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Question n°463

Ma question est une question de confiance au Président de la CPDP PPE

Ajouté par Jean ANONYMISé (LYON), le
[Origine : Site internet]

Avant de voter la LTECV, les gouvernements successifs du Président Hollande ont engagé un débat national sur la transition énergétique.
En réalité, ce débat national a essentiellement réuni des opposants au nucléaire, et l'on y a peu parlé de l'énergie en général mais principalement de l'électricité, c'est-à-dire de 38 Mtep décarbonés sur les 160 Mtep que nous consommons dont 110 sont des combustibles fossiles et donc les seuls à émettre des GES.
C'était une loi qui ne cherchait qu'à mettre en œuvre l'accord électoral entre le PS et EELV sur l'arrêt de Fessenheim et l'objectif de 50 % de nucléaire. Sans aucun souci de l'énergie en France mais surtout dans l'objectif de rentrer dans la « décroissance heureuse préconisée par EELV ».
Pour faire sérieux, on a dit quand même dit que l'objectif de cette loi était de respecter les engagements de la France en matière d'émissions de gaz à effet de serre. Et, curiosité française, les débats n'ont porté, pour l'essentiel, que sur une énergie déjà décarbonée, l'électricité hydraulique et nucléaire.
En réalité, ce n'est pas une curiosité du débat mais un dévoiement pur et simple par les antinucléaires et le lobby des électricités renouvelables intermittentes.
D'ailleurs pour éviter d'avoir trop à débattre dans les assemblées ce qui aurait pu amener à poser des questions gênantes, la loi a été examinée dans le cadre de la procédure d'urgence avec un seul passage à l'Assemblée et au Sénat. Les amendements de bon sens proposés par les députés de l'opposition à l'Assemblée nationale ont été systématiquement rejetés et ceux proposés par les Sénateurs après l'examen de la loi votée en première lecture à l'Assemblée ont été balayés d'un revers de main par le Président de la Commission Paritaire, le député Brottes si ma mémoire est bonne. C'est dire le caractère peu démocratique avec lequel cette loi a été adoptée. Et fallait-il adopter la procédure d'urgence pour une loi qui engage la politique énergétique de notre pays pour des décennies ?
Résultat : une LTE où le E ne signifie pas Energie mais Electricité. Cette loi de transition électrique a suivi le scénario développé par Négawatt et porté avec conviction et opiniâtreté par l'ADEME.
Comme le dit, le Conseil Constitutionnel :
· C'est une loi « bavarde » dans laquelle nombre d'articles auraient dû faire l'objet d'un décret.
· C'est une loi incomplète, il suffit de voir le nombre d'ordonnances qu'elle prévoit et surtout l'importance du contenu de ces ordonnances.
· C'est une loi qui multiplie les objectifs ce qui fait perdre de vue l'objectif principal de réduction des émissions de GES.
· C'est une loi qui ne prévoit rien de véritablement concret en matière de financement de l'immense chantier de rénovation thermique des logements mal isolés.
Et aujourd'hui la CPDP nous rappelle régulièrement que les propositions de PPE doivent s'inscrire dans le cadre de cette loi !
Le Ministre en charge de l'énergie vient de faire une entorse à ce principe en proposant déjà une PPE hydrogène dont je n'ai pas souvenir qu'il figurait dans la LTE. Et même s'il figure dans la LTE, le Ministre avait-il le droit de proposer cette PPE avant la fin de la CPDP sur l'énergie.
Ma question posée au Président de la CPDP est la suivante :
Dans la consultation actuelle, il y a beaucoup de propositions étayées et visant la plupart du temps le facteur 4. Certaines propositions sont rejetées par le modérateur au motif qu'elles sont hors LTE. Celle du Ministre sur l'hydrogène n'a pas fait l'objet d'un rappel au règlement ni par le Président de l'Assemblée Nationale, ni par le Premier Ministre.
Est-ce que cette commission particulière du débat public va servir effectivement à construire une PPE robuste, réaliste, honnête et n'ayant pour objectif que le facteur 4 à un coût acceptable pour la collectivité nationale ?
Ou bien, est-elle de pure forme et la PPE est déjà écrite et va fuiter dans Médiapart le dernier jour de la consultation comme l'ADEME avait fait fuiter son scénario 100 % ENR en 2050.
Si c'était le cas, je pense, Monsieur le Président, qu'il ne resterait plus qu'à supprimer la CPDP pour son inutilité !

