Question n°61
Différence de tarif entre l'éolien et le nucléaire
le ,La question suivante a été posée à l’oral au cours de la conférence-débat du 21 mai. Dans la mesure où elle est restée sans réponse, la commission a pris l’initiative de la publier sur le site afin qu’une réponse écrite lui soit apportée. Elle a pu faire l’objet de légères reformulations en la passant à l’écrit.
- "Le parc du Tréport sera pour nous (association "Sauvons le Climat") probablement rentable pour son exploitant, mais pas pour le consommateur : il rapportera 6 milliards d’euros après avoir nécessité un investissement de 2,5 milliards d’euros. Comment expliquer la différence de tarif entre l’éolien (221€/MWh) et le nucléaire (42€/MWh) ?" (question reformulée)
Bonjour,
Comme il a été spécifié dans le Dossier du Maître d'Ouvrage (p. 22), l'investissement nécessaire au développement et à la construction du parc éolien est estimé à 2 milliards d'euros.
D'autre part, la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) a donné, à partir des prix proposés par les lauréats du premier et du second appel d’offres sur l’éolien en mer, une estimation du coût de l’éolien en mer de l’ordre de 200€/MWh[1], soit 20 cents par kWh, intégrant le coût du raccordement électrique et du démantèlement des parcs éoliens.
En comparaison, les estimations du prix de l’énergie nucléaire intégrant le démantèlement pour les centrales françaises en fonctionnement était de 59,8€/MWh en 2014[2], soit environ 6 cents par kWh. Le prix de vente de l’électricité des centrales nucléaires nouvelles générations « EPR » d’Hinkley Point (UK), sur une période de 35 ans, est de 114€/MWh (coût actualisé au taux 2012) soit environ 11 cents par kWh.
La différence des coûts entre énergie éolienne et énergie nucléaire s’explique en partie par le caractère récent de la première. Si la technologie éolienne est mature, la filière industrielle de l’éolien en mer est en phase de développement. Comme observé pour les énergies renouvelables plus anciennes comme l’éolien terrestre ou le photovoltaïque, les coûts de la filière sont aujourd’hui importants. Ce fut également le cas du nucléaire au début du développement de la filière. La consolidation de la filière éolienne en mer devrait aller de pair avec une augmentation de la productivité des éoliennes, des économies d’échelle sur la chaîne d’approvisionnement et l’optimisation des méthodes d’installation en mer et d’exploitation, et permettre ainsi une diminution importante des coûts de production.
En France, les industriels du secteur (représentés par le Syndicat des Energies Renouvelables) prévoient que le coût de production du MWh produit à partir d’installations éoliennes en mer devrait atteindre une valeur située entre 100 et 120 €/MWh entre 2025 et 2030 sur la base d’un marché croissant et stable, soutenu par des engagements forts de la part de l’Etat (cadre incitatif adapté, simplifications règlementaires, etc.).
Commentaires
Réponse de la maîtrise d'ouvrage
Bonjour,
Comme il a été précisé plus haut par la Commission particulière du débat public, le maître d’ouvrage ne souhaite pas communiquer sur la rentabilité du projet. Cette dimension du projet relève du secret professionnel et ne fera donc pas l’objet de communication au cours de ce débat public.
Il convient cependant de préciser que le maître d’ouvrage finance entièrement le développement, la construction, l’installation, la maintenance et le démantèlement du parc éolien de Dieppe – Le Tréport. Les dépenses liées au développement du projet (et plus tard liées à la construction et à l’installation du parc) sont prises en charge par le maître d’ouvrage dès 2013. Les recettes liées à la vente d’électricité produite par le parc seront perçues par le maître d’ouvrage seulement à partir de 2021 (date de mise en exploitation).
D’autre part, le chiffre d’affaires d’un projet est différent du résultat net, soit le bénéfice ou la perte réalisé(e) sur une année d’exploitation. Le résultat net d’exploitation doit en effet prendre en compte les coûts d’exploitation annuels (maintenance des éoliennes et du réseau, provisions pour le démantèlement des installations), les coûts d’amortissements (composants du parc, installations, etc.), le remboursement de la dette (principal et intérêts), ainsi que les taxes et impôts divers (taxe spécifique à l’éolien en mer, impôt des sociétés).
Commentaire de la Commission particulière du débat public
Bonjour,
La commission a demandé au maître d'ouvrage de réagir à l'estimation que vous faites de ce que le projet rapporte (6 milliards d'euros), sachant que d'autres acteurs portent des chiffres du même ordre de grandeur (voir tract de l'association SCOPA).
Le groupement ne souhaite pas communiquer sur le chiffre d’affaire attendu pour le projet et sur sa rentabilité, données qu'il souhaite garder confidentielles.
Nous avons eu toutefois confirmation de la production estimée par le groupement (2 TWh par an), du prix de rachat de référence moyen calculé à partir des 6 projets de parc éoliens en mer issus des appels d'offres 1 & 2 (200€/MWh), ce qui porterait le chiffre d’affaire annuel de la vente d’énergie à EdF OA à environ 2 000 000 x 200 = 400 Millions d’euro / an, soit un total de 8 milliards d'euros pour un contrat d’une durée de 20 ans.