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Question n°95

Questions sur les impacts sur la faune marine

Ajouté par ESTRAN Cité de la mer (Dieppe), le
[Origine : Réunion publique]

La question suivante a été posée à l’oral au cours de l’atelier thématique du 28 mai. Dans la mesure où elle est restée sans réponse, la commission a pris l’initiative de la publier sur le site afin qu’une réponse écrite lui soit apportée. Elle a pu faire l’objet de légères reformulations en la passant à l’écrit.

"Quel impact du bruit pour la faune aquatique ?

Y aura-t-il un retour des mammifères marins après la phase de construction ?

A-t-on des retours d’expérience « effet récif » d’autres parcs éoliens ?"

Date de la réponse:
Réponse de Eoliennes en mer Dieppe - Le Tréport (maître d'ouvrage), le
Réponse:

Pour évaluer les impacts du projet du parc, avant son implantation, conformément aux articles L.12261 du code de l'environnement, le maître d'ouvrage mène actuellement une étude d'impact environnemental, qui sera remise aux services de l'Etat au plus tard en juin 2017. Les impacts du parc sur la faune marine seront notamment identifiés dans le cadre de cette étude, et des mesures seront alors proposées par le maître d'ouvrage pour éviter, réduire ou compenser ces impacts.

Impact du bruit sur la faune aquatique

  • Impacts attendus en phase de construction

Les perturbations sonores liées à la construction dépendent du type de fondation, du nombre d'éoliennes, de la durée du chantier, des espèces présentes, de leur sensibilité propre ainsi que des techniques mises en œuvre (battage ou forage des pieux dans le fond marin). La construction implique aussi la présence de nombreux navires et barges qui accroissent localement l'introduction de bruit.
Les nuisances sonores durant cette phase représentent un risque sur les mammifères marins en raison de leur sensibilité auditive et de leur dépendance aux ondes acoustiques sous-marines (écholocation pour se nourrir et communiquer). Le maitre d'ouvrage réalise actuellement des études complémentaires sur la faune aquatique et notamment sur les mammifères marins susceptibles d'être impactés par ces opérations. Les résultats de ces études permettront de dresser l'état initial de ces populations et d'appréhender au mieux les impacts du projet. De plus, l'expertise complémentaire demandée sur ce sujet par FNE à la CNDP, et dont les résultats viennent d'être publiés, contribue à une meilleure connaissance des impacts acoustiques de ce type de projet.

  • Impacts attendus en phase d’exploitation

Le bruit des éoliennes en rotation se transmet par le mât de l’éolienne jusqu’à la mer. Ainsi le fonctionnement des éoliennes engendre une augmentation locale du bruit sous-marin. Toutefois, les impacts en phase d’exploitation sur les mammifères marins seront bien moins notables que ceux en phase de chantier. De nombreux auteurs scientifiques considèrent que les niveaux sonores des parcs en fonctionnement ne sont pas susceptibles d’engendrer des perturbations pour les mammifères marins. 

  • Mesure de réduction de l’impact acoustique (phase de construction)

A ce stade, le maître d’ouvrage envisage plusieurs mesures pour réduire l’impact acoustique des travaux en mer sur les mammifères marins et, par extension, aux autres espèces qui sont sensibles aux bruits et aux vibrations :

- Mettre en place des avertisseurs sonores pour éloigner ces espèces de la zone

- Consacrer au moins 30 minutes à l’observation pour s'assurer qu'aucun mammifère marin n’est présent au sein de la zone de travaux avant de commencer toute émission sonore ;

- Procéder à un battage progressif ou à un forage progressif des pieux;

- Mettre en place, si nécessaire, des rideaux de bulles autour des fondations pour absorber les vibrations (technologie innovante devant encore faire l’objet de tests conclusifs).

- Valider le protocole de protection des mammifères marins avec les acteurs locaux, les gestionnaires du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale en particulier.

L’étude d’impact sur l’environnement en cours de réalisation, permettra de définir clairement les mesures à prendre pour éviter, réduire ou compenser ces impacts. Ces mesures citées seront donc affinées ou modifiées afin de répondre au mieux à ces enjeux.

Retour des mammifères marins après la phase de construction

Au cours de la phase d’installation, les mammifères marins présents sur la zone pourront subir une perte ou une modification de leur habitat, ce qui pourra les amener à quitter la zone. Cet impact direct, à l’échelle du projet, est lié à l’occupation de l’espace sous-marin par les infrastructures et à l’impact sonore des opérations.

La fin de l’installation des éléments constitutifs du parc sera marquée par le début de la phase d’exploitation, dont les impacts sur les mammifères marins sont bien moins notables que ceux en phase de chantier. En effet, le parc en exploitation n’induit a priori pas de perte de territoire pour les cétacés (Marsouin commun, Grand Dauphin et Globicéphale noir), ceux-ci pouvant revenir fréquenter le parc en activité comme cela a été constaté pour le marsouin sur le parc éolien en mer d’Egmond Aan Zee (Pays-Bas), d’Horns Rev et de Nysted (Danemark).

Retour d’expérience sur l’effet récif

L’effet récif consiste en la colonisation de différents types de structures par des espèces (faune et flore). Il y a fixation de micro-organismes, d’algues et d’invertébrés qui peuvent permettre progressivement l’installation de réseaux trophiques (chaînes alimentaires reliées entre elles au sein d'un écosystème) plus ou moins importants. L’effet récif peut être observé sur les structures immergées telles que les fondations d’installations pétrolières, les bouées, les épaves…

D’après les retours d’expérience des parcs éoliens en mer existants comme celui d’Edmond Aan Zee[1] (Pays-Bas) où l’on enregistre une forte agrégation de poissons autour des fondations ou celui de Barrow[2] (Royaume-Uni), les espèces observées sur les fondations sont principalement des moules, étoiles de mer, anémones et ophiures. Cet effet récif se révèle a priori positif car il peut constituer une source de nourriture et un abri pour certaines espèces. Cet impact est proportionnel au nombre d’éoliennes construites.

Toutefois, il faut nuancer le caractère « positif » de cet effet récif, selon les espèces colonisant le milieu. En effet certaines espèces non originellement présentes peuvent se développer et annuler l’effet positif, voire avoir un impact potentiellement négatif sur la biodiversité par l’apparition d’espèces indésirables, création de déséquilibre des assemblages d’espèces préexistantes (ex : poissons, oiseaux marins ou mégafaune marine qui s’en nourrissent, …), risque de surpêche…

Là encore des études sont nécessaires pour affiner les connaissances réelles de l’effet récif des parcs éoliens en mer. Un programme de suivi des structures immergées sera donc mis en place par le maître d’ouvrage. Il sera progressif, démarrant sur les zones où les travaux sont totalement achevés, afin de suivre les prémices de la colonisation par les organismes et permettra d’observer cet effet récif et son impact éventuel sur le milieu. Une attention particulière sera apportée au cas des espèces invasives qui peuvent provenir des coques de bateau, une voie de navigation importante étant à proximité de la zone.

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter les synthèses d’études environnementales, disponible sur le site du débat public.

Nous nous tenons à votre disposition pour tout complément d’information.