Monsieur le Président, je compte sur vous pour publier ma question dans le cadre du débat et pour y apporter une réponse claire.

Je vous renouvelle ma confiance et mon respect.

Date de la réponse:
Réponse de La CPDP, le
Réponse:

Monsieur,

La commission souhaite apporter une réponse générique groupée aux trois questions 460, 461 et 463.

Le débat en cours porte sur la PPE qui est la déclinaison de la loi de transition énergétique votée par le parlement de la nation. Il n'appartient donc pas au président de la CPDP de dire si ces objectifs de la loi sont bons ou mauvais et s'ils doivent être révisés.

Libre évidemment à vous de contester cette loi et les conditions dans lesquelles elle a été votée. Libre à vous surtout de le faire savoir comme le font sur ce site des dizaines d'internautes utilisant les mêmes arguments et pour lesquels la répétition des mêmes copiés collés semble tenir lieu de démonstration.

De la même façon (votre question 461), nous n'avons pas de commentaire à produire sur telle ou telle émission de télévision, la programmation des chaînes dans un pays démocratique relevant de leur seule responsabilité et pouvant être mise en cause par le CSA.

Si vous relevez en revanche dans nos façons d'animer le débat, un comportement ou une posture susceptible de le fausser ou d'en altérer les conclusions, nous vous invitons à les relever soigneusement, à les dénoncer publiquement et nous en tiendrons le plus grand compte. Le modérateur du site n'a à cet égard rejeté aucune question ou contribution (votre question 463).

Quant à l'allusion au « passé politique » du président de la CPDP (d'autres y font référence de manière moins courtoise que vous !), elle est un peu discutable. C'est comme si un internaute relevait en toute mauvaise foi que vous êtes un ancien responsable du nucléaire pour disqualifier votre raisonnement.

Enfin, la Commission nationale du débat public, autorité indépendante, n'a pas l'habitude de faire fuiter dans la presse les résultats de ses travaux. Le rapport sera donc rendu à l'autorité compétente, en toute transparence pour le public, dans les formes prévues par la loi.

Pour ce qui est de la suppression de la dite commission, elle est du ressort du législateur. Mais la CNDP a traversé suffisamment d'alternances et mené suffisamment de débats, pour que des acteurs de tous bords jugent qu'elle est loyale et utile à la décision publique.

Merci pour vos questions et la passion que vous mettez à la défense de vos idées.

Commentaires

Monsieur Le Président,
Je vous ai posé une question de confiance, dans laquelle, vous avez relevé une allusion au passé politique du Président, qui n'a jamais existé dans mon texte. En revanche, vous n'hésitez à faire allusion à mon passé dans le nucléaire dont je suis très fier.
Je conteste la LTECV car je considère que l'on ne vote pas en catimini une loi qui engage l'énergie dont la France a besoin pour un demi siècle. Citez-moi un amendement de l'opposition ou du Sénat qui a été accepté pendant le débat?
Je note avec plaisir que la CPDP ne fait jamais fuiter ses travaux dans la presse avant de les avoir remis à l'autorité compétente. Voilà au moins, une pratique qui vous honore et vous distingue de l'ADEME.
Monsieur le Président, je vous renouvelle ma confiance et mon respect.

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"[...] les mêmes arguments et pour lesquels la répétition des mêmes copiés collés semble tenir lieu de démonstration."

La MO ne s'est pas gênée pour répéter à tous que l'objectif de 50% de nucléaire avait pour but la sécurisation de notre mix électrique, quand bien même une telle affirmation ne trompe personne...

