondies. Jusqu’à présent, près de cent personnes et une trentaine de sociétés ont été mobilisées pour les études de faisabilité techniques et environnementales du projet des Deux Côtes. Leur nombre va s’accroître avec l’avancement du projet. Jusqu’à 2 000 emplois induits seraient mobilisés au niveau local pour le projet des Deux Côtes. Ainsi, 600 à 850 emplois directs locaux, suivant les choix techniques et technologiques qui seront arrêtés après les études complémentaires encore nécessaires, pourront être créés pendant la fabrication des divers éléments composant le parc éolien et pendant la phase d’installation et de raccordement du parc. Par ailleurs, près de 1 000 emplois indirects locaux seraient mobilisés pendant la phase d’installation et de raccordement des éoliennes qui verra la présence sur site des nombreux personnels locaux, nationaux et étrangers. Ces personnes devront être en effet nourries et logées à proximité, ce qui représente une opportunité pour l’hôtellerie/restauration et serait ainsi créateur de nombreux emplois indirects. En phase d’exploitation, les emplois seront tous locaux et seront basés sur les ports du Tréport et de Dieppe : 50 emplois directs seront ainsi créés pour la maintenance des installations pendant 30 ans. Ils nécessiteront la création d’au moins une centaine d’emplois indirects. Concernant la pêche et son avenir localement, sachez que nous sommes attentifs aux inquiétudes exprimées par les pêcheurs locaux quant à l'impact que pourrait avoir le projet, tel que nous l'envisageons à ce jour, sur leur activité. Le débat public en cours constitue à notre sens une opportunité pour échanger, débattre et exprimer les différents points de vue et essayer de lever au maximum les interrogations qui existent. De fait, nous attachons beaucoup d’importance au retour d’expérience étranger en la matière et notamment au témoignage de Mr Tony Divers, représentant d’une association de pêcheurs de l’ouest du Danemark et confronté au quotidien dans son activité à la présence de 2 parcs éoliens, qui s’est exprimé lors de la réunion thématique sur la pêche et les activités professionnelles en mer du 11 mai 2010. Il confirme tous les retours positifs concernant la cohabitation entre l’activité de pêche et les 1000 éoliennes déjà installées au large des côtes européennes, certaines depuis 20 ans. Il a notamment précisé que : - les parcs de Horns Rev 1 (80 éoliennes à 14 kms des côtes) et 2 (91 éoliennes à 30 kms) n’ont pas eu d’impact sur l’activité de pêche. Ils n’ont pas occasionné de déplacement de flottille ou de faillite chez les marins pêcheurs - la réduction de la flotte de pêche, qui est passée de 60 à 30 bateaux, est la conséquence du départ d’une grande entreprise de transformation des produits de la mer et que cette réduction était sans lien avec les parcs éoliens - le dédommagement pour perte de surface de pêche, versé en une seule fois, s’est élevé à 1 M€ pour le premier parc et à 3,5 M€ pour le second et a concerné une vingtaine de bateaux de pêche Vous le voyez, ces 171 éoliennes, qui forment actuellement le plus gros parc éolien offshore en exploitation au monde, n’ont pas eu d'impact négatif significatif sur l’activité de pêche locale. Notez également que « seulement » 4.5 M€ ont été versés en une fois à ces pêcheurs danois alors que pour le projet des Deux Côtes, c’est chaque année pendant les 30 ans d’exploitation du parc éolien que cette même somme sera versée à un fonds à destination des activites maritimes de pêche et de plaisance. Par ailleurs, d’autres mesures que l’existence de cette taxe, nous laissent à penser que la présence d'un parc éolien, bien agencé et bien localisé, aurait un impact négligeable, voire globalement positif sur cette activité, traditionnelle et vitale pour l’économie des ports du Tréport et de Dieppe, ainsi que pour de nombreuses familles : - les éoliennes en mer ne font pas fuir le poisson : au contraire, elles créent un milieu favorable au développement de la vie aquatique et constituent une sorte de refuge pour les organismes dont se nourrissent les poissons. Nous proposons d'ailleurs d'aller plus loin et envisageons, sous réserve de l’aval des autorités maritimes compétentes et en concertation avec les représentants des pêcheurs, d'installer des récifs artificiels dans ou en dehors du parc éolien afin d'amplifier l'effet positif sur la ressource en poisson. - un parc éolien en mer ne signifie pas interdiction totale de pêcher : il est envisageable de pêcher avec des arts dormants (filets, casiers...) au sein du parc éolien et le chalutage est possible autour de celui-ci. C'est déjà le cas avec succès à l'étranger, et la Grande Commission Nautique a approuvé de telles pratiques lorsqu'elle s'est réunie pour discuter des règles à mettre en place sur le premier projet éolien maritime autorisé à ce jour en France à Veulettes-sur-Mer. Nous sommes ouverts à la discussion sur les mesures et moyens à mettre en œuvre afin de permettre une telle cohabitation, tout en garantissant la sécurité des navires et du personnel embarqué. - l’éolien en mer peut permettre aux pêcheurs qui le souhaitent de diversifier leurs activités et leurs revenus pendant les phases de construction, d’entretien et de maintenance des éoliennes. C'est là aussi déjà le cas à l'étranger. Pour conclure, précisons qu'au Tréport, on trouve majoritairement des chalutiers de moins de 12 mètres qui exercent classiquement leur activité jusqu’à 20 milles nautiques autour du port, mais qui sont interdits de pêche au chalut dans les 3 premiers milles de la côte. Le projet des Deux Côtes, dans la variante « Large » que nous privilégions, n’occuperait que 5 % de la superficie de cette zone d’activité. Cordialement |