Point de vue n°120
Cahier d'acteur n°57 - Les Anciens du nucléaire
Commentaires
Black-out et taux de pénétration des ENT non pilotables
Désolé M. Thomas mais je vous invite à relire le bilan prévisionnel de RTE, plus précisément le chapitre qui décrit le scénario WATT qui prévoit le plus fort taux de pénétration des ENR non pilotables, 47 % d’ENR, page 298;
« Ainsi, en 2035 et pour une situation équilibrée à 3 h de défaillance :
• La probabilité de défaillance est de 15 % si la consommation est supérieure à 82 GW (probabilité de 0,08 %). Dans les situations de très forte consommation, dépassant 89 GW (probabilité de 0,005 %), le risque de défaillance est alors de 85 %.
• Pour les consommations supérieures à 82 GW, la probabilité de défaillance passe de 15 % à 35 % lors des situations de vent faible (probabilité de 0,03 % – facteur de charge inférieur à 15 % en hivers) »
Contrairement à ce que vous affirmez, ces commentaires techniques de RTE sur le scénario WATT sont parfaitement en phase avec ce que dit, en termes plus accessibles aux profanes, le cahier d’acteur des anciens du nucléaire à propos de black-out. A noter que ces résultats sont corroborés par une étude commanditée par Bruxelles et intitulée « Technical and economic analysis of the European system with 60% RES ».
Stratégie réaliste et de bon sens
La stratégie bas carbone voulue par la France doit rechercher à décarboner nos principales sources d'émissions de GES: les "passoires thermiques" des logements anciens et la mobilité (Parc automobile et camions).
Décarboner notre production d’électricité qui l'est déjà grâce à l'hydraulique et au nucléaire avec un développement excessif des EnR intermittentes est un leurre et un puits sans fond pour nos finances publiques.
Il est logique de fermer le parc de production des centrales thermiques fioul et charbon mais il ne faut pas affaiblir le socle de production d'électricité nucléaire, énergie pilotable au risque de déstabiliser le réseau électrique français et européen.
Comme le propose ce cahier d'acteurs, promouvoir une série d'EPR en France puis ultérieurement des réacteurs de génération 4 est une stratégie de bon sens qui garantira notre indépendance énergétique.
@ Monsieur Thomas
Je voudrais savoir ce que vous reprochez à une production nucléaire propre, sans émissions de gaz à effet de serre, sûre, économique et créatrice d'emplois de haut niveau de qualification.
Une tranche au charbon de 1 000 MW électrique consomme 3 millions de tonnes de charbon par an, rejette 600 000 tonnes de silice arrêtées par les dépoussiéreurs et émet dans les gaz de combustion non seulement des quantités considérables de CO2, mais aussi des métaux lourds sous forme gazeuse comme le mercure, émet tout le cortège des halogènes et tous les descendants radioactifs de l'uranium jusqu'au plomb.
Or les Allemands nous font la démonstration que l'on ne compense l'arrêt du nucléaire que par l'utilisation des centrales charbon et lignite.
Ce n'est pas pour rien que les pays du sud-est asiatique disent que seul le nucléaire nous permettra de faire du développement soutenable.
@ Bernard COMTE, black out
Extrait du chapitre du bilan prévisionnel 2017 de RTE décrivant Watt que vous prenez en exemple :
"D’une part, développer un système reposant à
70 % sur des EnR ne conduit en aucun cas à « doubler» la capacité renouvelable par des moyens thermiques : il est tout à fait possible d’assurer la sécurité d’approvisionnement en se basant sur un développement « modéré » de ces moyens et des flexibilités.
A contrario, les argumentaires alarmistes consistant à considérer nécessaire le développement de moyens de secours systématiques font fi, d’une part, de l’interconnexion de la France avec ses voisins qui permet de mutualiser les flexibilités, et d’autre part, d’une analyse de la contribution statistique de l’éolien et du photo-
voltaïque à la sécurité d’approvisionnement."
Ou encore page 297:
"L’analyse de la sécurité d’approvisionnement prend
son sens dans un cadre probabiliste, intégrant l’ensemble des situations d’aléas possibles. Dans le scénario
Watt, le critère de sécurité d’approvisionnement fixé par les pouvoirs publics est vérifié à tous les horizons temporels : le risque de coupure n’est donc pas supérieur à aujourd’hui."
Par ailleurs, vous évoquez les défaillances, mais si on lit le chapitre 4 du même rapport, page 118:
"La défaillance peut être gérée par des moyens exceptionnels tels que l’interruptibilité de consommateurs volontaires ou la réduction de la tension sur les réseaux de distribution (voir paragraphe 4.6), et en derniers recours par des délestages. Dans tous les cas, la défaillance ne signifie pas le blackout."
Voir également page 139 §4.6.3.
D'ailleurs, on peut voir que dans ce chapitre 4, les visites décennales sur les centrales nucléaires qui vont créer des arrêts de 6 mois voire plus, font également peser des risques importants sur la sécurité d'approvisionnement.
Donc à la lecture de ces éléments de RTE, il semble que le risque de black-out n'est pas fondé.
Sûreté du réseau
Désolé M. Thomas, nous ne parlons pas de la même chose. Votre argumentaire porte sur l'interruption de la fourniture du fait d'un déséquilibre production/ consommation. Moi je parle de la sûreté du réseau qui se définit comme l’aptitude à :
- assurer le fonctionnement normal du système ;
- limiter le nombre d’incidents et éviter les grands incidents ;
- limiter les conséquences des grands incidents lorsqu’ils se produisent.
