Les éléments suivants ont-ils été pris en compte dans les prévisions d'évolution du trafic de l'agglomération à l'horizon 2030 ? Si oui à quelle hauteur ?
- développement du covoiturage (annoncé à 1,29 dans une enquête du Sytral de 2006, le taux d'occupation des véhicules est à mon avis plus proche de 1,15 pour les déplacements domicile-travail, d'après plusieurs comptages personnels réalisés aux heures de pointe),
- développement des déplacements en vélo (annoncé à 2,2 %, il pourrait être potentiellement de 7% si on se réfère à des villes 'modèle' en la matière),
- développement des déplacements en transport en commun grâce à une nouvelle offre de lignes fortes (ligne de métro jusqu'aux hôpitaux sud, ligne de tramway reliant Vaise au Point du Jour via Tassin et Battières, continuité du Tram-Train sur le réseau urbain, transport par câble entre la colline de St-Foy et la Presqu'île ...),
- augmentation significative du coût d'utilisation de la voiture individuelle (il n'est pas utopique de prévoir un doublement voire un triplement du prix du litre d'essence dans 10 ou 15 ans),
- développement du télétravail,
- organisation du travail favorisant l'étalement des déplacements aux heures de pointe.
Monsieur,
Ces différents éléments ont bien été pris en compte dans les prévisions d’évolution de trafic de l'agglomération à l'horizon 2030.
Les études du projet de l'Anneau des Sciences se basent sur une évolution socio-économique de l’agglomération conformément au schéma de cohérence territoriale (SCOT). Elles tiennent compte également des évolutions comportementales liées aux politiques menées en faveur du développement des transports en commun, de l’usage du vélo, du covoiturage, de l’autopartage :
- Le taux de covoiturage est aujourd’hui de 1.35, soit en d'autres termes 1,35 personne par véhicule (enquête ménage de 2006). Ce taux est estimé à l’horizon 2030 à 1,45 personnes par véhicule soit une évolution de près de 10%.
- La part modale vélo en 2006 est de 1,5% à l’échelle de l’agglomération (enquête ménage de 2006) ; elle est estimée à 7,5% du total des déplacements en 2030 , soit cinq fois plus.
- Le nombre de déplacements en commun augmente considérablement en 2030 du fait de l’amélioration et de la création de nouvelles lignes de transports en commun, conduisant à une évolution du nombre de déplacements journaliers en transports en commun de 627 328 (en 2006) à 1 032 110 (en 2030), soit près de +40% par rapport à aujourd’hui.
Les hypothèses de croissance du trafic prises en compte dans les études se basent sur les recommandations de l'Etat. Ces hypothèses correspondent à une augmentation du prix de baril de pétrole, qui passerait de 66 euros fin 2012 à environ 90 euros (valeur 2012) en 2030.
Quant à l'incidence de l'organisation du travail sur le nombre de déplacements, elle est aujourd'hui difficile à prévoir (comme cela a été indiqué lors de la réunion publique du 11/12/12 sur l'aménagement de la ville de demain), mais semble plutôt faible.
Le Grand Lyon se base sur des hypothèses que l'on peut qualifier de tendancielles : il suffit de prolonger la tendance constatée les 20 dernières années pour connaître ce qui se passera les 20 suivantes. Ce scénario rassurant, est malheureusement utopiste ... Pour de nombreuses études dont celles de l'Agence Internationale de l'énergie ou de l'agence gouvernementale américaine montrent que l'humanité sera confrontée à de fortes tensions sur les matières premières compte-tenu du développement rapide des pays du sud.
Le nombre de 90 euros le baril en 2030 est d'autant plus sous-évalué que l'AIE, souvent accusée d'optimisme, prévoit elle 97 dollars le baril en 2030 ...
Interrogé sur ce point, le Grand Lyon m'a invariablement répondu qu'il n'était pas missionné pour prendre en compte des changements majeurs de paramètres sociaux-économiques. Cela me paraît très contestable car éloigné de la démarche scientifique qui cherche à tester ces modèles aux limites et qui a minima proposent plusieurs scénarios correspondant chacun à plusieurs jeux d'hypothèses.
Ne présenter que le scénario médian business as usual, ne relève pas de l'approche scientifique et n'est pas honnête sur le plan intellectuel. Pour une institution en charge de préparer l'avenir de ces concitoyens, c'est aussi une faute potentiellement lourde en conséquences ...
Ne vous inquiétez pas chers citoyens, rien de changera réellement dans les 20 prochaines et notre mode de vie dispendieux énergétiquement, est acquis pour de très nombreuses années.
Or le Grand Lyon le sait bien, telle n'est pas la réalité et un changement de paradigme est bien d'ores et déjà en cours.
La politique de l'autruche n'y changera malheureusement rien ; il faudra bien un jour tenir un langage de vérité à des citoyens adultes.
La fête est finie et il faudra tôt ou tard l'annoncer.
Décidément, l'utopie a changé de camp et les écologistes qui clament que les consommations de matière première ne pourront croître à l'infini alors que notre planète est fini, sont les réalistes du nouveau siècle.
La foi en une science toute puissante qui nous permettra de surmonter toutes les difficultés à venir, est une autre utopie irréaliste ... le fameux ''on trouvera bien quelque chose !'' Cela tient, en fait de la croyance souvent aveugle en un système.
La science nous aidera certainement mais ne pourra pas tout, loin de là.
Il conviendrait donc que le Grand Lyon reprenne ses études et en présentant au moins trois scénarios d'évolution du prix du pétrole.
D'avance merci,
Très cordialement,
Fabien Bagnon
Réagissez