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COMMENTAIRES SUR L’INTERVIEW DONNEE PAR LE SECRETAIRE D’ETAT, MONSIEUR SEBASTIEN LECORNU A LA TRIBUNE SUR LA PPE
Jean Fluchère
La présentation de Monsieur Lecornu au journal LaTribune est en rouge.
Les commentaires de jean Fluchère sont en italiques noirs

En date du 5 juin, Monsieur Sébastien Lecornu, a donné une interview sur ce que devrait contenir la PPE à l’issue du débat.

Je note que le risque que je signalais de voir une personnalité s’exprimer sur le contenu de la PPE avant la fin de la CPDP se matérialise.

Et vous observerez que la principale préoccupation de Monsieur Lecornu est l’électricité qui n’émet pas de gaz carbonique ! Ce qui ne cesse de surprendre.

Mais que dit Monsieur Lecornu ?

1- « On ne va pas reculer sans cesse la date d’atterrissage du nucléaire à 50 % »

Je pensais naïvement que la PPE devait placer notre pays sur la trajectoire d’une réduction de 75 % de nos émissions de gaz carbonique en 2050. Quand on rédige une PPE, c’est dans le cadre du long terme. La PPE n’étant que la partie à venir d’une politique énergétique bien définie dans la durée. Or notre objectif, et le Président de la République l’a répété à plusieurs reprises, est la réduction de nos émissions qui se sont remises à augmenter sur les 3 dernières années. La réduction du nucléaire qui n’émet pas de CO2 ne me paraît pas être la priorité de la PPE. J’ai dit et répété que la priorité de la PPE était de réduire de 20 millions de tonnes équivalent pétrole notre consommation de combustibles fossiles par période de 10 ans pour avoir divisé par 2 cette consommation en 2050 par rapport à ce qu’elle est actuellement.

2-Monsieur Lecornu déclare : « Il y a plusieurs intangibles qui déterminent la PPE.
• D’abord la sécurité d’approvisionnement assurée par des énergies pilotables (gaz et nucléaire) y compris pour faire face aux pics de consommation et en complément d’énergies intermittentes telles que les énergies renouvelables. Le stockage est en devenir, mais on recherche encore un modèle économique. On devrait tout de même voir apparaître dans ce quinquennat des applications de stockage significatives grâce au plan hydrogène de Nicolas Hulot et aux travaux sur les batteries.

Traduction : il faudra construire des centrales à gaz pour compenser l’intermittence des électricités renouvelables intermittentes et par voie de conséquence accroître nos émissions de gaz à effet de serre. Mais plus aucun opérateur ne construira des centrales à cycle combiné à gaz sans que le gouvernement lui en garantisse la rentabilité. 50 GW ont été passés en investissements échoués en Europe ces dernières années !

Le stockage [de l’électricité] est en devenir depuis 120 ans et ce que nous avons fait de mieux ce sont les stations de transfert d’énergie par pompage qui ont un rendement de 75 % et qui, quand elles sont toutes remplies, ne représentent que 0,1 TWh alors qu’un jour d’hiver la consommation française est de 2 TWh.
S’agissant de l’hydrogène obtenu par électrolyse, Monsieur le Ministre devrait se souvenir de l’accident du dernier dirigeable Zippelin, le Hindenbourg, aux USA avant la 2ème guerre mondiale. C’est une voie dangereuse et sans issue avec un rendement maximum de 50 %.

Côté batteries, nous faisons des progrès de même nature que les progrès faits avec les bougies d’éclairage. Il faudra une rupture sérieuse dans la découverte scientifique pour avoir des batteries économiques, peu consommatrices de matières premières nobles, recyclables en totalité, ayant une grande capacité de stockage et un temps de recharge limité. Cette rupture se produira peut-être un jour, mais la découverte scientifique ne se programme pas.

