AVIS
Evaluation de la croissance démographique
Ajouté par Albert CORMARY, GROUPE LOCAL EELV DU NARBONNAIS (SIGEAN (AUDE)), 27/11/2011
L'assertion que nous allons avoir x dizaines de milliers d 'habitants à court terme ne repose sur rien de concret. En effet les projections démographiques reposent sur des scénarios intégrant des paramètres objectifs. D'une part la pyramide des âges et les taux de fécondité déterminent un solde naturel prévisible (naissance-décès).
D'autre part, l'attractivité d'une région détermine le solde migratoire (arrivé – départs). Hors c'est la migration (au sens démographique) qui est le moteur de la croissance constatée dans la région. La question est donc en fait de celle de la poursuite de cette attractivité.
Situation de l'emploi ? On ne peut dire qu'elle va s'améliorer ici plus qu'ailleurs d'autant plus que la politique menée par la Rrégion n'est pas spécialement créatrice d'emplois. Exemple l'usine d'huile de palme à Port la Nouvelle : 200 M€ pour obtenir 20 à 50 emplois.
Transferts sociaux ? On peut espérer que les pensions et allocations ne vont pas diminuer mais rien n'indique qu'elles vont augmenter significativement dans les années prochaines, ce qui impacte directement les revenus de très nombreux ménages venant s'installer dans la région.
Situation du logement ? Nous ne détenons pas la palme de la hausse de l'immobilier mais nous sommes bien placés. Revenus contractés riment difficilement avec hausse de l'immobilier. Cela d'autant plus que dans une situation de crise, l'offre a tendance à se contracter (effet de valeur refuge) ce qui éloigne l'équilibre avec une demande solvable.
Climat ? La promesse de canicules n'est pas propre à rassurer des personnes âgées, néo retraitées qui désirent s'installer chez nous. Il en est de même pour les « épisodes cévenols » dévastateurs à répétition.
Sur les variations démographiques imprévues, je pourrais citer mon département, celui de l'Aude. Il avait autant d'habitants en 1999 qu'en... 1881 et plus en 1921 qu'en 1911, malgré la guerre et la grippe espagnole. Dans le premier cas, la crise phylloxérique avait chassé de nombreux habitants du Gard et d'une partie de l'Hérault, venus chercher une vie meilleure là où les vignes produisaient encore pendant que les cours du vin s'envolaient. Cette richesse subite fut d'ailleurs l'occasion de réaliser de très nombreux projets fontinaux qui furent très difficiles à rembourser quand la misère revint au bout de quelques années. Dans le deuxième cas, le gouvernement ayant autorisé la venue d'une main d'oeuvre étrangère en 1915, de nombreux espagnols se sont implantés et sont restés.
On voit donc que des mouvements de populations constatés sur des périodes très courtes périodes ne sont absolument pas le gage d'un avenir tout tracé.
Dans les faits, le projet Aqua Domitia ne relève donc pas d'une politique de la demande mais de l'offre. Compte tenu de la faiblesse voire de l'absence des alternatives proposées par le porteur de projet au débat public, dans l'incertitude de la demande, s'y engager aujourd'hui n'a rien d'urgent et devrait être différé de quelques années voire dizaines d'années.