Extrait du memento de la sûreté du réseau de RTE: "Il peut arriver qu’un événement important au niveau de la production, du réseau ou de la consommation amorce un scénario exceptionnel qui peut aboutir à une panne
étendue ou « blackout ». Ce type d’incident de grande ampleur a toujours pour origine l’un ou plusieurs des
quatre grands phénomènes suivants, qui se succèdent et/ou se conjuguent :
- les surcharges en cascade ;
- l’écroulement de la tension ;
- l’écroulement de la fréquence ;
- la rupture de synchronisme."
A titre d'exemple, l'état d'Australie du sud a connu 4 black-out au cours de l'été austral 2016-2017 dus à des orages violents qui ont brutalement interrompu la production des éoliennes qui, au moment de l'évènement produisaient la majorité de l'électricité consommée.
Les interconnections avec les pays voisins pourraient nous aider à éviter ce type d'évènement si eux-même ne sont pas dans la même situation et si les capacités d'interconnection sont suffisantes. Malheureusement, l'Allemagne a déjà un taux de production ENR très élevé et compte sur ses voisins pour se secourir. Quant à l'Espagne, elle a aussi un taux élevé d'équipement en renouvelable et bénéficie d'un régime de vent différent du notre (méditerranéen). Malheureusement, l'interconnection France-Espagne est limitée à 2,5 GW, ce qui est relativement peu. Pour information, le coût du projet d'interconnection par le golfe de Gascogne est estimé à 1,75 Md€ et a peu de chance d'aboutir pour des raisons environnementales. Le renouvelable nous coûte cher!
Avis sur ce dossier
Je vois des articles contre le nucléaire
Revenons à la réalité
La fréquence de 50 hertz peut être obtenue grâce à la stabilité production consommation faite par le nucléaire
Les énergies renouvelables sont intermittentes et de ce fait ne peuvent subvenir à cette stabilité
Faisons la recherche adéquate pour trouver le système de stockage condition incontournable pour optimiser le renouvelable et le nucléaire
Soyons pragmatique
Transition oui
Pragmatisme et programmation avec
René Pierre Vattier
En ajout au texte de Bernard Comte
La somme des énergies pilotables raisonnablement disponibles en hiver, avec l'arrêt de la plupart des centrales au charbon et de toutes les centrales au fioul atteint seulement 85 GW. Pour une pointe qui peut dépasser 102 GW.
Les Allemands prennent raisonnablement une puissance éolienne disponible égale à 1 % du potentiel installée.
RTE a pris 10 % ce qui est parfaitement impossible en période anticyclonique. Le point bas atteint en 2017 a été de 50 MW pour une puissance installée de 12 000 MW soit moins de 0,5 %.
J'ai d'ailleurs dénoncé le bilan prévisionnel de RTE qui est faux dans tous les scénarios.
N'oublions pas que le 28 février 2018, la puissance appelée à atteint 95 GW et n'a été passée qu'avec l'ensemble des moyens de production disponibles y compris la centrale au fioul (700 MW) de Cordemais 3 qui est maintenant définitivement arrêtée, l'effacement de quelques gros consommateurs industriels.
et plus de 8 GW d’importation. Bref nous n'avons plus notre indépendance électrique.
C'est une situation critique car les Allemands vont arrêter 22 GW de puissance pilotable d'ici 2022 et serons, eux aussi, déficitaires.
Monsieur Thomas, je crois que vous devez lire ce que nous disons avec Bernard Comte car nous parlons d'expérience.
Réalisme
Dans un monde énergétique pas toujours facile à comprendre, il est parfois de bonne surprise pédagogique qui permette une meilleur compréhension de ce sujet fort complexe sans pour autant sombrer dans le l'extrémisme outrancier de certain.
Merci Mr Desgranges pour ce bon moment de technique simplifié.
@ Bernard COMTE, black out
Votre commentaire plus haut faisait référence au scénario "Watt" et aux situations de défaillances évoquées par RTE.
Et je vous indiquais en réponse que le terme de défaillance que vous évoquiez ne devait pas être confondu avec le black-out, comme le précise bien RTE.
Et il ne semble pas avoir lu dans les rapports de RTE que -comme vous semblez le dire- l'augmentation du taux de pénétration des EnR en France induise des situations plus fortes de black-out.
Sachant que RTE précise bien qu'ils ont tenu compte des interconnexions avec nos voisins (et donc de leur mode de production d'énergie) pour simuler les potentielles situations critiques.
Il semble par ailleurs que le cas de l'Australie du sud n'est pas comparable avec la situation de la France (voir d'autres commentaires plus détaillés sur un autre sujet du forum).
Nouveaux EPR
Les anciens du nucleaire recommandent de mettre en oeuvre un plan de nouveaux EPR...
Mais qui a les moyens de financer des EPR qui n'ont toujours pas fait leur preuve et dont les budgets ont largement explosé.
EDF a déjà eu du mal à financer seul les 20 Md€ des 2 EPR d'Hinkley Point (cf. Démission du directeur financier) donc comment encore imaginer la possibilité de trouver des investisseurs pour d'hypothétiques EPR en France?
Ah si bien sûr, l'Etat serait la solution... donc de l'argent public...?
Rien qu'a ce titre, et pour anticiper la fermeture des centrales lors des prochaines visites décennales, il faut rapidement engager le developpement des EnR.
Quant au risque de black-out largement répandu par les anti-EnR, RTE l'a étudié dans son bilan prospectif 2017 (analyse qui a tenu compte des interconnexions avec nos voisins) et réfute cet argument meme avec un tres fort taux de pénétration des EnR sur le réseau francais (cf notamment l'intervention de Thomas Veyrenc de RTE dans l'atelier de controverse sur le nucleaire).