Aujourd’hui, la batterie la plus importante fait 130 MWh et a une puissance de 100 MW. Si vous l’utilisez à 50 MW, elle est épuisée en 2 heures. Elle est installée en Australie du Sud–Est, à la suite d’une succession de black-out liés à déstabilisation du réseau électrique compte tenu de la proportion trop importante d’électricité éolienne et solaire. Et elle sert plus de réglage de fréquence que de stockage d’électricité. Une autre de même capacité est en cours d’installation en Guyane.

• Deuxièmement notre objectif pour le climat et donc la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre est une priorité. Les centrales à fioul auront disparu avant la fin du quinquennat, tout comme les centrales à charbon de la métropole. Compte tenu de l’Accord de Paris et de l’Action d’Emmanuel Macron, qui est à la pointe du combat pour le faire vivre à l’international, personne ne comprendrait que l’on fasse des choix contraires à cet impératif climatique.

• Il faut attendre le 3ème point de cette interview pour entendre parler des émissions de GES, ce qui démontre que ce n’est pas la préoccupation majeure de Monsieur Lecornu même si c’est la préoccupation majeure du Président comme il le reconnait. Puis Monsieur Lecornu déclare que les centrales à fioul et les centrales à charbon auront disparu pendant le quinquennat. Ce faisant, il ne cite que la plus petite partie des usines émettrices de gaz à effet de serre. Les centrales au fioul sont déjà définitivement arrêtées. La dernière, Cordemais 3, a été arrêtée définitivement en mars 2018, après avoir fonctionné quelques heures seulement cet hiver. Les 5 centrales au charbon restantes, 3 pour EDF et 2 pour Uniper seront arrêtées en 2022 et elles ne sont sollicitées que très ponctuellement pendant les périodes de grand froid. Donc leurs émissions de CO2 sont infimes.
Mais dans le 2ème point, Monsieur Lecornu déclare « il faudra construire des centrales à gaz pour compenser l’intermittence des électricités renouvelables intermittentes et par voie de conséquence accroître nos émissions de gaz à effet de serre. »
Or les centrales au gaz sont émettrices de 0,4 kg de CO2 par MWh ce qui est en pleine contradiction avec le point 3.
Monsieur Lecornu ne dit pas que la majorité du CO2 vient des 110 Millions de tonnes équivalent pétrole de combustibles fossiles que nous utilisons dans le résidentiel et les transports.

• Troisièmement, Monsieur Lecornu déclare « sur le plan des couts de l’électricité, que ce soit pour le contribuable ou pour le consommateur, le nucléaire a été la meilleure réponse apportée par EDF au pouvoir « gaullo-communiste » d’après guerre pour avoir une électricité peu chère. Aujourd’hui l’atome n’est plus la seule option. Et ce n’est pas faire injure à cette industrie que de le dire. D’ailleurs, notre horizon en la matière est raisonnable : nous visons 50 % de nucléaire dans le mix électrique français, pas zéro.

• C’est le gag de l’interview. Ou bien Monsieur Lecornu fait du révisionnisme historique ou bien il ne connaît pas l’histoire récente de notre pays. Le pouvoir « Gaullo-Communiste », pour reprendre le qualificatif employé par Monsieur Lecornu, a appliqué les grandes lignes du programme du Conseil National de la Résistance. Effectivement EDF a été créée sous forme d’EPIC par nationalisation de toutes les compagnies d’électricité à l’exception des Régies et des SEM locales, afin d’avoir une surface suffisante pour relancer l’outil de production et l’électrification du pays. En aucun cas, EDF n’a été créée pour faire du nucléaire. Le CEA a été crée également comme organisme rassemblant toute la R&D dans le domaine du nucléaire mais avec, entre autres, l’objectif de disposer d’une arme nucléaire de dissuasion. Bien entendu, le CEA a été d’un grand apport au nucléaire civil plus tard grâce à ses sites de R&D et ses chercheurs.
Il a fallu attendre les années 70 pour qu’EDF commence à construire des réacteurs électronucléaires à uranium naturel, modérés au graphite et refroidis au gaz carbonique. Ce fut la série Chinon 1, 2, 3, Saint Laurent 1 et 2 et Bugey 1.
Puis en 1967, la compagnie SENA franco-belge a décidé de créer, dans les Ardennes Françaises, une centrale à eau pressurisée fournie par Westinghouse de 300 MW électriques qui a démarré en 1967.
En 1970, le kWh le moins coûteux était celui fabriqué dans les centrales au fioul.
Puis la grande rupture a été la création de l’OPEP et la majeure crise pétrolière de 1973 dans le monde entier.
Un pays comme la France qui dépendait du pétrole pour près de 90 % de son énergie était frappé de plein fouet et ceux qui se souviennent de cette époque savent quelle panique a saisi le pays. Le premier Ministre de Georges Pompidou, Monsieur Pierre Messmer décident de se libérer du tout pétrole, là où c’est possible, c'est à dire la production d’électricité, et lancent la construction de 13 réacteurs de 1 000 MW chacun de type à uranium enrichi et à eau sous pression sous licence Westinghouse.
A la mort du Président Pompidou, le programme est revu sérieusement à la hausse. Puis lors de l’élection de François Mitterrand en 1981, une étude est confiée à Monsieur Hugon, pour dimensionner le parc. Cette étude donne 32 réacteurs de 1000 MW, 20 réacteurs de 1 300 MW, 4 réacteurs de 1450 MW plus 2 réacteurs de 900 MW prêts à être livrés à l’Iran et qui seront, in fine, installés en France. Ce programme de 58 réacteurs nucléaires, tous de même type, installés sur 19 sites commencé à produire en 1977 et les dernières tranches ont été raccordées au réseau national à la fin des années 1990.
A l’exception des 14 premières unités, elles ont toutes démarré sous les gouvernements de Monsieur Mitterrand.
C’est grâce à ce programme et à l’hydraulique que la France atteint un taux d’indépendance de 50 % sur le plan énergétique.
Pardon pour ce rappel un peu long, mais il permettra à Monsieur Lecornu de mieux connaître l’histoire du programme nucléaire civil en France.

• Enfin dernier point l’impact économique et social, aussi bien sur les territoires que sur les entreprises, notamment Orano et EDF. Nous aurons une solution d’accompagnement quelles que soient les décisions prises.

La même chanson a été chantée sur le site de Creys-Malville qui allait être revitalisé et qui serait un exemple. Il suffit d’aller voir le fiasco total de cette opération qui a coûté très cher et n’a servi à rien. EDF a pu recaser son personnel mais combien de petites entreprises ont disparu ?

&

2ème partie

Quand on prend en compte l’ensemble des paramètres cités, il est évident que l’objectif de 50 % de nucléaire en 2025 n’était pas réaliste. Il faut déjà évaluer ce que nous sommes capables de faire en matière d’énergies renouvelables pour savoir comment réduire la trajectoire du nucléaire. Ce qui compte, c’est plus le « comment » que le « combien ». Mais à l’inverse, du rythme de fermeture du nucléaire dépend aussi le développement des ENR. En effet, fermer les centrales de façon brutale et unilatérale coûte cher. Et on a besoin d’argent pour soutenir les énergies vertes. A titre d’exemple, le soutien public au solaire revient à 3 Mds d’€/an, c’est-à-dire la moitié du soutien public à l’électricité d’origine renouvelable. Ce coût provient essentiellement désormais du soutien aux premiers investissements historiques, les nouvelles installations étant beaucoup moins coûteuses.

• Monsieur Lecornu a le mérite de reconnaître que la date fixée par la LTECV pour les 50 % de nucléaire a été fixée « au doigt mouillé » sans étude sérieuse préalable. Mais comment diable est-ce possible puisque l’on nous soutient qu’il y a eu une étude d’impact ? Les députés votent donc une loi qui engage la réduction des émissions de gaz à effet de serre sur une énergie qui n’en émet pas, la fermeture des centrales nucléaires, les engagements de 6 Mds d’€/an prélevés sur les consommateurs d’électricité pour le soutien aux ENR intermittentes sans que personne, dans la précipitation de l’examen de cette loi, ne leur donne les impacts considérables qu’elles entraînent !
Avouez que cela ne donne pas beaucoup de crédit aux textes votés dans ces conditions.
Ajoutons que les Mds d’€ de soutien aux ENRi n’apportent quasiment aucun emploi en France qui n’a pas de base industrielle de construction d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques. Ces opérations ne viennent qu’alourdir le déficit de la balance des paiements.

• Pour passer de 75 % à 50 % d’électricité nucléaire, il faut nécessairement fermer certains réacteurs. Toute la question est de savoir à quel rythme, sur quelle pente, et donc à quelle date. A l’issue du débat public en cours sur la PPE, entre cet été et septembre, nous allons déterminer un nombre de réacteurs, une pente de décroissance et une date à laquelle nous atteindrons 50 %. Mais probablement pas la liste des réacteurs, car il n’est pas pertinent de fragiliser les territoires avec des annonces politiques. Le choix des réacteurs fermés dépendra de plusieurs critères, dont le coût des travaux de grand carénage demandés par l’ASN pour chaque réacteur.

• Nous sommes toujours sur le nucléaire qui n’émet pas de gaz carbonique. C’est donc bien ce que Monsieur Lecornu attend de la CPDP sur la PPE. Il se moque éperdument du reste. Il admet que pour passer de 75 % à 50 %, il faudra fermer des réacteurs. Quelle révélation !
De plus, il a un raisonnement de PDG d’EDF qui est, depuis 2004, une SA et plus un EPIC. L’ASN demandera des travaux de sûreté mais ne les chiffrera pas car ce n’est pas dans sa mission.

• Concernant Fessenheim, la fermeture est actée, irréversible et c’est désormais à EDF de préciser le calendrier et de communiquer en toute transparence. Le moment venu, c’est l’ASN qui décidera de l’ouverture de Flamanville. Le plafond d’électricité nucléaire prévu par la loi s’appliquera.
Le projet de territoire auquel nous travaillons pour Fessenheim et sa région se poursuit sans aucun changement. Le temps de l’après-centrale a commencé en janvier dernier quand le premier ministre m’a dépêché sur place pour élaborer avec les élus locaux un projet de développement économique durable du territoire.

• Les Alsaciens de la Région vont être surpris de la capacité d’un gouvernement à créer de l’activité économique, rentable et donc durable. Je leur conseille de venir voir Creys-Malville redevenu un désert économique et de regarder l’argent dépensé en pure perte.
Le développement d’’activités économiques est un métier d’entrepreneurs et pas d’hommes politiques.
En outre, une centrale nouvelle comme Flamanville 3 doit passer de nombreuses étapes avant d’être déclarée « Mise en Service Industriel ». Date qui est le point zéro de son exploitation.

• A la question sur quelles énergies renouvelables misez-vous en particulier ? La réponse de Monsieur Lecornu est la suivante :
La situation est très contrastée suivant les énergies. L’éolien terrestre souffre d’un problème d’acceptabilité locale. Il faut élaborer une stratégie territoriale, en évitant le problème du mitage. Nous souhaitons libérer ce secteur mais pas n’importe comment. Notre Ministère est aussi celui de la protection des paysages, en liaison avec les architectes des bâtiments de France. L’avis des Préfets reste déterminant dans la décision d’implantation d’un projet. Les différentes mesures adoptées à l’issue du groupe de travail éolien doivent permettre d’abaisser de 8 ou 9 ans à 4 à 5 ans le délai nécessaire pour sortir un projet de terre.

• La LTE avait prévu un certain nombre de dispositions permettant l’acceptation sociétale. Hélas, ces dispositions ont été retirées subrepticement par le Député Baupin et le Sénateur Placé. En outre, rien n’est dit sur la déconstruction en fin de vie notamment sur l’embase de mille tonnes de béton. Je crains fort que maintenant que la contestation se généralise, que beaucoup de maires sont tombés dans le piège du conflit d’intérêt, il faudra beaucoup de dispositions intelligentes pour les rendre acceptables.

• Quant à l’éolien en mer, c’est le coût du lancement de la filière qui est en question. Elle ne peut se construire à contre-courant des intérêts des contribuables et des consommateurs. Ce secteur a souffert d’une réglementation inadaptée, mais la loi ESSOC doit y remédier. Contrairement à ce qui était imposé jusqu’à présent, les nouveaux projets pourront recourir aux technologies les plus récentes au moment de la construction.

• J’avoue être très surpris. L’éolien en mer coûte cher en France en raison de l’absence de fonds plats et peu profonds ce qui oblige à recourir à des éoliennes flottantes ou à des structures métalliques d’appui de grande profondeur. Nos côtes ne sont pas les plus propices à l’installation d’éoliennes en mer. Quant aux recours aux technologies les plus récentes, j’ignorais que l’on obligeait les maîtres d’ouvrages à recourir aux techniques dépassées ! En outre les facteurs de charge de l’éolien en mer au Danemark et dans le Nord de l’Allemagne sont bien inférieurs à ceux qui étaient attendus.

• Par ailleurs, on parle beaucoup d’électricité, mais la PPE, c’est aussi le gaz, qui sera indispensable aussi bien à la mobilité qu’au chauffage. Surtout il présente le grand avantage de pouvoir se verdir, par méthanisation industrielle, agricole ou à partir de déchets ménagers, ce qui participe de l’économie circulaire et bénéficie aux collectivités locales. C’est un moyen moderne et compétitif à terme, de diversifier les revenus des agriculteurs et de créer de la richesse dans les territoires. Nous avons annoncé en mars dernier plusieurs mesures attendues par les agriculteurs à la demande du Président de la République : élévation du niveau des seuils d’autorisation d’ICPE, mise en place d’un guichet unique, aide à l’investissement initial, révision à la hausse du tarif d’achat…
Il existe aujourd’hui 500 méthaniseurs en France, je pense que l’on peut en attendre deux fois plus en construction d’ici un an.

• Enfin, Monsieur Lecornu commence à parler de la méthanisation des déchets pour fabriquer du biogaz à injecter dans le circuit national de gaz pour le chauffage et la mobilité. Ceci après avoir reconnu avoir beaucoup parlé d’électricité (qui, en France, est décarbonée). Répondre en nombre de méthaniseurs revient à esquiver la réponse. C’est la quantité de Mtep qui compte or elle ne figure pas dans les chiffres de l’énergie les plus récents et Monsieur Lecornu aurait pu dans sa réponse donner les éléments.
Mais enfin c’est le seul moment où Monsieur Lecornu parle d’énergies thermiques renouvelables. Il aurait pu développer les projets du Ministère sur le bois énergie, les pompes à chaleur, le solaire thermique et les biocarburants. Rien de tout cela ne semble intéresser le Ministère.

• Le groupe de travail sur le solaire doit rendre prochainement ses conclusions. Sur quoi portent-elles ?

C’est sur le PV que les marges de manœuvres sont les plus importantes. Grâce à des efforts de massification bien calibrés, il est possible d’atteindre bientôt un modèle économique sans subvention. Dans les derniers appels d’offres, le tarif demandé est de 55 €/MWh pour les grandes centrales au sol. A ce prix on tutoie le prix du marché de l’électricité. Un doublement des appels d’offres à 1 GW a été annoncé et les raccordements devraient doubler en 2018 (de 875 MW en 2017, ils devraient s’établir entre 1 200 et 1 500 MW en 2018).
Le GT actuellement en place recherche des solutions pour dégager le foncier nécessaire à cette massification. Pour y parvenir, il faut cesser d’être des généralistes et spécialiser les acteurs par type de solaire. Par exemple, les magasins de la grande distribution, qui disposent de surfaces importantes et dont les horaires de la consommation sont de parfaits candidats à l’autoconsommation. D’ailleurs, les résultats des derniers appels d’offres, dont 70 % ont été remportés par la grande distribution, prouvent que le solaire est devenu rentable pour ce secteur de marché.
Nous allons encore libérer son développement, par exemple en assouplissant les règles d’implantation au sein des zones commerciales, sans exclure à terme, les règles normatives imposant l’équipement en panneaux solaires sur certains bâtiments.
(Passons sur le patrimoine en coopération avec Stéphane Bern)
Enfin nous allons réaliser un énorme travail sur les friches, aussi bien industrielles que militaires comme à Toul car ces installations sont entourées de grandes surfaces de foncier inerte.

• Monsieur Lecornu n’évoque pas que le photovoltaïque a un facteur de charge de 1 100 heures à la puissance crête par an avec une variation par un facteur 4 entre hiver et été. Il parle aussi du coût de production du MWh à 50 € en le comparant à celui du marché qui est disponible été et hiver, nuit et jour. C’est une erreur (!) permanente faite entre le coût des électricités intermittentes et les électricités disponibles à la demande.

• Vous avez annoncé les premiers contrats de transition énergétiques (CTE). Quels seront les prochains ?
Ces CTE n’ont pas seulement un enjeu de transition sociale et de réparation des territoires dévitalisés. Ils doivent permettre d’innover. Bien sûr, ils concernent les territoires des 4 centrales à charbon qui vont fermer (en réalité, il y en a 5 : 3 pour EDF et 2 pour Uniper).
A Aramon où EDF a fermé sa centrale à fioul, le CTE concerne un projet de « Cleantech valley »…..
A Arras, l’expérimentation porte sur la méthanisation et les bus verts…..

• Bref sur ce sujet, Monsieur Lecornu énonce quelques généralités invérifiables mais qui ne font pas de mal.

Conclusion :

Le secrétaire d’Etat chargé de la transition énergétique ne parle jamais de grands chiffres comme ceux qui doivent nous positionner sur la trajectoire du facteur 4, à savoir une économie-substitution de 20 Mtep de combustibles fossiles par tranche de 10 ans d’ici 2050.
Il n’évoque l’objectif d’émission de GES qu’en 3ème point de cette interview comme si ce n’était pas l’objectif principal.
Et ce n’est pas un hasard car son objectif principal est de réduire le nucléaire tout en développant des électricités renouvelables intermittentes qui nécessiteront des centrales à cycle combiné au gaz émettrices de 0,4 kg de CO2 par MWh.
Il ne s’interroge pas sur la remontée continue de nos émissions depuis 2015.
Ils n’évoquent que les méthaniseurs dans les ENR thermiques sous forme de chaleur alors que le gisement bois énergie est considérable, tout comme le développement des pompes à chaleur et du solaire thermique.
Pas un seul mot sur la rénovation énergétique des 7 millions de logements «passoire thermique».
Nos hommes politiques, à l’exception de certains très rares, n’ont aucune formation scientifique. Mais il fut un temps où la situation étant la même, Colbert avait crée l’Académie des Sciences regroupée aujourd’hui avec 4 autres académies dans l’Institut de France. Ces académies servaient les intérêts nationaux et étaient des conseils écoutés par les dirigeants du pays. Il serait bon de s’en souvenir.

Et enfin Monsieur Lecornu considère le débat en cours avec la CPDP comme tout à fait secondaire.

Nous devons être inquiets sur la PPE qui va sortir à la fin de l’été si elle est de la même eau.

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Je crains que M Lecornu, dans son discours confus ne mélange, comme le font la plupart des politiques et des journalistes, mix énergétique et mix de capacité.

On peut atteindre 50 % de mix nucléaire en augmentant les ENR intermittentes, sans arrêter des centrales nucléaires. Cela est possible mais cela augmente considérablement le coût du nucléaire, rendant le renouvellement non rentable.

Mais les annonces d'arrêt (17, voire 25 centrales) sont calculés sur une réduction d'un mix en capacité, ce qui rend le back up à la pointe impossible.

Peut être que la formation juridique de M Lecornu est peu adaptée à gérer ce genre de problématique.

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